OUR ANCHOR T1 Broken [Terminé...

By Shirayukitaki

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La fille d'un des plus puissants Krig d'Australie disparaît. Dans son sillage, elle emporte bien plus que son... More

I - Broken
Avant-propos
Informations générales
Casting #1
Soundtrack Our Anchor
Première partie
1 | Warren
2 | Ashika
3 | Maze
4 | Warren
6 | Maze
7 | Warren
8 | Joshua
9 | Raphaël
10 | Warren
11 | Lilibeth
12 | Ashika
13 | Maze
14 | Joshua
15 | Lilibeth
16 | Warren
17 | Ashika
18 | Raphaël
19 | Maze
20 | Lilibeth
21 | Warren
22 | Joshua
23 | Raphaël
24 | Maze
25 | Joshua
26 | Lilibeth
27 | Warren
28 | Ashika
29 | Maze
30 | Raphaël
31 | Lilibeth
32 | Joshua
33 | Warren
34 | Raphaël
35 | Maze
36 | Ashika ⚠️
37 | Warren ⚠️
38 | Maze
39 | Ashika
Debrief première partie
Casting #2
Deuxième partie
40 ||
41 || Joshua ⚠️
42 || Lilibeth
43 || Abel
44 || Raphaël
45 || Maze
46 ||
47 || Joshua
48 || Lilibeth
49 || Abel
50 || Warren
51 || Raphaël
52 || Yona
53 || Maze
54 || Abel
55 || Warren
56 || Joshua
57 || Lilibeth
58 || Yona
59 || Raphaël
60 || Achilles
61 || Joshua
62 || Lilibeth
63 || Warren
64 || Raphaël
65 || Yona
66 || Maze
67 || Warren
68 || Abel
69 || Lilibeth
70 || Joshua
71 || Raphaël
72 || Lilibeth
73 || Joshua
74 || Yona
75 || Warren
76 || Maze
77 || Raphaël
78 || Evy
79 || Abel
80 || Ashika
81 || Warren
82 || Raphaël
83 || Lilibeth
84 || Joshua
Fin || Remerciements
Our Anchor || Tome 2

5 | Ashika

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By Shirayukitaki

La fin de journée était déjà bien entamée lorsqu'on revint à la Réserve avec Abel. La visite du campus avait été longue, mais terriblement stimulante. Si mon accompagnateur n'avait pas dit grand-chose, il avait subi cette journée avec un calme olympien. J'avais été une véritable pile électrique tout du long et même maintenant, l'adrénaline n'était pas complètement redescendue. J'avais hâte de raconter tout ça à papa, même si j'avais eu dans l'idée de ne pas le faire. La fac, c'était quand même incroyable! Il y avait tellement de choses à y faire que j'avais la tête qui tournait, me faisant me dire que jusqu'à présent, j'étais quand même passée à côté de quelque chose de grandiose. Je ne sais pas ce qui m'avait plu le plus : l'effervescence de la vie estudiantine, les possibilités au sein même du campus ou le tout. C'était compliqué à dire et pour tout avouer, j'aurais aimé être moins emballée par tout ça. Mais ça ne servait à rien que je cache tout ça à papa. Il avait compris à quel point j'avais soif de découvrir le monde, pas forcément en allant très loin, mais juste en m'imprégnant au contact des humains. L'appréhension était aussi forte que mon désir d'aller à l'université. Je ne voulais m'émanciper d'aucune sorte, juste vivre un peu différemment, même si ça impliquait une pléiade de changements pour moi. Et pour papa aussi. Mais ça...

— Cache un peu ta joie, dit Abel, me taquinant.

Et ce n'était pas ironique. Il parlait littéralement de cacher ma joie.

— Tu crois qu'il va dire quoi ?

Abel connaissait papa depuis bien avant moi. Et il le connaissait d'une autre façon que moi, sa fille. Forcément. Même si papa restait intrinsèquement le même homme, il y avait forcément des différences de comportements envers ses amis ou envers sa fille.

— Que voudrais-tu qu'il dise, gamine ? Il sera content pour toi. Et fier avant l'heure de te voir faire de grandes études. C'est ton père. Il ne peut pas être triste que tu t'envoles de tes propres ailes. Enfin, il le sera, mais c'est parce qu'il t'aime et que ce sera plus fort que lui.

Ouais, ça, je le savais. Papa m'aimait même un chouïa trop fort. Mais ce n'était pas grave. Je n'avais pas envie de le blesser, mais je comprenais aussi que mon amour pour lui ne pouvait pas museler mes désirs, ni même mes rêves.

— Je sais qu'il aimerait que je suive une autre voie, que je reste au sein des domaines propres aux lycans.

— Comme nous tous, lâcha Abel en me jetant un coup d'œil.

Je fis la moue :

— Vous me couvez tous bien trop depuis ma naissance. Je n'ai pas un père, mais douze !

— N'abuse pas, dit Abel en éclatant de rire. Juste huit. Et on a parié depuis bien longtemps que tu te marierais avec Wolfgang ou Magnus.

Je hoquetai, indignée et amusée. Papa n'aimait pas du tout entendre parler de ça. Après il ronchonnait pendant des jours sans plus s'arrêter. Ce qui était d'un drôle !

— Vous vous basez seulement sur le fait qu'on passe tout notre temps ensemble depuis que nous sommes gamins. C'est stupide.

Je croisai mes bras et fusillai Abel du regard, comme s'il était à l'origine de tout.

— Je suis sûr qu'il y a déjà eu un bisou.

Je secouai la tête :

— Ce n'est pas avec toi que je dois avoir cette conversation, tu sais ?

— Parce que tu penses sérieusement l'avoir avec ton père ? Non parce que si c'est le cas, crois-moi, ni Wolf ni Magnus ne passeraient la nuit et...

— Arrête ! Ce n'est pas parce que c'est mon père qu'il doit tout savoir et que vous, la meute, vous devez tout savoir aussi !

— Que tu dis, petite Hachi, laissa-t-il planer.

Nous arrivâmes au Fief et je fus tendue de découvrir papa, qui semblait nous attendre de pied ferme. Il avait cette expression sur le visage, celle qu'il avait en général quand il avait une personne au téléphone : son ex-femme, ma mère.

Oups. L'avait-elle appelée pour des récriminations ? L'avait-elle encore une fois accusée de me liguer contre elle ? C'était un truc qu'elle adorait faire malheureusement. En utilisant la corde sensible et la culpabilité, elle arrivait bien trop souvent à ses fins : atteindre papa d'une mauvaise façon. Et cette fois, c'était ma faute.

Je claquai la portière derrière moi et m'avançai vers lui.

— Tu pourrais prévenir ton vieux père quand tu pars avec l'un de mes hommes, jeune fille.

Je levais les yeux au ciel :

— Comme si tu n'étais pas au courant au moment où j'ai posé le pied dans la voiture d'Abel, p'pa.

— Tu comptais me dire quand que tu évitais ta mère ?

Je me mordis l'intérieur de la joue. Papa avait toujours dit que ce que je faisais avec maman me regardait moi et moi seule et que personne, pas même lui, n'avait à juger de ça.

— Maintenant ? minaudai-je. Non, j'en sais rien. Elle ne veut me voir que pour me présenter son nouveau copain, Phil.

Pas de réaction de sa part. Il était donc au courant et s'en fichait bien. Ce que maman aurait détesté puisqu'elle tentait par tous les moyens d'attirer son attention. Si ça fonctionnait ? Pas du tout.

— Et ? Tu ne peux pas l'appeler et lui dire les choses, Ashika ?

Je frottai le bout de ma semelle par terre. Lui dire les choses ? À maman ? Si ça avait été aussi simple, je l'aurais fait depuis longtemps. Mais elle savait se jouer de moi aussi. Pas de la même façon que papa, mais quand même... le résultat n'était pas bien différent.

— Ouais.

Il se frotta l'arrière du crâne avec un soupir.

— Et cette visite alors ?

Je haussai les épaules. Toute ma joie s'était envolée en même temps que cette maudite discussion.

— C'était bien. Je peux monter ?

Papa me sonda un moment sans m'autoriser à partir. Je me soumettais en silence à son regard avant que lentement, il ne hoche la tête.

Je passai à côté de lui et grimpai quatre à quatre jusqu'à ma chambre dont je claquai la porte. Je me laissai tomber sur le lit, les bras étendus sur les côtés, l'agacement ayant pointé le bout de son nez. Ce qui n'avait même pas de sens ! Papa n'avait rien fait de mal, il avait juste pointé ce que j'aurais dû faire. Ce qui en soi, paraissait logique quand on y pensait deux minutes. Mais non, ça m'avait juste échappé. Le truc, c'est que j'avais tendance à oublier que maman adorait s'en prendre à papa quand ça n'allait pas comme elle voulait, pour un oui ou pour non. C'était plus fort qu'elle. Elle s'acharnait jusqu'à obtenir quelque chose de lui, n'importe quoi. C'était rageant. J'oubliais d'arrondir les angles. J'oubliais d'essayer de me conformer à ce que mes parents attendaient de moi. Papa ne s'en rendait pas toujours compte. Il pensait bien faire, comme n'importe quel parent après tout.

Je regardai la carte du monde que j'avais accrochée au plafond. Il y avait des épingles bleues sur les villes que je voulais voir par-dessus tout. Et des rouges sur celles où j'avais déjà eu l'occasion d'aller. Nelson, en Nouvelle-Zélande, en faisait partie. J'étais partie avec Aslander et quelques-unes de ses Guérisseuses. J'avais adoré. Les gens de là-bas disaient que Nelson n'était pas qu'une ville, mais un mode de vie. Ensuite, nous étions allés à Wanaka, la mère patrie de Tamsyn, mon mentor. Et pour me faire plaisir, Aslander m'avait même programmé une visite guidée de Matamata ; où en grande fan du Seigneur des Anneaux que j'étais, j'avais été comblée.

Ça n'avait duré qu'une semaine et quatre jours, et papa ne m'avait laissée partir que parce qu'il était question de notre Kaizer, mais ça avait été une bonne expérience.

J'étais aussi partie aux États-Unis, au Texas, dans la meute d'un ami de papa ; Williams Barnes, qui était d'ailleurs l'Alpha d'État, l'équivalent de nos Herres ici. Mon prochain voyage devait se faire au Japon : à Osaka. Je n'avais pas honte de dire que cette envie m'était venue grâce (ou à cause) de tous les mangas que je lisais. Ils tapissaient un pan entier de ma chambre. Je ne lisais pas énormément de romans, mais les mangas, je les dévorais.

Je me redressai et passai sous la douche. J'y trainai un long moment. Et puis la porte de la salle de bain s'ouvrit et l'énergie chaude et vibrante de Wolfgang chatouilla ma peau nue.

— Il y a une fête ce soir en ville, lâcha-t-il.

La paroi de douche n'offrait qu'une version floutée de mon corps. Tant et si bien que la situation n'avait rien de gênante.

— Une fête ? relevai-je.

— Yep ! Musique, ambiance et feux d'artifice !

Je fronçai les sourcils. Des feux d'artifice ?

— À quelle heure ?

— Déjà commencé. Magnus et les autres y sont déjà.

Les parents avaient dit oui ? En général les manifestations d'humains, que ce soit une fête ou autre, ne plaisaient pas beaucoup.

La porte claqua. Je me lavais en quatrième vitesse et vêtue d'une simple serviette, je retournai dans ma chambre. J'attrapai une longue tunique blanche aux manches amples que j'enfilai après avoir passé un soutif et une culotte assortie. J'optai pour quelques bijoux, séchai mes cheveux et recouvrait le tout d'un chapeau.

Je me retrouvai en bas, dans la cuisine.

Tous les Ritters n'étaient pas là ; ils ne l'étaient d'ailleurs jamais. Beaucoup était occupé ailleurs. Ils avaient des rôles bien spécifiques et remplissaient pas mal de missions pour le Krig qu'était mon père.

Dario, un des lycans de la meute, était assis et montrait ses dernières blessures de guerre à tout le monde, s'en ventant, comme à son habitude. Ce n'était jamais rien de grave, mais il adorait ça plus que toute autre chose. Abel l'écoutait, se moquant ouvertement.

Je posai ma main sur l'épaule de Dario et l'embrassai sur la joue. Presque immédiatement, ses blessures disparurent :

— Hachi ! C'est plus fort que toi, hein ?

Je lui tirai la langue et allai vers Elisheva pour voir ce qu'il y avait au menu ce soir. Elisheva était une très belle femme, avec un teint un peu pâle, lui donnant un air de poupée.

Elle avait des origines scandinaves et en était très fière. Je passai un bras autour de ses hanches généreuses et eu le droit à un frottement de joue contre mes cheveux mouillés.

— Tu es toute jolie, mon cœur. Vous sortez avec les garçons ?

Je hochai la tête :

— Il y a une fête en ville, si j'avais su je serais restée sur place pour éviter de faire trop le trajet.

— Tu as demandé l'autorisation à ton père ?

La tête de Wolf apparut. Il tenait son téléphone non loin de son oreille.

— Warren a dit oui. Permission jusqu'à une heure.

Un immense sourire fendit mon visage. J'embrassai bruyamment Elisheva et rejoignis Wolf. Il m'attrapa par la taille :

— Roan nous amène et nous sert de chaperon.

Il s'agissait du grand frère de Magnus ; l'ainé de Yuri donc. Il était sur le départ concernant un autre Fief, pour voir une autre façon de faire et d'apprendre. Il attendait dans sa voiture, accompagné de Marek, le petit dernier de la fratrie Colbung. Tous avaient le faciès de leur père, avec une petite touche d'Imy. J'avisai papa, un peu plus loin, et lui fit un signe de main, mais il ne me vit pas, trop occupé à régler un truc. Je grimpai à l'arrière avec Wolfgang et pour la deuxième fois de la journée, pris la direction de la ville.

*      *     *

Des scènes avaient été placées un peu partout au centre-ville et la concentration d'humains était particulièrement impressionnante. Il était dur de s'entendre parler les uns les autres, si bien que j'avais arrêté, pour seulement profiter de la musique. Il y en avait pour tous les goûts et je n'étais pas sûre de tout apprécier. Les garçons se passaient une bouteille d'alcool et Magnus ne marchait déjà plus très droit, ce qui faisait rire tout le monde. Wolf fumait un pétard deux fois plus grand que mon pouce et avait les yeux légèrement injectés de sang. Lorsqu'on n'avait pas les parents sur le dos, les garçons avaient tendance à se lâcher. Et ça donnait ça. Ils me reprochaient souvent de ne pas savoir m'amuser, mais c'est vrai que je n'avais jamais trouvé grand intérêt à boire ou fumer. Au moins, c'était un souci en moins pour papa. J'avais déjà pris une cuite et ça avait fait mal, au point d'avoir un marteau piqueur dans la tête et d'être clouée au lit toute une journée. Mon baptême du feu. Une raison supplémentaire pour papa de grogner.

Alors, je les regardai faire, dansant au rythme de la musique et évitant de me faire heurter par tous les gens du coin. Ce qui n'était pas une mince affaire. Ma lycan n'était pas à l'aise avec tous ses gens, tous ses humains, surtout, mais elle ne broncherait pas. J'étais la fille d'un des Krig les plus puissants du pays, alors mon contrôle sur ma bête se devait d'être irréprochable.

Je fus soulevée de terre par Wolf qui me fit tournoyer un instant. Mon rire éclata, le sien aussi. Je dus tenir mon chapeau pour ne pas qu'il s'envole et fût de nouveau sur mes deux pieds.

— On bouge ?

Je hochai la tête et Magnus attrapa ma main pour me tirer à leur suite. On fut brinquebalé un peu dans tous les sens et je me hérissai à chaque fois qu'on effleurait mes fesses. Par accident, certes, mais ça m'agaçait tout de même. Il était presque vingt-trois heures, ce qui nous laissait une bonne heure pour profiter encore.

Un solo de guitare sur ma droite, je voulus dire aux garçons de s'arrêter, mais ils ne m'entendirent pas et lorsque ma main glissa de celle de Magnus, je haussai les épaules. Je les retrouverais facilement un peu plus tard au pire des cas. Je bravai la foule, qui était moins conséquente qu'ailleurs et me retrouvais à regarder un jeune homme, un peu plus vieux que moi, chanter en même temps qu'il grattait sa guitare de ses doigts habiles. Sa housse était ouverte devant lui et commençait à se remplir de pièces et de billets. Il avait des tempes foisonnantes de petites bouclettes et un nez aquilin qui lui donnait un air très sérieux. Sa voix était douce, quoiqu'un peu rocailleuse sur certaines notes. Il avait les yeux fermés, balançant la tête en rythme. J'aimais beaucoup ce qu'il chantait. Ce n'était ni de l'anglais ni même du français. Il chantait dans un japonais fluide et parfait. Une chanson d'un manga que j'avais beaucoup aimé à l'époque.

Il termina son morceau et écopa d'une salve d'applaudissements ainsi que de quelques pièces supplémentaires. Il se releva et remercia tout le monde. Ses yeux croisèrent les miens. Vairons. Ils étaient vairons.

Je n'en avais jamais vu. C'était incroyable, parce qu'on oscillait entre l'envie de regarder l'un, puis l'autre. Un peu dérangeant au début, mais ça passait vite. Il m'offrit un sourire à tomber par terre et mon pauvre petit cœur sembla adorer ça. C'était bizarre, mais hormis Wolf, Magnus et les autres, je n'étais pas habituée aux garçons. Je crois qu'en dehors du Fief, je n'avais jamais parlé à aucun d'entre eux. Minable, hein ? Je rougis instantanément et fit demi-tour, prête à aller rejoindre les garçons, mais une main attrapa mon poignet, me figeant sur place.

— Salut.

Je n'avais pas remarqué qu'ici il était facile de s'entendre, de se parler. C'était le garçon à la guitare. Il émanait de lui une fragrance étrange de... fruits des bois. Un parfum bien particulier sur un garçon. Enfin, pour ce que j'en savais.

— Euh... salut.

Mes yeux glissèrent sur sa main et il me relâcha presque immédiatement. Il se frotta la tempe, semblant perdre de sa superbe et semblant perdre, surtout, de son assurance.

— Tu n'as pas peur de te trimballer en blanc ici ?

Ça me laissa un peu sonnée. Et j'éclatai de rire. Naturellement.

— Tu accostes toutes les filles de la même façon ?

Il secoua la tête, un sourire aux lèvres :

— Que celles qui sont en blanc ; les autres ne sont pas très intéressantes. Elles se fondent dans la masse, tu vois ?

— Bien sûr, répliquai-je, amusée.

Il plongea son regard dans le mien :

— Je sais que je suis un parfait étranger, comprend-le dans quel sens tu veux, dit-il avec un clin d'œil, mais ça te dirait de boire un verre avec moi ?

Si je m'y attendais... un garçon, qui plus est que je ne connaissais que depuis quelques secondes, m'invitait à aller avec lui. Est-ce qu'Elisheva m'avait déjà donné des conseils pour une situation pareille ?

— Dans un lieu public, alors. On ne sait jamais ce qui peut arriver.

— Bien sûr, lâcha-t-il avec un rire. Laisse-moi ramasser le reste de mes affaires, d'accord ?

Je hochai la tête et le regardai faire. Qu'est-ce je faisais au juste ? Je ne savais même pas si c'était une bonne idée. Peut-être que oui, peut-être que non. Un verre, ça n'engageait à rien, n'est-ce pas ?

— Au fait, je m'appelle Ian, se présenta-t-il en revenant vers moi.

— Ashika, mais tout le monde m'appelle Hachi.

— Comme dans Nana ? Cool.

Un amateur de manga ? Un bon point pour lui, même si je n'étais pas sûre que papa prendrait un critère pareil en considération lorsque je lui présenterais un quelconque garçon, mais ça...

Nous finîmes dans un bar un peu bondé, mais où on trouva une place un peu exiguë dans un coin. Je commandai une bière et lui aussi.

Il me parla de ses études. Il était à la fac, mais voulait arrêter pour faire le tour du pays. Il se considérait comme un artiste sans attache et il était un peu anticonformiste sur les bords. J'esquivai à peu près toutes ses questions de manière aussi habile que possible, tout ça pour éviter de lui dire d'où je venais. Il ne sembla pas s'en formaliser plus que ça et continua à parler de tout et de rien.

À un moment, il jeta un coup d'œil à son téléphone et attrapa ma main avant de se mettre à courir. J'écarquillai les yeux, prenant conscience qu'on s'enfuyait sans payer. Sans savoir pourquoi, j'éclatai de rire, me laissant porter. C'était la première fois que je faisais une chose pareille. Nous remontâmes une rue et Ian finit par s'arrêter, sans lâcher ma main pour autant.

— À ta tête, je sais que c'est la première fois que tu fais une chose pareille.

Je rougis et haussai les épaules, pour me donner un petit côté désinvolte.

— Peut-être. Je ne suis pas une dévergondée, moi.

Son regard se fit très sérieux. Il fit un pas vers moi et mon cœur s'accéléra.

— T'es vraiment très jolie, Hachi.

J'avais le cœur dans la gorge. Est-ce qu'il allait... m'embrasser ? Est-ce que ça passait vraiment comme ça ? Je ne connaissais pas Ian et même s'il était vraiment mignon, je n'avais aucune envie de l'embrasser. Alors, ma main recouvrit sa bouche pour le stopper.

— Désolée, mais... on se connait à peine. Pas assez pour que je te laisse faire.

Papa m'avait toujours dit qu'un baiser ne signifiait pas forcément quelque chose, mais qu'il fallait toujours être sûr de soi lorsqu'on en donnait un, ou qu'on en recevait. Et là, pour moi, ça ne voulait pas dire grand-chose. Un baiser c'était quand même donner un petit morceau de soi à la personne. Ce n'était pas négligeable.

— Il faut que je file.

Le sourire de Ian alors qu'il s'était reculé.

— Avant que les douze coups ne sonnent, c'est ça ? On se reverra au moins ?

— Peut-être, dis-je, honnête. Je viens rarement en ville.

— Tu vis dans un couvent ou quoi ? Tu as un téléphone ?

Ce dernier vibra dans ma poche à ce moment précis. Sûrement les garçons.

— Encore une fois, on ne se connait pas assez pour que je te donne mon numéro. Désolée.

Il éclata de rire. Je reculai de quelques pas, prête à partir.

— Tu es d'un autre temps, Hachi ! cria-t-il.

Je lui tournai le dos et parti en courant, me concentrant sur le lien de meute pour retrouver Magnus et Wolf.

J'avais un immense sourire étirant mes lèvres. J'avais passé une bonne soirée. Et même si ça n'avait pas duré longtemps, j'avais profité de tout ce que j'avais pu.

J'étais heureuse. Un peu légère, euphorique presque. Les garçons faisaient cet effet-là ?

Lorsque je retrouvai les garçons, bourrés et chancelants, je me fis la réflexion que non, clairement, ils ne faisaient pas tous le même effet. Cette pensée me fit rire. Et nous rentrâmes à la maison.

Je me réveillai tôt.

J'allais faire la séance de sport avec les autres, même si certains manquaient à l'appel. Forcément. Calder, sous sa forme de lycan, me collait au train, me donnant des coups de museau pour me faire aller plus vite lorsque je ralentissais un peu trop à son goût. Les journées ici étaient rythmées à peu de chose près de la même façon, avec des activités physiques et des activités un peu plus cérébrales. Tout le monde était traité de la même façon ; aucun favoritisme, même pour moi. Ce que j'appréciais. J'étais assez couvée à la maison, qu'on se le dise !

Ce matin, Calder avait décidé de me mener la vie dure et il n'arrêta que lorsque je criai grâce. Je reçus un gentil coup de langue sur tout le visage, couchée par terre, en nage, respirant vite.

Alors, des hurlements résonnèrent et je me redressai, regardant Calder dans ses yeux de lycan.

— Aslander et Siobhane sont arrivés ?!

Je levai la tête pour voir un magnifique aigle plané. Je me mis à sautiller sur place avant de courir en direction du centre du Fief comme si une meute de lycans était à mes trousses. Il y avait quelques personnes, dont papa qui donnait une accolade virile à notre Kaizer. Il était peut-être un de ses Krig, mais il était aussi un ami très proche de l'Empereur. Mes yeux glissèrent sur un magnifique puma, allongé au pied de notre nouvelle Impératrice Consort. Elle était belle. Magnifique même. J'adorais Siobhane. Elle était douce et avait un visage très tendre. Ce n'était pas une lycan et elle était l'Anchor d'Aslander. Je ne l'avais pas vu depuis les derniers événements, lorsqu'une vieille Divinité s'était réveillée pour faire du mal à Ani.

Je me mis à marcher pour m'approcher du petit attroupement. Les troupes présentent saluèrent notre Kaizer avec le respect et la loyauté qui lui était dû. Je m'avançai et les yeux d'Aslander me harponnèrent. Un léger sourire flotta sur ses lèvres.

— Petit monstre, me salua-t-il.

Je fis la moue et il reçut un coup dans les côtes de la part de Siobhane. Je redressai la tête et les épaules.

— Kaizer.

Il regarda autour de lui. Et finit par me faire un signe de tête. Il ne m'en fallut pas plus pour lui sauter dans les bras. 


*

*              *

*

On enchaine sur une bonne lancée et voici le chapitre du mercredi 😎 Je pense garder ce rythme de 2 chapitres par semaine qui rappel Zoran & Isis, pas vous ? 😁

Un chapitre assez sympa où on en apprend un peu plus sur Hachi et sur sa façon d'être ! Et à la fin on retrouve Ani et Sio !!! AAAAAAAh, là je suis trop contente, pas vous ?! 😚😚😚😚

Sinon j'ai hâte d'être en vacance : encore une semaine et demie et ce sera bon ! Et cette fois Ada' aura un peu de vacances, l'occasion pour nous de bouger un peu ; direction Montpellier 👌 On voulait faire Londres, mais finalement on le garde pour cet été ! 

Ce week-end je posterais en coup de vent puisque nous avons du monde à la maison 😋

N'hésitez pas à lâcher une petite 🌟

Des bisous 😘💋❤️

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