Harry n'avait pas réussi à dormir. Il avait réfléchi toute la nuit à ce qui c'était passé hier entre lui et Drago. Ce baiser. Rien que d'y penser, il en avait des frissons. Harry savait qu'il était un mauvais mari, mais depuis la veille, il se pensait encore plus pourri, le pire étant qu'il n'arrivait pas à culpabiliser.
Mais quand il voyait Ginny, endormie et paisible à côté de lui, il se disait qu'elle ne méritait pas ça. Seulement, ce qui est fait est fait. Alors Harry se promit d'essayer de se contrôler et de rester le plus possible fidèle envers sa femme.
Il était tôt, mais Harry quitta tout de même la chaleur de la maison. Comme souvent maintenant, il alla rejoindre Drago. Aujourd'hui non plus, ils n'iraient pas au ministère.
"Salut." Dit Harry quand il fut arrivé au point de rendez-vous.
"Salut." Répondit Drago en souriant dans l'air frais du matin.
Il prit la main de son coéquipier, mais Harry ne s'emballa pas. C'était juste pour transplaner.
"À Castlebar, alors ?"
"À Castlebar." Confirma le brun.
Et les deux hommes disparurent, quittant l'Angleterre, pour atterrir sur les côtes vertes d'Irlande, enveloppées par le brouillard matinal. Ils étaient arrivés sur une petite colline déserte de population, mais en contrebas, on pouvait apercevoir les toits d'une petite ville dont les cheminées fumaient et dont les lumières commençaient seulement à s'allumer.
Ils descendirent vers les habitations, et longèrent les ruelles tout aussi désertes. Les commerces étaient encore fermés, mise à part la boulangerie dont les odeurs de pain chaud embaumaient l'air matinal. Il faisait anormalement froid pour un mois de septembre.
Enfin, ils aperçurent un vieil homme marchant vers la boulangerie, et l'arrêtèrent pour lui poser quelques questions.
"Bonjour monsieur. Nous sommes les aurors Malefoy et Potter, et nous enquêtons sur une affaire concernant la justice magique. Pouvez-vous nous donner quelques renseignements ?" Demanda Harry en professionnel.
"Hein ?" S'étonna l'homme en regardant Harry et Drago comme s'ils sortaient d'un asile psychiatrique. "Vous êtes des quoi ? Je connais même pas votre justice magique machin truc. Qu'est-ce que vous me voulez, à la fin ?"
Harry et Drago comprirent soudain et se regardèrent en ouvrant des yeux ronds.
"Oubliettes !" S'écria Drago en sortant sa baguette magique qu'il pointa sur l'homme.
Le pauvre monsieur, les yeux dans le vague, repartit tranquillement vers la boulangerie, ce qui venait de se produire n'étant plus qu'un mauvais rêve dans sa mémoire.
"Oh, fichue McGo ! Elle aurait quand même pu nous prévenir qu'il y avait une population moldue, dans ce trou." Grommela Drago en repartant vers le centre du village.
"Auror Malefoy ? Sérieux ? ... Bon, peu importe. De toute façon maintenant, on a l'air bien, avec nos capes."
Quand enfin ils virent une vieille dame passer par là, ils l'interpelèrent également, mais cette fois, ils ne prirent pas le risque de se présenter et de donner le motif de leur visite.
"Bonjour madame. Pouvez-vous nous indiquer où se trouve la maison de Julia Vandenberg ?"
"Vous allez tout droit, puis vous tournez à gauche vers la rue Downfall. Elle habite le numéro 21. Mais faites attention..." chuchota-t-elle. "Elle est bizzare."
"Merci beaucoup ! Bonne journée."
Avant de s'en aller, elle reluqua les deux hommes, trouvant leur accoutrement fort étrange.
"Maintenant, forcément, on fait les bêtes de foire !"
La maison de Julia Vandenberg était illuminée. Tant mieux, ça faciliterait la tâche si elle était déjà réveillée.
Drago toqua, et ils attendirent qu'on daigne leur ouvrir. Enfin, après plusieurs minutes d'attente, une dame leur apparut sur le seuil, habillée de pantoufles à carreaux et d'un tablier de cuisine marron tâché. Elle était plutôt âgée, et avait attaché ses cheveux gris en chignon.
"Messieurs." Salua-t-elle. "Que puis-je faire pour vous ?"
"Vous êtes bien Julia Vandenberg ?" Demanda Harry, méfiant après leur mésaventure avec le moldu.
"Oui, c'est moi." Répondit la femme.
"Nous sommes les aurors Potter et Malefoy, et nous venons vous voir car nous réouvrons le dossier de votre fils. Vous êtes bien la mère d'Alexandre Briston ?"
La femme ne répondit pas, mais ses yeux se troublèrent et s'assombrirent. Elle baissa la tête et se retourna, invitant les garçons à entrer. Silencieusement, Drago referma la porte derrière eux, et les deux hommes s'assirent à la table à napperon que madame Vandenberg leur présenta.
Dans la cuisine, des casseroles étaient posées sur le feu. Des cuillères et d'autres ustensiles de cuisine étaient accrochés au mur, ainsi que quelques coutelas en argent identiques les uns aux autres. Eux seuls luisaient dans la pièce sombre et boisée.
"Thé ? Café ?" Proposa la femme en se dirigeant derrière les fourneaux.
"Café, s'il-vous-plait." Dit Harry.
"Thé, s'il-vous-plait." Dit Drago exactement au même moment.
Les deux hommes se regardèrent une nouvelle fois, conscient du regard douteux que la femme portait sur eux, puis Harry abdiqua.
"Deux thés, s'il vous plait."
Drago fit alors un sourire triomphal.
"Ça va..." Marmonna le brun, faisant encore plus sourire son partenaire.
Une fois que Julia Vandenberg les eut servi, elle s'assit à son tour en face des deux protagonistes.
"Vous êtes matinale, madame Vandenberg." Commenta Drago avant de boire une gorgée de son thé.
"Oh, je reçois des invités ce soir, donc je fais la cuisine."
"Naturellement. C'est une ville moldue ?" Continua Harry.
"Oui, entièrement moldue. Je suis la seule sorcière qui habite ici." Répondit la femme.
"Nous avons retrouvé votre trace grâce à votre ancienne amie d'école, Minerva McGonagall."
"Oh !" S'exclama madame Vandenberg. "Comment va-t-elle ?"
"Elle se porte très bien. Et elle vous passe le bonjour." Dit Harry.
"Revenons aux choses sérieuses. On voulait vous parler de votre fils. Savez-vous où Alexandre Briston se trouve en ce moment même ?"
"Non. Je ne l'ai pas revu depuis sa disparition, il y a quatre ans."
"Depuis la série de meurtres qu'il a commis, en soit." Conclut le blond, essayant de tirer quelque chose de la vieille femme.
Elle hocha simplement la tête, les yeux fuyants.
"Savez-vous quoi que ce soit concernant votre fils qui pourrait nous être utile ?" Demanda calmement Harry.
"Alexandre est un gentil garçon. Il était à serdaigle !"
"On sait. Mais il a tué un bon nombre de personnes avant de leur crever les yeux avec le bout de sa baguette magique, alors on aimerait savoir pourquoi." S'impatienta Drago.
"Je sais ce qu'il a fait. Des aurors comme vous sont déjà venus me voir il y a quatre ans." Répliqua la femme, sourcils foncés.
"Excusez-nous, on ne voulait pas vous fâcher." S'excusa le brun en lançant à son coéquipier un regard accusateur. "Vous vivez seule ?"
"Oui, mon mari est mort juste avant qu'Alexandre ne finisse sa scolarité à Poudlard. Hubert était très malade."
"Et vous avez gardé votre nom de jeune fille ?"
"Officiellement non, je m'appelle toujours Julia Briston. Mais les gens me connaissent sous le nom de Vandenberg, et comme mon mari n'est plus, je préfère ça."
"La question que je vais vous poser est complexe." Prévint Drago. "Alors je vous demande de creuser très profond dans votre mémoire. Connaissez-vous la raison qui aurait poussé votre fils à commettre tous ces crimes ? A-t-il eu des difficultés durant son enfance ? Des problèmes familiaux ? Des difficultés durant sa scolarité ?"
Julia réfléchit, puis déclara:
"Alexandre était très proche de son père. Plus qu'il n'était proche de moi. À sa mort, mon fils a changé. Il était déjà renfermé sur lui même, mais ça a empiré. Il est devenu plus sombre, plus susceptible, et plus lunatique."
"Je vois. Et monsieur Hubert Briston était-il également à Poudlard ?"
"Non ! Hubert était moldu. Je l'ai rencontré ici même, à Castlebar. C'est pour cela qu'on s'y est installé."
"Et avez-vous une idée de pourquoi, après avoir poignardé ses victimes, votre fils utilisait sa baguette magique pour leur crever les yeux ?"
"Il faut dire qu'Alexandre n'a jamais vraiment apprécié la magie. On vivait déjà ici à l'époque, alors quand il était petit, il ne jouait qu'avec des enfants moldus. Il aimait également beaucoup son père, alors le fait qu'Hubert ne pouvait pratiquer la magie l'avait peut-être influencé. Alexandre n'appréciait pas non plus Poudlard. Il avait horreur de devoir utiliser sa baguette magique. C'est dommage, car il était très doué en sortilèges."
"Ça explique tout. N'empêche, ça aurait pu mal tourner. Votre fils aurait pu essayer de refouler ses pouvoirs, et serait devenu un obcurial."
"Oui, heureusement, ce n'était pas le cas. Alexandre était tout de même obligé d'utiliser la magie à longueur de journée quand il était à Poudlard."
"Et... avez-vous encore le nom d'un ami de votre fils ?"
"Alexandre n'avait pas vraiment d'amis à Poudlard, mais il côtoyait beaucoup les petits moldus qui habitaient dans le village. Oh, bien sûr, ils ont tous déménagé depuis, et je ne sais absolument pas ce qu'ils sont devenus, mais je me souviens d'un garçon en particulier. Son nom est Anthony Bart."
"Nous vous remercions infiniment." Dit Harry en se levant, secondé par Drago.
"Je vous en prie. Au revoir."
Une fois dehors, l'horloge du clocher de l'église indiquait sept heures. Il n'y avait pas plus de monde dans les rues qu'à leur arrivée. Les deux hommes se remirent en route, repartant vers la colline, pour éviter qu'un moldu ne les voit.
"Je suis désolé pour ce qui s'est passé hier." Lâcha soudain Harry, phrase qu'il se retenait de prononcer depuis un bon bout de temps.
"Pas moi."
Harry se retourna vers son partenaire et le regarda, stupéfait.
"Ne me regarde pas comme ça, c'est vrai. Je ne regrette pas de t'avoir embrassé. Et toi non plus. Ça ce voit sur ton visage, tu ne sais pas mentir. Alors pourquoi dire que tu es désolé ?" Demanda Drago, fixant Harry yeux dans les yeux.
Ce dernier soupira, puis admit:
"Ok, c'est vrai. Je n'arrive pas à me sentir désolé."
"Mais pourquoi le voudrais-tu ?"
"Pour Ginny. Elle mérite mieux qu'un mari qui craque pour son ancien ennemi."
"Et c'est vrai ?" Demanda malicieusement le blond en souriant, profitant de la situation.
"Je... Ce n'est pas la question !" Répondit Harry en rougissant jusqu'aux oreilles. "Toi, tu t'en fiches de ta femme ? Tu t'en fiches de draguer un mec dans son dos ?"
"Tu sais, Harry, mon mariage était programmé depuis mes quinze ans... donc entre Astoria et moi, c'est pas vraiment le grand amour. Je ne peux pas dire qu'elle n'est pas attachée à moi, au contraire. Elle est même très possessive. Mais moi, j'aime ma liberté."
"N'empêche qu'il ne faut pas que ça se reproduise. Je ne veux pas trahir ma femme à nouveau."
"Ne me dis pas que tu n'as pas aimé que je t'embrasse, parce que ça aussi, je sais que c'est faux. Vu la manière dont tu y as répondu..."
"..."
"Alleeez, Potter, qu'est-ce qu'il y a de mal là dedans ?"
"Je te demande juste de te contrôler un petit peu, parce que hier, ce n'est pas moi qui t'ai sauté dessus !"
"Quoi ?" S'emporta le blond. "Tu veux dire que c'est moi le seul responsable ? Tu as vu comment tu me regardes, aussi ?"
"Mais n'importe quoi ! Oh et puis laisse tomber." Répondit Harry juste avant de transplaner, laissant Drago seul et de mauvaise humeur.
À suivre...