Le miroir d'un autre monde

Conte de Narë Nim

Je plantais Eléonore en plein milieu de la piste de danse, et je me précipitais en direction de Mina. Celle-ci sortait discrètement de la salle, en ne laissant aucune trace de son passage. Je me mettais à la poursuivre dans le couloir, heureuse et pleine de questions à lui poser.

Mon souffle s'accélérait au rythme de mes pas, mon corps sous adrénaline se mouvait automatiquement. Je criai à plein poumon :

- Mina, attends-moi !

Mais la jeune femme imperturbable, ne se retourna même pas sur mes appels.

Je commençais à reconnaitre sa direction, elle allait dans la salle avec ce maudit miroir. Une fois de plus je franchissais l'entrée de la pièce, pleine d'espoir de retrouver mon amie. Placer au centre, elle se retourna d'un seul coup, sur mon entré.

- Dit donc Mina. Depuis quand tu marches aussi vite ? dis-je essouffler en entrant dans la pièce.

La demoiselle me regardait médusée. Immobile, elle me scruta de la tête aux pieds.

- Mon déguisement est génial n'est-ce pas ? m'exclamai-je amusée en dévoilant ma longue chevelure ardente cachée sous mon chapeau.

- Co-comment...êtes-vous rentré ? balbutia-t-elle abasourdi.

- Par la porte, comme toi.

- Mais ça ne se peut pas ! Qui êtes-vous ? s'affola-t-elle en reculant.

- Mais mina...

- Vous vous tromper mon nom est Oréna.

Je la regardais attentivement. Ces pommettes roses, ses yeux verts, je les connaissais par cœur, c'était bien ma meilleure amie. Même-ci ses vêtements étaient différents, j'étais sûr de moi, c'était elle.

- Mina, tu ne te rappelle plus de moi ? Pennie, celle avec qui tu pouvais tout partager, les bons moments comme les mauvais. Dis-je en m'avançant doucement vers elle.

- Je ne t'ai jamais vu !

- Attend regarde cette photo sur mon portable comme preuve.

Je lui tendais mon portable, affichant une photo d'elle et moi en soirée. Elle s'approcha timidement et regarda celui-ci.

- Quel est cet objet et comment cela est-il possible ?

- Je crois que je vais te raconter mon fastidieux voyage.

Pendant plus d'une heure, je lui racontai comment j'avais par accident traversé le miroir, ma transformation, mon époque. Elle était attentive à tous les détails, me posant des questions à chaque phrase. Elle finit par s'exclamer :

- Je crois que je commence à mieux comprendre. Mais je suis désolée Pennie je ne suis pas ton amie Mina, notre ressemblance n'est peut-être pas une coïncidence.
- Par contre, je ne sais toujours pas comment tu as pu rentrer ici. Cela ne fait que quelques jours, que moi-même je peux y entrer. Cela m'a demandé beaucoup de rituel et de patience. Toi tu as pu rentrer du premier coup c'est vraiment étrange... Continua-t-elle.

- Des rituels ? La questionnai-je étonner.

- Oui, cette pièce est enchantée. Seul certaine personne « spéciale » peuvent voir l'existence de cette pièce.

- C'est vraiment bizarre, tu connais cette pièce et ce miroir depuis longtemps ?

- Je connais juste la légende de cette pièce secrète, je pense que tu dois et que tu mérites de la connaitre.

Elle m'invita à m'approcher de l'arbre puis débuta :

« Il y a maintenant plusieurs siècles, un jeune sorcier du nom de Saen, marchait seul une nuit de pleine Lune, à la recherche de plantes rares pour la confection de remède.

Lors de sa balade, il fit une découverte qui changea le cours de son existence. Sur la colline la plus élevée, il dénicha le plus beau chêne de la région. Grand avec une écorce claire et des feuilles rosées, il paraissait pur, comme si aucun homme ne l'avait regardé.

Le sorcier ébloui, alla récolter de précieux fruits pour ça réserve, mais lors de sa cueillette, l'arbre fit naitre de son tronc une magnifique jeune femme. Cette femme était une Hamadryade, une gardienne de la nature et de l'essence de la vie. Au moment même où Saen posa ses yeux sur la créature, il en tomba éperdument amoureux. Elle avait la peau pâle, des mains fines et de magnifiques yeux clairs comme le ciel.

Tous les jours, il alla pour courtiser la belle Narë, espérant que celle-ci cède à ses avances. Après plusieurs mois de séduction, celle-ci céda au beau jeune homme, malgré la différence d'espèce. Ils s'aimaient d'un amour inconditionnel, rien ne pouvait les séparer.

Malheureusement la préceptrice du sorcier, n'accepta pas sa relation inter-espèce. Considérant que cette relation pouvait engendrer un enfant trop puissant et néfaste pour leur clan. La grande Brinee, voulant protéger son apprenti, décida d'aller brûler l'arbre, pour clore cette relation interdite.

Sean prit connaissance des manœuvres que préparait sa maitresse. Pour protéger sa belle, il décida de créer une arque magique autour de l'arbre. Son amour était protégé mais pas lui, son clan décida de l'anéantir plutôt que de laisser vivre cet amour illégal.

Quand la dague déchira le cœur de son amant, Narë morte de chagrin se laissa dépérir doucement. Rien ne pouvait la consoler.

L'arbre au cours des années, se transforma et se recouvra d'une écorce métallique. L'arbre ne donna plus vie ni à la jeune femme ni même à un fruit. Il arborait maintenant, un grand miroir incrusté dans son écorce. On raconte que la jeune femme est cachée derrière la glace et qu'elle espère, chaque jour, revoir le reflet de son amant. »

Des larmes me montaient aux yeux, l'écoute de cette fable ma touchait en plein cœur. Je regardais l'arbre avec compassion comme si je pouvais ressentir la souffrance qu'il avait endurée.

- Qu'elle histoire cruelle ! Tu as énormément de connaissance. Tu pourrais peut-être m'aider à retourner dans mon époque.

- Je ne peux pour l'instant rien te dire de plus. Tu vas devoir rencontrer quelqu'un, pour que je m'assure de ton appartenance, dit-elle sérieusement.

- D'accord, de toute manière je suis prête à tout pour rentrer chez moi. Mais tout même, qui vais-je approcher ? Pour que je me prépare psychologiquement.

- Oh personne d'important ! Juste la plus grande magicienne de la région, ironisa-t-elle.

- Une magicienne ? M'étonnai-je. Depuis que je suis à cette époque, plus rien ne m'impressionne.

Je commence sérieusement à penser que cette jeune fille est complètement timbrée. Mais pourtant je la suis, suis-je donc folle moi aussi ?