Chapitre 7 - Une pluie de balle [Réécriture]

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Taylor.

— Oui, mais tu peux aussi m'appeler Taylor.

Impossible de ne pas suivre la fille Callaghan à l'extérieur, l'envie de l'approcher est bien plus forte à cet instant que de la fuir. Non pas par quelconque intérêt. Uniquement parce que sous ses airs angéliques, j'ai la sensation que l'héritière cache quelque chose. Je veux savoir ce qui l'a poussé à revenir du jour au lendemain après cinq ans d'absence.

Ses yeux ambrés trouvent les miens, son rire discret s'envole dans l'air humide de la Louisiane. C'est certain, ce son me hantera encore pendant plusieurs heures. Je lui tends une clope qu'elle accepte avec un sourire alors que j'allume la mienne et la sienne par la suite. Silencieux, je m'adosse contre le mur en brique du bar tout en scrutant l'horizon. La fumée envahit mes poumons, la nicotine apaise mes muscles tendus par son apparition soudaine. Elle est à la fois identique et différente, comme une vieille photo que l'on ressort des années plus tard en reconnaissant exactement les traits qui y sont figés. Je n'ai pas besoin de la regarder pour le savoir.

Sentant son regard sur mon profil, je l'observe gigoter légèrement, je soupire en comprenant que Maxine Callaghan fait partie de ces gens qui ne supportent pas le silence, comme si le fait de ne rien entendre était un bruit.

    C'est dingue, ces gens qui ne savent pas rester tranquille cinq putains de minutes.

Du coin de l'œil, je repère qu'elle tente d'engager la conversation, mais je la devance pour la déstabiliser.

    — Tu aimes ce que tu vois, Callaghan ? La nargué-je en levant les yeux au ciel quand elle se remet à rougir.

À trois reprises, je l'ai surprise à me mater sans vergogne et à rougir à chaque fois. Maxine Callaghan est donc ce genre de femme, à s'arrêter sur une belle gueule sans prendre le temps d'aller plus loin.

— Hum, mouais pas mal. Lâche-t-elle d'un hochement d'épaule nonchalant.

Pris au dépourvu, je plisse les paupières pour me concentrer sur ses traits sérieux et relâchés. J'admets que je m'attendais à ce qu'elle nie, qu'elle finisse par jouer les potiches aguicheuses. Cependant, elle se contente simplement de me dire sa vérité, avec un ton purement détaché qui m'amuse. Quitte à jouer, autant le faire à fond.

     — Pas mal ? C'est tout ? Rétorqué-je avec un sourire narquois et un sourcil haussé.

Relevant les yeux vers moi, elle adopte la même attitude en plissant les yeux avec un léger sourire amusé.

— T'es pas mon genre.

Difficilement, je contiens mon rire pour garder une attitude narquoise, juste pour la titiller un peu.

    — Ça t'arrive souvent de mâter toute la soirée un type qui, je cite, "n'est pas ton genre" ? Ricané-je devant sa fausse attitude détachée. Ce qui visiblement l'agace vu le pli soucieux qui s'invite sur son front.

Maxine possède un visage très expressif. Incapable de maîtriser ses émotions, celles-ci se reflètent dans ses yeux et sa façon de se tenir. Ce qui est à la fois plaisant et amusant. Je devine sans mal ce qui lui passe par la tête, et là tout de suite, elle est en colère.

Le regard brûlant de défi, elle ne me lâche pas des yeux, prend une dernière latte sur sa clope avant de la jeter dans le cendrier à ses pieds. Les volutes de Whisky dans ses iris s'embrasent, montrant l'étendue de l'émotion soudaine qui la submerge. J'ignore ce qui la met dans cet état, mais avec cet air sur le visage, elle ne ressemble plus à la jeune femme souriante qui est entrée dans le Speak, il y a quelques heures.

The Sons of Death [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant