Haters ( luxenss bxb )

[ chapitre 1 ]

Il ne savait pas comment tout avait commencé, comment il s'était retrouvé enfermé dans une petite pièce au rez-de-chaussé d'un immeuble presque abandonné.

Presque.

Plongé dans le noir depuis des mois, le silence avait remplacé l'oxygène. Être discret était sa seule chance de survie. Il ne fallait pas qu'ils le remarquent ou ils le tueraient. Son cœur frôlait l'explosion à chaque battement.. Lucas avait bien trop peur et pourtant il devait sortir.

Il ne supportait plus rester enfermé dans cette pièce sale, qui semblait se rapetisser de jour en jour. L'eau se faisait rare et la nourriture n'était même plus à espérer. Son regard se posa sur un paquet de biscuits vide auprès duquel quelques miettes s'éparpillaient. Il les récupéra faiblement dans sa main et les dégusta en silence. Son ventre creux lui faisait mal et le sang lui montait doucement à la tête.

Non, décidément, il ne pouvait plus rester ici.

Seulement, Lucas préférait retarder le moment où il allait devoir affronter l'extérieur si terrifiant. Il perdrait la vie à l'instant même où il poserait le pied dehors.

C'était l'option la plus réaliste.

Au milieu d'un monde ravagé par la haine, un monde de chaos et d'Apocalypse, Lucas Hauchard préférait attendre. Attendre avant de prendre des risques, comme s'il avait encore quelque chose à perdre.

Le jeune adulte ( Il n'avait pas plus de vingt ans ) soupira lourdement. Ses mains poussiéreuses se glissèrent sur son visage puis il se leva. Ses pas ne résonnaient même plus dans l'ombre alors qu'il s'approchait de la fenêtre barricadée. Une fine fente dans le bois qui lui permettait d'observer un semblant d'extérieur.

Tout était calme, mort.

Les rues désertes et dévastées ne laissaient même plus un souffle de vent les traverser. Cette vision provoqua un frisson de terreur à Lucas. Il n'avait jamais apprécié le vide.

Pourtant le brun appuya ses mains contre le bois, qui grinça. Peut-être que ce n'était pas si terrible dehors. La solitude lui avait sûrement retourné le cerveau. Il chercha alors à en découvrir plus et colla son front contre les planches. Sa respiration était courte, et les rues, désertes.

Ne supportant plus ce silence assourdissant qui faisait bourdonner ses oreilles, il se racla la gorge. Ce simple bruit lui réchauffa le cœur mais il regretta bien vite. Il ne respirait déjà plus quand une forme boucha brusquement la fente. Lucas sursauta et étouffa un cri. Mains sur la bouche, il se recula lentement de la fenêtre.

Malheureusement, son pied heurta le coin de sa table et l'entraîna en arrière dans un bruit sourd. Un bruit qui ne laissait plus de doute quant à sa présence.

À terre, Lucas n'osait plus bouger.
Peut être que la forme n'était pas ce qu'il pensait ? Peut être était-ce seulement un nuage dans le ciel..?

Un rire étranglé et étrangement malsain répondit à sa place. C'était bel et bien un " homme" et il venait de repérer le jeune survivant.

Affolé, Lucas se mit à trembler, incapable de bouger. Sa respiration s'accéléra et malgré ses efforts pour garder son calme, il paniquait.

A l'extérieur, l'homme continuait de rire, s'arrachant presque la gorge. Il n'était pas humain, ce n'était pas possible..! Il ne pouvait pas l'être !

Soudain un coup se fit entendre, puis un deuxième. L'homme derrière la fenêtre barricadée frappait violemment la vitre de son poing. Entre chaque chocs, un nouveau hurlement parvenait aux oreilles de Lucas. Sa voix était sale et rauque. Elle le terrifiait.

Quand il entendit le son crispant d'une fissure, son cœur s'arrêta net. L'homme allait entrer. Pris d'une soudaine poussée d'adrénaline, Lucas se releva précipitamment. Dans son élan, il manqua de glisser plusieurs fois sur du vieux journal mais réussit à atteindre la porte. Il agrippa la poignée et la secoua, la tira de toute ses forces, puis la poussa et se jeta dessus, en vain. Elle ne bougeait pas.

Le jeune garçon commençait doucement à regretter de s'être s'y bien protégé.

Il secouait la poignée, l'homme brisait la vitre, lui tirait, l'autre s'attaquait au bois. Lucas sentait les larmes lui monter au yeux et la panique le gagner. Il n'osait imaginer ce que l'homme empli de rage lui ferait s'il l'attrapait. Le monde était devenu complètement fou alors que Lucas restait si faible..

Un sanglot s'échappa d'entre ses lèvres alors qu'il frappait désespérément contre la porte. Lorsqu'il entendit un craquement, le survivant se retourna brusquement et se plaqua contre le porte, tétanisé.

Il voyait l'ombre de l'homme se jeter sur les planches de bois, encore et encore. Lucas le savait, cela n'allait plus durer longtemps. Une épaisse fissure se dessinait déjà au milieu et lui riait au nez:

Le prochain coup est pour toi !

Lucas ferma les yeux, c'était la fin, il n'avait plus qu'à attendre. Tout ces mois de survie seul pour mourir sous la folie de l'humanité. Ça le rendait triste. Il avait tout perdu, ses amis, sa famille.. et maintenant il allait perdre la vie.

Les mains tremblantes et la mâchoire serrée, incapable de respirer, il attendit.

Mais rien ne vint.

Lucas se risqua finalement à ouvrir un œil et eut à peine le temps de se jeter sur le sol avec un couinement. L'homme s'apprêtait à jeter un immense bloc de béton sur le reste de la fenêtre.

Cette fois, il ne réprima pas de cri en ramenant ses bras au dessus de sa tête. Au même moment, la pierre traversa sa chambre et alla s'écraser violemment contre la porte, qui s'ébranla. Le choc avait été si violent qu'il avait endommagé une grande partie des bricoles que le survivant avait bidouillées pour se protéger.

Le visage couvert de poussière, Lucas se releva alors que l'homme enjambait déjà la fenêtre, un regard aveugle de cruauté pour le garçon. Le garçon se précipita vers la porte enfoncée et s'enfuit.

Le rescapé avait du mal à ne pas se retourner et à ne pas trébucher à chaque obstacles. Mais par une chance incroyable, il réussit à sortir du bâtiment, essoufflé et toujours aussi appeuré par l'autre homme inépuisable.

Dans les rues, on pouvait croiser d'autre fous qui erraient, à la recherche de destruction. En voyant le jeune homme courir et transpirer, ils s'approchèrent. Eux aussi voulaient déverser leur haine.

Lucas arriva rapidement près d'un escalier de secours et se jeta contre la grille. Il l'escalada au moment même où l'on tendait le bras pour agripper sa jambe. Des doigts sales et crochus le frôlèrent, il poussa un cri et s'effondra contre l'escalier en fer. Sa cheville se tordit et une violente douleur lui parcourut le corps. Il réprima un gémissement en se retournant. Quelqu'un avait passé la grille. Ses yeux se fermèrent quand l'autre leva le bras. Son cœur cessa de battre, il acceptait la mort.

- Bon tu te bouges ?!

Quoi..? Lucas ouvrit les yeux. En face de lui, un garçon aux cheveux châtains, avec une visière fluo et un sweat rose lui tendait la main.