LES AMOURS ÉPONYMES 1

By DuBleuDansSesVeines

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Emy, 23 ans, Bretonne et reine des quiches personnifiée, a toujours rêvé d'écrire un roman... sans s'en être... More

1. Emy au pays des merveilles
2. En voiture, Emy !
3. Meurtre mode d'emploi (à l'usage des vieux schnocks)
4. Entretien avec un interne
5. Emy + Maxence
6. Au bonheur des hommes
8. Les dents du père
9. Si je mens
10. L'appel des sushis
11. Les malheurs d'Emy
12. La voleuse de mec
13. Crozon-Brest
14. Stupeur et sentiments
15. Comment se débarrasser d'un boulet (amoureux) ?
16. Emy Lagaffe
17. Il était une fin
18. La vie cachée de Gabin
19. Nous les trompeurs
20. L'été où je suis devenu fermier
21. Cinquante nuances de Max
22. Les amis retrouvés
23. Biographie sentimentale de l'emyscargot
24. Rivales
25. Contes de la pétasse
26. Pisser n'est pas un vilain défaut
27. Une chambre (pas vraiment) à soi
28. Le syndrome de la page blanche
29. La méthode Blue
30. Des spaghettis pour les tueurs en série
31. La canine comédie
32. Poil de fayotte
33. Entre chiens et chats
34. Les fourberies de Rozy
35. Il est grand temps de viser les étoiles
36. Rupture, textos et ordure
37. Un été pour tout écrire
38. Les fiancées de l'automne
39. Désillusion
40. Les tribulations d'une libraire
41. Autant on emporte les dents
42. La carte des cons finis
43. Plonge avec elle
44. Quatre chichis et un jean
45. Les rêveries du promeneur (presque) solitaire
46. Deux petites tongs sur le sable mouillé
47. Mon ex, ce boulet
48. Le vieux Schtroumpf en vacances
49. Où est la ciboulette ?
50. Il était une fois deux cœurs brisés
51. Naufrage au bout de la nuit
52. La poêle de notre amour
53. L'éducation matrimoniale
54. La vérité sur l'affaire Thierry Manioc
55. Ton âme frère (ou presque)
56. Réparer les PC
57. Cat-astrophe
58. Maxence, ange gardien
59. La boulette de mon père
60. Comme un poisson dans l'eau
61. L'antre des passions
62. Prête à dériver
63. Retour vers le passé
64. À la recherche de la culotte perdue
[BONUS] Les Amours anonymes

7. Le vilain petit caneton

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By DuBleuDansSesVeines

Dix minutes et un hoquet de stupéfaction plus tard...

Il est approximativement deux heures du matin, ma tête est encapuchonnée dans un pyjama dinosaure, et il est urgent que je prenne une douche avant que les mouches ne deviennent une espèce en voie de disparition. Sauf qu'au lieu d'empêcher une nouvelle extinction de masse, je dois me taper la visite impromptue de ma famille.

Je le répète : IL EST APPROXIMATIVEMENT DEUX HEURES DU MATIN.

Mes parents, Jean-Luc et Christelle Jaouen, sont définitivement tombés sur la tête.

— Ah, ma poussinette ! Je suis ravie, ravie, ravie ! Tu as déjà demandé une place en crèche ? Il faut s'y prendre à l'avance, tu sais. Avant la grossesse. Et l'allaitement, qu'en penses-tu ?

Je l'arrête d'un geste de la main. Suis-je la seule à être terrifiée à l'idée de donner naissance à UN BÉBÉ ?

— Tu as déjà tout d'une super maman ! pépie-t-elle, plus enthousiaste que lors du mariage de Kate et William, qu'elle décrit pourtant comme le plus beau jour de sa vie.

Rozenn, l'unique Jaouen disposant encore d'un quelconque sens moral, compatit :

— Elle parle de la bave qui dégouline le long de ton menton, sauf que c'est la tienne et non celle du rejeton que tu vas mettre au monde dans quoi... six mois, maintenant ? Bien joué, sœurette.

— Six mois ? Aucune idée. Je dois faire une échographie de datation dans la semaine.

Le hic, c'est que je n'ai annoncé ma grossesse à personne à part Gabin...

Gabin, qui se mordille la lèvre parce qu'il a merdé. Dans les grandes largeurs.

Je lui lance un regard noir qui signifie « vire ces asticots tout de suite si tu ne veux pas passer la nuit sur le canapé ».

Heureusement, son sommeil est plus important que cette petite fête nocturne improvisée : il s'empresse de faire sortir Papa et Maman de la pièce, et me gratifie même d'un petit sourire.

Profitant de l'agitation générale, ma fouine de cadette se faufile derrière la bibliothèque, à l'angle du bureau, et attend que gendre et beaux-parents aient fichu le camp pour me prendre dans ses bras. Pas pour me féliciter, non : parce que je lui fais pitié.

— Tu pues, sœurette.

— Merci, sangloté-je dans ses cheveux.

Rozy est la seule personne de mon entourage à ne pas être effrayée par les livres, ce qui témoigne sans conteste de sa qualité d'être supérieur.

— Maintenant que le berger s'est barré avec son troupeau, explique-moi comment tu t'es retrouvée dans cet état.

Elle précise face à mon air perplexe :

— En cloque, débilos ! Et épargne-moi les détails, steuplaît. Je sais comment on fait les bébés !

Je reste interdite, ne sachant quoi penser. Y a-t-il réellement quelque chose à dire ? Ma petite sœur le sait : je ne veux pas être enceinte. Tout comme elle n'a jamais souhaité que Gabin devienne le père de mon hypothétique enfant. Nous nous sommes disputées des milliers de fois à ce sujet. Elle a fini par respecter mon choix en promettant de ne plus m'importuner, mais elle reste convaincue que Gab' n'est « pas assez bien » pour moi.

— Eh, oh, du bateau ! Ce sont les hormones qui te rendent muette ?

Prise par l'émotion, je me racle la gorge avant de balbutier :

— C'est juste que...

— Tu préférerais avorter, je me trompe ?

Mon silence vaut pour confession.

— C'est ta décision, Emy. Si les autres ne la comprennent pas, ils sont stupides. C'est vrai, quoi : tu n'es pas un utérus sur pattes ! Tu n'as pas envie d'être maman ? OK. Il n'y a aucun mal à ça. Ne laisse pas Gabin, ce sac-poubelle ambulant, te dicter ta conduite. T'es une femme, ou une larvabée ?

— Une larvabée ? marmotté-je entre deux sanglots.

— Un croisement entre une larve et un scarabée, doté du sex-appeal d'un escargot.

Rozenn lâche un soupir face à mon air peiné, et se rapproche pour m'observer en contre-plongée.

— Dis donc, sœurette : t'as un sacré double menton !

Je ris. D'un rire vrai, d'un rire franc, d'un rire sans conséquence. Qu'est-ce que ça fait du bien !

— Pardon, Rozy. Papa et Maman n'auraient jamais dû t'amener ici à cette heure-ci. Tu as un contrôle de français, demain.

Et elle a révisé comme une acharnée pour être prête.

— Ouais ! Peut-être que Dame Nature ne t'a pas dépourvue d'un instinct maternel, finalement.

— Tu crois vraiment que Dame Nature a quelque chose à voir là-dedans ?

— Pourquoi pas ? Elle se mêle toujours de ce qui ne la regarde pas, celle-là !

Si on m'avait dit lors de mon emménagement avec Gabin que je tomberais enceinte dans les six mois qui suivent et que la seule personne capable de me comprendre serait ma petite sœur de 13 ans, je n'y aurais pas cru.

­— Et ton dos ?

— Rien à signaler, grimacé-je.

— C'est positif, non ?

— Oui, mais...

— Mais t'as super mal, et on t'a quasi rien donné pour te soigner.

Encore une fois, Rozy a visé juste. La grossesse a totalement éclipsé la raison de ma venue aux Urgences.

— On m'a dit que ça irait mieux avec du repos.

— Au moins, ils ne t'ont pas foutue dehors comme la dernière fois, relativise-t-elle.

— C'est vrai, concédé-je.

Mais ça, c'est uniquement parce que Max était là.

— J'irai voir mon médecin traitant, à partir de maintenant...

Ma petite sœur acquiesce d'un signe de tête.

— Bon, il vaut mieux que j'aille retrouver les darons. Profites-en pour pioncer un peu, avant que ton copain décérébré décide de se pointer. Et fais attention à ton dos, tu veux ? J'ai pas envie qu'on t'annonce une deuxième grossesse parce que tu t'es prise pour une danseuse étoile.

Un regard ne saurait suffire à exprimer la gratitude que j'éprouve pour elle lorsqu'elle tourne les talons, prend une grande inspiration et fait irruption dans le salon en criant comme un phoque en manque de sardines :

— MAMOUNETTE ! PAPOUNET ! PUISQUE C'EST COMME ÇA, MOI, JE VEUX UN LOUP. GÉANT ! COMME DANS GAME OF THRONES.

Rozenn ne fait jamais les choses à moitié. Elle ferait une tata formidable, c'est sûr. Mais, IVG ou pas, elle restera la meilleure petite sœur que je puisse rêver d'avoir. Sa ruse ne fait que me le rappeler.

Je la suis en claudiquant, pestant contre mon dos cassé. Pour la première fois de ma vie, je jalouse les canards. Ils ont peut-être une dégaine pourrie, mais eux au moins n'ont pas à écouter une future grand-mère surexcitée s'impatienter de la naissance de son premier petit-enfant :

— Nathalie ne va pas en revenir ! Elle m'a toujours assurée que tu finirais vieille fille, mais ça... Ça va lui clouer le bec, à cette vieille pie.

— Christelle ! s'indigne mon père.

— Quoi ? Je suis loin d'être la seule à le penser ! J'en ai discuté avec Marie-Agnès, l'autre jour, et nous sommes toutes les deux d'accord là-dessus. Attends un peu que je lui montre ton gros bidon tout rond ! Elle fera moins la maline, là !

— Je préfèrerais que tu évites, Maman, soufflé-je, agacée. Sur ce, mon ventre tout plat et moi allons nous coucher.

Mon ventre tout plat, mes bourrelets et moi, bientôt rejoints par un surplus de cellulite et des vergetures à n'en plus finir. Voilà qui devrait m'aider à gagner confiance en moi...

Dépitée, je me rue dans ma chambre et m'effondre sur le lit, sans demander mon reste. De l'autre côté du mur, la bande de joyeux troubadours ignore ma mauvaise humeur et ouvre une bouteille de champagne. Évidemment, personne ne m'a écoutée ou n'a cru bon de m'intégrer aux festivités. Tant pis. Je n'ai plus le droit de toucher à l'alcool avant un moment, de toute façon. Ni aux sushis.

Nom d'un vampire sans dents ! Comment vais-je réussir à me passer de sushis ? J'en mange toutes les semaines !

C'est un cauchemar. UN VÉRITABLE CAUCHEMAR.

Je serais bien partie dans la cuisine me préparer une camomille pour me calmer, mais je refuse de m'y aventurer si c'est pour entendre Papa disserter sur son équipe de rugby préférée, ou Maman planifier mon mariage avec Gabin.

À défaut, je me réfugie sur Wattpad. Ici, au moins, je ne serai pas envahie par les bébés.

Une larme d'émotion roule sur ma joue. Mon réconfort de la journée est là, dans ma bibliothèque virtuelle : le premier chapitre d'If Gloria Brooks-Smith was still alive.

C'est drôle. Inconsciemment, j'ai patienté jusqu'au moment propice pour le lire, et ce moment, c'est maintenant. Alors que je suis au plus bas, au plus mal. Alors que je ne parviens pas à arrêter le flot de larmes qui coulent en cascade sur mes joues. Alors que je panique totalement à la perspective d'un avortement, et encore plus à celle de devenir mère dans quelques mois à peine. Mais malgré mes craintes et mes inquiétudes, la magie opère : en quelques lignes seulement, Eliott Scott apaise mes tourments.

Peut-on tomber amoureux d'un auteur qu'on ne connaît qu'à travers ses romans, par pages et chapitres interposés ?

Avec une plume comme la sienne, l'idée me semble presque vraisemblable.

Mes sanglots se transforment en pleurs à mesure que mes doigts pianotent sur le clavier, déterminés à lui témoigner mon soutien.

« This chapter was amazing ! You let me escape reality for a few minutes, and I could never thank you enough for that. Tonight, your story helped me getting through a hard time like no one did before. I will always be grateful for your words. Please, never stop writing. »

« Ce chapitre était incroyable ! Vous m'avez permis de m'échapper de mon quotidien le temps de quelques minutes, et je ne vous remercierai jamais assez pour ça. Ce soir, votre histoire m'a aidée à traverser une période difficile comme personne n'a su le faire auparavant. Je serai toujours reconnaissante pour vos mots. S'il vous plaît, n'arrêtez jamais d'écrire. »

Une fois mon commentaire posté, je reste un moment prostrée face à l'écran, sereine, jusqu'à ce qu'une nouvelle notification me sorte de ma léthargie.

Un autre chapitre ? À cette heure-ci ?

Est-ce vraiment raisonnable de le lire là, tout de suite, maintenant ?

Absolument pas, mais ce n'est pas ça qui va m'arrêter !

En cliquant sur la boîte de réception, je réalise pourtant que je me suis trompée. Ce n'est pas une mise à jour d'histoire : c'est une réponse à mon message. Et elle provient de Sparkles_OfHope, alias...

, alias qui ? 😏

Pour le bébé Ebin, vous misez plus sur :

un garçon

une fille

Que pensez-vous de Rozy ? Vous arriveriez à trouver un mot pour la décrire ? 😄

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