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Від Severine75

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Thierry, bibliothécaire, vient de fêter son cinquante-cinquième anniversaire et fait un triste constat sur so... Більше

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Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Interlude
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Épilogue
Fin du défi

Chapitre 3

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Від Severine75

Il fait encore chaud en ce début septembre et la bibliothèque, installée dans un vieux bâtiment en pierre, ne désemplit pas tant il y fait bon. Séverine et moi nous occupons des prêts et des retours pendant que les deux bénévoles qui nous aident pendant les permanences prennent en charge le rangement des livres. Malgré le monde, nous tenons le rythme et arrivons à écouler le flux de personnes sans que la file d'attente ne soit trop longue.

Quand « Le signal » de Maxime Chattam est posé devant moi, je relève les yeux et tombe dans deux iris de couleurs différentes, sous lesquels se trouve un grand sourire avenant.

— Bonjour, s'exclame l'inconnu de la boulangerie.

— Bonjour. Alors ce « Signal » vous a plu ?

— Eh bien, au risque de m'attirer les foudres du bibliothécaire, je n'ai pas accroché du tout.

J'arrête mon geste alors que j'allais scanner le livre et interroge mon vis-à-vis du regard.

— J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans, ajoute le concerné en haussant les épaules. Je me suis forcé à le terminer.

— Quand un texte ne nous parle pas, il n'est pas utile de se forcer, répliqué-je en passant le bouquin sous la douchette.

— Je n'aime pas abandonner, rétorque-t-il en croisant ses bras sur son torse. Vous avez quelque chose à me conseiller ?

— Vous avez envie de quoi ?

Il fait mine de réfléchir alors que j'entends Séverine glousser à côté de moi.

— Quelque chose de léger, sans prise de tête.

— C'est vaste.

— Tu devrais accompagner Monsieur en rayon, intervient alors ma collègue. Ce serait plus simple de choisir avec les livres sous les yeux.

— Je suis d'accord, déclare le mangeur d'éclair au chocolat. J'ai emprunté tant d'ouvrages que je saurais mieux les reconnaître en voyant la couverture. Ma mémoire vacille un peu, parfois.

Je hoche la tête, me lève et entraîne le client vers la section roman. Une fois entre les rayonnages je commence à lui proposer plusieurs titres qu'il a d'après ses dires déjà lus.

— Je suis plutôt bon public, m'explique-t-il. Mais ces derniers temps, je n'ai enchaîné que des déceptions.

— Si vous désirez une valeur sûre, je vous conseille Gilles Legardinier, il excelle dans l'écriture de thriller, mais est encore meilleur en comédie.

Je m'arrête devant une étagère et en extrais un livre.

— Celui-ci, est parfait si vous voulez quelque chose de léger.

Il saisit l'objet et le retourne pour en lire la quatrième de couverture, puis relève la tête vers moi, un grand sourire sur le visage.

— Eh bien, ça peut être pas mal.

— J'ai beaucoup aimé, une héroïne déjantée et des situations rocambolesques. Idéal pour passer un bon moment.

— Je vous fais confiance et je vous dirai s'il m'a plu.

— Avec plaisir. Vous voulez en choisir un autre ?

— Non merci, si je n'en prends qu'un, je reviendrai plus vite.

Le clin d'œil qui accompagne ses paroles me cloue sur place. J'avale ma salive avec difficulté et retourne à la borne de prêt, le cœur tapant comme un fou dans ma poitrine. En quelques minutes, l'ouvrage est enregistré sur la carte de l'homme qui s'avère s'appeler Stéphane Lebas et ce dernier quitte la bibliothèque, me laissant perplexe.

— il a flirté avec toi, me souffle alors Séverine en approchant sa chaise de la mienne.

— N'importe quoi.

— Mais bien sûr, se moque-t-elle. J'aurais pu écrire cette scène et cette rencontre.

Je lève les yeux au ciel et souris à une adhérente qui me présente une pile de romans.

— Nous nous étions déjà rencontrés, répliqué-je après le départ de la jeune femme.

— Non !

Séverine ouvre de grands yeux et tape dans ses mains.

— Vas-y raconte-moi ! s'exclame-t-elle.

Ma collègue a fêté ses quarante-cinq ans cette année, mais elle ressemble à une gamine tant elle s'émerveille d'un rien.

— Y'a rien à dire, on s'est juste croisé l'autre jour à la boulangerie.

— C'est déjà bien. J'aime ses yeux. C'est très... sexy.

— Tu fais dans le vieillard maintenant ?

Elle éclate de rire.

— Je suis satisfaite de ce que j'ai à la maison, merci. Et cet homme n'est pas un vieillard, il doit avoir ton âge. Oh attends !

Elle se colle à moi et attrape la souris de mon ordinateur afin d'ouvrir les informations de la carte de Monsieur Lebas.

— Alors, qu'avons-nous là, murmure-t-elle. Stéphane Lebas, j'aime bien. Né en 1961, le 12 juillet. Oh c'était son anniversaire il n'y a pas longtemps.

— Deux mois quand même.

— Un détail.

— Tu crois que c'est bien ce que tu es en train de faire ?

— Je ne fais rien de mal, il nous a donné lui-même ces informations, arrête de cogiter.

— Pour obtenir une carte de bibliothèque, pas pour qu'on le stalke.

— Oh regarde, ajoute-t-elle sans m'écouter. Il habite à deux rues d'ici et tu as son numéro de téléphone si tu veux.

Je lui lance un coup d'œil blasé. Je me vois bien appeler cet homme que j'ai croisé deux fois.

— Qu'est-ce que je lui raconterais ?

— Bonjour, je suis Thierry, le bibliothécaire, dit-elle en tentant d'imiter ma voix. Est-ce que vous accepteriez de venir boire un verre avec moi ?

— Bien sûr, le meilleur moyen de me prendre un parpaing en pleine poire.

— Mais non, il a flirté avec toi je te dis. Tout le monde l'a vu te mater les fesses.

— Pardon ?

— Bon j'exagère un peu, mais dans mon roman il t'aurait regardé le cul, je t'assure.

Je soupire et me pince le nez. J'adore ma collègue, mais parfois elle me fatigue.

— OK, ne l'appelle pas, mais la prochaine fois qu'il vient, observe bien. Il y a des signes qui ne trompent pas.

— Ah oui ?

Elle hoche la tête.

— Franchement, tu crois qu'il avait besoin de toi pour emprunter un Legardinier ?

Je grimace devant son air blasé.

— C'est vrai que je n'ai pas été original sur ce coup-là, ronchonné-je.

— Tu te feras pardonner en l'invitant au restaurant, répond-elle en se replaçant face à son PC. Oh j'ai tenté La table Tourangelle l'autre jour avec mon mari. C'est extraordinaire ce qu'ils font là-bas. Je dis ça comme ça hein.

Je secoue la tête avant d'accueillir un nouvel adhérent qui me ramène une montagne d'albums pour enfants. Nous terminons la journée entre papotage et travail. Séverine finit par oublier ma vie amoureuse pour discuter des recherches qu'elle fait pour son futur roman de science-fiction et j'écoute avec plaisir ses bavardages, pressé de lire un jour le fruit de son imagination.

Lorsque je sors de la bibliothèque ce soir, je suis plus fatigué que d'habitude, pourtant je n'ai pas envie de rentrer chez moi. J'extirpe donc mon téléphone de ma poche et, assis dans ma voiture, j'appelle Philippe.

— Salut, mon pote, s'exclame celui-ci en décrochant.

— Salut. Dis, tu fais quelque chose là ?

— Non, j'ai rien de prévu. Qu'est-ce que tu me proposes ?

— J'ai pas envie de dîner seul, je peux apporter des sushis si tu veux.

— Avec plaisir, j'ai un bon vin qui sera parfait avec.

— Génial ! Je te prends comme d'habitude ?

— Ouais. Je t'attends.

Heureux de profiter de mon ami de toujours pour la soirée, je démarre et mets le cap vers le sushi shop dont je suis un client régulier. Mon sac sous le bras, je débarque chez Philippe vingt minutes plus tard. Il m'accueille avec une chaleureuse accolade et m'invite à entrer dans son salon. Le capharnaüm qu'il y règne est pour moi presque relaxant. Alors que dans mon appartement, j'aime que tout soit à sa place, ici j'apprécie le désordre soigneusement agencé. La petite table basse est recouverte de plusieurs vinyles parmi lesquels je distingue Renaud, David Bowie ou encore Van Halen, des livres de cuisine sont éparpillés sur le canapé et des objets de toutes sortes, chinés dans les brocantes que Phil adore fréquenter, sont posés çà et là dans la pièce. Un chat géant en bois côtoie une lampe berbère dont l'ampoule est cassée depuis longtemps, un vase en céramique rafistolé, mais aussi le piano électrique blanc que mon ami s'est offert à Noël.

Je souris devant la photo de nous deux installée sur l'instrument. Ce cliché pris peu après que nous nous soyons rencontrés et qui se trouve aussi chez moi, sur une étagère de mon salon. Deux jeunes gars qui se tiennent par les épaules et qui se marrent comme des bossus, n'imaginant pas une seule seconde ce que la vie leur donnera ou leur enlèvera.

Je secoue la tête, mettant ces mauvais souvenirs de côté et décide de libérer la table basse pour pouvoir y poser notre dîner, puis je m'écroule sur le canapé en tissu gris. Dans la pièce adjacente, Philippe prépare deux plateaux-repas qu'il apporte bientôt. Puis il file de nouveau dans la cuisine pour en revenir avec deux verres à pied et une bouteille de Sancerre blanc.

— Tu vas me dire ce que tu penses de ce petit bijou, m'annonce-t-il en s'asseyant près de moi.

Il ouvre le vin et en verse dans les verres avant de m'en tendre un. Nous trinquons et portons le liquide à nos lèvres. Je le fais tourner dans ma bouche pour en extraire toutes les saveurs et hoche la tête, signifiant que j'apprécie.

— J'étais certain que tu aimerais, déclare Phil, tout heureux. Allez, bon appétit.

Nous mangeons dans la bonne humeur tout en écoutant un peu de musique. Nous discutons de nos journées, de choses banales, en demeurant vagues, comme si quelque chose nous empêchait de creuser, de nous dire ce que nous pensons en réalité. Je pourrais profiter de cet instant pour me confier à lui sur mes ressentis de ces derniers temps et lui pourrait tenter de me faire parler, mais ce n'est pas le cas. Tout reste en surface. Notre lien s'est rompu et j'ignore quand cela a eu lieu.

Est-ce lors de cette soirée d'anniversaire ou de son coup de fil, quelques jours plus tard ? Ou bien avant. Je n'ai pas de réponse et ça me brise le cœur. Philippe a toujours été ma constante depuis que je le connais. Si elle disparaît, je ne sais pas ce que je deviendrai.

Lorsque son téléphone, abandonné sur la table basse, sonne et que le prénom d'Olivier s'y inscrit, j'ai envie de tout envoyer valdinguer et de lui ordonner de mettre fin à cette relation au plus vite. Au lieu de cela, je le laisse répondre et attends qu'il raccroche tout en dévorant mes sushis au poulpe. Une fois sa conversation terminée, je ne contrôle pas les mots qui s'échappent d'entre mes lèvres.

— Je crois que j'ai rencontré quelqu'un.

Je ne sais pas pourquoi je balance cette information comme s'il s'agissait de la nouvelle du siècle, mais la réaction de Phil vaut le détour. Il s'étouffe avec le morceau de saumon qu'il venait de fourrer dans sa bouche, se tape le torse pour faire passer la bête et saisit son verre qu'il vide cul sec.

— Pardon ? souffle-t-il une fois remis de ses émotions.

— Tu as bien entendu. C'est un adhérent de la bibliothèque. Il s'appelle Stéphane et a des yeux vairons incroyables.

Quelques secondes de silence accueillent mes explications, puis Philippe reprend contenance. Il revêt son visage de façade, celui qu'il arbore quand il veut donner l'illusion que tout va bien. Mais il oublie que je le connais par cœur et que je peux lire en lui comme dans un livre ouvert.

— Je suis content pour toi, dit-il. Tu mérites quelqu'un de bien.

Je hoche la tête et replonge le nez dans mon poulpe, un peu honteux de moi, mais fier aussi, de lui avoir mis dans les dents qu'il n'est pas le seul à mener sa vie comme il l'entend. Alors, assis sur le canapé de mon ex, du poulpe plein la bouche, je me fais la promesse que je vais profiter à fond des années qu'il me reste. Je ne suis pas si vieux, en fin de compte, tout fonctionne très bien chez moi et je suis encore capable de vivre une belle histoire d'amour qui sera j'espère la dernière.

***

L'homme aux yeux vairons n'a pas tardé à montrer le bout de son nez. On verra ce qu'en fait notre Thierry.

L'histoire avance doucement, les personnages se mettent en place et montrent leurs visages, leurs personnalités, leurs désirs.

J'espère que ce que j'envisage pour eux vous plaira.

Sinon j'ai une information de toute importance

j'ai décidé de participer au concours fyctia ayant pour thème "Sous le sapin". Je suis donc en cours d'écriture d'une autre histoire que celle-ci (mais cela n'aura aucune incidence sur le rythme de publication) qui s'appelle "La recette du pain d'épices". Le principe du concours est que les chapitres sont débloqués au fur et à mesure grâce à vos lectures et vos votes. pour l'instant je suis loin de gagner (sachant que gagner signifie un contrat avec Hugo) mais tout est rattrapable. Alors si cela vous tente de venir me soutenir il suffit d'aller sur le site de fyctia et de taper mon pseudo "sevebala" ou d'aller dans le concours "sous le sapin" et d'y chercher mon histoire.

Je vous laisse le résumé et la couverture

Gros bisous à vous et à très vite

Séverine

"La recette du pain d'épice"

Charlotte, web designer dans une agence publicitaire n'a jamais cru au père Noël. Ses parents lui ont toujours dit qu'il s'agissait d'une belle histoire. Elle n'est donc pas très sensible à la magie de Noël et, si elle apprécie tout de même les bons repas partagés et la distribution des cadeaux, elle n'adhère pas vraiment à l'ambiance qui s'installe durant les semaines précédant le 25 décembre. À l'inverse de sa colocataire, Adèle, qui si elle s'écoutait, laisserait le sapin et les décorations dans leur appartement tout au long de l'année.

Quand Charlotte reçoit une lettre ne portant que son prénom, le premier décembre et lui annonçant que vingt-quatre autres suivront, elle comprend qu'un admirateur secret lui a concocté un calendrier de l'avent pour le moins original et se met en tête de découvrir qui en est l'auteur.

Est-ce Augustin, le facteur avec qui elle aime parler ? Où bien Peter son collègue anglais au très chic accent british ? Ou encore Félix, son voisin du dessus, discret et timide. Et Adèle a-t-elle joué un rôle dans cette délicieuse machination ?

Charlotte va devoir mener l'enquête, entre lutins trop vert, sablés mal dosés en cannelle et épines de sapin entre les lattes du plancher.

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