Destiny High, L'École pour An...

By Stephy_75

2.4M 171K 75.1K

Synopsis : Muzelina MacGregor, une jeune fille de dix-sept ans, meurt dans un accident de voiture provoqué p... More

Prologue
1 - Le dernier jour de ma vie
2 - De vie à Trépas
3 - Le Réveil
4 - Bienvenue à Destiny High (Première Partie)
5 - La Mort comme synonyme de Renaissance
6 - L'Heure des Explications
7 - Le Professeure Arkiansas
8 - Une Nouvelle Amie
9 - Entrevue avec le Professeure Arkiansas
10 - Soirée et déboires de soirée
11 - Bienvenue à Destiny High (Deuxième Partie)
12 - Première approche Magique
13 - La Foire de Destiny
14 - La Diseuse de Bonne Aventure (Première Partie)
15 - Le collier #1
16 - Se peut-il que je me sois trompée sur ton compte, Arden Martins ? #1
17 - Les Six Heures de Colle
18 - « Fuis-moi, je te suis »
19 - "Notre Secret"
20- Le Monde des Humains (Première Partie)
21- Le Monde des Humains (Deuxième Partie)
22 - « Je croyais que tu étais mon amie ! » #1
23 - La Teen's Party
24 - Une nuit seule avec Arden #1
25 - Promesse et blessure ouverte
26 - Blessée #1
27 - Blessée #2
28 - Le sens de l'amitié
29 - Une heureuse Rencontre
30 - Le Monde des Humains (Troisième Partie)
31 - Le Monde des Humains (Quatrième Partie)
32 - Tensions entre amies
33 - Jaden #1
34 - Retrouvailles
35 - Retrouvailles Familiales (Première Partie)
36 - Retrouvailles Familiales (Deuxième Partie)
37 - Un appel à l'aide
38 - Discussion avec Cherry
39 - Une question de choix
40 - Jaden #2
41 - "Muza, je t'aime"
42 - Mon foutu exposé de Sciences Magiques avec Toi (Première Partie)
43 - Mon foutu exposé de Sciences Magiques avec Toi (Deuxième Partie)
44 - Se peut-il que je me sois trompée sur ton compte Arden Martins ? #2
45 - Une nuit seule avec Arden #2
46 - Perdue
47 - Conférence avec les Anges et Démons (Première Partie)
48 - Conférence avec les Anges et Démons (Deuxième Partie)
49 - Le collier #2
50 - Frayeur et Confidences Nocturnes (Première Partie)
51 - Frayeur et Confidences Nocturnes (Deuxième Partie)
52 - Frayeur et Confidences Nocturnes (Troisième Partie)
53 - Mon ami Antonio
54 - La Soirée des Anges et Démons (Première Partie)
55 - Just an Escape
56 - Un Premier Rendez-vous presque Parfait
57 - Des Passions non partagées
58 - La Soirée des Anges et Démons (Deuxième Partie)
59 - Je croyais que tu étais mon amie ! #2
60 - Let Me go
61 - La Diseuse de Bonne Aventure (Deuxième Partie)
62 - L'arrestation
63 - L'Impossible Dilemme (Première Partie)
64 - L'Impossible Dilemme (Deuxième Partie)
65 - La Cérémonie du Jugement (Première Partie)
Epilogue
Commentaires de l'auteure + Remerciements
Bonus #1 : FAQ ------> les personnages de DHLEPAD
Bonus #2 : FAQ ----> l'auteure
Bonus #3 : le casting des personnages
Suite du bonus #3 : le casting des personnages
Suite du bonus #3 : le casting des personnages
Bonus #4 : LA PUBLICATION DU TOME 2 DE DHLEPAD !

66 - La Cérémonie du Jugement (Deuxième Partie)

31K 1.8K 1.6K
By Stephy_75

La Cérémonie du Jugement...

Depuis le temps que nous l'attendons ! À présent, le fait de savoir qu'elle se déroulera dans quelques heures me fiche la trouille mais en même temps, je suis surexcitée.
Arden a sa main posée sur mon épaule et joue avec les pointes de mes cheveux tandis que ma tête est posée sur son buste.

- Quand as-tu acquis le Pouvoir du Feu ?

Arden me regarde longuement sans pour autant me répondre. Puis il lâche :

- Il y a seulement quelques jours.

- D'accord mais quand ? lui ai-je demandé en me redressant.

Il soupire et me dit en souriant :

- Toi et ta fichue curiosité !

J'esquisse un sourire sur mes lèvres alors qu'il reprend :

- C'était le jour de l'arrestation de Drago. On traînait tous les deux ensembles et d'un coup, des hommes sont entrés dans ma chambre et l'ont embarqué. Je n'ai même pas eu mon mot à dire : je ne savais même pas pourquoi est-ce qu'il l'embarquait ! Ok, Drago n'est pas un homme fréquentable et encore moins un homme recommandable mais..... J'aurai quand même aimé que l'on me dise pourquoi est-ce qu'il a été arrêté ! Je veux dire..... Il reste mon tuteur ! Il trempe dans de sales affaires je ne dis pas le contraire et je soupçonne le fait que ce soit peut-être à cause de cela que les hommes l'aient arrêté mais j'aurais aimé savoir, merde ! Je n'ai même pas pu le défendre, même pas pu le sauver : ces hommes m'ont écarté sans ménagement de lui et ils l'ont emmené. Bien sûr je l'ai suivi jusque dehors jusqu'à ce que je le voie disparaître ans cette espèce de « navette volante ».

- Tu as essayé de le défendre ?!

- Oui. dit-il en hochant la tête. Enfin, c'est quand même quelqu'un que je connais et puis on traîne souvent ensemble et puis je pars du principe que quand quelqu'un est coupable, on ne l'arrête pas comme eux ils l'ont fait.

- C'était peut-être un cas de force majeure. ai-je hasardé en haussant les épaules.

- Oui mais même ! a-t-il rétorqué. Ils l'ont embarqué brutalement sans dire quoi que ce soit ! Je pense qu'il méritait au moins de connaître la raison pour laquelle il a été arrêté, non tu ne crois pas ?

Je le regarde mais ne répond pas.

Ce qu'il dit n'est pas dénué de sens après tout.....

Oui, mais la personne que nous parlons là est Drago : ce n'est pas n'importe qui !

- Quand bien même c'est « Drago » et qu'il est dangereux, la manière dont ils l'ont arrêté...... Non, ça ne se fait pas ! Ils l'ont embarqué sans rien dire ! Sans donner aucune explication !

- Je comprends. ai-je chuchoté.

Arden me caresse les cheveux et me demande :

- Tu restes bien calme, tu ne saurais pas quelque chose par hasard ?

Je tourne la tête et fixe ses yeux vert-gris.

Dois-je le lui dire ?.......

Je pourrais : après tout Arden est sous sa tutelle, il mérite de savoir ce que ce connard nous a fait à Antonio, Arina et moi. Oui, mais si je lui dévoile que c'est moi, accompagnée d'Antonio, qui suis allée dénoncée son tuteur, comment le prendra-t-il ? D'accord j'ai une bonne raison mais maintenant qu'il ma raconté l'arrestation de Drago de son point de vue, maintenant que je me suis mise à sa place, je comprends ce qu'il a pu ressentir : une incompréhension totale, une incapacité totale et une colère sourde qui a grimpé petit à petit. Et puis, si je lui dis pour l'arrestation, il va falloir que je lui explique pour Arina, le collier et même la nuit effroyable que j'ai passée avec Antonio et puis aussi notre première rencontre musclée entre Drago et moi !

Et là tout de suite, je n'ai pas tellement envie de lui dévoiler tout ça......

- Pourquoi tu me poses cette question ?

Il hausse les épaules.

- Je ne sais pas : par simple curiosité.

- Je ne sais rien. ai-je dit en secouant la tête. À part le fait qu'il ait arrêté et que lendemain le Proviseur nous a tous donné une réponse à cela.

Arden hoche la tête et lâche un simple et sec :

- Ok.

- Ensuite ? Que s'est-il passé après l'arrestation pour que tu te découvres des pouvoirs ?

Il inspire et poursuit :

- Quand je suis rentré dans ma chambre, j'étais.... En colère. J'ai commencé à tout saccager dans ma chambre et à un moment j'ai envoyé mon poing contre le mur et l'espace d'un instant j'ai cru voir.... J'ai cru voir mon poing s'enflammer ! Je croyais que je délirais alors pour en être sûr j'ai envoyé une nouvelle fois mon poing contre le mur et l'impact que ça a fait..... À l'endroit même où j'ai envoyé non poing, ce n'était pas une petite déformation qu'il y avait Muzy : c'était un énorme cratère ! Il y avait un énorme trou d'au moins sept centimètres de longueur et un peu moins de cinq de profondeur. J'étais.... Complètement sous le choc ! Je savais très bien que jamais, je n'aurais la force nécessaire pour créer un trou pareil.

- Et t'en as donc déduit que cette force qui t'étais venue, c'était de la magie. ai-je achevé.

Il acquiesce.

- Le Pouvoir du Feu.... dit-il pensif. C'est un pouvoir incroyable !

Je hoche la tête.

- Et dévastateur aussi. ai-je ajouté en pensant aux dégâts qu'ont reçus Jaden et Drago à cause de ce pouvoir. T'avais l'air de bien savoir l'utiliser : tu t'es..... Entraîné ? Ou quelque chose comme ça ?

Arden me regarde et secoue la tête :

- Même pas ! J'ai rien fait du tout : j'ai agi par instinct en fait.

Je hoche la tête alors qu'il poursuit en me serrant un peu plus la main qu'il a prise dans la sienne :

- Je voulais tellement te sauver ! J'ai agi comme par réflexe.

Je hoche la tête et me blottis un peu plus contre lui.
Maintenant que nous possédons tous les deux le Pouvoir du Feu, cela sera-t-il suffisant pour que nous soyons tous les deux affectés chez les Démons ?

Parce qu'il ne faut ne pas oublier que ce pouvoir garantit à quatre-vingt-quinze pour cents un envoi direct chez les Démons.....

Oui, mais devons-nous pour autant négliger les cinq pour cents restants ?

Je suis presque sûre qu'avec le taux de chance que je possède ce petit pourcentage va me jouer des tours !.....

Je sens, l'espace d'un instant, lèvres chaudes d'Arden se poser sur la peau de mon cou et je souris face à cette délicate attention.

- T'as l'air bien pensive.

Je lève la tête vers lui.

- Oui : je pense à la Cérémonie de tout à l'heure.

Arden soupire alors que je continue :

- Je sais que je ne devrais pas y penser mais c'est plus fort que moi Arden ! Cette cérémonie.... Sonne un peu comme la fin de notre ancienne vie, de notre ancienne existence. ai-je aussitôt dit en cherchant mes mots.
- Et le début de notre nouvelle vie en tant qu'Êtres Mirifiques. achève Arden dans un soupir. Ça va j'ai compris ma Rose aux Mille Piquants.

Il me donne une pichenette sur le nez et m'embrasse aussitôt après. Nous rigolons tous les deux et il déclare :

- Je comprends que tu y penses parce que moi aussi ça me triture les méninges mais.... Là tout de suite je ne voudrais avoir qu'à penser à toi, à nous et seulement à cela et à rien d'autre.

Je rougis un peu sous ses belles paroles, dans la douceur de cette belle nuit étoilée.
Je me penche vers lui et l'embrasse à pleine bouche. À l'instant même où nos lèvres se quittent, je murmure contre ses lèvres charnues :

- Je t'aime Arden.

En réponse à cela, Arden m'embrasse le front, me chuchote des mots doux dans l'oreille et passe ses bras autour de ma taille pour me serrer encore plus fort contre lui. Ma tête étant posée sur sa poitrine, j'entends le son régulier de son cœur qui bat. Je sens son torse se lever et s'abaisser au rythme de sa respiration régulière. Ces deux sensations forment un doux roulis dans lequel je me sens bercée et dans lequel, petit à petit, je m'endors.

***

- Ah ! Le soleil est déjà levé ! Ça annonce une belle journée ça ! Mais attendez..... Arden et Muza ?! Ne me dîtes pas que vous vous êtes endormis à la belle étoile tous les deux ?!

Alors que mes paupières sont encore closes, je sens qu'on me bouge l'épaule. En grognant, j'ouvre difficilement une paupière puis l'autre. Les rayons du soleil matinal m'éblouissent quelque peu. Je bats des paupières, puis une fois que mes yeux se sont habitués à la luminosité ambiante, je distingue une silhouette devant moi.

- Donna ?!

Mon amie l'infirmière est penchée vers moi. Elle porte un ensemble rose qui ressemble à un pyjama et avec par-dessus, une sorte de peignoir en soie mauve et elle a une tasse fumante blanche dans la main.

- Mais qu'est-ce que vous fichez là tous les deux ?! Ne me dîtes quand même pas que vous avez passé toute la nuit sur le balcon ? Et tous seuls ?!

Je me frotte les paupières et alors que je suis sur le point de me lever, je suis immédiatement attirée en arrière. Surprise, je ne peux m'empêcher de lâcher un petit cri. Donna est sur le point de me venir en aide mais je l'arrête d'un geste parce que je me rends compte que la personne qui m'a attirée en arrière n'est autre qu'Arden.

- Reste près de moi Muzy. me chuchote-t-il alors qu'il a ses paupières encore closes.

Intérieurement, je soupire de soulagement parce que, élever mon niveau de stress de « néant » à « danger » dès le matin et ce pour seulement quelques secondes, ce n'est vraiment pas très sympa pour mon petit cœur et pour mon taux de stress et d'adrénaline : je pense en avoir déjà assez usé et ce, pour le restant de mon existence ici !

- Hé la marmotte ! Debout c'est le matin ! me suis-je exclamée en lui donnant une petite tape sur l'épaule.

Arden secoue la tête et me serre encore plus fort contre lui. Je regarde Donna qui me lance un regard incrédule, complètement perdue.
J'éclate de rire.

- Je n'y crois pas ! Ce jeune homme se comporte comme un gamin avec sa peluche !

- Sympa la comparaison ! ai-je raillé. Arden ! Arden ! Lève-toi allez !

Au début, rien ne se passe et puis seulement après deux-trois minutes Arden daigne enfin, non sans râler, me lâcher pour que je me lève et que lui aussi fasse de même.

- Ah ! Mes jambes sont toutes engourdies ! se plaint-il en s'étirant.

- Bah dis tout de suite que je suis lourde ! me suis-je exclamée.

Arden sourit et se jette sur moi. J'explose de rire quand il me soulève dans ses bras.

- Repose-moi par terre ! lui ai-je demandé complètement hilare.

- Eh bah ! À ce que je vois, ça a l'air de très bien aller entre vous deux ! s'exclame Donna.

Arden et moi n'avons même pas besoin de lui répondre : Donna n'a qu'à voir les regards langoureux que nous nous lançons tous les deux pour comprendre. Cette dernière soupire et nous invite à rentrer à l'intérieur.

- Allez ! Venez ! Le frais matinal ça fait du bien mais il ne faut pas trop rester à l'extérieur. Et puis je pense que vous devez être affamés ! Un bon petit-déjeuner ça vous tente ?

- Et comment ! nous sommes-nous exclamés de concert, Arden et moi.

Donna se dirige vers la porte-fenêtre, l'ouvre et entre la première. Je la suis et Arden entre en dernier en refermant derrière lui. Donna pose sa tasse sur son bureau et y fait un peu de place : elle le débarrasse de tous les papiers inutiles puis se dirige à grands pas vers ses appartements et revient, quelques secondes plus tard avec deux chaises en bois. Arden et moi l'empressons de la décharger de ces meubles.

- Installez-vous. Je reviens dans quelques minutes. nous dit-elle en faisant déjà demi-tour.

Nous obtempérons et nous asseyons sur les chaises. Nous sommes tous les deux face à face et nous nous sourions. Mes yeux détaillent toute sa personne : son visage tourné vers la droite, ses cheveux châtains dont quelques mèches lui tombent juste devant les yeux, ses cils, sa puissante mâchoire que je vois se contracter et je discerne même quelques poils bruns-blonds poussant sur ses joues, comme un début de barbe. Mes yeux descendent plus bas et s'arrêtent sur ses mains qu'il frotte l'une contre l'autre puis mon regard remonte vers son visage et vers ses yeux gris-vert qui eux, me scrutent.

- C'est devenu ton passe-temps de me dévisager comme ça ? me demande-t-il en riant, m'ayant prise sur le fait.

Je croise les bras sur ma poitrine pour me donner une légère contenance et lui répond du tac au tac :
- Hé ! Ce n'est pas de ma faute si..... ai-je commencé en m'arrêtant brusquement.

- Si quoi ? me demande Arden avec un immense sourire sur lèvres.

Je secoue la tête : hors de question que je le lui dise !

- Si quoi ? Vas-y : dis-moi ce que tu voulais me dire ma Rose aux Mille Piquants.

Arden rapproche sa chaise de la mienne et pose ses deux mains sur les miennes. Il penche son visage vers le mien, tout près du mien.
Des frissons de plaisir me parcourent l'échine.

- Dis-moi. me chuchote-t-il.

Sa voix suave m'envoûte et je ris, nerveuse.

- Nan mais c'était rien de bien important.

Arden réduit encore plus l'espace entre nos deux visages. À présent, nos deux fronts se touchent et ses lèvres sont quasiment sur les miennes.

- Mais moi j'ai envie de savoir. Ta spontanéité t'a trahie. Donc ce n'est pas de ta faute si.....

Je baisse la tête puis la relève, les joues rouges et avec un petit sourire :

- Ce n'est pas de ma faute si le garçon que j'aime est aussi beau à regarder. C'est ce que je voulais dire.

Le sourire d'Arden s'agrandit et il me taquine :

- Oh, mais ça je le savais déjà. Je voulais juste t'entendre le dire. Encore une fois.

- Espèce d'enfoiré ! me suis-je exclamé en riant et en lui donnant une tape sur le torse.

- Aïe ! Comme j'ai mal !

- Ne me cherche pas Arden Martins ! l'ai-je mis en garde.

- Une menace ?! Sérieusement ?! rit-il. Tu devrais pourtant savoir depuis le temps que j'adooooore te faire péter les plombs !

Il déplace ses mains sur les coins du siège de ma chaise et la tire brusquement vers lui. Je lâche un petit cri de surprise alors qu'Arden ne se départit pas de son sourire.

- Ça ne t'en rend que plus attirante, plus badass, plus sexy : ça fait de toi une vraie rose quoi !

- Méfie-toi je pique ! ai-je rigolé alors que je me suis sentie rougir sous ses compliments.

Je le tape sur le torse et nous rigolons tous les deux. Arden se penche ensuite vers moi et mes yeux se ferment instinctivement. Même si cela fait maintenant, plusieurs fois que nous nous embrassons, l'effet que cela me provoque reste lui, toujours inchangé : une nuée de papillons s'envolant dans mon estomac, les battements de mon cœur s'affolant, ma respiration qui s'accélère et surtout, la sensation de sentir ses lèvres charnues et douces sur les miennes. Nos bouches se cherchent, se surpassent l'une l'autre, toujours avides de « plus ». À un moment, nos bouches se quittent l'une l'autre et nous sommes à bout de souffle. Nos deux fronts sont posés l'un contre l'autre. Les yeux clos, je profite encore plus de cet instant.

- Je t'aime tellement Muzy. Je te demande encore pardon de ne pas m'en être aperçu plus tôt.

J'ouvre les paupières et le regarde d'un air attendri. Ses yeux me contemplent et j'ai alors l'impression, là tout de suite que nous avons tous les deux plongé dans le regard de l'autre : moi, dans cette nuance de gris orageux et vert prairie qu'est son regard et lui dans mes iris noisette.

- Il..... Il.... Il faut que je te dise quelque chose.

- Vas-y je t'écoute.

Arden se gratte l'arrière de la tête et détourne son visage du mien.

Waouh.......

La chose dont il veut me parler doit vraiment le préoccuper pour qu'il ose rompre le contact visuel entre lui et moi.

Il s'humecte les lèvres, se frotte les mains l'une contre l'autre et il évite toit bonnement mon regard.

- C'est à propos de quoi ?

- Je.... Je.... Je ne sais pas trop par commencer. m'avoue-t-il. C'est..... Comment dire..... Je..... C'est à cause de toute cette histoire et....

Il pousse un profond soupir. Je décide de l'aider en posant une main réconfortante sur son avant-bras.

- Vas-y dis-moi.

- Je.... Je.... Je ne sais pas comment tu le prendras..... Honnêtement. Je..... Je devrais..... Putain ! Je ne sais vraiment pas par où commencer !

- Commence par te calmer déjà. lui ai-je calmement conseillé. Organise tes idées et tes phrases dans ta tête et dis-moi.

Arden me regarde furtivement puis détourne la tête aussitôt. Son pied droit se met à sautiller et par effet d'enchaînement, toute sa jambe suit le mouvement.

Il est vraiment mais vraiment nerveux.....

- Arden. Est-ce que par hasard ça n'aurait pas un rapport avec.... Avec ce que nous a dit Jaden là-bas sur la falaise ?

Arden lève aussitôt les yeux vers moi, soudain intéressé.

- Avec une certaine fille dénommée « Stacy Raves », un agent de police portant le même nom et le Bronx ?

Arden cligne furtivement des paupières et lâche :

- Ouais ! Ouais, ça a un rapport avec ça.

Il se passe une main dans les cheveux et souffle.

- Alors. commence-t-il. Ce que.... Ce qu'a dit ce connard de fumier est.... Faux. Enfin, une partie.

- Comment ça ? Une partie est vraie et l'autre ne l'est pas ? Mais quelles « parties » ? Et puis comment a-t-il su tout ça ?

- Je n'en sais rien. me répond-il.

- Mais attends Arden s'il le sait, soit quelqu'un le lui a dit soit..... Vous vous connaissiez par le passé. ai-je achevé d'une toute petite voix.

Arden me regarde mais ne dit rien.

Me dîtes pas que c'est vrai !......

- Arden ? Me dis pas que.... Que tu le connaissais quand même ?!

- C'est..... C'est compliqué. Dans un sens oui et dans l'autre non.

- Comment ça ? Essaye d'être plus clair.

Il soupire et se gratte de nouveau l'arrière de la tête.

- Je me sens vraiment mal : toi tu es ouverte à moi, tu m'as raconté ton passé et moi..... Moi j'en suis incapable ! Et encore maintenant !

Il se passe une main sur le visage et se met à se ronger l'ongle de son pouce.

- Arden..... ai-je dit en caressant son avant-bras, geste qui se veut réconfortant.

Il me lance un regard en coin et déclare :

- Il avait raison. Sur plusieurs points. Hier sur la falaise je faisais comme si cela ne m'atteignait pas mais il avait raison, bordel !

- Raison sur quoi ?

Au début, il ne me dit rien puis il soupire et me dit d'une voix tremblotante, ce qui ne lui ressemble pas :

- Sur la fille. « Stacy Raves ». Je la connaissais. Et lui aussi.

- Jaden et toi.... Avez donc un passé en commun ? ai-je demandé doucement.

- En quelque sorte. m'avoue-t-il. Je ne l'ai jamais aimé. Déjà par le passé mais là..... Encore plus. Il y a des choses qu'il a dites qui sont vraies et d'autres non.

- Mais quoi ? Quelles parties sont « vraies » et lesquelles ne le sont pas ?

Il frotte ses paumes l'une contre l'autre alors que le tremblement excessif de sa jambe ne s'arrête pas.

- Arden ?

- Je..... J'suis désolé j'y arrive pas. Je n'y arrive pas ! Je me sens..... Je me sens vraiment comme le dernier des nazes ! Si.... J'en viens à te parler de « Jaden », je serais obligée de te raconter tout : tout mon passé ! Et.... Je ne suis pas encore prêt. Ce que j'ai fait par le passé, sur Terre, j'en suis pas fier : j'ai blessé des gens, j'étais vraiment le dernier des cons !

Il se prend la tête entre les mains :

- Il avait raison ce salaud : on peut faire comme si, mais on ne peut pas oublier son passé. D'une manière ou d'une autre, il nous rattrape. dit-il en relevant la tête. Je suis désolé Muzy : tu dois me prendre pour un vrai salaud mais je ne peux pas t'en parler. En tout cas, pas pour le moment.

Je hoche la tête en esquissant un faible sourire.

- Et je ne veux pas que tu croies que c'est de ta faute : non, c'est moi et uniquement moi. Et ne crois pas non plus parce que je ne te fais pas confiance c'est juste que....

- Tu n'es pas encore prêt à rouvrir les plaies du passé : je comprends Arden ne t'en fais pas. dis-je ne me rapprochant de lui. Je comprends tout à fait.

Arden me sourit, se penche et m'embrasse sur la joue.

- Merci, me dit-il, t'es la meilleure.

Je lui souris et lui prends la main.

- J'attendrai le temps qu'il te faudra. Moi aussi, il y a.... Il y a des choses de mon passé dont je ne voudrais pas me souvenir, dont je ne voudrais pas à avoir à penser. Des choses horribles. Des blessures vives. Mais comme tu l'as dit, on peut faire comme si, mais elles seront toujours là parce qu'elles nous appartiennent et nous devons apprendre à vivre avec. Et d'un autre côté, ces souvenirs appartiennent au « passé » : elles sont derrière toi à présent ! On nous a donné la chance de revivre, pas pour oublier mais pour aller de l'avant ! Ce qui compte le plus maintenant, ce qui compte le plus à mes yeux, c'est la personne que tu es aujourd'hui, c'est la personne que j'ai en face de moi, la personne que j'apprends à connaître. Ce qui est le plus important c'est la personnalité que tu affiches ici et les actes que tu fais et que tu feras : c'est tout cela qui te définit. Ton passé aussi d'une certaine manière mais, lui ne donne qu'une indication sur la personne que tu étais avant pas sur la personne que tu es aujourd'hui et pour moi c'est ce qui compte le plus Arden.

L'intéressé se mord la lèvre, baisse la tête puis éclate de rire.

- Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ?

Et moi qui pensais avoir fait un joli discours !......

- Tout. T'as tout dit ! C'était..... Beau et ça avait l'air d'avoir été travaillé alors que non tu l'as sorti en moins de cinq secondes !

Je ris et Arden serre ma main dans la sienne.

- Merci, Muzy. Pour tout.

Je lui souris, juste heureuse.

- Arrête de faire cette tête ! m'avertit-il.

- Quoi ?! Qu'est-ce que j'ai fait encore ?

- Tu me donnes envie de te croquer, de te manger..... T'es juste trop craquante quand tu fais cette tête. Même si tu ressembles à une tomate.

- Comment ?! me suis-je offusqué.

Arden rigole puis redevient très vite sérieux.

- Même si je ne te dis pas tout tout de suite, je veux au moins que tu saches cela : l'autre connard avait pas tort quand il disait que...... Mon vrai prénom n'était pas.....

- Me voilà ! s'écrie une voix.

Arden et moi nous retournons en même temps. Donna vient vers nous, les bras chargés de victuailles : des tasses et des paniers remplis de pain frais, de chocolat, de confiture, du beurre et quelques fruits.

- Waouh ! Tout ça ?! lui ai-je demandé quand elle pose les paniers sur le bureau.

- Hé ! Dois-je vous rappeler que le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée ?

Elle pose également les deux tasses sur la table.

- Désolée d'avoir autant tardé : j'ai d'abord été salué les deux Anges et Démons qui s'occupent de garder la chambre de l'autre imbécile. Ce qu'ils font est super sympa alors ne leur ai proposé un petit café avec quelques tartines, évidemment ils ont d'abord refusé mais j'ai insisté et ils ont finalement accepté alors j'ai dû leur préparer tout cela et voilà la raison de mon retard ! Mais vous ? Ça va ? J'ai interrompu votre conversation ? C'était quelque chose d'important ?

- Pas du tout ! s'empresse de répondre Arden en se levant et en se frottant les mais devant une telle abondance de nourriture. On se met à table ?

- Je n'ai pas apporté tout ceci pour rien quand même ! s'exclame Donna.

Nous dressons une nappe et plaçons toute la nourriture dessus : une carafe d'eau chaude, du lait en poudre, du lait en brique, du pain frais, du sucre, du chocolat en poudre, des carrés de chocolat que Donna a cassés et disposés dans un petit bol, des sachets de thé, du miel, de la confiture, du beurre et des fruits.

- Ça fait beaucoup. ai-je constaté.

- On ne va pas s'en plaindre ! s'exclame Arden en prenant une tasse et en se mettant à choisir entre confiture et beurre.

Je lève les yeux au ciel et m'installe moi aussi. Le petit-déjeuner se déroule dans une ambiance..... « Conviviale » je dirais : les discussions vont bon train et nous rigolons tous les trois. Donna a même mis de la musique sur son téléphone et je me suis surprise à bouger la tête au rythme de la musique ce qui les a tous les deux bien amusé. Pendant près d'une heure, Arden et moi, avons complètement "oublié" la Cérémonie du Jugement : même si, « oublié » n'est pas tellement le mot approprié ici, parce que la Cérémonie a toujours été dans un coin de notre tête mais c'est, tout de même, un peu l'impression que j'ai eu. Nous nous sommes resservis un nombre incalculable de fois et je ne compte plus les fois où Donna a été obligée de faire des allers-retours entre sa cuisine et le bureau.

- Alors comme ça, vous avez passé la nuit sur le balcon ?

- C'est ça ! répond Arden en enfournant dans sa bouche une tartine généreusement beurrée.

- Vous avez fait quoi ? demande une nouvelle fois Donna en buvant dans sa tasse de thé fumante.

Arden hausse les épaules.

- On a parlé, rigolé, on s'est embrassé, pas mal de fois d'ailleurs, dit-il en coulant un regard avisé dans ma direction, et on a fini par s'endormir dans les bras l'un de l'autre.

- Ah oui ? Et c'est tout ? demande-t-elle en reposant sa tasse sur un dessous de verre. Rien de plus ?

Arden esquisse un sourire en coin.

- Nous n'avons pas couché ensemble si c'est que tu sous-entends.

Donna plisse les yeux et éclate de rire alors que moi, je manque de peu de m'étrangler avec mon lait. Je me mets à tousser plusieurs fois alors que Donna et Arden me demandent si je vais bien, tous les deux complètement hilares.

- Non on s'est juste endormi. ai-je confirmé après m'être plusieurs fois raclée la gorge.

Arden passe une main sur mon dos et trace de petits cercles dessus.

- En fait, je voulais savoir si vous n'étiez pas retournés dans vos chambres durant la nuit mais savoir aussi cela, que rien ne s'est passé, ce n'est pas plus mal. déclare Donna.

- Pas encore. dit Arden tout bas, de manière à ce que je sois la seule à entendre.

Il me lance un regard et croque dans un carré de chocolat.

Ouhlà........

Il n'y aurait pas un ventilateur ici par hasard ? Parce que je sens mon visage cuire là !.......

Nous avons à peu près fini toute la nourriture qui avait été mise sur la table : la seule chose qu'il manque ce sont les fruits. Je me penche pour un prendre un et j'opte pour une banane. Alors que je m'apprête à l'éplucher pour la manger, je sens le regard d'Arden sur moi.

- Quoi ? lui ai-je demandé avec ma banane à la main.

Il ne dit rien : il se contente juste de me lancer un regard lubrique. Ses yeux effectuent des allers-retours entre moi et ma banane et il me fait les gros yeux. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre et je dis :

- Je crois que je vais finalement opter pour une pomme.

Je sens Arden sourire dans mon dos alors que, ma pomme à la main, je l'approche de ma bouche et croque dans le fruit rouge et appétissant à souhait. Je laisse aussitôt la saveur du fruit envahir mes papilles.

- Tu ne prends plus la banane ? me taquine-t-il.

- Non : les pommes sont plus sucrées.

- Les bananes aussi le sont. rétorque-t-il.

- Hum, pas toutes je ne crois pas non ! ai-je répondu du tac au tac.

J'entends Arden pouffer de rire et je vois Donna retirer ses lunettes et pousser un soupir.

- Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ? ai-je demandé.

- Je pense qu'on va mettre ça sur le terme des hormones. Hein, tu ne crois pas Arden ?

- Je crois aussi ! répond-il entre deux hoquets de rire.

Mes joues s'empourprent de gêne alors qu'ils continuent de rire de bon cœur.

- Tu es sûre que tu ne veux pas que l'on t'aide à débarrasser Donna ? ai-je demandé à l'intéressée dix minutes plus tard.

L'infirmière secoue la tête.

- Ne t'en fais pas : vous, vous devez retourner dans vos dortoirs. Vous devez y rester jusqu'à quinze heures. Vous êtes peut-être convalescents mais ça ne vous empêche pas de retirer des draps et de faire une valise !

- Merde ! C'est vrai qu'il y a tout ça à faire ! grommelle Arden.

Donna et moi haussons les épaules en souriant alors qu'elle reprend :

- En plus, vous étiez tous censés manger à la cantine avec tous les autres jeunes à huit heures mais nous avons fait une petite entorse au protocole compte tenu de la situation.

- On ne pourrait pas en faire une autre ? Pour m'empêcher de faire le ménage dans ma chambre ? supplie Arden.

- Tiens donc ! Et pourquoi ça ?

- Ça marche si je te dis que j'ai la flemme ? hasarde Arden.

- Eh bah voyons ! s'exclame Donna alors que j'éclate de rire.

- De toute façon les murs sont défoncés. ajoute Arden.

- Comment ça ? demande Donna.

- Disons que j'aime bien passer ma colère sur les meubles de ma chambre. Et.... Que les murs n'y font pas abstraction.

Je ris alors que Donna arrondit ses yeux de stupeur.

- Vous êtes vraiment spéciaux tous les deux ! Mais alors très spéciaux !

- Hé ! Ne me mets pas dans le même panier que lui ! me suis-je exclamée.

- Ah si ! Nous sommes liés l'un à l'autre ma Rose aux Mille Piquants : à la vie à la mort. dit Arden en passant ses bras autour de ma taille.

Je lève la tête et lui souris.

- Allez ! Les tourtereaux ! Dans vos dortoirs ! s'exclame Donna en nous poussant vers la sortie.

Avant que nous nous soyons totalement engagés dans le dortoir, Donna nous dit :

- Bonne chance pour tout à l'heure ! Je suis sûre que tout va bien se passer.

Arden et moi nous regardons : n'est-ce que ce nous souhaitons tous au fond ? Que la Balance du Jugement nous laisse une petite chance et que son jugement nous rende heureux ?
Nous lui disons au revoir et nous engageons tous les deux dans le dortoir, main dans la main.

***

Ça, dans la valise ! Et ça aussi, ça aussi, ça aussi.....

Je suis en ce moment même dans ma chambre, en train de finaliser ma valise.

- Cette robe aussi, ce pantalon aussi, cette chemise..... Est-ce que j'ai une chance de la porter ce soir ? Mouais..... Allez je la laisse.

Je lance ladite chemise, bleue à rayures blanches sur mon lit, désormais dénudé de ses draps. Je ne garde que les vêtements que je porte là en ce moment et ceux que je compte mettre après la Cérémonie.

Je n'arrive pas à croire que c'est fini.......

Cela va faire un peu plus de deux mois que je suis arrivée ici et pourtant c'est comme si j'y étais née ! Que d'aventures et d'émotions ! Des personnes incroyables et inoubliables que j'ai rencontrées ici ! J'ai appris l'existence de la magie et j'apprends maintenant à m'en servir ! J'apprends petit à petit à me connaître de nouveau, la Muzelina MacGregor de Destiny High et non celle de mon passé, à New York.
Quelques minutes après avoir quitté l'infirmerie, Arden et moi avons marché jusqu'à nos dortoirs. Agissant en gentleman, il m'a d'abord raccompagnée au mien, jusque devant la porte de ma chambre. Bien sûr, aucun de nous deux n'a voulu quitter l'autre et la situation est rapidement devenue cocasse. Entre deux-trois baisers, nous avons tous les deux convenus que nous ferions mieux de rester dans nos dortoirs respectifs, sans nous voir jusqu'à la Cérémonie de tout à l'heure. Au moins pour nous reposer convenablement et pour laisser toute l'excitation qui s'était installée en nous retomber un peu. Et cela ne fait même pas deux heures que nous nous sommes quittés, que déjà il me manque atrocement. C'est gamin, niais, romantique...... Vous pouvez bien dire ce que vous voulez mais en tout cas, c'est ce que moi je ressens.

Brrr.... Brrrr....

Je prends mon téléphone qui vibre et que j'avais rangé dans la poche arrière de mon jean noir je lis ce qui est affiché sur l'écran et souris parce que c'est un message d'Arden. Ok, nous avions bien dit que nous ne devons pas nous voir mais s'envoyer des messages n'est pas interdit et pour cause, c'est lui qui a commencé le premier avec « tu me manques » seulement cinq minutes après qu'il soit parti pour son dortoir. Et moi qui avais souhaité me contrôler, c'est complètement raté. Je lui avais d'abord répondu avec des smileys hilares puis je lui avais dit que nous étions censés "être éloignés l'un de l'autre". Ce à quoi il a tout de suite répondu « éloignés certes mais s'envoyer des messages ça ne compte pas : c'est seulement l'éloignement physique qui compte. ». J'ai éclaté de rire dans le silence de ma chambre et je lui avais répondu la même chose : lui aussi me manque.
Et cela fait maintenant deux bonnes heures que nous nous envoyons des messages.
Il ne se lasse pas et moi non plus.
Après être rentrée dans ma chambre, j'avais décidé de finir ma valise puisque je l'avais déjà commencée. J'en avais aussi profité pour prendre une bonne douche chaude. J'en mourrais d'envie depuis que je m'étais réveillée dans le lit de l'infirmerie.
Une bonne douche chaude pour me laver et me ressourcer.
Une bonne douche chaude pour éponger toute la crasse et toute la peur que j'ai ressenties ces deux derniers jours.
Une bonne douche chaude pour essuyer la présence de Jaden sur ma peau.
Une bonne douche chaude, comme nouveau départ.
Trente minutes plus tard, j'étais revenue dans ma chambre, fraîchement propre et je m'étais habillée en quatrième vitesse : j'avais enfilé un débardeur beige- rosée et un pantalon noir effilée un peu partout. J'avais tressé mes cheveux en deux nattes collés et je m'étais remise au travail. Une fois que tous mes vêtements, mes paires de chaussures et tous mes produits high-tech y compris mon ordinateur que j'ai, au préalable, rangé dans sa pochette, sont rangés dans ma valise, je m'attaque à ma bibliothèque. Je la vide de tous ses livres et en profite pour en rendre certains à la bibliothèque puisqu'il y en a que j'avais empruntés là-bas. Dix minutes plus tard, quand je rentre de nouveau dans ma chambre, je suis..... Comment dire ? Un peu « déstabilisée » : sans livres dans la bibliothèque, sans vêtements éparpillés un peu partout, sans affaires de cours traînant un peu partout ma chambre semble vide ! Complètement ! Je marche jusque vers mon lit et me jette dessus.

C'est vraiment fini........

Mes yeux se baladent dans tout l'espace de cette chambre que j'ai occupée pendant un peu plus de deux mois. Cette chambre y a vu mes rires, mes larmes, mes crises de colère aussi. Mes yeux s'arrêtent sur le lit d'en face, dénudé de ses draps lui aussi. Je me redresse et m'assois en position tailleur sur mon lit.

Le lit d'Arina.......

Nous ne nous sommes pas revues depuis l'incident avec mon collier, quand j'avais utilisée la magie sur elle.

Et ce n'est pas plus mal d'ailleurs !......

Même si nous avons partagé de bons moments toutes les deux, ce n'est plus une personne avec qui je me permettrais de traîner avec : elle m'a déçue, blessée et ça ne m'étonnerait même pas de savoir qu'elle s'est bien amusée à me casser du sucre sur mon dos. La partie de la chambre qu'elle avait occupée est maintenant vide elle aussi : je suis quand même soulagée de voir qu'elle est venue prendre toutes ses affaires à un moment où je n'ai pas été présente également : ça aurait été gênant sinon.
Je soupire et pose de nouveau ma tête sur mon matelas.

J'aurais quand même aimé que l'on s'entende toutes les deux : elle a été sympa avec moi et puis jusqu'à quinze heures aujourd'hui, elle reste ma tutrice......

Je tourne la tête vers la fenêtre et regarde le paysage qui s'offre à moi : le ciel bleu sans nuages et le soleil, haut dans le ciel qui rayonne de mille feux.

Mais si elle ne veut pas faire le premier pas, je ne le ferais pas, non plus : comme quoi dans la vie, il faut savoir aussi lâcher prise......

Il existe certaines personnes qui ne sont là que pour profiter des autres et qui retournent leur vestes et vous délaissent quand elles n'ont plus besoin de vous : ce genre de personnes ne méritent même pas qu'on se batte pour elles.

Tout comme Arina....

Je remonte mes genoux vers ma poitrine et passe une main sous ma tête. Fatiguée par ce début de journée intense, mon corps profite de ce moment de calme pour me faire comprendre que j'ai besoin de repos : je bâille à m'en décrocher la mâchoire, mes paupières tombent d'elles-mêmes devant mes yeux et je m'endors sur mon matelas, seule dans le silence de ma chambre.

***

Une prairie.
Le vent souffle doucement.
Le ciel est bleu et un grand et rayonnant soleil réchauffe ma douce petite peau.
Je suis allongée dans l'herbe.
Des marguerites près de moi s'agitent au gré du vent.
Je porte une robe blanche fleurie. J'ai l'air tellement paisible comme ça. J'ai les paupières closes. Le doux parfum des fleurs me chatouillent le nez.
Soudain j'ouvre brusquement les yeux.
Le ciel s'est subitement chargé de nuages. Les rayons du soleil ne me réchauffent plus : ils ne me parviennent plus puisqu'il a disparu. Le vent lui aussi a changé : de brise il est passé à ouragan.
Je me relève et regarde derrière moi. De gros nuages noirs amoncellent le ciel.
Une espèce de gros nuage noir s'approche de moi. Il semble vouloir tout engloutir sur son passage. Derrière lui, il ne laisse que tristesse, sécheresse et désolation.
Je me mets à courir.
Je cours pour échapper à cet immense nuage noir qui s'approche dangereusement de moi.
Je cours.
Je cours.
Je cours et......
Je cours et voit devant moi une silhouette. Cette silhouette semble se découper dans la pénombre. Comme si elle était éclairée d'un halo intérieur. Je n'arrive pas à l'identifier mais je sais que c'est un homme.
Tant mieux : il pourra m'aider.
Je décide de courir vers lui : en même temps, ça va être facile, il en plein dans ma ligne de mire !
Je continue de courir mais je sens que le nuage derrière moi gagne du terrain.
Soudain, le nuage se déforme et des loups cotonneux noirs en sortent. Ils ont beau être « en nuage » ils n'en restent pas moins féroces avec leurs yeux rouges qui lancent des éclairs.
J'écarquille les yeux de peur et pousse un peu plus sur mes jambes pour courir.
Je donne tout ce que je peux mais les loups sont plus rapides. Il y en même un qui fait claquer sa lourde mâchoire près de mon mollet. Je sursaute de peur.

« J'y suis presque ! » ai-je pensé.

La silhouette se rapproche de plus en plus. Je ne sais pas pourquoi mais je sais, je sens que dès que je me serai approché de « lui », je serai sauvée.
J'ignore pourquoi mais j'en ai l'intime conviction.
Alors que je continue de courir, je sens que je suis accroché par-derrière.
J'ai tout juste le temps de me voir tomber parterre que......
J'atterris sur le sol mais, ce sol-là est.... Couvert de neige ?!
Je me relève et regarde partout autour de moi : la prairie a disparu, il n'y a plus de fleurs et les loups ont disparu !
Je décide de marcher devant moi et de parcourir ce nouveau paysage. Je pose mon pied nu sur le sol neigeux qui s'enfonce à chacun de mes pas. De légers flocons de neige tombent du ciel et à chaque respiration, mon souffle se transforme en un petit nuage de fumée. Un vent polaire me fouette le visage et je frisonne : paysage neigeux et un vent polaire on adore !
Je continue de marcher et d'observer le paysage qui m'entoure. C'est un plateau qui s'étend à perte de vue, vallonné de quelques petites collines ça et là. Il n'y a de végétation nulle part ce qui est assez étonnant. La froideur de la neige sous mes pieds me fait claquer des dents et rapidement, j'en viens à ne plus sentir ni mes doigts et mes orteils, ni mes oreilles et mon nez.

« Je vais geler sur place ! » me suis-je affolée. « Il faut que je m'en aille d'ici et vite ! »

En puisant dans les forces qui me restent je me mets à accélérer le pas pour tenter de trouver un abri ou quelque chose de ce genre-là.

« Même un arbre fera l'affaire ! » me suis-je dit.

Je continue de marcher même si mon corps et tous mes membres me disent tout le contraire.

« Si je m'arrête, c'est la mort assurée ! Il faut que je bouge, pas que je reste inactive ! Allez, allez ! »

Je me répète ce mantra plusieurs fois dans ma tête pour me donner du courage mais force est de constater qu'à chaque nouveau pas que je fais dans la neige, c'est une terminaison nerveuse que je perds de plus, gelée par le froid. J'approche mes doigts de ma bouche et souffle dessus pour essayer de chasser l'impression de froid que j'ai mais bien évidemment, ça ne fonctionne pas. Je continue de marcher mais mon rythme effrénée a laissé la place à une lenteur sans précédent : c'est tout juste si j'arrive à faire un pas devant moi ! Je ne sais pas combien de kilomètres est-ce que j'ai parcouru, je ne sais pas depuis combien de temps est-ce que je marche, seule dans ce paysage glacée et désolée. Lentement, je tourne la tête derrière moi dans l'espoir d'apercevoir quelque chose que j'aurai peut-être manqué mais je ne vois rien ! Rien du tout ! Même mes pas dans la neige ont disparu !

« Si ça se trouve je marche en rond depuis le début ! »

Cette hypothèse a raison de ma motivation : je tombe à genoux, sur le sol neigeux et je m'écroule aussitôt après. Je me recroqueville sur moi-même, mes genoux à hauteur de ma poitrine, dans l'espoir de conserver le peu de chaleur que mon corps produit encore.

« Alors je vais mourir comme ça : de froid et de détresse ! »

Je tremble de partout et ma respiration est saccadée à cause de mes dents qui ne cessent de claquer les unes contre les autres. Mes doigts et mes orteils sont devenus bleus de froid et je ne les sens tellement plus que je pourrai tout aussi bien les casser sans ressentir la moindre douleur.

« Je vais mourir. Je vais mourir ! »

Je lève alors la tête et c'est là que je vois, juste devant moi, une fleur. Une toute petite fleur de dix centimètres à peine. Ses pétales sont blancs et cette fleur respire de vitalité.

« Mais comment une pareille fleur a-t-elle fait pour pousser ici ? Dans de telles conditions ? »

Je ne sais l'envie qui me pousse à me rapprocher de la plante, mais avec les toutes dernières forces qui me restent, je rampe vers elle, et du bout des doigts, j'agrippe fermement la tige de la fleur. Je sais que ça peut paraître fou ou incongru mais.... Si seulement, si seulement je pouvais prendre une partie de la « vitalité » de cette fleur pour me permettre d'avancer !
C'est fou et c'est complètement impossible malheureusement.
Abandonnée de tous dans ce froid glacial, je me laisse aller à la rêverie et je ferme les yeux. J'ai beau savoir que si je les ferme, je ne me réveillerai plus, mais je n'ai plus aucune force, plus aucune volonté, plus aucun courage, plus rien du tout : je suis vide et glacée de l'intérieur comme de l'extérieur.
Tout à coup, alors que je me sens peu à peu « partir », une sensation m'interpelle et m'éveille.
« Mais qu'est-ce que... ? ».......

Toc ! Toc !

Je bouge lentement la tête et la tourne vers la porte. Je me frotte les paupières et émerge du monde des rêves.

Encore ce rêve bizarre !......

Ce n'est pas la première fois que je le fais et à chaque fois, ce rêve a l'air de se découper en « épisodes ».

Toc ! Toc ! Toc !

Ce bruit sourd qui m'a réveillée se répète une nouvelle fois.

- Oui j'arrive ! me suis-je exclamée en descendant de mon matelas et en me dirigeant vers la porte.

Arrivée devant, je pose ma main sur la poignée et ouvre la porte.

- Cherry ?! Mia ?! Antonio, Chris et Xander ?! Mais ! Qu'est-ce que vous faîtes là ?!

Mes amis se regardent tous, ne sachant lequel d'entre eux doit prendre la parole pour me donner une réponse.

- On peut rentrer ? demande tout d'abord Mia.

- Oui, oui ! Allez-y ! ai-je dit en m'écartant pour leur laisser le passage.

Ils entrent tous et je referme la porte juste après. Mia et Cherry s'assoient sur mon lit, Chris, sur celui d'Arina, Antonio s'appuie contre le mur alors que Xander décide lui, de s'asseoir par terre.

- Alors ? ai-je demandé. Qu'est-ce qui vous amène ?

Personne ne répond. Nous nous échangeons tous des regards, des sourires gênés. Il faut dire que depuis l'épisode de la Soirée des Anges et des Démons, la seule personne qui avait bien daigné me parler avait été Antonio.

- Déjà, je voulais vous dire que je suis désolée. Je suis désolée du comportement que j'ai pu avoir avec vous : j'ai été dégueulasse avec vous et je vous ai sans doute blessés et je m'en veux vraiment ! Mais je tenais aussi à vous dire que je suis super contente que vous soyez là ! Et aussi.....

- On sait tout. lâche Cherry soudainement.

Je m'interromps aussitôt et la regarde en plissant les paupières.

- Comment ça ? De quoi tu parles ?

Elle soupire, se lève et se poste juste devant moi.

- On sait tout Muza. Ce que Jaden t'a fait, ce qu'Arden a fait pour toi, ce que tu as fait pour lui...... On sait tout !

Complètement sous le choc, ma bouche forme un parfait « O » de surprise.

- On sait aussi pour Drago. Arina, toi, Arden, Antonio et l'arrestation. ajoute Mia en venant elle aussi vers moi. On sait tout.

- Qui..... Qui vous a dit ?

Mia, Cherry et Xander qui lui est assis juste devant nous, tournent la tête vers Antonio. Ce dernier me fait un sourire triste et hoche la tête.

- C'est moi. En tout cas, la partie qui concernait Drago. Celle qui concernait Jaden, c'est Arden.

Arden ?!.......

Mais pourquoi a-t-il fait ça ? Je ne lui en veux pas mais j'aimerais comprendre.

- J'étais dans ma chambre, commence Antonio alors que j'ai rejoint Mia et Cherry sur le matelas, et j'ai entendu frapper à ma porte. J'ai ouvert et c'était Arden. J'étais surpris parce que je ne l'avais pas vu depuis un jour !

Il se passe une main dans les cheveux et poursuit :

- Il m'a demandé de tous les appeler, dit-il en indiquant Cherry, Xander, Chris et Mia du doigt, et de tous nous réunir dans ma chambre parce qu'il avait quelque chose d'important à nous dire.

- Et il nous as tout dit. poursuit Cherry. Tout ce qui vous est arrivé à vous deux et ce que ce..... Salopard a tenté de te faire.

- Et c'est lui qui vous a dit de venir me voir ? ai-je demandé.

- Non, nous sommes venus de nous-mêmes. me dit Mia en posant une main amicale sur mon bras.

- En fait, il nous a « conseillé » de le faire. ajoute Chris.

- « Muzy est du genre à tout intérioriser, à tout garder pour elle. Elle n'admettra jamais que vous lui manquez mais moi je le sais alors allez la voir et parlez vous. Vous êtes ses amis après tout. » Ce sont ses propres mots. déclare Xander. Mais bon ! De base, nous avions déjà prévu de venir te voir vu le nombre de fois où Cherry nous rabâchait les oreilles avec son « il faut qu'on aille parler à Muza ! Il faut qu'on aille parler à Muza ! »

Xander se met à imiter la voix de Cherry lorsqu'elle est en colère et nous éclatons de rire. Même l'intéressée sourit devant ce spectacle comique.

- Et pour Drago, poursuit Antonio, je leur ai tout dit après qu'Arden soit parti. Je leur devais au moins ça Muza.

Je secoue la tête.

- Je n'en veux ni à toi ni à Arden. Je suis juste..... Surprise en fait !

Je les regarde tous, tour à tour.

- Vous ne m'en voulez pas ? leur ai-je demandé.

- Quoi ?! s'écrie Cherry. Bien sûr que non ! Maintenant qu'on sait tout pourquoi est-ce que l'on t'en voudrait ?

- Nous aussi, nous sommes coupables d'une certaine manière parce que nous ne sommes pas venus te voir alors qu'on aurait dû le faire. s'excuse Mia.

- Moi très sincèrement, je m'en fichais pas mal : tu embrasses qui bon te semble ! s'exclame Xander.

Tous les regards se dirigent vers lui et réagissant au quart de tour, Cherry prend l'oreiller se trouvant à côté d'elle et le lance droit sur Xander.

- Réfléchis avant de l'ouvrir Boucle d'Or ! s'exclame-t-elle.

Xander rit et tout le monde le suit.

- Comment tu te sens ? m'a demandé Mia juste après.

- Mieux. Je ressens quelques piques de douleurs quand je me penche par exemple mais sinon ça va.

Elle hoche la tête alors que Cherry me serre dans ses bras.

- Plus jamais, me dit-elle, plus jamais tu te permettras de ne pas me mettre dans la confidence ! Même si c'est pour me protéger ! T'es une super amie Muza et c'est trop dur de rester fâché contre toi.

Je lui souris et lui rends son étreinte.

- Promis plus de secrets entre nous !

Elle retire ses bras de ma personne et je regarde mes amis en tendant le poing devant moi.

- Alors ? On est cool ?

Ils sourient et reproduisent mon geste. Ensuite, Cherry se jette sur moi, puis Mia et bientôt mon lit se transforme en un méli-mélo de jambes, de bras et de visages mais c'est drôle et nous rions tous et bon sang ce que ça fait du bien !
Les heures passent et tout à coup, alors que nous discutons tous ensemble dans la joie et la bonne humeur, un bruit étrange se fait entendre. Nous nous taisons tous et tendons l'oreille.

- Ça..... Ça ressemble à un crépitement ? se hasarde à dire Xander.

- Chhhuuut ! lui intime Cherry. On n'entendra plus rien à cause de toi !

Le drôle de bruit se répète et maintenant que Xander le dit, c'est vrai que cela ressemble à un crépitement.

Comme celui qu'on entend quand on actionne un haut-parleur...... ai-je pensé.

Le bruit recommence et il se fait entendre de manière plus nette à présent : nous reconnaissons, une voix.

C'est celle du Professeure Arkisansas !.......

« À tous les élèves de l'annexe, l'heure de votre jugement a sonné : rendez-vous dans le jardin, devant le portail de l'École. Je vous y attendrai, accompagnée de Mme. Dubuisson. À tout de suite ».

- Quoi ?! Il est déjà quinze heures ?! s'étonne Cherry.

Chris consulte sa montre et ajoute :

- Quasiment : il est cinquante-sept.

- Mais comment a-t-elle fait pour nous parler d'une manière aussi distincte ? demande Xander. Il n'y pas de hauts-parleurs dans les dortoirs !

- Elle a utilisée la magie. ai-je affirmée en me levant et en prenant ma valise. On y va ?

Nous nous regardons les uns les autres : nous savons tous que c'est un moment que nous avons tous attendus et que nous appréhendons plus que tout.

- Ouais. fait Antonio en hochant gravement la tête. On y va !

Après avoir tous récupéré leurs affaires qu'ils avaient laissé devant ma porte, et après l'avoir, pour une dernière fois, fermé à clé, nous nous dirigeons tous les six vers le jardin où un important groupe de personnes s'est déjà formé. Nous nous mêlons à l'attroupement laissons peu à peu l'excitation s'emparer de nous.

- Jeunes gens ! Jeunes gens ! Un peu de calme je vous prie ! Le Professeure Arkisansas souhaite s'adresser à vous ! 

Le silence gagne peu à peu le groupe de jeunes et nous entendons la voix claire du Professeur nous dire :

- Je suis heureuse de tous vous revoir ! Aujourd'hui, comme vous le savez est un jour très important pour vous : c'est le jour de Votre Jugement ! Je vous attends tous dans la Deliberatiæ Thalabos. À tout de suite !

Elle fait quelques pas en arrière et entre dans le hall de l'École de Destiny High. Les deux battants qui s'étaient ouverts pour elle, se referment aussitôt et l'Ange et le Démon chargés de la surveillance reprennent leur position.

- Bien ! Que tout le monde me suive ! s'exclame Mme. Dubuisson. Allez !

Nous contournons l'immense bâtiment et la suivons jusque vers une petite entrée. Elle sort une clé de sa poche et l'entre dans la serrure. La porte s'ouvre et elle nous laisse tous rentrer, les uns après les autres. Entrée la dernière, Mme. Dubuisson se dirige vers le mur et appuie sur un interrupteur ce qui actionne les néons du plafond. La pièce dans laquelle nous nous trouvons est assez petite : c'est tout juste s'il y assez de places pour tout le monde ! Rapidement, les discussions vont bon train et comme il y a beaucoup de personnes qui parlent en même temps, les gens se mettent à parler plus fort pour se faire entendre et ainsi de suite.....
La pièce ressemble maintenant à un immense poulailler où s'égosillent les gens.

C'est une véritable cacophonie !.....

- Jeunes gens ! Jeunes gens ! Un peu de calme s'il vous plaît ! s'écrie Mme. Dubuisson, mais bien évidemment, personne ne l'entend.

Je la vois alors sortir un petit objet de sa poche et je reconnais une corne de brume. Elle l'actionne et le bruit provoqué arrête toutes discussions.

- Bien ! fait-elle en le remettant à sa place. Cette pièce sera l'endroit où sera gardés vos affaires et bagages. Laissez-les tous ici, nous viendrons les récupérer plus tard.

Nous obéissons à ses directives et une fois que tous nos bagages sont tous sagement posés contre les murs, nous sortons et suivons Mme. Dubuissons qui nous conduit cette fois-ci vers une entrée encastrée dans un mur.

- C'est par là qu'on est sorti quand nous nous sommes réveillés. ai-je chuchoté.

- Ah oui ? T'es sûre ? me demande Cherry qui m'a entendue.

Je hoche la tête.

- Je la reconnais.

- Suivez-moi et faîtes bien attention à l'endroit où vous posez les pieds : certaines marches sont assez raides. nous avertit notre accompagnatrice.

Nous entrons les uns à la suite des autres et descendons les marches. C'est un peu ardu parce c'est de la pierre et cet escalier semble ne pas avoir été rénové depuis un bon moment et puis il fait un peu sombre aussi.Une fois que la dernière personne a descendu la dernière marche, nous nous regroupons tous autour de Mme. Dubuisson qui se tourne vers nous, tout sourire :

- La Deliberatiæ Thalabos se trouve juste au bout de ce couloir.

Elle se retourne et indique du doigt, un lieu dont l'accès est clos par deux immenses battants.

- C'est là-dedans que se trouve la Balance du Jugement qui jugera la pureté de votre cœur.

- Oh putain.... lâche quelqu'un.

L'excitation et l'appréhension gagne tout le groupe et les discussions reprennent de plus belle. Mme. Dubuisson est une nouvelle fois obligée de réclamer le calme.

- Du calme, du calme ! Je comprends votre excitation mais nous nous devons de respecter le protocole.

Elle s'avance et comme, une portée de petits canetons qui suivraient leur maman canne, nous lui emboîtons le pas. Elle s'arrête devant deux portes. Il y a marqué dessus : V-G sur l'une et V-F sur l'autre.

- Les vestiaires garçons et filles ! Les mêmes que....

- Qu'il y a deux mois ! achève Cherry. Moi aussi je les reconnais ! T'avais raison Muza !

Visiblement, nous ne sommes pas les seules à l'avoir remarqué puisque j'intercepte des bouts de conversation qui rejoignent exactement ce que nous venons de nous dire Cherry et moi.

- Mais pourquoi vous nous conduisez dans les vestiaires ? demande un garçon aux traits asiatiques.

- En accord avec le protocole, il est demandé aux aspirants Anges et Démons d'apparaître dans leur tenue d'Adam et d'Ève lors de la Cérémonie.

- En clair, on va devoir apparaître.... complètement nu ?! s'insurge une fille brune. Lors d'une Cérémonie ?!

Mme. Dubuisson secoue la tête.

- Pas complètement non. Dans les vestiaires, il y a une caisse remplie de vêtements en lymphatium qui est une matière magique fabriquée ici, sur l'île de Destiny. Cette matière a pour but d'"effacer" toute forme de matière avec qui elle entrera en contact. Et accessoirement, elle tient chaud aussi. Alors oui, vous serez tous dénudés mais par souci de bienséance, vous serez tous couverts de ce vêtement. Pour les filles, cela aura la forme d'un paréo et pour les garçons, d'un pagne que vous attacherez autour de la taille.

- Ah ! On sera tous exactement vêtus de la même manière. intervient un jeune homme.

- Exactement ! répond Mme. Dubuisson.

- Mais pourquoi ? demande Cherry. Si ce vêtement lympha-machin truc « efface » toute matière pourquoi nous ne le portons pas directement sur nos vêtements ?

- Lymphatium. corrige Mme. Dubuisson. Eh bien, premièrement parce que fabriquer cette matière demande beaucoup de temps et d'énergie : aussi nous n'en fabriquons qu'en petite quantité. Et deuxièmement, c'est que le lymphatium ne peut effacer qu'une matière à la fois. En l'occurrence là, ce que nous voulons qu'elle efface, c'est votre peau et non pas la matière de vos vêtements.

- Effacer notre peau ?! s'écrie Xander. Vous n'êtes pas sérieuse quand vous dîtes ça, si ?

Mme. Dubuisson lève les yeux au ciel.

- « Effacer », quand je dis ça, c'est une image bien sûr. Elle ne l'« efface » pas de manière visible mais plutôt, elle « effacera » votre sensation d'avoir une peau en fait. Vous voyez ce que je veux dire ?

Nous hochons tous plus ou moins la tête.

- Ce qui importe le plus la Balance, c'est le poids de votre cœur, de votre âme et pas le poids de votre enveloppe charnelle. Même si, elle possède un système de tarage automatique, mieux vaut maximiser les chances en "annulant" votre enveloppe charnelle. Le fait d'utiliser le vêtement en lymphatium permet aussi de faire gagner du temps.

- Du coup le poids du vêtement ne sera pas pris en compte par la Balance ? demande une autre fille.

- Non. Nous nous sommes bien entendus occupés de ce paramètre lors de sa conception : sa composition magique ne lui donne aucune masse : une fois que vous l'aurez revêtu, vous aurez réellement l'impression de ne rien porter sur vous. Allez ! Assez perdu de temps ! Changez-vous. Je vous laisse sept minutes et pas une de plus : nous sommes déjà assez en retard comme ça sur le planning. dit-elle en consultant le cadran de sa montre.

Nous, les filles entrons dans le vestiaire prévues pour nous et les garçons font de même. Nous nous changeons toutes en quatrième vitesse.
Qu'est-ce qui nous pousse à nous changer aussi rapidement ? Le timing imposé par Mme. Dubuisson ? L'excitation qui nous gagne toutes petit à petit ? Je ne sais pas trop.
J'enroule le vêtement dont nous a parlé Mme. Dubuisson autour de ma poitrine et c'est.... Comment dire ? Hyper léger ! C'est comme si je ne portais rien sur moi ! Pourtant, quand on le touche, le vêtement a une consistance plutôt épaisse qui me rappelle un peu celle que l'on voit sur les peignoirs. Une fois, que toutes les filles sont prêtes, je me dirige vers la porte du vestiaire et l'ouvre.

C'est comme une impression de déjà-vu........

Moi, enroulée dans une sorte de serviette fine, pieds nus et frissonnante, j'avais arpentée ce couloir, à la recherche de la raison de notre présence ici. Et j'avais rencontré Arden. Je l'avais même percuté et pris pour un poteau en plus ! En pensant à lui, je regarde de toutes parts, pour guetter sa présence, son visage, son regard. Je le vois enfin juste sur ma gauche. Lui aussi me regarde et me souris. Je lui rends son sourire et lui dis « je t'aime » sans ouvrir la bouche : juste avec les yeux.

C'est comme cela que nous nous sommes rencontrés tous les deux......

- Tout le monde est prêt ? Alors allons-y ! s'exclame Mme. Dubuisson.

Je prends une grande inspiration et suis le groupe.

Et c'est comme cela que tout doit s'achever !......

Le groupe de jeunes suit Mme. Dubuisson jusque devant la Chambre de Délibération, la Deliberatiæ Thalabos. Les deux immenses battants qui en permettent l'accès sont en fer forgé. Des inscriptions sont visibles dessus.

- Aquí paygar Destiny to yos. lit notre accompagnatrice. C'est du destinien. On peut le traduire par : « C'est ici que se jouera votre destin ». Inter tos doros, eurèsthène Destiny to yos. Reasto to folos Destiny dictat to yos id, actuaro im amsché id conciencia to yos. « Ceux qui passent ces battants trouveront leur destinée au bout de leur chemin. Vous devez être prêts à suivre la destinée qui vous a été choisie et à partir de là, à agir en connaissance de cause, en votre âme et conscience ».

Elle se tourne vers nous, l'air grave.

- Et vous ? Êtes-vous prêts ?

Nous n'hésitons pas une seule seconde, quand nous nous écrions tous, d'une seule et même voix :

- Oui !

Mme. Dubuisson agrippe alors les deux heurtoirs couleur or des deux battants et pousse dessus. Ils s'ouvrent et c'est tout d'abord la forte lumière de la salle qui nous aveugle. Une fois que l'effet d'éblouissement est passé, nous découvrons tous la Deliberatiæ Thalabos et nous pouvons contenir notre émerveillement.

Waouh !.......

La salle est immense : sur les deux côtés des murs gauches et droits, sont installés des gradins dans lesquels sont déjà installées plusieurs personnes.

- Les Anges et les Démons.......ai-je soufflé d'admiration.

Ces premiers sont installés sur les gradins des murs droits et les Démons, ceux des murs gauches. La salle est immense en hauteur et en largeur : la lumière provient de lourds chandeliers accrochés au plafond qui doit bien se trouver à plus de dix mètres du sol. Les gradins sont répartis en huit rangées de dix sièges. Dès notre arrivée, des chuchotements se font entendre des gradins justement. Je regarde le coin des Anges et celui des Démons : que doivent-ils bien se dire ? Parlent-ils sur nous ? Sont-ils en train d'émettre des suppositions pour savoir combien d'entre nous rejoindront leurs rangs ?
Je détourne le regard de ces Êtres Mirifiques et continue d'observer la pièce : au sol, est dessinée une immense boussole qui indique les points cardinaux : nord, est, sud et ouest. Si je me mets à faire une description de la salle à partir de la boussole, je dirais que nous sommes entrées du côté est. Le coin des Démons se trouverait donc lui aussi à l'est et celui des Anges, à son opposé, à l'ouest donc. Je tourne la tête et vois qu'au "sud" se trouve des gradins.

Cet emplacement doit être là pour nous......

Je lève la tête et remarque que des arabesques noires et blanches sont dessinées un peu partout sur les murs couleur crème. Il y a également des dessins qui me font penser aux drôles d'inscriptions qui apparaissent sur mes poignets quand je fais appel à mes pouvoirs.

C'est magnifique......

Je tourne de nouveau la tête et regarde au nord cette fois-ci. Une table nappée d'un drap rouge a été dressée et tous les dirigeants de Destiny High sont présents. Il y a même des professeurs que je ne connais pas encore. Juste devant, se tient le Professeure Arkiansas, éblouissante qu'elle est, dans sa longue robe à manches longues en mousseline bleue. Elle a recouvert ses épaules d'une petite écharpe blanche. Mes yeux la quittent et mon regard se porte plus loin qu'elle. Au fond de la salle, sur une petite estrade, est installée la Balance.
La Balance du Jugement ! La seule, l'unique !
Elle est composée d'une espèce de long tronc, d'un long poteau de couleur brune au milieu, et auquel sont rattachés deux espèces de longs bras que l'on appelle fléau. Au bout de chacun de ces fléaux sont attachés trois espèces de câbles de métal fins. Ils soutiennent tous trois une coupole, qui ressemble à une espèce de gros bol, couleur or, capable de contenir une bonne partie de notre promotion, de notre groupe de jeunes promis à un avenir chez les Anges ou chez les Démons.

C'est cette Balance qui nous jugera.....

Un nœud se forme au creux de mon estomac. Je suis complètement écrasée par toute cette grandeur, cette magnificence, par tout ce monde étrange et magique auquel j'appartiens désormais.

Je vais vraiment être jugée.....

Oui !
Aujourd'hui !
Dans seulement quelques minutes !
Alors que nous déambulons dans la pièce, complètement émerveillés, je vois, du coin de l'œil, le Professeure Arkisansas faire un signe à un Ange et à un Démon. Ces derniers hochent la tête, se lèvent et tout à coup, des ailes d'anges et de démons apparaissent dans leur dos.

Waouh......

Ils prennent leur envol dans la salle en tenant, tous deux à la main une trompette. Ils soufflent dedans quelques notes. Le silence règne alors dans la salle et l'Ange ainsi que le Démon regagnent leurs places respectives.

- Mesdames et Messieurs les dirigeants et professeurs, mes chers Anges et Démons, bienvenue à la deux millièmes Cérémonie du Jugement ! s'exclame le Professeur.

Tout à coup, des torches placées dans les coins des gradins et que je n'avais pas vues, s'embrasent d'elles-mêmes.

- Ils ont vraiment mis le paquet ! s'exclame Xander près de moi.

- Cela fait maintenant deux millénaires que cette Cérémonie existe. poursuit le Professeur. Nos prédécesseurs ont fait de leur mieux pour que nous autres, perpétuons la tradition. Destiny estes id esteras !

- Destiny estes id esteras ! répète toute l'assemblée d'une seule et même voix.

- « Destiny est et resteras ». Voilà ce que veulent dire ces paroles. nous apprend le Professeur en se tournant vers nous. Ces mots ont été prononcés il y a des millénaires par nos prédécesseurs et chaque année, nous les répétons en leur honneur. Destiny estes id esteras !

L'assemblée répète une nouvelle fois après le Professeur et tous se mettent ensuite à applaudir. Le Professeur lève les mains pour demander le calme.

- Merci. Merci. La plupart d'entre vous sont arrivés il y a de cela plus de deux mois tandis que d'autres sont là depuis bien plus longtemps. Le temps est passé et est maintenant écoulé : aujourd'hui l'échéance sera pour vous tous le même.

Elle pointe la Balance derrière elle.

- Votre Jugement.

Des applaudissements se font une nouvelle fois entendre et les flammes des torches se ravivent d'elles-mêmes.

- Ange ou Démon, la Protection ou la Tentation : telles seront les deux entités que vous devrez jurer de servir à l'issue de la décision de la Balance.

Le Professeur nous inspecte tous tour à tour. J'ai l'impression que ses yeux bleus transpercent notre personne pour essayer de lire en nous. Elle lève brusquement sa main et pointe un doigt vers nous :

- Le temps est venu !

Des applaudissements succèdent son discours et une nouvelle fois elle sourit en demandant le calme. Elle reprend ensuite la parole avec une voix nettement moins solennel que celle prise tout à l'heure :

- La Cérémonie va se dérouler comme suit : vous allez d'abord vous installer sur les gradins situés derrière vous, par classe et par ordre alphabétique. Vous serez ensuite appelés par vos noms et prénoms et vous serez escortés jusque vers l'estrade par M. Downs, assis là-bas.

L'intéressé lève la main et je me rappelle aussitôt de lui : le responsable des activités et de la sécurité de l'île.

- Pourquoi nous escorter ? demande un garçon.

- À cause du vêtement fait en lymphatium. lui répond-elle. Dans quelques instants maintenant, vous aurez l'impression d'être de véritables squelettes : vous vous sentirez tout fragiles, la sensation de posséder une « peau » vous sera complètement retiré. Marcher pour vous deviendra difficile : d'où l'escorte faite par M. Downs.

Je réprime un frisson : la description qu'elle nous fait est vraiment horrible !

- Ensuite, vous monterez l'estrade pour accéder à la Balance et vous, vous asseyerez dans l'une des coupoles. Dans l'autre sera placée une plume d'aile d'Ange qui servira de poids de référence. Si le poids de votre cœur, de vôtre âme est plus lourd que la plume, vous serez Démon et à l'inverse, si vous êtes plus léger, vous deviendrez Ange. Mais bon ! Certains d'entre vous doivent déjà avoir une idée de quoi ils deviendront : d'après leurs actes de ces derniers mois ou de la nature des potentiels pouvoirs qu'ils se sont découverts.....

- Et si Elle s'arrête pile au milieu ? ai-je lâché en l'interrompant.

Tous les regards se tournent vers moi.

- Comment ? me demande le Professeur.

Merci ma spontanéité !......

- La Balance, ai-je repris puisque j'étais lancée, que se passe-t-il si elle s'arrête pile au mileu ? Car, si j'ai bien compris : plus léger nous allons chez les Anges, plus lourds c'est chez les Démons mais que se passe-t-il si notre poids égale celui de la plume ?

L'espace d'un instant, d'un très court instant, il me semble voir le Professeur hésiter, mais elle semble se reprendre et déclare avec un grand sourire :

- C'est tout bonnement impossible.

- Pourquoi ? reprend Arden.

Je me tourne vers lui et nos regards se croisent pendant quelques secondes.
Le Professeur se tourne alors vers lui.

- C'est impossible parce que ça n'est jamais arrivé.

Je me retiens d'éclater de rire et de lui hurler dessus : depuis quand, depuis quand, décrète-t-on une chose impossible parce qu'elle n'est jamais arrivé avant ? N'y a-t-il pas un début à tout ? N'a-t-on pas dit que la magie n'existe pas ?

C'est comme si elle avait cherché à esquiver la question.......

C'est clair comme de l'eau de roche !

- Ensuite, dès que la Balance se sera stabilisée à une position durant un délai de trois secondes, vous descendrez de votre coupole toujours aidé de M. Downs et vous viendrez vous "signer" sur la table de l'Issue prévue à cet effet. Dessus, sont préparés des sortes de parchemins qui agissent en fait comme une sorte d'attestation, de contrat. Pour qu'il soit effectif, vous devrez le signer de votre sang. Comment me direz-vous ? C'est bien simple : juste à côté de la pile de parchemins, l'un réservé aux Anges et l'autre aux Démons, se trouve une lame. Vous devrez vous faire saigner à l'aide de cette lame et remplir l'un des pots d'encre. Nous avons prévu un nombre exact de pots d'encre pour le nombre exact de jeunes qui devront être jugés aujourd'hui : il ne peut donc pas y avoir d'erreurs. Ensuite, une fois que vous aurez signé, prenez le parchemin et déposez-le dans le pot en terre cuite adéquat et seulement après vous pourrez rejoindre les Anges si vous êtes Anges ou bien les Démons si la Balance a choisi pour vous les Démons. Voilà ! Des questions ?

Personne ne répond. Nous affichons un visage grave : maintenant, nous nous rendons tous compte de la gravité de cette Cérémonie.

- Bien ! Si aucun ou aucune d'entre vous n'a de questions, je n'ai plus qu'à vous souhaiter à toutes et à tous une très bonne Cérémonie et puisse le sort vous être favorable !

Des applaudissements accueillent sa dernière déclaration. Le Professeur s'incline ensuite devant nous, se retourne et va prendre place auprès des autres professeurs. Et comme voulu, Mme. Dubuisson nous appelle ensuite par classe et par ordre alphabétique. Dès que mes prénom et nom sont prononcés, je lève la main et vais m'asseoir à côté d'une fille brune qui m'adresse un sourire que je lui retourne volontiers.

- Arden Martins.

Ce dernier lève également la main et viens s'asseoir juste à côté de moi. Il passe sa main près de la mienne, l'attrape dans la sienne et la sers. Fort.
Mme. Dubuisson achève l'appel, puis elle nous souhaite également une bonne Cérémonie et va s'installer près de la table des dirigeants et des professeurs.

- Que la Cérémonie du Jugement commence ! s'exclame le Professeur.

Les gens applaudissent et la ferveur des flammes dans les torches prennent encore un peu plus d'ampleur.

- La première appelée est Mary Abel. énonce, le Proviseur M. Law.

Comme convenu, M. Downs se lève et lui présente son bras pour qu'elle puisse s'appuyer dessus. Ça peut paraître ridicule mais, c'est vrai que la fille a du mal.... À marcher. Elle arrive jusque devant la Balance et M. Downs la laisse monter seule les marches de l'estrade. Elle grimpe dans l'immense coupole alors qu'au même moment, le Professeure Arkiansas place dans l'autre, une grande plume d'au moins moins vingts bons centimètres. Au début, c'est la coupole de Mary qui a paru être la plus lourde mais presque tout de suite après que la plume d'Ange ait été posée dans l'autre coupole, celle de Mary s'élève, s'élève..... Jusqu'à dépasser celle de la plume.

C'est incroyable !.......

Il faut vraiment le voir pour le croire !
Mme. Dubuisson actionne un chronomètre et consulte le cadran. Lorsque les trois secondes sont passées, elle fait signe au Professeure Arkiansas qui s'exclame :

- Eh bien ! Voici le premier Ange de notre promotion : Mary Abel !

Toute l'assemblée applaudit et les Anges poussent des cris de joie, heureux sans doute de pouvoir compter un nouvel arrivant ou plutôt, nouvelle arrivante dans leurs rangs. Mary descends de la coupole, aidé de M. Downs et va s'enregistrer sur la table de l'Issue situé juste derrière la Balance.

- Le second appelé est Cory Abondar.

À l'énonciation de son prénom, le garçon se lève et se dirige vers la Balance toujours escorté par M. Downs. Lui aussi monte sur la coupole, qui au début paraît plus lourde et qui, ensuite s'élève pour ensuite être plus légère que la coupole de la plume d'Ange.

- Et voici le deuxième Ange de notre promotion, Cory !

Des applaudissements succèdent à cette déclaration. Cory descend ensuite pour lui aller se signer, visiblement ravi de la décision de la Balance. Il faudra attendre six personnes sans compter Mary et Cory avant que la Balance n'annonce le premier Démon. Et c'est une fille.

- Et voici la première Démone de notre promotion, Lina !

Cette dernière descend de la coupole et va s'enregistrer à son tour.
Je baisse les yeux vers les sièges qui se vident les uns après les autres et sens l'appréhension me gagner petit à petit

Bientôt ce sera mon tour........

Remarquant sans doute mon trouble, Arden exerce une légère pression sur ma main. Je tourne la tête vers lui et il me sourit. Il m'embrasse sur le front puis me caresse la joue et me chuchote de ne pas m'inquiéter, que tout ira bien.

- Arina Castillo.

L'intéressée se lève toute guillerette, et prend le bras de M. Downs. Elle s'installe dans la coupole alors qu'au même moment, le Professeur replace la plume d'Ange dans l'autre coupole puisqu'à chaque passage, elle la place puis la retire. La Balance tente de rééquilibrer les deux coupoles mais celle d'Arina reste au plus bas. Trois secondes passent et le verdict est sans appel : Arina est affectée chez les Démons.

Arina ?! Chez les Démons ?!......

Je ne sais pas trop quel effet cela me procure en fait. Je suis..... À la fois abasourdie et sous le choc mais en même temps, c'est comme si je m'y étais un peu attendue et puis, je ne l'avouerais pas mais, je suis aussi soulagée.

Au moins chez eux, elle n'aura pas à jouer les hypocrites et à dissimuler son comportement de fourbe !......

Elle descend de la coupole, un grand sourire aux lèvres, visiblement ravie du résultat. Elle lève alors les yeux vers nous, vers moi et me fait un grand sourire. Puis, elle se retourne et se dirige vers la table de l'Issue. Plusieurs autres jeunes passent et le temps s'écoule. C'est vraiment bizarre : nous sommes à la fois pressés de connaître notre sort mais en même temps, cela nous effraie.
Tout à coup, alors qu'un garçon grimpe dans la coupole, je me penche vers Arden et regarde nos mains entrelacées.

- Je ne sens plus ta main. lui ai-je dit.

Il me regarde.

- Moi non plus je ne sens plus la tienne. Ça doit être l'effet du lympha-truc : notre sensation de peau a disparu.

Je hoche la tête et détourne la tête pour suivre la suite de la Cérémonie.

- Cherry Djimil.

Mon amie se lève brusquement. Elle descend du gradin, raide comme un piquet et va prendre le bras de M. Downs. Certains prendront son attitude pour du sérieux, mais moi je la connais : c'est sa manière d'être nerveuse. Cherry grimpe dans la coupole et le Professeur replace la plume. Instinctivement, je croise les doigts, même si je ne les sens plus, pour qu'elle soit choisie chez les Anges parce qu'elle le mérite et qu'aider son prochain fait parti de ses valeurs. La coupole de Cherry reste d'abord plus basse que celle de la plume et puis, tout à coup, la Balance s'actionne et élève la coupole de Cherry jusqu'à surpasser celle de la plume. Trois secondes passent et le verdict tombe :

- Cherry Djimil est Ange !

Je soupire de soulagement alors que mon amie laisse exploser sa joie. Elle se tourne vers nous et me fait un grand sourire en levant le pouce en l'air.
Il est arrivé que certaines personnes qui étaient prédites Anges ou Démons soit affectés dans le camp opposé avant le temps imparti. La Balance effectue alors un basculement lors d'un dernier dixième de milliers de secondes et c'est terrible surtout pour la personne à qui cela arrive mais nous n'y pouvons rien : c'est la décision de la Balance, pas la nôtre. Bien sûr cela a donné lieu à des réactions toutes plus insolites les unes que les autres : des éclats de joie soudains pour ceux ou celles qui ont eu la surprise de devenir Ange au lieu de Démon et l'inverse aussi est vrai d'ailleurs ! Et à l'inverse, nous avons eu droit à des états de tristesse immense quand certains ont vu le résultat de leur Jugement. Mes amis Chris et Mia sont tous les deux passés et sont affectés chez les Anges. Un soulagement sans nom m'a envahi soudainement.

Ça fait trois sur six pour le moment.....

Il ne manque plus que moi, Antonio et Xander.
Justement je tourne la tête vers mon ami Antonio qui a été installé plus haut dans les gradins car son nom de famille s'approche de la fin de l'alphabet. Il baisse les yeux vers moi et m'offre un large sourire. Xander qui est assis non loin de lui, me sourit aussi en levant le pouce en l'air.

- Jelena MacBill.

La fille qui était assise à côté de moi, se lève et me sourit.

- Bonne chance. lui ai-je chuchoté.

- Merci toi aussi !

Elle descend des gradins et va prendre le bras de M. Downs et tous deux se mettent en marche jusqu'à la Balance.

Après elle ce sera enfin mon tour.........

Oui ! Enfin !

Une forte excitation mêlée d'une tout aussi grande anxiété s'empare de moi : quelle sera le jugement de la Balance ?
Ange ou Démon ?
Ange ou Démon ? Ange ou Démon ? Ange ou Démon ?
Je me mets à tapoter ma cuisse du bout des doigts même si je ne sens rien du tout en fait ! Je n'ai même pas la sensation de trembler d'anxiété : je le sais. Mon cerveau me fait faire des tics nerveux tant je suis aussi impatiente qu'inquiète. Alors que la Balance se stabilise pour Jelena, je décide d'anticiper et de, déjà descendre les marches des gradins.
Mais au moment où je souhaite le faire, Arden me retient :

- Muza, attends.

- Oui ?

Je vois que du coin de l'œil, Jelena a été affectée chez les Anges.

Serait-ce là un bon présage pour moi ?......

- Je dois te dire quelque chose avant. me dit-il. Et..... Et ça risque de ne pas.....

- Muzelina MacGregor.

Je lève la tête.

Enfin : c'est à moi !......

- Arden il faut que j'y aille alors vas-y dis-le moi maintenant ou ça devra attendre la fin de la Cérémonie.

Il secoue la tête et m'offre son grand sourire à fossettes que j'aime tant.

- Je disais donc que, ça ne risque pas de changer grand-chose à la décision que prendra la Balance mais, où que tu ailles, je veux que tu saches que je t'aime Muzy. Je t'aime tout simplement !

Je sens mes joues s'empourprer et je me penche pour déposer un léger baiser sur ses lèvres, bien que ni lui, ni moi ne l'ayons senti mais ça me rassure de savoir que j'ai embrassé Arden.

Ce baiser sera-t-il le dernier ou le premier d'une toute nouvelle ère ?......

Tout dépendra de la décision de la Balance : pour lui et pour moi.
Je descends les gradins au pas de course et prends le bras que me tend l'élégant M. Downs. Heureusement qu'il est là d'ailleurs : sans lui je ne sais pas comment nous aurions fait pour marcher ! J'ai comme l'impression de ne marcher que sur mon squelette et on dirait que je vais me briser à tout moment ! Je vois pourtant bien mes jambes mais c'est comme si elles ne sont que des espèces de lourds troncs d'arbres que je tente maladroitement de diriger. Je lève la tête et les battements de mon cœur cognant dans ma poitrine se font encore plus assourdissants.

La Balance......

La voilà enfin : elle trône devant moi, imposante et majestueuse devant moi. Je suis complètement impressionnée par son immensité. Je ne peux détacher mes yeux de cet incroyable chose : c'est Elle qui déterminera de quelle côté mon cœur se trouve. C'est Elle et Elle seule. M. Downs me laisse gravir seule les quelques marches menant jusqu'au socle de la Balance.
Je me sens trembler de toutes parts. J'ai l'impression de ne plus rien entendre à part les battements de mon cœur. Le Professeure Arkisansas tient dans sa main la plume d'Ange et me laisse du temps pour que je m'installe. Je m'approche de la coupole, prends une grande inspiration et m'installe dedans. Le Professeure Arkisansas place alors la plume dans l'autre et je ferme les yeux.
Je sens ma coupole s'élever, s'élever.... Et puis se stabiliser.
Je décide alors de rouvrir les yeux pour voir de quel côté je me trouve et ce que je vois, me frappe d'horreur.

Ce n'est pas possible.......

La Balance a stabilisé ma coupole exactement au même niveau que celle de la plume !
Je sens qu'autour de moi, les souffles se retiennent et que des chuchotements se font entendre.
« C'est la première fois que je vois ça ! », « Tu croyais ça possible toi ? », « Hé mais c'est pas justement la file qu'avait posée la question sur ce qui arriverait si la Balance était en parfait équilibre ? », « Mais du coup, quel jugement apporter à ce type de phénomène ? Ange ou Démon ?« »Mais elle est Ange ou Démon ? »
Toutes ces questions que j'intercepte et que j'entends tourbillonnent dans ma tête.

J'avais bien eu raison tout à l'heure ! J'avais bien fait de poser la question !......

Parce que, comme par hasard, « l'impossible » pour reprendre les termes du Professeure, m'est arrivé à moi ! Je tourne la tête et vois le visage du Professeur déformée par l'incompréhension la plus totale.

- Je ne comprends pas : ça n'est jamais arrivé avant. chuchote-t-elle. Ça n'est jamais arrivé !

Elle se tourne alors vers les dirigeants et discutent entre eux.
Je pousse un profond soupir et me prends la tête entre les mains : j'ai l'impression d'être une bête de foire ! Entendre toutes ces choses dites sur moi, sentir tous ces regards curieux sur moi......
Je lève alors la tête devant moi et le dirige droit sur Arden. Lui aussi me fixe mais pas d'une manière horrifiée ou curieuse comme les autres mais plutôt d'un air.... Pensif je dirais.
Je me mets alors à penser aux paroles de la Diseuse de Bonne Aventure, ses paroles me concernant.

Suis-je donc aussi spéciale qu'elle le prétend ?.......

Tout à coup, je sens un mouvement s'effectuer autour de moi : je sens ma coupole bouger !
Elle s'élève et s'élève encore juste assez pour largement surpasser la coupole de la plume.

Mais alors !......

- Ah ! Eh bien il semblerait finalement que notre petite Muzelina soit un Ange !

Un Ange ?.....

Moi, Muzelina MacGregor, je suis devenue Ange ?

J'entends des exclamations de joie venus du coin des Anges et je regarde la position de la Balance : oui, ma coupole est plus haute que celle de la plume d'Ange donc oui, je suis bien Ange !
Je lâche un énorme soupir de soulagement et lève le poing en l'air : yes ! Enfin !
Je descends de la coupole et le Professeure retire la plume. Je me dirige ensuite vers la table de l'Issue. Je prends la lame posé à ma droite et l'empoigne. Je tends alors ma ma main gauche et pointe la pointe de la lame sur ma paume. J'appuie et y creuse un large sillon : de toute façon, je ne sens rien alors ça n'est pas bien grave ! Je tends ma paume au-dessus d'un pot d'encre non utilisé et ferme le poing. Je presse un peu et je laisse quelques gouttes de mon sang tomber dans la mixture bleuâtre. J'attrape alors une plume blanche, faite pour signer cette fois-ci, et en trempe la pointe dans le pot d'encre. Je prends alors le parchemin des Anges et y écris mon nom ainsi que mon âge et appose ma signature tout en bas. Tout à coup, alors que je repose la plume sur la table, je vois mon parchemin s'élever dans les airs, s'enrouler sur lui-même et se refermer grâce à un petit nœud blanc et tout cela dans une pluie d'étincelles brillantes. Une sorte de voix claironne venue de je ne sais où s'exclame :

- Anges, la sauvegarde des Âmes est Notre métier !

Je vois alors s'écrire juste devant mes yeux, dans une écriture bleu-blanche et vaporeuse, les paroles que vient de prononcer la drôle de voix. Je souris et attrape mon parchemin qui lévite devant moi et les paroles s'effacent dans l'air. Je dépose alors mon parchemin dans le pot en terre cuite qui contient déjà pas mal de parchemins eux-mêmes tous fermés par un petit nœud blanc, tout comme le mien. Je me dirige ensuite vers le coin des Anges qui m'accueillent sois des sourires, des acclamations et des applaudissements. Cherry et Mia qui m'avaient gardée une place se jettent sur moi et nous explosons toutes les trois de joie.
Tout de même, dans toute cette joie, je ne peux m'empêcher de garder dans un coin de ma tête ce qui m'est arrivé tout à l'heure avec la Balance : j'ai quand même été mise au même niveau que la plume tout de même ! Ce n'est pas anodin ! Cela a dû durer moins de quoi ? Dix secondes et ensuite la Balance s'est remise en branle pour finalement me placer chez les Anges. C'est vraiment étrange ! Et le pire, c'est que, savoir que je suis finalement affectée chez les Anges eh bien, ça satisfait tout le monde ! Plus personne ne semble se soucier de cet "épisode" hasardeux à part moi. Ça n'est jamais arrivé avant et tout le monde préfère l'oublier au plus vite et je les comprends un peu : tout le monde préfère choisir la facilité. C'est plus facile de me décréter Ange que de s'occuper du fait que la Balance m'ait mise en parfaite équilibre avec la plume.

Mais dans ce cas, comment aurait-on dû me considérer ?.......

Ange et Démone à la fois ?

- Arden Martins.

Mon cœur rate un battement.

Le tour d'Arden.......

Celui-ci se lève et descend des gradins. Je ne le quitte pas une seule fois des yeux. Il s'installe dans l'une des coupoles de la Balance tandis que le Professeur replace la plume.
Je ferme les yeux et croise les doigts.

Je vous en supplie ! Faîtes qu'il soit Ange ! Faîtes qu'il soit Ange ! Faîtes qu'on soit réuni !......

Je rouvre les yeux et vois Cherry qui pose sa main sur la mienne. Elle me sourit. Elle a compris et elle me soutient. Mon regard se dirige ensuite vers le jugement qui est en train de se dérouler.
Au début, rien ne se passe et ensuite, la Balance stabilise les deux coupoles..... Au même niveau.
Tout le monde retient un cri et moi je me lève.

Il lui arrive exactement la même chose qu'à moi !......

Lui aussi, la Balance s'est arrêtée pile au milieu !
Les chuchotements recommencent. « Deux évènements pareils qui arrivent l'un après l'autre ! C'est un peu beaucoup, non ? », « C'est quoi cette promotion ? D'abord la fille et maintenant le mec ?! », « Ça fait beaucoup ! »
Toutes ces conversations me passent au-dessus de la tête : la seule chose à laquelle je pense, c'est Arden.

Pourquoi la Balance s'est-elle mise en équilibre pour nous deux ?.......

Tout à coup, le regard gris-vert d'Arden se braque au mien. Nous nous regardons longuement.
Plus personne ne compte autour de nous.
Je vois ensuite ses épaules s'affaisser et il prononce du bout des lèvres les mots : « je suis désolé ».
Sur le coup, je ne comprends pas très bien et je fronce les sourcils mais la suite des évènements apportent une réponse à mon incompréhension : Arden détourne son regard du mien et baisse la tête, presque comme d'un air coupable. Instantanément, sa coupole.... S'abaisse.

Elle s'abaisse ?!.....

Oui, elle s'abaisse ! Elle s'abaisse pour laisser celle de la plume s'élever plus haut qu'elle !

Ce n'est pas possible !......

- Ah ! Eh bien comme tout à l'heure avec notre petite Muzelina MacGregor, après un instant d'hésitation, la Balance a finalement choisie d'affecter Arden Martins chez les Démons ! s'exclame le Professeure Arkisansas.

Des cris de joie se font entendre : ce sont les Démons qui laissent exploser leur joie de pouvoir compter un nouveau membre parmi eux. Eux, explosent de joie alors que moi, je sens mon cœur se déchirer dans ma poitrine.

Quoi ? Arden ? Démon ?

N'est-ce pas ce qu'il m'avait dit depuis le début ?

« Toi tu finiras chez les Anges, Muzy et moi chez les Démons ».

Ce sont ces mots ! Ces propres mots !
Je le vois descendre de la coupole, se diriger vers la table de l'Issue, se couper avec la lame, je vois son sang tomber dans l'un des pots d'encre, je le vois tremper une plume noire de Démon dedans et signer sur un parchemin des Démons. Je vois ensuite ce dit parchemin s'élever dans les airs et s'enrouler sur lui-même dans un crachin de flammes. J'entends ensuite une voix d'outre-tombe sortie de nulle part déclarer :

- Démons, la Divine Tentation est Notre Maîtresse !

Des flammes écrivent ensuite ces paroles juste sous les yeux d'Arden et je le vois attraper son parchemin qui lévite devant lui avec un sourire. Je le vois ensuite se diriger vers les gradins des Démons et être acclamée par ceux-ci et tout cela sans une seule fois, se retourner vers moi, sans me lancer un seul regard.
Je l'ai vu, je l'ai entendu mais je n'arrive toujours pas à y croire ! Arden est chez les Démons !

- Ce n'est pas possible...... ai-je chuchoté.

Et pourtant c'est ce qui est arrivé ! Nous sommes séparés à présent. Tout se passe exactement comme nous l'avions pensé au début de l'année.

Mais pourquoi ?! Pourquoi la Balance s'est-elle arrêtée pile au milieu ? Pourquoi avoir espéré ?......

Les Démons tapent dans les mains d'Arden, le félicitent, le congratulent et moi, je reste..... Complètement pétrifiée sur place, le cœur en miettes.

- Muza, assis-toi. me conseille Cherry. La Cérémonie se poursuit.

Je tourne la tête vers elle.
Pourquoi est-ce que la Cérémonie se poursuivrait-elle ? Qu'est-ce que j'en ai à faire maintenant moi de cette Cérémonie quand la seule chose que je demandais, le seul souhait que j'ai fait, n'a pas été respecté ?
Cherry me regarde d'un air triste. Elle doit sentir ma peine et mon incompréhension.

- Assis-toi Muza. Il reste encore quelques jeunes dont Antonio et Xander.

Je ferme les yeux pour chasser les larmes qui menacent de couler. Elle a raison. Il faut que je reste forte pour assister aux jugements de mes deux derniers amis. Tout doucement, je reprends place à ses côtés et elle pose sa tête sur mon épaule et me masse le bras.
Je ne sens rien. Et puis si j'avais encore eu la possibilité de sentir quelque chose sur ma peau, je ne sentirais rien non plus, tant je suis vide d'émotions.
La Cérémonie se poursuit comme si de rien n'était. Les derniers jeunes sont jugés par la Balance qui bizarrement, n'émet pas un « instant d'hésitation » pour eux. Antonio et Xander sont eux aussi passés et à mon grand soulagement, ils viennent chez nous les Anges. J'étais tellement inquiète pour Xander que j'ai fermé les yeux par peur d'avoir une mauvaise surprise comme avec....

Arden.....

Mais finalement, la providence a voulu que Xander vienne chez les Anges. Elle a exaucée ce souhait-là mais pas celui pour Arden. La faute à « pas de chance » dira-t-on mais moi je n'y crois pas : comment cela se fait-il ? Après tout ce qui nous est arrivé ? Arden m'a plusieurs fois sauvée la vie ! Contre Drago, contre les garçons complètement bourrés dans les couloirs et surtout contre Jaden ! Il s'est sacrifié pour me sauver ! Et la notion de « sacrifice » ne valide-t-elle pas un billet chez les Anges ? Il a appris à s'ouvrir aux autres, c'est en partie grâce à lui si je me suis réconciliée avec mes amis, il a été attentionné envers moi et on.... Nous... Nous sommes embrassés et nous aimons merde et même cela ce n'est pas suffisant ?!
Et puis, le Professeure qui met tout sur le coup d'un « moment d'hésitation » de la Balance, bien sûr ! Pourquoi seulement sur nous alors ? Pourquoi pas sur les autres ? En plus, ça n'est jamais arrivé avant !

Alors pourquoi ?.....

Je lance un regard vers le Professeure qui, accompagnée de M. Downs, transporte la table de l'Issue jusqu'au milieu de la pièce : la Cérémonie est finie. La première jugée, Mary a été affectée chez les Anges et le dernier jugé, un certain Thibault, chez les Démons.
Parfaite équité donc !
Nous savons tous trois, Arden, le Professeure et moi que ce qui nous est arrivé n'est pas anodin alors pourquoi personne ne réclame ? Pourquoi personne ne proteste ?
Dix secondes d'hésitation pour la Balance ?
Sérieusement ?!
Tout le monde sait que ce n'est pas normal mais tout le monde préfère faire comme si !
Parce que c'est plus facile ! Parce que plus personne ne semble s'en préoccuper alors pourquoi le ferait-on ?
Ça me révolte ! J'aimerais protester, crier ma colère et demander des explications dignes de ce nom mais je ne fais rien moi non plus. Pourquoi ?
Parce qu'Arden ne semble pas le vouloir non plus. Pas une seule fois, depuis que nous avons assisté au verdict, pas une seule fois il a tourné sa tête vers moi. Pas une seule fois il ne m'a adressée un regard. Même pas un geste.

Pas une seule fois !.......

Comment dois-je le comprendre ? Comment dois-je prendre son rire et son sourire qui ne me sont pas adressés ?
Je ne peux pas être toute seule à me battre et à réclamer pour nous deux ! Il faut que nous le fassions tous les deux ! Cela aura plus de poids et alertera mieux les gens que si je le fais toute seule ! Parce que, dans ce cas-là pour qui me prendra-t-on ? Pour une fille désespérée de voir le garçon qu'elle aime ne pas être avec elle et puis c'est tout ! J'aurai tôt fait de m'écrier pour rien et tout ce que je risque de me récolter c'est une honte immense et des rires tiens ! Et si ça se trouve, on me bâillonnera, me ligotera pour que je reste tranquille pour ensuite me faire un diagnose pour vérifier si je ne suis pas folle !
Je ne suis pas désespérée : plus que ça je suis outrée ! Outrée de voir avec quelle facilité Destiny High fait fi de cet événement pourtant exceptionnel pour eux. Je suis outrée de l'attitude et des mensonges du Professeur qui préfère elle aussi étouffer l'affaire au lieu d'en discuter. Et plus que tout, je suis outrée de l'attitude du garçon que j'aime qui semble ne pas partager ma peine.

- Chère assemblée ! s'exclame le Professeur d'une voix forte. Nous avons tous été rassemblée pour assister au jugement de notre promotion de futurs Êtres Mirifiques. La Cérémonie est maintenant achevée ! Comme vous pouvez le voir, une certaine équité a été respectée cette année ce qui est assez exceptionnel ! Il y a presque autant d'Anges que de Démons même si ces derniers comptent ue légère avance avec trois personnes de plus que les Anges !

Les Démons poussent des cris de joie et applaudissent. Le Professeur les laisse faire puis réclame de nouveau le calme.

- Vous tous qui avez été jugés, la Balance a choisi ce qui était le mieux pour vous d'après la pureté de votre cœur. C'est maintenant à vous d'écrire votre propre destinée, d'agir en vôtre âme et conscience. Vous êtes maintenant des Êtres Mirifiques mes chers petits : allez écrire le futur de Destiny et perpétuez la tradition partout autour de vous !

L'assemblée applaudit et elle continue sur sa lancée :

- Je vous souhaite le meilleur des mondes, mes chers Êtres Mirifiques. Destiny estes id esteras !

- Destiny estes id esteras ! répète en chœur toute l'assemblée.

Ce sont ensuite des applaudissements à tout rompre, des exclamations de joie intense et des embrassades qui succèdent le discours de clôture du Professeur.
J'aimerais pouvoir être aussi heureuse qu'ils le sont tous : je le suis pourtant mais pas autant ! Mes pensées et mon cœur ne vont que vers Arden. Je me lève pour suivre le groupe des Anges qui s'est mis en marche. Pour une dernière fois, ma tête se tourne vers le coin des Démons, pour tenter de l'apercevoir.

Au moins pour la dernière fois.......

Je vois un groupe de Démons heureux d'être ensemble et ils ont même l'air de commencer à faire connaissance. Je le vois alors et nos regards se croisent. Les battements de mon cœur s'accélérent mais.... Je ne lis rien dans son regard. Il ne transparaît rien. Rien du tout !

Alors c'est fini........

Vraiment fini.
Dans un même mouvement, nous détournons tous les deux la tête. Lui, pour parler à la personne qui l'a apostrophé et moi parce que je l'accepte. J'accepte cette situation.
Antonio qui est près de moi, pose une main sur mon épaule. Je ne la sens pas mais j'ai vu son geste.

- Muz, ça va ?

Je me tourne vers lui.

- Ouais ça va.

- T'es sûre que tu ne veux pas aller lui parler ? me demande-t-il en parlant d'Arden.

Je secoue tristement la tête.

- T'es sûre ? Je peux te couvrir si tu veux.

- Non ça va, ça va. ai-je dit alors que ma voix se brise.

Je prends une profonde inspiration pour empêcher les larmes de transformer mon visage en torrent de sanglots.

- Je vais bien. Mes amis et moi avons été affectés chez les Anges ! Que demander de plus ?

Je le dis et je le pense sincèrement mais pas aussi fort que je le laisse paraître. Antonio me regarde et tend un doigt vers mon visage.

- Il y a une larme qui a coulé. me dit-il d'une voix compatissante.

Je fais la moue puis lui souris.

- Décidément ! Rien ne va comme je le veux aujourd'hui !

Il sourit à son tour et nous nous dirigeons bras dessus bras dessous vers la sortie mais avant de sortir totalement, j'entends quelqu'un m'appeler :

- Muzy.

Je me retourne.

- Je t'attends dehors. me dit Antonio en nous laissant.

Il s'en va et je regarde Arden.

- T'avais raison. ai-je commencé. Tout s'est passé exactement comme tu l'avais prédit : moi Ange et toi Démon.

Il hoche la tête.

- Je suis désolé. Je sais que tu espérais pour moi un autre verdict.

Je hausse les épaules.

- Tu n'as pas à t'excuser : la faute à « pas de chance » ! Après tout, la Balance a elle aussi marqué un « léger temps d'hésitation ».

Je le vois légèrement plisser les yeux et il me dit :

- Ouais à propos de ça, je.... Je te remercie de n'avoir rien fait concernant l'« événement » étrange qui nous est tous les deux arrivé. Connaissant ton impulsivité, je croisais les doigts pour que tu ne fasses rien alors merci.

Je hoche tristement la tête.

- Je voulais d'abord que toute l'agitation autour de la Cérémonie retombe un peu pour que toi, moi et le Professeure puissions prendre rendez-vous et parler tous les trois de cette.... Bizarrerie.

Un petit sourire refait son apparition sur mon visage.

- C'est vraiment ce que tu penses ?

Arden hoche vivement la tête et attrape mes mains dans les siennes du bout des doigts.

- Ce que je t'ai dit là-bas dans les gradins, je le pensais vraiment Muzy : je t'aime et je t'aimerai toujours.

Il porte mes doigts à ses lèvres et les embrasse. C'est dommage parce que je ne sens pas le contact de ses mains sur les miennes, de sa bouche sur ma peau.

- Mais je pense que c'est mieux comme ça. Nos affectations.

Je le regarde droit dans les yeux. Arden me fixe lui aussi du regard, très sérieux. Je lui souris tristement et lui dit du bout des lèvres :

- Mais.... Mais moi je n'ai pas envie d'être séparée de toi Arden. Je préfère cent fois mois que mon parchemin des Anges aille brûler avec le tien chez les Démons !

Arden esquisse un sourire en coin et par réflexe, me caresse les cheveux.

- Une Ange et un Démon..... Cette idée me plaît.

Je lève des yeux embués par mes larmes vers lui.

- Comment ça ?

- C'est vrai que la Balance nous a montré notre Destin mais c'est à nous de l'écrire Muzy : le Professeure Arkisansas nous l'a dit.

Il pose sa tête contre la mienne et une de mes larmes tombe. Je le vois fermer les yeux.

- Ce n'est pas parce que nous sommes séparés tous les deux par la Balance que nous ne serons plus jamais ensemble. C'est à nous de tout faire pour, c'est à nous d'agir.

Mes lèvres se fendent en un immense sourire.

- C'est à nous de créer notre futur Muzy ! C'est à nous de leur montrer.....

- Qu'on peut faire l'impossible à deux. ai-je fini en souriant. J'ai pigé ton idée c'est bon.

Il rouvre les yeux et me sourit.

- Alors.... Ce n'est pas à prendre comme..... Comme....

- Un adieu ? Non, comme un « au revoir ». achève Arden.

Je souris puis rigole.

- Regarde ce que t'arrive à me faire Arden ! J'étais triste et tu m'as fait passer des larmes au rire ! Je déteste le pouvoir que tu as sur moi !

Je continue de rire et tends la main vers son visage, tout près du mien.

- Moi aussi je continuerai à t'aimer Arden. Même si nous sommes tous les deux de deux côtés opposés de la Balance.

- Hé Arden ! Tu viens ? l'interpelle quelqu'un.

- Ouais j'arrive ! lui répond-il en détournant la tête.

Il braque à nouveau son visage vers le mien.

- Bon, bah je vais y aller dans ce cas. ai-je dit.

Je m'éloigne d'Arden mais ne pars pas tout de suite : il me tient encore la main.

- Amuse-toi bien chez les Démons.

Arden sourit.

- Et toi sois bien sage chez les Anges. dit-il en me faisant un clin d'oeil.

Je ris et recule pour m'en aller. Arden me tient encore la main puis me la lâche doucement.
Je me retourne et rejoins la sortie de la Deliberatiæ Thalabos.
Finalement nous finissons Démon et Ange lui et moi mais, maintenant, je trouve que ce n'est pas plus mal, parce que cette séparation sonne plutôt comme une promesse.
La promesse d'un futur riche en rebondissements mais que nous sommes tous les deux prêts à bâtir Arden et moi.
Tous les deux, ensemble.

Ange et Démon à jamais unis pour la vie !......

Continue Reading

You'll Also Like

1.1M 113K 62
Notre histoire! Quelle histoire ? C'est l'histoire d'une famille disloquée l'histoire de deux sœurs qui s'achève vite, l' histoire d'une seconde mèr...
1.6M 157K 55
Lee Sharpin a toujours eut la vie banale d'une adolescente de son âge. Quelques peu garçon manqué, elle partage son temps entre son meilleur ami Liam...
6K 463 46
Sara n'aurait jamais cru possible qu'une personne puisse en acheter une autre, avant d'être elle-même vendue. Cette jeune secrétaire sans histoire se...
53.6K 5.1K 33
Merry a retrouvé sa terre natale - qui semble d'ailleurs étonnamment paisible - mais son héritage maléfique transmis par son arrière, arrière-grand-p...