alors, alors, alors.
j'ai décidé de faire un petit segment « et si ». un autre dénouement possible à l'histoire. un autre dénouement pour nos petits coeurs de DonoFans (j'avoue, je suis team Zonovan moi aussi, mais la vie, c'est la vie sjkdhfrksrfi).
un autre dénouement plus rêveur, certes, mais on est ici pour espérer et rêver en paix, n'est-ce pas ?
ce sera en quelques segments comme les chapitres ordinaires, juste pour me donner un peu le temps de tout écrire.
alors. DonoFans. c'est parti. 🥺
bonne lecture.
***
ZOÉ
— Il a embrassé la meilleure de l'Opéra. Sous mes yeux.
Je renifle et lève mon visage vers le plafond pour empêcher les larmes de franchir le barrage de mes paupières. Noah me regarde avec les yeux grands comme des soucoupes, avalant tout rond la tranche de concombre qu'il avait dans la bouche lorsqu'il m'a ouvert la porte.
— Alors... je vais crécher chez vous quelques jours, d'accord ?
— Putain, j'espère que tu lui as pris les clés de l'appart'.
Le regard embué et les doigts tremblants, je tire les clés de l'appartement de Margaux de mon sac à main et les lui mets entre les mains. Il saisit alors mon poignet et m'attire contre son torse pour me serrer de toutes ses forces.
Je laisse échapper un sanglot qui me déchire la poitrine contre son t-shirt.
— Il n'a m-même pas essayé de nier, Noah. Il n'a même p-pas essayé de me garder.
— Bordel, ne me raconte rien de plus parce que je suis sur le point de niquer des mères.
Un autre sanglot suit le premier et le torrent de larmes que je retenais inonde son chandail.
— Je ne c-comprends pas, je... il m'aimait, non ? On s-s'aimait.
Je savais qu'il y avait quelque chose de bizarre qui s'était instillé entre nous depuis quelques mois. Depuis que Donovan et lui se sont rencontrés pour la première fois au mariage de Noah. Depuis qu'il a commencé à danser en duo avec cette fille à ma place. Depuis qu'il a caractérisé ma jalousie de il y a quelques semaines comme futile. Depuis que notre relation a commencé à prendre le bord devant nos carrières respectives.
Depuis qu'il a commencé à s'entraîner avec cette salope plus qu'il ne passait de temps avec moi.
Je ne sais pas pourquoi il a changé.
Je ne sais pas qu'est-ce qui l'a fait changer.
Je ne sais pas si c'est moi qui l'a fait changer.
Je ne sais pas où tout a commencé à partir en vrille.
Ça fait mal.
Ça fait si mal.
— Je déteste les hommes, Noah, sangloté-je contre lui.
— Heureusement pour toi, je suis une courge.
Mon frère me tire à l'intérieur de la petite maison dans laquelle il a récemment déménagé avec sa femme et sa fille après leur foutu mariage. Avant de claquer la porte dans mon dos, il saisit les deux valises dans lesquelles j'ai jeté tout ce que contenait mon garde-robe, pêle-mêle avant de prendre le premier avion pour Montgomery, et les tire à l'intérieur. Le visage baigné de larmes, je retire mes chaussures dans le vestibule tandis qu'il me devance pour aller me chercher des mouchoirs.
Misérable, je fais quelques pas dans le salon que Margaux a aménagé de la même façon que celui de leur ancien appartement pour y trouver Luka allongé à même le sol avec Olivia qui teste sur lui son kit de maquillage de princesse qu'elle a visiblement reçu pour son cinquième anniversaire.
Je force un petit sourire.
— Salut.
La gamine lève la tête pour me regarder alors que mon petit frère ne bronche même pas, se contente de marmonner :
— Yo, Zoé.
— Tati Zo !
Puis, Olivia fronce les sourcils.
— Oh, tu es rouge et moche.
— Merci.
Noah revient avec une boîte de mouchoirs scellée, talonné par Margaux qui tient leur deuxième fille endormie, Eden, dans ses bras.
— Mon Dieu, qu'est-ce que tu fais ici, toi ?
Elle m'embrasse sur les deux joues. « La bise », comme il disent en France. Je le reconnais maintenant.
J'effleure la joue rose du bébé du bout des doigts avant de souffler :
— Je me suis fait tromper, Margaux.
— Quoi ? s'écrient Luka et Margaux en même temps.
Je force un sourire pour ne pas trop laisser paraître mon état minable. État minable dans lequel je marine depuis déjà trois jours.
— J'ai besoin de rester ici un peu avant... de faire face à l'interrogatoire des parents. Je n'en ai pas la force. Je peux... dormir avec Olivia si vous voulez, ça ne me dérange pas. Hein, on dort ensemble, Olive ?
Elle fait une grimace de dégoût.
— Non.
— Je prends le canapé, soupiré-je alors que Luka éclate de rire en se mettant debout.
Il s'approche de moi, me prend dans ses bras. Me chuchote qu'il ne me méritait pas de toute façon, mais que toute chose a une fin. Alors je fonds en larmes à nouveau.
***
J'ai à peine fermé l'oeil.
Finalement, je n'ai pas eu besoin de prendre le canapé ; leur maison a quatre chambres. Ça ne m'a pas aidée à dormir pour autant. Ça fait au moins quatre jours que je n'ai pas dormi comme il faut. Mes cernes s'étalent. Mon corps s'épuise. Ma conscience n'arrive pas à trouver la paix.
Noah m'apporte mon déjeuner et mon dîner dans la chambre aujourd'hui. Je mange un peu de chacun, mais je n'ai pas non plus faim. Et puis figurez-vous que Olivia est venue me rendre visite dans mon petit trou et a fait sa sieste avec moi dans le lit, confortablement coincée entre Bibi et moi. Cette mini-peste insolente, adorable à temps partiel.
Je pleure en silence pour ne pas alerter personne, étouffe tout dans l'oreiller. Je pleure ces dernières années avec lui. Je pleure la seule personne avec laquelle j'ai eu une connexion plus profonde que tout ce que j'ai jamais connu. C'était plus que de l'amour. C'était aussi de l'amitié. C'était aussi une confiance inouïe
J'ai l'impression que je suis de retour à la case 0 après tout le progrès que j'ai fait ces dernières années pour me libérer des chaînes qui me reliaient encore à Greyson. Je me sens à nouveau au fond de ce trou familier.
Je n'oublierai jamais son regard si profondément désolé et le calme et la facilité avec laquelle il a tout simplement assumé tout ce dont je l'ai accusé. Avec laquelle il a tout simplement consenti à me donner les clés de l'appartement et aller se trouver un autre logement. Avec laquelle il a tout simplement accepté de me quitter. Il a été respectueux dans notre séparation autant qu'il a été un salaud fini dans la manière dont il l'a provoquée.
Il m'a eue et il s'est lassé de moi. J'en suis certaine.
Je ne l'oublierai jamais.
C'est seulement vers dix-huit heures que j'entends la porte d'entrée de la maison s'ouvrir et la voix de Noah qui accueille quelqu'un avec joie. Je reste allongée sur le côté dans le noir malgré mon envie de toilette, ignore ce qui se passe à l'extérieur, juste au cas où ce serait maman ou papa que je n'ai pas la force de revoir maintenant. J'ai à peine la force de me regarder dans le miroir.
Le silence se fait ensuite à l'extérieur.
Alors je me lève et sors.
— Ah, elle est vivante. Comment ça va, capitaine coeur brisé ?
Je fais un doigt d'honneur à Noah sans le regarder et il ricane. Je soulage ma vessie en vitesse avant de sortir, de faire demi-tour et de me diriger vers la chambre en risquant un coup d'oeil dans le salon.
Noah est assis avec une petite fille à la peau caramel et aux cheveux frisés rassemblés en deux petites couettes au-dessus de sa tête sur ses cuisses.
— Mais-
— Ouais, c'est la fille de Don, me coupe Noah en la chatouillant du bout des doigts.
Elle glousse, se tortille, sourit pour dévoiler ses petites dents et ses deux profondes fossettes.
— Il a une réunion avec ses anciens gens de la police d'ici, alors je joue au baby-sitter jusqu'à demain matin.
Ah.
Puis, il hausse un sourcil interrogateur.
— Tu veux t'en occuper ? Je travaille demain.
— Je... euh-
Je déglutis et force un petit sourire lorsque Sara, si je me souviens pas, me regarde avec ses grands yeux.
— Je ne me sens vraiment pas bien, Noah.
Il acquiesce d'un hochement de tête compréhensif. S'il y a bien une chose qui m'a poussée à crécher chez Noah avant de penser à rester quelqu'un d'autre, c'est bien parce qu'il est capable de s'adapter à n'importe quelle situation sans poser de questions chiantes. Ce qui est un peu contradictoire avec sa carrière d'avocat, mais on s'en fout.
Alors je retourne dans ma chambre avec une sensation étrange dans ma poitrine après la douleur inouïe qui l'a habitée pendant des jours. Cette sensation se concrétise lorsque je me réveille le lendemain sur la voix de Margaux qui m'oblige à sortir du lit pour la première fois depuis trois jours et déjeuner avec leur petite marmaille. Et Sara, qu'ils ont assise dans l'ancien siège de bébé d'Olivia.
Je m'installe à côté d'elle sur la table et lui rends gentiment son sourire lorsqu'elle me regarde en me souriant de toutes ses minuscules dents, la bouche barbouillée de jus des framboises que Margaux lui a données. Je lui donne aussi son biberon d'eau lorsqu'elle le pointe en babillant des trucs incompréhensibles. Et remarque malgré moi à quel point ses yeux et la forme de ses lèvres sont identiques à ceux de Donovan.
C'est la même chose sur le canapé, lorsque Margaux, mon bourreau, m'oblige à rester pour me sortir de ma peine et qu'Olivia joue avec Sara tandis qu'Eden est couchée dans sa balançoire, le poing dans la bouche, que Mags écrit un article sur son ordinateur avec extrême concentration et que Noah est au bureau.
C'est la même chose lorsqu'elle se hisse debout à l'aide de la table-basse et qu'elle s'approche de moi d'une démarche chancelante, mais assurée, son toutou qui fait de la musique à la main.
Je sursaute lorsqu'elle se colle par elle-même aux genoux de mes jambes repliées en-dessous de mon corps tandis que je regardais la télévision en paix.
— Câlin.
Elle appuie sa tête sur moi en posant ses petites mains potelées sur mes cuisses.
Je n'ai jamais vraiment eu la fibre maternelle, mais l'énergie que dégage cette fillette, peu importe qui est son père, vient me chercher à un endroit inconnu.
J'ai le réflexe de la soulever dans mes bras pour plaquer un gros baiser sur sa joue moelleuse.
Et alors qu'un sourire sincère commençait tout juste à se former sur mes lèvres, tous les muscles de mon corps se raidissent lorsque la porte d'entrée s'ouvre et que Noah pénètre le salon.
Avec Donovan, en chair et en os.
L'expression de pur choc sur son visage restera à jamais gravée dans ma mémoire.
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