Sauvages

By MeiPlnk

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Ils étaient là avant, alors ils ont été conquis. Ils refusaient de se soumettre, alors ils ont été chassés. I... More

Prologue
Duquesa
La Descente
Obscurité Cauchemardesque
Face aux flammes
Da-jee-ha
Pieds Nus
Retour parmi les vivants
Maternelle et mort
Ah'na-kolchee
Expédition funéraire
Jesus est dans ton coeur
Mauvaise Fierté
Odyssée sauvage
La Faille
Premiers amours
Gélule surprise
Fuite Révélatrice
Foyer
Manifestation
Grand départ
Nokomis
Retour aux sources
Maudite
Lemp'herta
Cha'na e pa'hri
Colocation sous haute tension
Disparue
Invité mystérieux
Ab'hel-kee
Un mariage heureux
Sustentation
Un invité pour manger
Le Réseau
Saveriu Santoni
Rude Massage
Footing Nocturne
Confrontation
Piste du passé
Soirée à proximité
La vérité finit toujours par refaire surface
Moh'Lag, Colère d'Ukko
Espoir Obscur
L'œil d'un million d'yeux
Le Voile
Epopée hivernale
Enquête dans le blizzard
Rancune familiale
Au cœur de la haine
Descente à la cave
Le coût de la vie
Tension
Fête au village
Baleine
Humaine uniquement d'apparence
Retour à l'appartement
Neurotoxine volante
Appel Inattendu
Hypothèse douteuse
Taa'kangow'a
Pour un plus beau moment
Il pleuvait, ce jour là
Libérez Hen'Ruay
La chasse aux démons
Point de rupture
Valses sentimentales
Premier Tour
Deuxième tour
Sueur nocturne
Emilie
Marc Lange
Echange Nocturne
Sous le soleil du midi
Expiation
Epilogue
Mot de l'Auteure
Lexique Suomen

Le bien, le mal, et le reste

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By MeiPlnk

Da-jee-ha perçut mon trouble dès que j'eu atteint l'orée du petit village suomen, assise au milieu de la place centrale à tresser de longues nattes en compagnie des autres habitants. Les traits fins de son visage se ridèrent en une expression inquiète, tandis que je tentais du mieux possible de cacher mes yeux rougis, et les lacérations que les arbres avaient laissé sur mes bras et mon visage le long de ma fuite désespérée. J'étais dans un état lamentable. Honteux. Le simple fait de pouvoir être aperçue ainsi, de paraître ainsi vulnérable, me donna la nausée, et je tentais donc de reprendre une contenance en pénétrant dans l'unique et large chemin séparant les hautes mais éparses demeures.

La Cheffe abandonna son oeuvre pour venir à ma rencontre, pour mon grand malheur. J'aurai préféré, à cet instant, qu'elle m'ignore totalement et me permette de reprendre mes esprits, qu'elle fasse comme si elle n'avait rien vu. Mais Da-jee-ha n'était pas ce genre de personne, et ce n'était pas sans raison qu'elle avait été choisie pour diriger la petite communauté malgré son âge - bien que cet aspect était peut être moins central dans la culture suomen. Elle était droite, assurée, mais aussi emphatique, peut être trop pour son propre bien - elle m'avait après tout recueillie, alors même que j'étais la raison pour laquelle sa compagne était morte. Lorsqu'elle m'adressa la parole, sa voix était vibrante mais impérieuse.

-Cheveux d'or! Quoi arriver toi? S'exclama-t-elle dans son français si maladroit. Toi blessée!

-Non, non, tout va bien. Mentis-je avec assurance, comme je savais si bien le faire. Je suis simplement tombée.

J'affichai un grand sourire confiant, consciente que c'était le meilleur moyen d'échapper à plus de questions. Mais Da-jee-ha n'était pas dupe, et j'avais sous estimé un aspect central dans la différence entre ma culture et la sienne: elle était une guerrière et une chasseuse. Elle parcourait probablement les montagnes et les forêts depuis sa plus tendre enfance. Et en conséquence...

-Ça pas blessure tomber. Asséna-t-elle en m'attrapant par le bras. Ça blessure coupante. Cailloux pas faire ça. Quoi arriver toi?

-Tout va bien, je te dis. Plus de peur que de mal. J'ai...

-Cheveux d'or. Moi pas juger toi, mais toi devoir pas mentir. Ça mal. Et moi inquiet.

-Inquiète. Fis-je avec un sourire aussi attendri que contrit. Tu es... inquiète.

Da-jee-ha se contenta de hocher la tête, et me fixa droit dans les yeux. Mon regard s'attarda sur elle, puis sur le groupes d'habitants derrière elle qui, tout en continuant leur oeuvre, nous jetaient des regards intrigués. La cheffe sembla comprendre, et me prit par le bras.

-Toi venir.

Elle m'entraina à l'écart derrière une des bicoques, hors de vue des autres suomen qui nous observaient. Puis, elle se campa face à moi, et de sa taille légèrement supérieure à la mienne, me fixa, attendant que je parle. C'était une étrange sensation, que d'avoir l'impression d'être grondée ainsi. J'avais le sentiment d'être de retour en enfance, et d'avoir en face de moi notre gouvernante, la vieille Domenica, me toisant de ses yeux durs pour me faire comprendre ma faute, et en graver les conséquences au coeur de mon esprit impressionable d'enfant. À la différence, bien évidemment, que Domenica n'avait pas la jeunesse de Da-jee-ha, me dominait bien plus en terme de taille, et, surtout, était une personne généralement invivable et bien peu empathique, à mille lieue du caractère si dévoué de la cheffe suomen.

-Ce n'est... pas grand chose, vraiment. Commençai-je, et je sentis son regard se durcir, et j'en vins à me demander si elle ne risquer pas de voir au travers mes chairs. Je voulais juste... revoir la mine, au moins de l'extérieur. M'y confronter. Je ne sais pas ce que je m'attendais à y trouver.

-Et toi y trouver quoi?

-Nokomis. Dis-je d'un ton las, rendant les armes. Elle en est sortie et a voulu m'y faire entrer.

-Elle forcer toi?

-Elle... a essayé, oui. J'imagine qu'elle voulait me faire une sorte de blague. Il parait que c'était son terrain de jeu favoris.

-Notre, oui. Surtout Tor'neh. Lui beaucoup aimer mine.

Un frisson parcourut mes membres lorsque le nom du frère de Nokomis résonna dans mes oreilles. Le souvenir de son visage empli de haine, tandis que j'étais mise en joue par les flèches de ses guerriers, surgit des tréfonds de mon esprit tel un tigre en embuscade, qui aurait patiemment attendu son heure pour se jeter sur moi à la première occasion. Mais je tins bon, et ne laissai rien paraître sur mon visage. Je n'avais pas de raison d'inquiéter Da-jee-ha plus qu'elle ne l'était déjà, et je refusais de me laisser de nouveau voir sous un jour aussi vulnérable.

-Maintenant, enfants plus aller jouer mine. Conclut Da-jee-ha.

-J'imagine qu'il y a eu des accidents...

-Non. Taa'kangow'a.

-Les traditionalistes?

-Oui. Eux cacher armes là bas. Et prisonniers. Comme toi.

-Il... y en a eu d'autres?

-Oui. Beaucoup. Mais beaucoup... mériter. Mauvais kowos.

-Peut être que je le méritais aussi... dis-je dans un souffle.

Da-jee-ha fronça les sourcils.

-Non. Non, Kinn'rehi. Toi pas mériter. Toi femme bien.

-Peut être que ces gens qui ont été tués par les traditionalistes l'étaient aussi?

-Certains, peut être. Ceux que moi a vus... non. Toi pas tuer forêt pour vendre tronc sacré. Toi pas mentir jeune suomen qui pas parler français pour voler argent. Toi pas mauvaise kowo.

Je restais un moment immobile, perdue dans de lointaines pensées. Il ne m'était jamais venu à l'esprit que Da-jee-ha aurait pu être en accord avec certaines actions des traditionalistes. J'avais toujours imaginé le monde suomen divisé en deux clans distincts, d'un côté les traditionalistes violents, terroristes, menés par Moh'lag, et de l'autre, mené par sa rivale, Hen'Ruay, les pacifistes. Entendre Da-jee-ha, que je pensais fervente partisane de la cause de Hen'Ruay, ainsi parler de ses ennemis, m'avait choquée. Mais mes fréquentations suomen avaient toujours été assez orientées, à vrai dire. Les seuls à qui j'avais vraiment adressé la parole étaient des proches de Hen'Ruay, durant les nombreuses fois où la vieille femme m'avait sortie pour venir découvrir son monde, sa culture. Mais bien sûr que je n'avais eu des contacts qu'avec des suomens assez ouverts d'esprit pour accepter de parler à une femme comme moi, une kowo qui avait publié un reportage venimeux et calomnieux sur leur culture, une maudite dont les actions avaient causé la mort de leur prêtresse, pour autant que ce nom puisse lui être attribué. Mais le reste des suomen? Un peuple tout entier ne pouvait être simplement divisé en deux camps opposés, bien sûr. Je ne l'ignorai pas; j'étais journaliste. Mais, en laissant mes propres sentiments submerger ma raison, cette vision avait disparu. Il n'était resté que « les gentils » contre « les méchants », car « les gentils » faisaient leur possible pour s'adapter à des moeurs que je pouvais comprendre, me tendaient une main secourable quand j'étais perdue, et étaient toujours prêts à accepter le compromis, et que « les méchants » s'opposaient à mes valeurs et avaient tenté d'attenter à ma vie. Mais Nokomis était apparu, une femme, ou plutôt une jeune femme, qui m'avait rappelé que beaucoup ne prenaient juste pas parti. Mais je l'avais considérée comme une exception, jusqu'à ce que Da-jee-ha se révèle être comme elle.

La réalité me frappait de plein fouet, et elle était douloureuse. Je n'avais suivi qu'une vision biaisée du peuple suomen, orientée par ce que voulait bien m'en laisser voir Hen'Ruay. Mais la réalité était bien plus terne que les grands discours d'acceptation de ma vieille amie. Et cette réalisation, ce simple fait, était douloureux et difficile à accepter.

-Je parler à Nokomis, d'accord?

-Hmm... fis-je, n'ayant pas la force de lui dire de ne pas le faire.

Mon esprit était confus, submergé par ma réalisation. Il était simple d'accepter quelqu'un qui venait offrir sa culture sur un plateau à qui voudrait l'admirer, quelqu'un qui roulait en voiture, portait des habits normaux, et aimait boire un verre au café du coin. Mais il était bien plus difficile d'accepter que certains refusent la conciliation, refusent la simple acceptation, parce qu'ils ont trop soufferts, parce que certaines de leurs plaies ne peuvent cicatriser, parce qu'ils continuent de subir la discrimination tandis que les puissants continuent de leur demander d'attendre bien sagement qu'ils daignent faire quelque chose à ce sujet.

Il était dur d'accepter que tout ce que Hen'Ruay m'avait montré ne pouvait être réellement représentatif de son peuple.

Il était dur d'accepter que la seule chose qui me restait d'elle, était un tissu de semi vérités qui se déchirait une fois la tisserande partie.

***

J'entendis les pas feutrés de Nokomis avant de la voir, et raidis l'expression de mon visage pour ne pas laisser paraître une once du trouble qui m'habitait, de la peur que j'avais ressenti, et de la honte qui me terrassait encore, d'avoir été vue dans un tel état par cette enfant dont l'orgueil m'énervait au plus haut point. Mais, plus que cela, le tournoiement de pensées dans mon esprit occupait toute mon attention, et je ne voulais rien en laisser voir.

J'étais assise dans la longue salle principale, dans la maison de Da-jee-ha, sur un des bancs entourant la table où mangeaient tous ses habitants aux heures de repas. La découpe était magnifique, et les pieds du mobilier étaient sculptés avec une finesse remarquable, laissant deviner le talent de l'artisan. Les traits de lumière qui transperçaient la pénombre depuis les ouvertures dans le toit laissaient apparaître la poussière flottant paresseusement dans l'air. Le glougloutement de la source, et du torrent qui traversait le village, résonnait entre les murs, tout comme le chant des criquets qui pullulaient dans les hautes herbes toutes proches. C'était un environnement si apaisant que même mon esprit en proie à la tourmente s'était laissé aller à la relaxation, tandis que je tentais de rédiger un script sur mon ordinateur pour m'occuper. J'étais loin de tout, et il n'y avait pas le moindre réseau pour me permettre de laisser savoir à mes collaborateurs que j'étais encore en vie, mais je comptais sur ma réputation pour me permettre de revenir sans difficulté dès que je le voudrais. La distance du reste du monde voulait également dire isolement de Julian, qui avait essayé à de nombreuses reprises de reprendre contact avec moi. Mais il était la dernière personne que j'avais envie de voir.

Nokomis me contourna en marchant d'un pas ample et caricatural, qui camouflait mal son malaise réel. Je fis mine de ne pas la remarquer, en me concentrant sur un passage peu clair que je venais de rédiger, et que mon esprit épuisé ne parvenait pas à reformuler de manière satisfaisante. Elle resta un moment immobile, parfaitement consciente que je l'avais remarquée. Chacune de nous attendait que l'autre soit la première à briser le silence, une sorte d'énième confrontation puérile, mais que nos deux orgueils ne pouvaient se permettre de perdre. Nokomis s'effondra lourdement sur le banc situé de l'autre côté de la table, et poussa un soupir caricatural en renversant sa tête en arrière et en fixant la toiture. Je ne dis mot, une nouvelle fois. Finalement, la jeune femme céda et pris la parole en première. 

-Je pensais pas que t'irais pleurer dans les jupes de Da-jee meh'na, tu sais.

-Et je ne pensais pas que tu viendrai me trouver la queue entre les jambes après qu'elle t'ai trouvée. Rétorquai-je, et je perçu du coin de l'œil sa teinte pâle rougir de colère ou de honte, mais restais concentrée sur mon travail. 

-Que veux tu! Si elle a décidé d'accueillir une kowo chez elle, je ne peux pas vraiment lui dire quoi que ce soit. C'est elle, la cheffe, ici. 

-Si tu es venue pour ne dire que des choses déjà évidentes, c'est une utilisation bien peu optimale de ton temps.

-Et si tu es venue ici pour travailler en paix pour je ne sais quelle présentation dans je ne sais quelle entreprise multinationale, tu te fourre le doigt dans l'œil. Grogna-t-elle. Nos terres ancestrales sont pas un resort de repos pour les cadres en manque de nature. 

Je relevai la tête et la fixait avec mon regard le plus pénétrant, qu'elle soutint sans peine, une expression de défi sur le visage.

-Je ne suis pas en vacances. Dis-je simplement. C'est tout ce que tu avais à me dire? Si c'est le cas, j'aimerai que tu me laisse en paix, car j'ai du travail, ce qui ne semble pas être ton cas. 

C'était un mensonge partiel. J'avais tout laissé tomber en partant, y compris mon travail, y compris mes équipes qui n'avaient sans doute pas la moindre idée de mon emplacement actuel. Mais le script que j'écrivais servirait réellement, c'était donc bel et bien du travail - bien que j'ignorai à l'époque quand il serait mis en scène. Face au mutisme de Nokomis, j'allais me replonger dans mon écriture, mais elle prononça quelques mots qui me frappèrent grandement venant d'elle.

-Pardon. Pour tout à l'heure. 

Ces quelques mots avaient été arrachés très clairement à contrecœur, prononcés à peine distinctement, tandis que son regard évitait soigneusement de rencontrer le mien. 

-Tu n'es pas obligée de t'excuser si tu ne te sens pas désolée. Dis-je simplement, sans pour autant pouvoir totalement camoufler le sentiment de victoire qui venait contrebalancer celui de honte et de défaite qui me pesait depuis que j'avais été vue dans cet état si lamentable. 

-Da-jee meh'na ne me laissera pas tranquille tant que je ne l'aurai pas fait. Grogna-t-elle.

-Mais je n'ai que faire d'excuses arrachées à contrecœur. Elle n'ont aucune signification. Si tu ne te sens pas désolée pour ce que tu as fait, alors il ne sert à rien de le prétendre sinon pour sauver les apparences, et il n'y a pas beaucoup d'apparences à sauver entre nous. Fis-je remarquer.

Nokomis ne répondit pas immédiatement. Elle jouait avec les nervures du bois composant le plateau de la table, les longeant à un rythme lent du bout de son doigt. Ses longs cheveux couleur feu cascadaient sur ses épaules en ondulant, tel un torrent enflammé. Ses yeux gris semblaient emprunts d'une forme de mélancolie, qui se répandait sur les traits de son visage comme l'eau se répand au sol une fois la cruche brisée. Elle était encore une fois vêtue de son débardeur militaire, qui laissait apparaître ses bras musclés malgré des épaules peu larges, et une poitrine que je jugerai de taille passable, mais correspondant bien à son allure générale. Elle avait le nez d'Hen'Ruay, maintenant que j'y faisais plus attention, ainsi que ses lèvres, les même peu charnues, mais suivant une courbe délicate qui donnait lui donnait naturellement un air mécontent. Son tatouage si visible sur la joue, cependant, entrait en profonde contradiction avec l'apparence si lissée de la vieille femme, dont les marques corporelles étaient, pour la plupart, camouflable sous des habits de ville afin qu'ils ne puissent être vus. Là, se trouvait la différence entre Nokomis et sa grand mère: cette dernière avait accepté de cacher sa différence pour mieux la faire accepter, tandis que la jeune femme qui me faisait face l'embrassait malgré tout ce que cela impliquait. 

J'ignorai si c'était admirable ou triste.

Après un long moment, sans pour autant me regarder, Nokomis reprit.

-Non, je m'excuse vraiment. Comme t'as dit, il y a rien a sauver comme apparence, alors si je voulais pas m'excuser, je le ferai pas. Je ne t'aime pas particulièrement, et je n'ai aucun compte à te rendre. 

-Alors pourquoi t'excuses-tu? Fis-je, cette fois-ci réellement intriguée.

Je m'attendais presque à ce qu'elle me réponde que cela ne regardait qu'elle, et elle sembla elle même le penser. Mais, son expression se crispa quelque peu, et le tracé de son ongle le long des rainures boisées s'accéléra.

-Da-jee mah'na m'a... expliqué. Au sujet de la mine, et... des Taa'Kangow'a. Et de Tor'neh. 

-Si c'est par pitié pour moi que tu t'excuse, je n'en ai pas besoin. Dis-je durement. Cet épisode est derrière moi, et...

-Au vu de l'expression que tu faisais devant cette mine, ça n'avait pas vraiment l'air d'être quelque chose que tu as laissé derrière toi. Fit-elle remarqué.

Je m'apprêtai à lancer une répartie cinglante, mais je compris que les mots de Nokomis n'avaient pas été prononcé dans le cadre d'une joute verbale, ni d'une pitié condescendante envers moi - elle aurait probablement plus été du genre ne pas avoir de pitié, simplement de la condescendance. Non. Son ton semblait plus simplement... compréhensif. Sympathisant. 

-Je connais ça. Continua-t-elle. Vouloir se dire que tout est terminé, que ça ne nous affecte plus, qu'on est passé à autre chose. Mais dès que quelque chose apparaît... un objet, un lieu, une personne... tout semble revenir. Ca te frappe, ça te... déchire. Et... je te souhaite pas ça, même si je ne t'aime pas. Je souhaite ça à personne. 

Nokomis se leva sans ajouter un mot, et disparu dans mon dos, vers la sortie de la bâtisse. Elle lança tout de même, avant de sortir, une dernière phrase.

-Et désolée pour ce qu'a fait mon frère. Lança-t-elle. C'est un gros con. 

-C'est... un euphémisme pour parler de quelqu'un qui a faillit me tuer.

-Ouais. Mais je serai ravie de lui casser la gueule, alors si jamais il t'emmerde à nouveau, hésite pas. Je le ferai pour moi, par contre. Te méprends pas.

-Oh mais je ne me méprend pas. Dis-je avec un grand sourire, qu'elle ne pouvait cependant voir depuis la porte basse. 

Un sentiment chaleureux parcourut ma poitrine. J'avais le sentiment d'avoir percé un peu la carapace de cette enfant, autant qu'elle avait percé la mienne. Et peut être... juste, peut être... que je ne la détestais pas autant que je le pensais. 

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