Harry n'avait pas revu Drago depuis trois jours. Il était resté seul dans son bureau, ou encore chez lui, à Godric's Hollow. Ginny avait été agréablement surprise. Elle a même pensé un moment que leur affaire commune avait été résolue. Quand elle posa la question à son mari, il lui répondit seulement que Malefoy partait en mission pour une durée indéterminée. Ginny avait été tellement heureuse de pouvoir voir d'avantage son mari qu'elle avait appelé Hermione pour la remercier d'avoir eu raison, et qu'Harry et son ancien ennemi ne se côtoyaient plus.
Mais Hermione avait été sceptique. C'est elle qui avait donné cette mission à Harry et Malefoy. De un, elle était certaine que cette mission était loin d'être terminée, et de deux, elle savait pertinemment que les membres du département des mystères ne partaient pas en mission.
Alors Hermione alla rendre visite à Harry, comme elle l'avait fait pour Ginny quelques jours plus tôt. Il y avait forcément anguille sous roche, et elle était bien décidée à savoir pourquoi.
Harry était, comme souvent, assis à son bureau au ministère de la magie. On pouvait dire qu'il s'ennuyait ferme depuis qu'il ne voyait plus Drago. Il s'en voulait de l'avoir vexé, et ça lui manquait de travailler avec lui. Mais il faisait ça pour sa femme. Harry voulait se prouver qu'il pouvait arrêter de passer ses journées avec Malefoy. Mais depuis qu'il l'avait quitté, à Castlebar, il était susceptible et de mauvaise humeur, alors ce n'était pas gagné.
Soudain, on toqua à la porte, et Hermione entra, vêtue d'un tailleur et (surprise) un gros livre sous le bras.
"Salut Harry." Dit la jeune femme en allant s'assoir sur le bureau même de son meilleur ami.
"Salut Hermione." Répondit mollement Harry.
"T'as pas la joie de vivre, on dirait."
"Je vais très bien." Lui assura-t-il, en grimaçant un sourire très peu convainquant.
"On t'as déjà dit que tu mens très mal ?" Demanda la jeune femme.
"Oui." Soupira Harry, les yeux dans le vague. "On me l'a déjà dit."
"Bon, dis-moi ce qui se passe." Lâcha Hermione. "Qu'on en finisse."
En l'absence de réponse de la part du brun, la jeune femme ne passa pas par quatre chemins et demanda franchement:
"C'est à cause de Malefoy ?"
Cette question spontanée fit qu'Harry tourna la tête vers son interlocutrice et la regarda enfin dans les yeux.
"Comment tu le sais ?"
"Harry..." Soupira Hermione en secouant la tête de gauche à droite. "Tu as l'air dépressif et tu as une tête de mort-vivant ! Avant de venir, je suis passée par le département des mystères. Et bizzarement, Malefoy avait la même tête que toi."
"Ah ?" Fit Harry dont le visage s'éclaira une fraction de secondes. "Bon, t'as gagné. C'est à cause de Malefoy. On s'est disputés."
"Enfin. À quel sujet ?"
"..."
"À quel sujet, Harry ?"
"C'est compliqué." Répondit simplement le brun, fuyant le regard de son amie.
Hermione soupira à nouveau.
"Tu sais que Ginny s'inquiète ?" Demanda la jeune femme.
"Ah bon ? Pourtant, elle avait l'air plutôt heureuse ces derniers jours."
"Arrête de fuir, Harry. Ginny a peur que tu la trompes. Avec Malefoy."
Harry tressaillit, puis marmonna:
"C'est la raison pour laquelle j'ai pris mes distances avec Drago."
"Avec Drago, hein ?" Releva Hermione avec un sourire triste. "Tu sais, si Ginny va mieux c'est parce qu'elle sait que tu n'as plus travaillé avec Malefoy depuis trois jours. Elle m'a appelé pour me l'annoncer, et pour me dire que j'avais raison. Je crois que je vais bientôt regretter de l'avoir rassuré sur la tournure de ta relation avec Malefoy. Mais c'est pas grave. Maintenant, raconte."
"Tu ne diras rien à Ron ? Ni à Ginny ?" S'inquiéta Harry.
"Mais non, banane."
Alors il lui raconta tout depuis le début. Il lui parla du baiser sur le terrain de quidditch, de la dispute à Castlebar... À la fin de son récit, Harry sentit un poid s'ôter de ses épaules.
"Je vois." Dit calmement Hermione. "C'est cool, parce que je peux encore dire à Ginny que tu ne l'as pas trompé avec Malefoy. C'est vrai, tu ne l'as pas encore fait !"
"Arrête de dire n'importe quoi..." Rougit Harry.
"Je te taquine. Tu l'aimes ?"
"Qui ?"
"Malefoy. Est-ce que tu l'aimes ?"
"Je ne sais pas."
"Moi, je suis convaincue du contraire. Mais bon. Alors... disons que tu ressens une attirance pour lui ?"
"Moui."
"Nous y sommes. Je vais te dire quelque chose. Bien que ça me fasse mal, pour Ginny, parce que c'est une fille bien, et que, comme tu l'as dit toi même, elle ne mérite pas ça. Mais je veux ton bonheur à toi aussi, alors écoute bien: va rejoindre Malefoy. Cours lui dire ce que tu ressens pour lui. Il n'attend que ça. C'est la nature, tu n'y peux rien. Et lui non plus."
Les yeux d'Harry se remplirent de crainte et de joie mêlées.
"T'es folle ? Vu la manière dont je lui ai parlé l'autre jour, il va forcément me rejetter, et je vais passer pour un c-"
"Non, Harry !" S'exclama Hermione. "Fais-moi confiance. J'ai toujours raison."
"Ok." Accepta le brun avec reconnaissance. "Je savais que je pouvais compter sur toi."
"Merci. C'est bien beau tout ça, mais en attendant, je vais jouer à la langue-de-plomb." Déclara Hermione avec un air blasé, déclenchant un rire nerveux à son ami.
Pendant qu'Harry quittait la pièce en courant, Hermione resta assise sur le bureau, levant les yeux au ciel. Dans toute cette histoire, elle avait la désagréable impression que son rôle se limitait à jouer les courriers du coeur. Mais elle le faisait car elle se considérait comme une bonne amie.
Harry se hâtait de faire le trajet entre son bureau et celui de Drago. En plus, ils travaillaient dans les départements les plus opposés du ministère, ce qui ne lui facilitait pas la tâche. Les minutes qu'il passait dans les ascenseurs lui paraissaient être des heures, et Harry n'en pouvait plus d'attendre que les gens dans les couloirs veuillent bien le laisser passer.
Mais il ressentait aussi de l'appréhension, car il avait peur que le blond ne lui pardonne pas. S'il n'avait pas été un gryffondor, il se serait dégonflé et serait allé s'enterrer six pieds sous terre sur le champ.
Il arriva enfin devant la porte noire du sombre département des mystères où était inscrit "Drago Malefoy". Rassemblant son courage, Harry frappa.
"Oui ?" Répondit cette voix nonchalante qui le fascinait tant.
Harry entra. Drago était par terre, devant une armoire gigantesque contenant des casiers identiques, où des centaines de dossiers s'entassaient les uns sur les autres. Il faisait du tri, et des feuilles s'éparpillaient comme un nuage autour de lui. Quand il vit qui était entré, Drago se leva. Son visage reflétait l'incompréhension et l'étonnement. Ils étaient bien cachés, mais on pouvait aussi apercevoir quelques soupçons d'espoir ça et là.
"Hey." Lâcha Harry, ne sachant trop quoi dire.
"Hey." Répondit doucement Drago.
Après avoir prit une grande inspiration, le brun se lança:
"Je voulais m'excuser pour la dernière fois, ce que j'ai dit n'était vraiment pas sympa. J'ai beaucoup réfléchi, et durant les jours que j'ai passé seul, j'avoue que tu m'as manqué. J'avais peur de ce que je ressens pour toi, et parfois, même les gryffondors peuvent avoir peur. À vrai dire, j'étais même terrorisé. Mais plus maintenant. Alors je me disais que peut-être..."
Drago ne put en entendre plus. Il marcha vers Harry, et ce dernier crut vraiment qu'il allait recevoir une droite en pleine figure. Au lieu de ça, le blond prit le visage de son partenaire en coupe, et écrasa pour la seconde fois ses lèvres sur les siennes. L'élu était soulagé: le blond était en train de l'embrasser, ça voulait dire qu'il l'avait bien prit. Leurs bouches se séparèrent, et Harry hésita un coup. Puis, finalement, il alla à son tour embrasser Drago, et leurs langues s'entremêlèrent. Ils se caraissèrent à travers leurs chemises, enlaçés, et Drago poussa Harry pour le faire s'asseoir sur le bureau.
"Monsieur Mal- oh, pardon." S'excusa un employé en se figeant instantanément devant la scène peu banale qui s'offrait à lui.
Rapide, Drago dégaina une nouvelle fois sa baguette magique et la pointa sur l'intru.
"Oubliettes !" Cria-t-il.
L'homme repartit calmement, ne se souvenant même plus de la raison de sa visite.
"Wow, réflexe." Le félicita Harry. "Tu réussis mieux les sortilèges d'Amnésie que Lockhart lui-même."
"Je dois le prendre comment ?"
"Étant donné que ce sort était le seul que cet imbécile savait faire, prends le comme un compliment."
"J'y compte bien. Tu sais, j'ai fait quelques recherches hier. Et j'ai trouvé que l'ami de Briston, Anthony Bart, était domicilié depuis peu dans un appartement de Londres."
"Beau travail, Sherlock." Commenta Harry en souriant.
"Sher- quoi ?"
"Laisse tomber."
À suivre...