Harry et Drago se regardèrent, ouvrant de grands yeux. Ils croyaient ne pas avoir bien entendu ce que madame Darminz venait de dire, et pourtant...
"Pouvez-vous tout nous ré-expliquer en détails, s'il-vous-plaît ?" Demanda Harry en prenant son calpin pour noter les informations importantes.
"D'accord. Alors en fait, quand ma fille est partie en voyage au Mexique, elle s'est rendue compte qu'elle attendait un enfant. Elle n'y est pas restée longtemps, seulement trois mois au lieu de cinq. Elle a écourté son séjour pour revenir ici et terminer calmement sa grossesse. Mais Briston la croyait toujours en voyage. Après qu'Emma ait accouché, elle est allée voir son petit ami et lui a annoncé qu'il allait être papa. Mais elle s'est bien gardée de lui révéler qu'il l'était déjà. Elle m'a dit qu'elle l'avait fait pour voir sa réaction, elle voulait s'assurer que Briston accepterait bien l'enfant. Deux jours plus tard, elle était morte. Il n'a pas perdu de temps. Alors vous parlez d'une réaction... Le pire, c'est qu'en l'éliminant, il croyait également éliminer l'enfant. C'est tout simplement horrible. Je ne sais pas si c'est le fait d'être père qui l'a poussé à commettre une atrocité pareille, mais en tout cas, il ne devait pas être très net dans sa tête."
"Alors Briston n'a jamais vu le bébé ?" Questionna Drago.
"Non. Je gardais Elliot lorsqu'Emma s'est fait tuer. Elliot est jeune, mais il sait que sa mère est morte. Je ne lui ai jamais caché. En revanche, pour son père, nous avons un peu menti, mon mari et moi. Nous lui avons raconté qu'il était mort en même temps qu'Emma, dans un accident de voiture. Il est encore trop fragile pour que je lui dise que sa mère s'est fait assassinée par son papa." Termina la femme en soupirant.
"Je comprends très bien. Est-ce que Elliot est ici ? On peut lui parler ?"
"Oui, il est dans sa chambre. C'est la porte bleue, à l'étage." Leur indiqua monsieur Darminz.
"Merci."
Les deux hommes montèrent les marches, et arrivèrent devant la porte bleue en question, sur laquelle des lettres en bois formant le nom "Elliot" étaient accrochées. Après avoir toqué, Harry ouvrit légèrement la porte et passa la tête dans l'ouverture, puis entra totalement, suivit du blond. Ce qui le chiffonnait, c'est que comme Briston était un sorcier, il y avait beaucoup de chance que son fils le soit aussi.
"Bonjour, Elliot. Je m'appelle Harry. Et lui, c'est mon ami. Il s'appelle Drago."
Le petit garçon, assis sur le tapis de sa chambre, releva la tête. Il devait avoir quatre ou cinq ans, et avait le visage d'un petit ange. Il ressemblait beaucoup à sa mère, Drago et Harry avaient vu une photo d'elle dans le dossier. Mais ce qui frappa les deux hommes, c'est qu'il avait également les traits du visage d'Alexandre Briston. Le garçon avait les cheveux châtains clairs, presque blonds. Il jouait par terre aux voiturettes, sur un circuit en plastique.
"Moi je m'appelle Elliot. Vous êtes là pour quoi ?" Demanda le petit garçon en dévisageant les intrus.
"On voulait te poser quelques questions." Dit Harry en allant s'asseoir en face d'Elliot.
"Comme quoi ?"
"Je voulais savoir si tu aimais tes grands-parents, et si tu passais du bon temps avec eux."
"Oh oui !" Répondit vivement le gamin. "Ils sont très gentils avec moi ! Je les aime comme si c'était mes parents."
"Et en parlant de tes parents... Dis-moi, qu'est-ce que tu sais sur eux ?" Demanda Drago en allant se placer à côté d'Harry, restant néanmoins debout.
"Grand-mère et grand-père m'ont dit qu'ils étaient morts. Mais je ne les crois pas."
Les deux aurors fronçèrent les sourcils, étonnés d'entendre une telle affirmation sortir de la bouche d'un enfant.
"Et je peux savoir pourquoi est-ce que tu penses que c'est faux ?" Lui demanda le brun à lunettes.
"Peut-être que maman est vraiment morte, je ne sais pas. Mais je suis sûr que papa ne l'est pas. En revanche, je n'ai pas envie de vous dire pourquoi."
Drago poussa un long soupir. Lui et la patience...
Soudain, Harry posa ses yeux sur un phénomène étrange. Elliot était en train de faire avancer l'une de ses petites voitures de manière minime, presque invisible. Mais il ne la touchait pas pour la faire bouger. Son index, tendu vers le jouet, était à quelques centimètres de celui-ci, et il n'y avait qu'avec la magie que l'on pouvait déplacer des objets de cette manière.
"Tu sais faire d'autres choses, comme ça ?" Demanda calmement Harry en désignant d'un geste de la tête la voiturette en mouvement, permettant par la même occasion à Drago de le remarquer, ce qu'il n'avait pas fait auparavant.
"Non." Répondit le gamin d'un air mystérieux. "C'est tout ce que je sais faire."
Soudain, Harry eut une idée. Il avait l'impression de passer pour Dumbledore qui essayait de pousser le jeune Tom Jedusor à rejoindre Poudlard. Mais tant pis, c'était pour la bonne cause.
"Moi aussi je sais faire de la magie." Lui confia l'élu, captant à nouveau toute l'attention de l'enfant.
"De la magie comme moi ?" Demanda curieusement ce dernier. "Montrez, pour voir."
"Je te montre si tu me dis ce que tu sais sur ton père."
Drago haussa les sourcils d'un air étonné. Très bonne tactique de la part de son amant. Très serpentard, aussi...
Le petit garçon sembla réfléchir, pesant le pour et le contre.
"Ok." Accepta-t-il finalement.
Alors Harry, comme promis, lui fit "un tour de magie". Il transplana simplement à l'autre bout de la pièce, émerveillant le gamin. Même pas besoin de sortir sa baguette magique. Simple, et efficace.
"Comment vous avez fait ?" S'exclama Elliot, à la manière d'un enfant qui allait pour la première fois dans une fête foraine.
"Secret professionnel. À toi, maintenant."
"D'accord. Je sais que papa n'est pas mort, parce que je l'ai rencontré."
"Quoi ?" Dit Drago, n'en revenant pas ses oreilles. "Ce n'est pas possible !"
"Si, puisque je vous le dis ! Il est déjà venu me rendre visite, la nuit. Il dit qu'il s'appelle Alexandre Briston, et que je suis son fils."
"Et... ça fait longtemps qu'il vient te rendre visite ?" Questionna Harry qui commençait réellement à s'inquiéter, croyant l'enfant sur paroles.
"Non. La premier fois, c'était il y a environ... deux semaines. Au début, il s'est juste présenté. Il m'a beaucoup regardé, aussi. Et il a dit que je lui ressemble. La semaine suivante, il était à nouveau là. Il m'a raconté qu'à sa prochaine visite, il me prendrait avec lui. J'ai refusé, mais il a insisté. Il a dit que de toute façon, je n'avais pas le choix. J'avoue qu'il me fait un peu peur."
Harry et Drago se lançèrent un regard entendu. C'était bien trop dangereux pour ce petit garçon. Il fallait trouver une solution, et vite.
"Et il t'a dit quand ce serait, la prochaine fois qu'il viendrait te voir ?"
"Oui. Après-demain, pendant la nuit. Il m'a demandé de faire un sac avec les affaires que je veux emporter. Mais j'aimerais mieux rester avec mon grand-père et ma grand-mère. "
"Est-ce que c'est lui, ton papa ?" Demanda le brun en lui tendant la photographie de Briston, qu'il gardait toujours dans la poche intérieure de sa veste, au cas où.
"Oui. C'est lui." Confirma le garçonnet en hochant vivement la tête.
"Eh bien nous te remercions, Elliot. Tu nous as vraiment beaucoup aidé." Dit Harry en se levant.
"De rien. Si ça peut vous être utile." Répondit l'enfant en esquissant pour la premier fois un sourire.
Avant de partir, Drago se retourna, une question non-résolue lui tournant dans la tête.
"Une dernière chose, Elliot. Comment fait ton père pour s'introduire dans ta chambre ?"
"Comme lui !" S'exclama-t-il en pointant le doigt vers Harry. "Il disparaît et apparaît dans ma chambre comme vous l'avez fait tout à l'heure."
"Ça marche. Merci, Elliot. À plus !"
Et les deux hommes s'empressèrent de redescendre les marches, bien décidés à en parler aux grands parents du petit garçon.
"Ça doit être le seul moment de sa vie où Briston utilise la magie de son plein gré." Commenta Drago, parlant du transplanage qu'utilisait le criminel pour s'introduire dans la chambre de son fils.
"C'est clair. Ce que je me demande, c'est comment a-t-il fait pour apprendre l'existence de son fils... Après tout, personne ne lui avait révélé ! Bref, en tout cas, il essait de tisser des liens avec Elliot."
"Mais pourquoi au départ, Briston voulait la mort de son fils, et maintenant, il veut le kidnapper pour faire copain-copain avec lui ? Cest bizzare !"
"Détrompe-toi. J'ai une explication très simple." Annonça Harry. "Briston a tué Emma car il croyait que l'enfant qu'elle portait était un sorcier. Imagine, lui qui déteste sa condition magique, devoir élever un enfant qui a des pouvoirs ! Alors voilà, pour une raison ou pour une autre, Alexandre a fini par apprendre que son fils avait quatre ans et qu'il ne l'avait pas tué quand il était bébé."
"D'accord, mais pourquoi venir le voir en pleine nuit alors qu'il veut sa mort ?"
"Il ne veut plus sa mort. Car en venant le voir, il a découvert qu'Elliot n'est pas un sorcier."
"Quoi ? Mais il a fait bouger des objets et-"
"C'est un cracmol ! Je l'ai senti. Bouger de petits objets est la seule chose qu'il arrivera à faire dans sa vie. De toute façon, si le fils biologique d'Alexandre Briston était inscrit à Poudlard depuis sa naissance, McGonagall l'aurait su."
"Wow. Donc finalement, son père veut reprendre Elliot pour lui tout seul juste parce qu'il est dépourvu de pouvoirs magiques." Résuma Drago.
"Exactement."
Arrivés dans le salon, où
madame et monsieur Darminz étaient toujours, Draco entreprit de leur expliquer calmement la situation. Il ne parla pas de la magie utilisée, mais raconta aux grands parents d'Elliot que leur petit fils était en danger. Il leur apprit que Briston venait rendre visite au garçonnet, et qu'il projetait de leur enlever.
"Il faut vraiment que vous partiez dans un endroit sécurisé par le mini- euh... par la police." Finit le blond.
Les deux moldus étaient sidérés par la nouvelle... un meurtrier s'introduisait chez eux la nuit par ils ne savaient quel moyen, sans qu'ils ne s'en soient jamais rendus compte. Il y avait de quoi devenir fou.
"Mais où ?" Demanda fébrilement madame Darminz, dont le teint frais avait laissé place à un visage livide.
"On va vous trouver une maison sûre, le temps que l'on arrête Briston. On va lui tendre un piège. Quand il viendra ici, dans la nuit, pour kidnapper son fils, on sera également là avec des renforts, et on l'attrapera."
À présent, les Darminz étaient à peu près rassurés. Les deux aurors les quittèrent sereinement, un plan qui tenait la route dans la tête. Ils allaient bientôt mettre la main sur Briston. Ou en tout cas, ils l'espéraient.
Pendant qu'ils marchaient dans la rue, s'éloignant des habitations moldues, Drago releva, haussant les sourcils avec un air de dédain:
"Ça, c'est mon ami Drago, hein ?"
"Oh, ça va !" S'exclama Harry en levant les yeux au ciel. "Dis à un gamin de quatre ans qu'on est des amants cachés et qu'on passe la majeure partie de notre temps libre à fricoter et à coucher ensemble."
"C'est vrai." Concéda le blond. "Ça risquerait de lui faire un choc."
Les deux hommes se regardèrent, le sourire aux lèvres. Puis ils éclatèrent de rire, les yeux dans les yeux, et se donnèrent la main pour les derniers quelques mètres, avant de transplaner, laissant derrière eux cette ville si paisible qui ignorait tout des enquêtes compliquées du ministère de la magie.
À suivre...