Le miroir d'un autre monde

Le diable au corps

Deux créatures mi- humaines étaient dissimulées sous la vague bleu nuit du tissu. Aucun souffle de vie n'émanait d'eux, tels deux ectoplasmes enfermés dans une enveloppe charnelle.

Une atmosphère glaciale et malsaine se dégageait de ces deux êtres immobiles.

Ils murmuraient des propos énigmatiques que je saisissais à chaque nouveau pas.

« Le feu brûlant et le cœur noir, la vois-tu ? susurra le premier vicieusement.

- Oh oui mon frère je la vois, son sang boue dans ses veines, s'enthousiasma le deuxième.

- Son plasma, est-ce bien elle ?

- Elle ? Sans goûter je ne sais pas.

- Je sens son cœur battre, le petit oiseau a peur.

- Un cœur tout frais, tout jeune. »

Ils se rapprochèrent de moi comme deux serpents. Leurs paroles étaient incompréhensibles. Ils parlaient dans une harmonie terrifiante, comme s'ils partageaient le même corps.

J'étais épouvantée en voyant leurs visages blafards, leurs longs cheveux foncés et de leurs yeux gorgés d'un fluide noir opaque. Deux jumeaux, l'un une femme et l'autre un homme, synchronisés à la perfection dans leur folie.

« Ne m'approchez pas , hurlai-je effrayée.

- On n'a pas le droit de l'abîmer, insista le premier sans faire attention à mes paroles.

- Cela est dommage, j'adore les torturer.

- Qui vous envoie ? »

Ils ne m'écoutaient pas, perdus dans leurs aliénations.

« Si imprudente.

- Si ignorante.

- Un vrai jeu d'enfant que de la chasser.

- Ou de la tuer, rigola le premier avec perversion.

- Que me voulez-vous ? m'exclamai-je, désespérée face à leur démence.

- Va-t-elle crier ?

- Va-t-elle s'échapper ?

- Mystère » dirent-ils à l'unisson dans un rire épouvantable.

La désaxée enfonça son ongle dans mon bras et elle le porta ensanglantée à sa bouche. Sa langue dégoulinante de liquide rouge, humidifia goulûment ses lèvres fines.

Je me plaquais contre le mur pour essayer de les fuir. Ne sachant absolument pas comment réagir, j'étais pétrifiée. Il n'y avait aucune échappatoire.

« Que vois-tu ma sœur ?

- De l'effroi, deux lignées et une puissance inconnue...

- Un mélange envoûtant.

- Pourquoi te cachais-tu petit oiseau ?

- Ta famille te cherche depuis longtemps !

- Vous n'êtes pas ma famille !

- Menteuse !

- Tu le sais bien.

- Arrête !

- Ton corps, ton cœur ne peuvent mentir eux.

- Je n'ai aucun lien de parenté avec des fous ! »

L'homme me frappa violemment au visage, me projetant au sol. Le coup me laissa une trace brûlante sur ma joue. Il se mit à s'esclaffer en me voyant faible et sans défense.