Pépin, le vieil homme du musée fermait enfin les portes de sa pinacothèque désertée depuis bien longtemps. Le soleil déclinait dans le ciel tandis qu'il s'asseyait tranquillement dans sa bibliothèque, l'ambiance qui environnait la pièce le faisait réfléchir. Depuis combien de temps Pépin était devenu aussi austère ? Il ne souriait plus jamais, la passion qu'il éprouvait envers les œuvres de son musée s'était envolée. Voilà, il était devenu dépassionné. Il ne pouvait pas rester quelqu'un d'aussi d'ennuyé, il devait changer les choses, pour que les gens reviennent dans son petit muséum. Il devait faire un Tere-roto, un voyage à l'intérieur littéralement. Retourner aux bases, se rappeler pourquoi il est devenu aussi vide. Il s'installait sur son grand fauteuil et se préparait. Pépin ensuite, s'infiltrait lentement dans son esprit, se remémorait les souvenirs conséquents de sa vie chronologiquement.
Il marchait rapidement avec ses petites jambes, sa maman et son papa à ses côtés. Il devait être âgé de huit ans lors de cette randonnée dans les montagnes, c'est le jour où ses parents lui apprirent qu'ils allaient avoir un bébé, une petite fille. Une image pleine de joie et de victoire, au sommet de la falaise. « Papa, maman, ce bébé est comme ce qu'on vient d'accomplir n'est-ce pas ? Pourquoi ne pas justement l'appeler Victoire ? ».
L'ambiance se métamorphosait cette fois-ci il ressentait une attente, il avait dans les environs de quatorze ans. Il attendait après le train, en recherche de nouvelles cultures. Il allait voir le reste de sa famille en Italie pour la première fois et il avait hâte de quitter cette gare. Se retrouver lui et sa sœur dans leurs racines, ils en avaient besoin. Le train finissait par enfin montrer le bout de son nez.
Le décor changeait, il ressentait une certaine errance dans un vieil hôpital qui lui faisait peur, à l'odeur forte de désinfectant. Ce fameux jour sa petite sœur était partie explorer d'autres étoiles. Une grande et profonde tristesse tâchait le tableau de sa vie, le souillait de flaques d'encre obscures. Pauvre petite Victoire. Elle lui avait donné un carnet ce jour-là. Un carnet qu'il n'avait jamais ouvert.
Il revenait à lui et se relevait soudainement et balayait toute la bibliothèque de ses livres pour retrouver le fameux cahier. Un désordre pas possible avait envahi l'ancien parquet de la pièce. Il le retrouvait enfin, un vieux livre rabougri et abîmé qui valait tant pour lui. Avec toutes ces années il avait réussi à l'oublier, comment avait-il pu ? Il explorait doucement le bouquin dont il avait toujours eu envie d'ouvrir, en tournant les pages il comprenait. Sa petite sœur avait dessiné un endroit absolument magnifique, qui ne demandait qu'à être découvert. Elle voulait qu'il fasse un grand voyage. Les larmes de joie coulaient tandis qu'il déclarait « Victoire, on part à l'aventure ! ».