Seule

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L'assistance huait mes propos, jugeant plus divertissant, de voir le sacrifice d'un jeune homme dans la fleur de l'âge. Je ne pouvais admettre que toutes les personnes ici présentes pouvaient être nos ancêtres. Comment pouvaient-ils avoir cette soif de sang ?

Immobile, je regardais chaque geste du bourreau, espérant que mes mots, fassent effet.

En gardant la même position, il hurla :

- Cet homme a foulé le sable de cette arène en sachant pertinemment qu'il pouvait mourir sur celle-ci dans l'heure qui suivait. Il a fait un choix, seules ses supplications déshonorantes peuvent me faire changer d'avis.

- Mais, il ne peut pas supplier, il est à moitié mort sur le sol, rétorquai-je

- Soit son sort en est jeté donc.

- Mais...
Eléonore m'attrapa le bras pour me faire rasseoir.

- Tu ne peux rien faire, c'est le jeu, m'avoua-t-elle tristement.

Mais je m'y refusais.

- C'est cela la bravoure ! Tué quelqu'un à terre ! Il a surement une famille, des amis. N'as-tu aucune pitié, aucun cœur ?

- Maintenant tu as une langue, Bousemolle, pourtant tout à l'heure tu n'avais pas autant de cran.

- QUE CELA CESSE !
Henry !
Je me retournais pour le regarder, il venait de se lever, agacé.

- Charles, tu as prouvé ta dextérité et ton courage lors de ce combat. Maintenant laisse lui la vie, il a suffisamment souffert. Dit-il avec sagesse.

Sur ces mots, le chevalier lança avec force sa lame à terre, annonçant sa victoire et la fin du combat. Deux jeunes serviteurs, allèrent chercher le blessé pour l'emmener dans la tente.

Je ne pouvais subir davantage de violence, je décidais d'aller voir le blondinet. En quittant l'estrade, je pensais à Henry, il devait être exaspéré de toute l'agitation que j'avais provoquée.

J'espère qu'il ne m'en veut pas.

Dans la tente, l'individu était allongé sur une couche en paille. Son torse était couvert de bleues et d'ecchymoses, sa blessure au visage avait été nettoyée. Je me positionnais à son chevet, le soutenant moralement.

Le jeune homme ouvrit ses yeux et murmura difficilement :

- Merci, merci beaucoup...

- Ne parlez pas, reposez-vous, vous êtes dans un sale état.

Je reviendrai vous voir demain pour m'informer de votre rétablissement.

En sortant de la tente, les estrades commençaient à se vider annonçant la fin de la journée.

Je retournai à mes quartiers, sur la route Henry m'apostropha par surprise :

- Je dois vous parler, dit-il solennellement.

- Euh... oui aller-y.

- J'admets que vous ayez perdu la mémoire et que vous n'êtes surement pas de la région. Mais ici nous avons des traditions et vos actions de ce matin sont incorrectes. Comme vous avez sauvé ma sœur, je ne le prends pas en compte cette fois-ci, mais faite attention, s'exprima-t-il sèchement.

Il s'éloigna poliment, me laissant immobile et abattue. Je me mettais à courir rapidement en direction de ma chambre, cachant mes yeux qui se remplissaient de larmes.

Allongée sur mon lit, j'étais dégoûtée de cette époque, de ses crétins, de se Egagne. La douleur s'accentua davantage, avec la nostalgie de mes proches que j'avais désormais perdus. Je ne me reconnaissais plus, moi fervente défenseuse des droits de l'homme et qui ne se laissait jamais abattre. Je me retrouvais comme une petite fille à pleurer, recroquevillée dans mon lit.

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*+ Bisous *+

Le miroir d'un autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant