Huit mois plus tôt...
Louis,
Je sors de mon sommeil en sursaut. Je m'appuie sur mes bras pour me redresser précipitamment. Mon torse se soulève rapidement, tant mon cœur est en train de battre à une allure folle contre ma poitrine. Des perles de sueurs roulent de mon front pour se mélanger aux larmes salées qui déferlent le long de mes joues. J'allume ma lampe de chevet, et pose ma main droite sur mon cœur. J'essaye tant bien que mal de reprendre mon souffle. J'ai l'impression d'avoir couru un marathon, et d'être complètement à bout de souffle. Je viens de faire un cauchemar assez intense. Tellement intense que j'ai l'impression d'être encore dedans, alors je regarde autour de moi, mais il n'y a personne. Je tourne la tête vers mon réveil. Il est 4 h 37 du matin. Je ferme les yeux et respire profondément. Mon cœur ralentit petit à petit pour reprendre un rythme normal. Je tends mon bras pour ouvrir le tiroir de ma table de nuit. J'attrape un tube bleu et prends deux petits comprimés. Je les apporte rapidement à ma bouche avant de prendre ma bouteille d'eau et de boire quelques gorgées. Je souffle longuement, puis repose ma bouteille d'eau par terre. Je me laisse tomber sur mon oreiller et regarde mon plafond. Lorsque je me sens apaisé, j'éteins la lumière, et essaye de me rendormir.
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Cela fait deux heures que je suis au bureau, et je n'arrive pas à me concentrer pour travailler. Le cauchemar que j'ai fait cette nuit tourne en rond dans ma tête, et perturbe mon esprit. Je n'ai pas vraiment envie de travailler, alors que j'ai un tas de dossiers à traiter avant la fin de la semaine. Je dois préparer une réunion pour jeudi matin concernant un contrat avec de nouveaux clients, des Français. Je dois partir en voyage d'affaires pour Paris dans deux semaines pour présenter le contrat aux clients, et le signer s'ils acceptent de travailler avec nous.
Le téléphone de mon bureau sonne, enfin un peu d'action. Je décroche. C'est Clarisse, la personne qui s'occupe de l'accueil de l'entreprise. Elle me dit qu'un homme aimerait me parler, et que c'est important. Je lui demande si elle connaît son nom, et je suis surpris d'entendre « Un certain Monsieur Styles ». Je me demande pourquoi Harry appelle à mon travail, alors qu'il a mon numéro de téléphone personnel. J'accorde à Clarisse de faire le transfert de l'appel à mon bureau. Elle raccroche, et j'attends que le transfert soit accepté.
- Harry ?
- Salut Louis, je ne te dérange pas ?
- Non du tout. Que se passe-t-il ?
- Voilà, mon père dirige une entreprise un peu comme la tienne et il cherche un nouveau partenaire. Alors je lui ai parlé de ton entreprise, et il aimerait te rencontrer.
- Comment s'appelle son entreprise ?
- Styles Factory.
- Je connais de nom, il faut que j'en parle avec mon associé, mais je n'y vois pas d'inconvénient. Nous sommes très souvent en recherche de nouvelles entreprises avec qui travailler.
- D'accord, ce serait super. Merci beaucoup.
- Je t'en prie.
Cela fait maintenant quatre mois que j'ai rencontré Harry, et que nous nous parlons très régulièrement. Nous avons dîné plusieurs fois ensemble, nous avons fait quelques sorties, des balades, des cinémas, des parties de bowling, et nous nous entendons très bien. J'apprécie beaucoup de passer du temps avec lui, et je ne doute pas que ce sentiment soit réciproque. Harry me parle tellement de lui, et de sa vie que j'ai l'impression de le connaître depuis des années. Nous partageons beaucoup de points en communs et adorons débattre sur des sujets que nous apprécions comme le football, le cinéma et la musique.
- Tu fais quoi ce soir ? Lui demandé-je.
- Rien de particulier, et toi ?
- Rien non plus, ça te dirait de dîner à la maison ?
- Avec plaisir !
- On se dit 20 h 30 ?
- Je serai là.
- Super, à ce soir Harry.
- À ce soir Louis.
Je me mets à sourire comme un idiot et raccroche. Cela faisait un moment que je n'avais pas été aussi proche d'un homme, en dehors de Zayn et Liam bien sûr. Harry est plus jeune que moi, d'un an seulement, mais il est tellement sûr de lui, mature et confiant. Je me sens bien à ses côtés. Je sors de mes pensées, et essaye de me concentrer pour travailler, mais maintenant, mon esprit est occupé par le dîner de ce soir.
Il est 20 h 20. Je viens de finir de me préparer. En sortant du travail, je suis passé chez le barbier. Zayn avait raison, j'ai l'impression d'avoir pris 10 ans avec cette barbe. Mais lorsque je me rase à blanc, j'ai l'impression de faire 10 ans de moins, alors j'essaye de trouver le juste-milieu pour ressembler à un homme de 31 ans. Je sors de ma chambre et descends les escaliers pour me diriger vers la cuisine. Je suis passé chez le traiteur pour commander le plat favoris d'Harry, le bœuf bourguignon, une spécialité française, et mon dessert préféré, un crumble aux pommes. J'ai soigneusement dressé la table avec une nappe beige, et j'y ai placé au centre, une orchidée blanche. Ça ne vaudra pas la table de "Chez Guizmo", mais je sais que ça plaira à Harry. Je sais qu'il aime les tables pas trop chargées, mais accompagnée d'une fleur au centre. Il trouve ça romantique. Je regarde l'heure sur mon téléphone, Harry devrait arriver d'un instant à l'autre, au même moment, on frappe à ma porte. Je me regarde rapidement dans le miroir avant d'ouvrir. C'est Harry. Il me salue en souriant, comme toujours. Nous nous faisons la bise, avant que je le laisse entrer. Je ferme la porte derrière lui et le regarde. Il est très élégant, comme d'habitude. Harry quitte sa veste, et me la donne pour que je l'accroche au porte-manteau, puis nous nous dirigeons vers le salon. Nous nous asseyons l'un à côté de l'autre sur le canapé.
- Tu as passé une bonne journée ? Lui demandé-je.
- Plutôt, mes élèves étaient assez attentifs, et c'était très plaisant. Et toi ?
- Très long, j'ai un tas de dossiers à entrer dans le fichier de l'entreprise, et je dois préparer une réunion pour jeudi matin.
- Une réunion à quel propos ?
- À propos d'un nouveau contrat que je dois présenter à de potentiels nouveaux clients Français. J'ai un voyage d'affaires dans deux semaines à Paris pour leur présenter le contrat.
- C'est super ! Je suis sûr qu'ils vont accepter de travailler avec vous.
- Je l'espère, nous avons travaillé des mois sur ce contrat avec mon équipe.
- J'imagine.
Je souris avant de lui demander s'il souhaite boire quelque chose. Il me demande si j'ai toujours le délicieux vin blanc sucré que je lui ai fait goûté la dernière fois. Je ris doucement avant de lui dire qu'il doit m'en rester une bouteille. C'est un vin qui vient d'un domaine français, et il est absolument exquis, frais, sucré et pas trop fort. Je me lève, et me dirige vers la cuisine pour aller chercher la bouteille. Je prends deux verres à vin, puis reviens au salon. J'ouvre la bouteille, et serre deux verres. J'en donne un à Harry qui me remercie avant de sentir le doux parfum du vin. Je m'assieds de nouveau à côté de lui, et trinquons à cette soirée, avant de boire une ou deux gorgées, puis de poser notre verre sur la table basse et de discuter.
Le dîner se passe merveilleusement bien. Harry a trouvé le bœuf bourguignon divin, et m'a même demandé l'adresse du traiteur. Nous avons continué à boire quelques verres de vin, à discuter, à rire, et à débattre sur tout et n'importe quoi pour au final être d'accord. Nous avons parlé du travail. Mon associé est d'accord pour nous rencontrions le père d'Harry afin de découvrir ses projets, et de savoir pourquoi il souhaite travailler avec notre entreprise. Le père d'Harry, Robin Styles est le directeur de Styles Factory depuis plus de vingt ans, l'entreprise fait partie des plus grosses fortunes de New-York, alors je me demande pourquoi il veut travailler avec une entreprise plus petite que la sienne. Nous le découvrirons dans quelques jours.
- Hm, j'avais une question à te poser.
- Je t'écoute.
Harry boit une gorgé de vin, avant de poser son verre et de me regarder.
- Est-ce que... Tu as quelqu'un dans ta vie ?
J'esquisse un sourire avec de regarder ma main gauche, sous la nappe et autour de moi.
- Pas à ma connaissance.
Harry se met à rire. Je pense que si nous avions quelqu'un dans notre vie, ça aurait un sujet déjà abordé depuis un moment. Pour être sûr, je préfère retourner la question. Il redevient un peu plus sérieux, et me dit qu'il n'a personne dans sa vie. Je penche légèrement la tête sur le côté et le regarde.
- Tu as souffert de ta précédente relation ?
- Plutôt oui, mais c'est du passé maintenant.
- Si tu veux en parler, je suis là.
- Merci Louis.
- Je t'en prie.
Nous allons changeons de sujet. Je me lève pour débarrasser la table et aller chercher le dessert. Je prends deux petites cuillères et retourne dans la salle à manger. Harry me demande ce qu'est le dessert, et lorsque je lui dis que c'est du crumble aux pommes, il me dit que c'est l'un de ses desserts préférés. Voilà un nouveau point commun !
- Il est encore tiède.
- Super, c'est encore meilleur.
Je m'assieds en face de lui, et nous dégustons nos délicieux crumbles aux pommes. Ils sont vraiment succulents, je recommande vivement ce traiteur à Harry. Après le dessert, je propose à Harry d'aller boire un dernier verre sur ma terrasse. Il est encore bon pour cette heure, et l'air est doux. J'accompagne mon dernier verre de vin d'une cigarette. Je fume depuis l'âge de 16 ans, mais je ne me considère pas comme un grand fumeur, ni un accro. Je sais que je peux m'arrêter quand je veux. Je ne fume que deux à trois cigarettes par jour. Je m'assieds sur les marches de la terrasse, et Harry va s'allonger sur le transat. Nous nous regardons dans un silence plutôt agréable et apaisant.
- Je me suis toujours demandé comment tu faisais pour vivre seul dans une aussi grande maison.
Je pouffe en soufflant la fumée de la cigarette.
- Elle n'est pas aussi grande que ça. Il y a deux chambres, deux salles de bains, mon bureau, une cuisine, salle à manger, un salon et un jardin. Comme dans ma plupart des maisons, dis-je avant de tirer une autre taffe.
- Mais pourquoi en avoir acheté une aussi grande ?
- Pour l'avenir.
Harry ne répond pas et acquiesce. Je parle rarement d'avenir, car il est incertain, et je ne peux rien garantir, mais c'est la seule réponse que j'ai trouvée. Je regarde Harry se lever, et venir s'asseoir à côté de moi. Je lui tends ma cigarette qu'il prend entre son pouce et son index avant de l'amener à sa bouche et tirer dessus.
- Je ne savais pas que tu fumais.
- De temps en temps seulement.
Je bois mon verre de vin, puis regarde le ciel. C'est la pleine lune, le ciel est rempli d'étoiles, il n'y a aucun nuage à l'horizon, ce qui annonce encore une belle journée demain. C'est agréable de vivre à New-York, surtout en été. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. C'est un climat que j'apprécie beaucoup, même si en hiver... C'est la merde.
- Pourquoi es-tu si mystérieux Louis ?
Je sors de mes pensées et regarde Harry.
- Pourquoi es-tu si curieux Harry ?
- J'aime découvrir les gens qui m'entourent, savoir comment ils fonctionnent, et les connaître. Mais je sais peu de choses sur toi.
- C'est peut-être toi qui parles trop.
Harry garde sa bouche entrouverte avant de détourner son regard. Merde il l'a mal pris. Quel con. J'ai assez bu pour ce soir.
- Je suis désolé. Ce n'était pas un reproche, c'est juste q-...
- Si je parle beaucoup à une personne, c'est que je me sens en confiance avec elle.
- Et j'apprécie beaucoup le fait que tu me parles Harry, j'aime t'entendre me raconter ta journée, me raconter ton histoire, et j'aime ta présence à mes côtés.
Harry me regarde de nouveau et esquisse un petit sourire.
- Moi aussi, j'aime ta présence, Louis.
Je souris à mon tour, et pose ma main sur celle d'Harry. Nous laissons ces belles paroles planer au-dessus de nous et nous profitons encore de la douce nuit qui s'offre à nous.