The Sons of Death [Réécriture]

Chapitre 29 - L'esquive [Réécriture]

Maxine,

    En dépit de ma gueule de bois carabinée et du fait qu'il est incontestable que j'ai trop picolé, les souvenirs de cette soirée sont très clairs. Je tente vainement de souffrir d'une amnésie sélective sur la partie où j'ai vomi devant Taylor, mais il semblerait que ce talent ne fasse pas partie de mes compétences. Cela dit, je peux toujours faire semblant.

    Cette nuit, Tay m'a montré un autre visage. N'en déplaise à sa mauvaise humeur légendaire, il a fait preuve de tact, de douceur et d'humour. J'ai aimé chaque seconde et quand j'ai ouvert les yeux ce matin, je n'ai pas eu le cœur de le réveiller. Son visage n'était ni dur, ni froid, mais serein et détendu. Vaseuse, mais jouasse, j'ai enlevé ma robe pour passer un long tee-shirt et attacher mes cheveux avant de rejoindre la cuisine pour un bon café et une aspirine supplémentaire. Soufflant sur mon café fumant, je défile mes mails depuis une bonne dizaine de minutes quand la porte s'ouvre sur Evan, encore vêtu de ses fringues de la veille et une mine à faire peur.

    — Gueule de bois ? Souris-je quand il m'embrasse sur le sommet du crâne avant de se servir un café.   

    — Autant que toi, j'imagine. Raille-t-il en s'adossant contre le plan de travail.

    Ma grimace le fait rire avant qu'il ne porte son mug à ses lèvres en me scrutant.

    — Sacrée soirée hier. D'ailleurs, ç'a été cette nuit en rentrant avec Blake ? Il est déjà reparti ? Me questionne-t-il avec un sourire en coin qu'il tente de cacher en buvant une nouvelle gorgée.

    — Je t'ai connu plus subtil, je vais mettre ça sur le dos de la cuite que tu t'es collé. Oui, ça s'est bien passé. Il dort encore. Et toi ?

    — On a squatté le loft de Cardan, avec Seth, Caleb, Kyle et Isa. M'apprend-il en sortant du frigo un yaourt qu'il pose devant moi en me faisant un signe du menton. Mange.

— Kyle et Isa, ça va entre eux, enfin depuis hier ? Le questionné-je en ouvrant l'opercule pour le lécher sans aucune grâce.

Son rictus est assez expressif.

— Aucune idée. C'était quand même tendu hier soir, mais il l'a ramenée ce matin et n'est pas revenu. Donc j'imagine que ça c'est arrangé. Se marre-t-il avec un haussement d'épaule.

Il me lance une cuillère que je rattrape sans mal et nous déjeunons tranquillement. Néanmoins, je sens son regard sur mon profil et je sais que cette fois, je ne vais pas échapper à cette conversation.

— Max... Commence-t-il avec douceur.

Ma tension artérielle augmente et je garde les yeux vissés sur mon téléphone.

— Ils pensent tous que tu vas reprendre ta couronne et -

— Je sais. Le coupé-je, un nœud dans la gorge.

— Max, tu dois leur dire.

Bienveillant et doux, il tente de me faire entendre raison, mais je refuse de faire ça maintenant. Je ne suis pas prête.

— Je sais. Éludé-je à nouveau.

Mais Evan connaît ma façon de fonctionner et mon système d'autodéfense face à cette situation. Avec précaution, il s'approche et dépose une main tendre dans mes cheveux.

—Tu ne peux pas rester dans le déni, ce n'est ni bon pour toi ni pour eux.

    Les trémolos de sa voix trahissent son émotion. Je sais qu'il m'aime, pas comme un homme aime une femme, mais comme un frère. Pourtant ce matin, cet amour, cette sollicitude et son insistance m'étouffent.