Poison

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« La mort n'est pas la fin d'une histoire, c'est le début de quelque chose de nouveau. »


Mon cœur ne jouait plus son rythme monotone. Une seconde interminable, puis un fracas dans ma poitrine se propagea dans tout mon organisme. Il redémarrait. Il  battait, ne voulant pas mettre fin à sa musique. Mon liquide pourpre circulait dans mes veines et dans mes artères, je le sentais glisser, faire gonfler mes paupières froides. Celles-ci frétillaient délicatement pour se rouvrir. Mes yeux se débridèrent légèrement, me permettant d'apercevoir deux ombres au-dessus de moi. Je n'avais pas besoin de voir clair pour savoir qui étaient mes observateurs.

Ma bouche pâteuse s'ouvrait, une difficile respiration en sortit. Les gorgés d'air permettaient de regonfler mes poumons. 

J'essayais de parler, de prononcer mon nom. Mais rien de sortait.

L'une des ombres partit brusquement.

Je battais des paupières, ma vision redevenait claire. Je distinguais nettement les beaux cheveux blonds et le visage inquiet de Henry. Celui-ci me regardait avec des yeux que je ne lui connaissais pas.

Des larmes coulaient sur mes joues. 

«  Henry, je.... » Essayais-je de prononcer une fois de plus.

Il m'attrapait délicatement la main.

« Es-tu un espion ? » murmura-t-il.

Je le regardais, les yeux mouillés, stupéfaite de sa question. Voilà la seule phrase qui le taraudait. M'en voulait-il à ce point ? Je sentais une tension dans l'espace qui me maintenait en haleine.

Il ne réitéra pas la question, pensant que ma réaction était suffisante. Il se levait pour approcher un vieil homme à quelques mètres.

« Docteur, s'en remettra-t-elle ? » demanda-t-il inquiet.

Cette phrase m'interpellait. Prise de peur, je relevais mon buste malgré la douleur lancinante dans ma poitrine. Je ne portais qu'un bandage au niveau de ma blessure. Seul un drap couvrait ma nudité féminine. Cela ne faisait plus le moindre doute, mon secret n'était plus.

Henry se précipitait sur moi, insistant pour que je m'allonge sur le lit.

«  Ne te fait pas plus de mal, ton corps a déjà assez souffert.

- Pourquoi restes-tu à mes côtés ? Je m'en veux tellement, suppliais-je en pleurant.

- La seule chose qui me met en rage c'est que tu sois allé sur le champ de bataille. Ce n'est pas la place d'une femme, même si tu es courageuse. »

Je ne répondais plus, épuisée par la douleur.

«  Il va falloir que tu m'expliques tout. Tu ne dois plus te protéger derrière des secrets.

- J'ai juste une question. Charles est-il au courant ?

- Oui, me répondit-il gravement. »

Il m'était impossible de lui dire quoi que ce soit. Rien ne m'assurait que son affection envers moi était suffisante pour m'assurer sa protection. De plus après ce mensonge ahurissant, il ne devait même plus me faire confiance.

Dans un sens la non présence de Charles me blessait plus que ma plaie encore saignante. Il n'avait même pas pris le temps de s'assurer de mon rétablissement.

Je m'effondrais dans mon lit. Le sommeil me rappelait. J'entendais le docteur dire à Henry, de me laisser seul. Il me jeta un rapide regard puis sortit de la loge.

Dans mon intimité et ma solitude, je ne pouvais m'empêcher de pleurer, j'étais une idiote. Me voilà agonisante, dépendante du choix d'un homme, ce n'était pas moi, je ne me reconnaissais pas. Mes sanglots m'invitèrent à somnoler.

Le miroir d'un autre mondeWhere stories live. Discover now