Kala Hansen
2 heures du matin.
Alors que j'attends à l'avant du quai, le vent frais me brûlant le visage, un bruit familier retentit. Frigorifiée, je m'empresse de m'engouffrer dans le dernier tram de la soirée. L'air chaud soufflé par les radiateurs traverse mon corps engourdi et je vais rapidement m'asseoir sur un des sièges.
L'avantage à cette heure tardive c'est qu'il n'y a personne et que l'on peut s'assoir où l'on veut sans être dérangé. Enfin personne, si l'on ne compte pas les gens bourrés qui déambulent dans les allées centrales. Raison pour laquelle je me mets toujours en début de tram, à côté de la vitre du conducteur. Ca me rassure. Alors que je porte mes écouteurs à mes oreilles, le tram s'arrête à l'arrêt suivant et je lève la tête.
Ce soir, comme tous les autres soirs depuis des mois, il est là, toujours à ce même arrêt et toujours à cette même porte.
Je le regarde discrètement qui monte, un sourire bienheureux aux lèvres, ses lunettes aux montures noires arrondies qui agrandissent ses pétillants yeux verts, des cheveux bruns éparpillés en multiples bouclettes qui surplombent son visage rayonnant et un lourd sac à la main. Cela fait environ quatre mois que je prends ce tramway et tous les soirs je vois ce garçon monter à l'arrêt qui suit le mien et descendre à celui avant le mien. Que fait-il jusqu'à si tard le soir ? Je ne sais pas. Jamais je ne lui ai parlé et je m'y refuse. Son sourire m'énerve et je n'ai pas envie de le connaitre. Il est comme les autres.
Je déteste la compagnie des gens.