Damnée

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Le liquide noirâtre me broyait les entrailles. Il s'écoulait de moi,recouvrant mon corps entièrement. Mon esprit était embrouillé.

Une créature sombre me scrutait, ses longs cheveux blancs traînaient dans le liquide. Elle flottait au-dessus de moi. Ses yeux sans pupille étaient inondés de noir dans lequel je voyais mon visage pétrifier de peur.

Cet être me dictait des mots dans une langue incompréhensible. Soudain,il me crachat un liquide visqueux au visage.

J'étais paralysée, aucun de mes membres ne voulait bouger. Elle se rapprocha de moi, prête à me dévorer.

Je voulais hurler mais aucun son ne sortait de ma bouche.

Soudain,je me réveillais en sursaut. Ce n'était qu'un cauchemar.J'étais soulagée de sentir mon cœur battre à toute vitesse, me signifiant par la même occasion que je n'étais pas un cadavre.

Toute la douleur avait disparu et ma peau avait retrouvé sa couleur normale.Je portais une simple tunique rouge. La Grande Myrel était à coté de moi, les deux mains posées sur mon ventre.

Son regard traduisait la stupéfaction et l'incompréhension.

« Que m'est-il arrivé? Vous avez essayé de me tuer, m'exclamai-je apeurée en reculant en arrière.

- Oui,la mort était venu te prendre.

-Qu'est-ce que vous m'avez fait boire ?

- Une eau qui a la capacité de révéler la vraie nature de chaque individu.

- Ma vraie nature ? Mais vous êtes complètement dingue ! J'ai tout raconté à Oréna, je n'ai strictement rien à cacher !

- Tu ne comprends pas ! Les être humains ne réagissent pas à la toxine. Chaque réaction révèle une créature particulière.

-Pourquoi me faire de souffrir à ce point ?!

-Tu ne le sais pas encore mais nous vivons une époque très dangereuse. Et je remarque que tu ne sais même pas ton appartenance, aussi maléfique soit-elle. Le fluide qui est sortie de ton corps prouve que tu es une Pythonissam

Je la regardais avec de grand yeux:

« Une quoi ? »

Mais elle ne m'écoutait plus, absorbée dans sa réflexion:

« C'est très rare de voir le fluide devenir noir. Car vois-tu, l'eau de cette souche a été enchantée il y a bien longtemps de cela,pour aider les créatures à trouver leurs voies dans ce monde. Seule une espèce n'était pas autorisée à la consommer, car les aider pouvait faire basculer l'équilibre. Il est raconté que lorsqu'une Pythonissam recrache un fluide aussi sombre que la nuit cela signifie qu'elle fait partir d'une des plus anciennes et cruelle famille de sorcière : les sorcières de l'ombre. Ce même fluide qui leurs annonce la vérité, leur détruit les entrailles, car la nature ne peut accepter des êtres aussi nuisibles.

- Mais c'est du délire je ne suis pas une sorcière ! Il doit y avoir une erreur!

- La nature ne peut pas se tromper, tu es une Tenebris Pythonissam !

- Non c'est un mensonge ! La preuve je devrais être morte si ton histoire disait vrai.

- Je ne peux l'expliquer, c'est la première fois que je vois un individu réagir au lac: ta peau s'est transformée. Je pense que quelque chose d'extérieur a voulu te protéger.

- Me protéger ? »

D'étranges voix commençaient à susurrer des mots au loin dans la forêt.

« C'est une des raisons pour lesquelles je te laisse vivre: tu n'es pas une Tenebris ordinaire. Je pense que tu as un rôle à jouer, car trop d'éléments se rejoignent en même temps. Il faut me promettre de n jamais aller à la rencontre des sorcières de l'ombre, sinon je ne pourrai t'assurer de ne pas t'ôter la vie à notre prochaine rencontre.

-Comment pourrais-je te faire confiance ?

Les murmures devenaient de plus en plus distincts, comme si un spectre se rapprochait de nous .

«Moi-même je me pose la même question à ton sujet étant donné se qui ce cache en toi.»

Les bruits commençaient à être envahissants. Des mots et des phrases me parvenaient aux oreilles dans cette même langue indéchiffrable que dans mon rêve.

«Entends-tu aussi ces voix ?

- De quoi me parles-tu ?

- Depuis quelques minutes j'entends un écho dans une langue indéchiffrable comme du vieux latin, ça doit être le contrecoup de la toxine.

- Es-tu sûre de toi ?

- Oui,mais les murmures se rapprochent de plus en plus... »

La peur déformait son visage comme si la mort en personne venait de la frôler.

« Ils arrivent, ils sont déjà au courant, balbutia-t-elle.

- Qui arrive ?!

- Il n'y a pas une minute à perdre, il ne faut surtout pas qu'ils te trouvent ! Cours ! Je vais les retenir.»

Elle me poussa avec force dans la forêt, m'obligeant à courir rapidement.Je m'arrêtais pour regarder dans sa direction, une fumée noire et opaque commençait à l'engloutir.

«Ne t'arrêtes pas, cours !» me cria-t-elle.

Je suivis ses ordres et hâtai au milieu des troncs. Les paroles continuaient à me parvenir. Je ne comprenais rien mais ressentais leur appel, m'invitant auprès d'eux. Mais je ne cédais pas,poursuivant ma course effrénée.

Les arbres se refermaient derrière moi, comme pour me protéger de ces êtres inconnues. J'entendais des hurlements de douleur au loin, comme si une lutte faisait rage.

Dans quoi m'étais-je encore fourrée? Mon avenir devenait de plus en plus sombre au fur et à mesure que je prolongeai mon séjour dans cette époque.

Je ne pouvais me résoudre à croire que j'étais une sorcière. C'était totalement absurde. Pourtant en une seule nuit, j'avais vu des choses qui dépassaient les lois de la nature.

En plus d'être perdue dans cette époque, je ne savais même plus qui j'étais vraiment.

Je ne savais même pas qui je devais croire ou suivre.

Être une sorcière, qu'est que cela signifiait dans ce monde ? Se faire brûler vive sur un poteau ?

Je pouvais voir au loin des lumières provenant du château, seul guide dans cette forêt dense.Je percevais le visage familier d'Oréna qui m'attendais, un soupir de soulagement s'échappa de mon corps. Je m'arrêtai devant elle,essoufflée et prête à tout lui raconter.

Je me retournais brusquement, sentant une présence derrière moi, et me retrouvai encerclée par un brouillard sombre.

Un murmure pernicieux me possédait. Ces propos s'infiltraient en moi comme le venin d'un serpent :

Fili,ego tandem invenit
Veni adnos malum dolorem dolorem te fallit

Le poison des mots se propageait dans mes veines, dans ma chaire, dans mes muscles et jusqu'à ma moelle.

Daemoniumhabes sit pax
Absconderepotes ubera palma
Fugiant,te possidere vos

Je me jetais comme une harpie au coup d'Oréna, mes mains autour de sa gorge. Une violence inouïe s'emparait de moi et me forçais à serrer mon emprise sur son coup frêle, provoquant l'asphyxie lente de mon amie qui se débattait énergiquement...

***

Un sombre destin se dessine.

Choquée de savoir enfin la véritable nature de Pénélope ?

N'hésitez pas à me donner vos avis :)

Le miroir d'un autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant