[ chapitre 18 ]

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Cyril se frottait le poing en débarquant dans les sous-sols. Il jeta un mauvais regard aux prisonniers et ordonna à Maxence de s'arrêter. Celui-ci obéit, la tête basse, les lèvres rouges de sang et l'arcade sourcilière encore ouverte.

- Attends, tu vas changer de cellule. On va pas s'occuper de débiles qui s'entre-tuent tout le temps.

Maxence réprima le rire ironique qu'il lui aurait bien craché au visage. Il n'était pas sorti de cette cellule avec une côte cassé et un paquet d'hématomes sur le torse. Sans quitter le prisonnier du regard, Cyril ouvrit tout d'abord les barreaux de Max et Lucas. Il agrippa violemment le premier qu'il vit, à savoir Max et le fit sortir.

- Toi, entre.

Puis il referma derrière Maxence et jeta l'autre garçon avec Robin avant de repartir, non sans oublier le regard menaçant de la fin.

Maxence se laissa glisser contre le mur sans rien dire. Il ne lança qu'un rapide coup d'œil à Lucas qui somnolait. Derrière sa cage thoracique, il se sentait encore un peu vide.

Lucas avait fini par s'endormir sur son lit de pierre. C'était une aubaine pour lui, une courte pause accordée à ses membres et à son esprit torturé. Et malgré les courbatures qui l'attendraient sûrement à son réveil, il profita de ses songes.

Maxence se releva, non sans difficultés qui le firent grimacer. Il s'approcha du garçon puis s'assit au sol. Ses yeux entrouverts floutèrent le visage endormis de Lucas. Il était loin d'être serein mais disons.. plus innocent. Maxence hésita un instant, passant sa langue contre sa lèvre inférieure. Peut-être qu'il ne pouvait plus rester loin de Lucas aussi longtemps. Il se rappelait dans l'infirmerie se demander sans cesse depuis combien de temps il était là et s'il était arrivé quelque chose aux autres, et surtout à lui. Finalement sa main se décida à se glisser contre sa joue puis dans ses cheveux. Le châtain sentit la peau de Lucas frissonner sous la sienne mais il ne se réveilla pas. Ses doigts le frôlaient à peine, profitant juste de ce toucher pour repenser à leurs instants, retrouver la sensation qu'il avait eu la première fois que ses mains avaient serré ses hanches et que ses lèvres avaient écrasé les siennes. Il avait l'impression que l'épiderme du plus jeune lui brûlait les doigts, si bien qu'il dut user de ses forces pour ne pas rompre le contact. Il ne le voulait plus.

*

La prison était grande et peuplée. A vue d'œil, on pourrait facilement estimer plus de deux mille personnes. Et ce qui paraissait le plus étonnant, c'était la seule présence de vrais survivants. Tous étaient armés et savaient user d'armes blanches comme de fusils. Il y avait également beaucoup plus d'hommes que de femmes et une absence totale d'enfants. On comptait des combattants et des guerriers, quelques ingénieurs et mécaniciens mais aucun civil. C'était dans cette contrée que Martin avait été envoyé. Doué avec le sang et les blessures graves, il avait rapidement été assigné médecin du groupe, le dernier ayant péri lors d'une mission sauvetage.

Seulement, Martin n'avait rien d'un survivant dont le mérite était d'avoir combattu la mort pour s'en éloigner. Il n'avait fait que fuir et se cacher. Jamais il n'avait tenu une arme dans ses mains, n'avait jamais tué ne serait-ce qu'un Hater et sa survie semblait plus que miraculeuse aux yeux de la virilité omniprésente qui l'entourait.

« Martin n'avait rien à faire ici, disaient-ils. Heureusement que ses mains de gonzesse servent à quelque chose, sinon on l'aurait déjà foutu dans une cellule en compagnie de quelques Haters, histoire de se marrer. »

Ça faisait bien longtemps qu'il ne les écoutait plus, ou du moins qu'il essayait. Faire la sourde oreille n'était pas toujours aussi simple, surtout lorsqu'on vous bousculait.

Aujourd'hui encore, Martin tentait vainement de se boucher les oreilles.

- Salut Martine !

Le dos courbé et la tête plongée sur son plateau repas, il n'entendait presque pas les rires Sa fourchette se baladait sans grande conviction entre les petits pois et la salade.

- Martine nous ignore je crois, ricana Cyril.

- Peut-être qu'il entend pas ! Railla Sébastien avant de lui lancer un morceau de pain sur la tempe. Hé, Martine !

Aucune réaction de la part du médecin, parce que se soigner seul une côte cassée n'était pas une mince à faire et qu'il avait autre chose à penser.

- Il est trop occupé à imaginer le nouveau prisonnier dans son lit.

Et tout les gars s'esclaffèrent. Martin ne put retenir un lourd soupir. Le venin de Cyril sonnait comme une rengaine infernale et c'était toujours la même chose. Mais ce soupir ne passa malheureusement pas inaperçu et alerta ses bourreaux.

- Oh mais c'est que ça le fait réagir ! Aurais-t-on touché un point sensible de notre chère Martine ?

- Ferme la Seb, cracha Martin qui regretta presque aussitôt d'avoir craqué.

Pourtant il décida de ne rien montrer et ne leva pas même un regard vers les hommes qui se marraient.

- Martine se rebelle !

- Impressionnant, pouffa Seb. Ça faisait longtemps.

- C'est vrai que la dernière fois, on a été un peu méchant..

- Mais ne t'inquiète pas ! Cette fois, on sera bien pire.

Les tons employés par les deux compères et leurs amis étaient effrayants. A peine Seb eut-il finit de prononcer ces mots que tous se levèrent, y compris Martin, qui poussa brusquement sa chaise dans le but de s'enfuir. Seulement il était déjà bien entouré. Une goutte de sueur se traça un long chemin de son front à son cou alors que son cœur battait fort dans sa poitrine. Cyril lui agrippa rapidement le bras pour le maintenir en place alors que Sébastien se remontait les manches, un air satisfait sur le visage. Mais alors qu'il s'apprêtait à lui lancer un premier coup dans le ventre, ils furent tous interrompus par une voix féminine.

- Seb, lâche-le. Ça suffit les gamineries, j'ai besoin de lui.

Le groupe se retourna vers la jeune femme qui les fixait les bras croisés, impatiente. Seb poussa un fort soupir puis grogna. Cyril leva les yeux au ciel et poussa violemment Martin qui s'écrasa sur le sol.

- C'est bon Charlie, on te le laisse mais tu pourras pas indéfiniment sauver sa peau de victime.

- On en reparlera Seb, lâcha-t-elle fermement en attendant que Martin se relève.

Et après un long combat visuel entre eux, ils s'éloignèrent.

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Charlie des revues du monde

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Haters ( luxenss bxb )Where stories live. Discover now