Je t'attendrai.

By DeuxKartoffeln

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Seconde Guerre Mondiale. Un souffle d'amour dans un océan de haine. More

Prologue.
I.
II.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
IX.
X.
XI.
XII.
XIII.
XIV.
XV.
XVI.
XVII.
XVIII.
XIX.
XX.
XXI.
XXII.
XXIII.
XXIV.
XXV.
XXVI.
XXVII.
XXVIII.
XXIX.
XXX.
XXXI.
XXXII.
XXXIII.
XXXIV.
XXXVI.
Epilogue.

XXXV.

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By DeuxKartoffeln

La petite Solange attrapait les framboises du bout des doigts, s'amusant à les dévorer une pars une. Elle engloutit les fruits rouges comme un petit rongeur, rapidement, le bout de ses doigts prenant une teinte rosée. Sa touffe rousse dans la verdure du petit jardin, à rire en voyant Tom qui râlait sur ces tuteur qui ne voulait pas tenir debout.

- Mais ce n'est pas possible ces trucs là... Bill ! ça marche comment tes bâtons ?!

Le brun leva les yeux au ciel, sortant sur le pan de la petite maison. Il s'agenouilla près de Tom, la petite famille ne tenant pas compte de la circulation juste en face de leur minuscule jardin. Il n'était pas très grand, et remplit de mauvaises herbes. Les scarabées traçait leur petite route le long de l'allée et le soleil ne pointait que trop rarement le bout de son nez, rendant l'endroit peut agréable. L'androgyne avait décidé de le rentabiliser malgré tout, et d'en faire un potager. L'idée avait été plaisante pour Solange, et un peu plus embêtante pour Tom qui, à défaut d'une flopée d'autres qualités, n'avait pas la main verte. Le petit portail avait été rénové, repeint en vert, et le jeune homme avait pris soin de rafraîchir leur boite aux lettres, qui avait vu passé tant d'histoire. A vrai dire il ne se serait pas imaginé il y a quelques années qu'il serait un jour-là à la repeindre, cette boite aux lettres d'amour. Elle brinquebalait encore sur son support mais était maintenant signée de la plus belle écriture de Bill d'un « Ivanov-Kaulitz » dont il était plus fier que tout. Exactement comme un vrai couple, avait-il songé. Il n'était pas envisageable qu'il rentre habiter seul, et le voisinage s'était fait à la vie commune des deux hommes. Puis il suffisait d'un petit numéro de pitié de sa part pour que les gens détournent le regard, effrayé par le tragique tatouage de la Shoah. C'était un miraculé, il méritait bien son intimité et sa nouvelle vie correcte ou non.

Le jeune homme fit tenir ses thuyas tout seul et se frotta les mains, avant de récupérer Solange, paniqué. Il râla qu'elle était en train de tout saccager en essuyant du bout de ses manches sa bouche rougie, riant face à sa moue faussement boudeuse. Tom quant à lui bêchait pour la plantation des courgettes, sous le regard attentif de son homme qui mordillait sa lèvre, étrangement happé par cette vision de Tom en sueur. Il retourna à ses thuyas lorsque le regard de Tom se dirigea vers lui, gêné. Saletés de courgettes. La bonne humeur reprenait dans le petit lopin de vie et le baiser que le soldat déposa sur la joue de son amant curieux rendit aussi rouge que les doigts de Solange ce dernier. L'été était là.

[...]

Bill entra dans la petite chambre à tâtons, étant descendu juste avant pour récupérer son livre. Il aimait les histoires, si bien qu'il s'était surpris à effectuer quelques brouillons en cachette. De la pacotille, d'après le brun, mais ces bribes d'histoires aussi futiles soit-elles restait son petit jardin secret. Il ne voulait pas en parler à Tom, il savait que ce qu'il faisait n'était pas bon et que Tom qui était si cultivé trouverait certainement ça de bas étage. Après tout il n'avait rien d'un écrivain. Sauf peut-être les lunettes, sourit sarcastiquement le brun, en ouvrant la petite porte grincheuse. Il sursauta en voyant un bouquet de roses rouges déposé sur son lit, et dont la forte odeur féminine et sensuelle embaumait toute la pièce. Il eut ce drôle de sourire d'homme conquit à la vue de Tom qui venait pour l'embrasser, déposant ses mains le long de son visage fin, pour le garder près de lui, faire durer l'instant. Rien ne comptait plus que cet instant bénin, calme, neuf.

- Tu es incurablement romantique.

Tom leva les yeux au ciel, admirait les yeux de son brun qui brillaient sous la lumière des quelques bougies qu'il avait allumé. Il avait trouvé son attention clichée puis s'était tout de même jeté à l'eau, il en avait bien trop envie, de ce regard. Ce regard tue-l 'âme. Ses lèvres furent une nouvelle fois annexée par une bouche taquine et il prit plaisir à l'étreinte, refermant ce cocon de sérénité sur son conjoint, contre lui, au plus près. Ce dernier s'était libéré dans l'étreinte et avait endormis ses craintes, en laissant tomber doucement son châle au sol. Les mains de son homme contre lui le rendait toute chose et le cadet se hissa sur la pointe de ses pieds pour l'embrasser encore, le plaquant contre le mur avec cette fougue imminente, aussi directive qu'affectueuse. Les frissons parcouraient sa colonne vertébrale et il releva sa jambe contre les hanches de Tom, faisant gémir ce dernier. Une petite touffe rousse interrompu les deux hommes, alors que l'un avait les mains sur le torse dévoilé de l'autre et cet autre tenait fermement sa cuisse en se frottant contre lui. Les deux eurent un instant de suspend et se lâchèrent en paniquant, aussi rouges qu'il était possible de l'être.

- Ah ! So... Que... Que ce que tu fais là ?!

S'écria le soldat en attrapant la petite fille, essoufflé.

- Je peux pas dodo. Vous fesait quoi ?

- On... On se faisait un câlin.

- Ah ! Bizarre, toi.

Le jeune russe s'afféra à se rhabiller pendant que Tom et Solange s'installait dans le lit, le brun ayant du mal à détacher son regard du corps de son homme. Ce dernier fini par les rejoindre, toujours aussi mal à l'aise, couinant en sentant les pieds froids de l'enfant contre ses jambes. La situation aurait presque pu être comique, si bien qu'au bout d'un trop lourd silence à lancer des regards mauvais à la petite les deux garçons éclatèrent de rire, faisant enrager Solange qui ne comprenait rien à la blague.

- Papa ! Vous êtes tous bêtes !

S'exclama-t-elle alors que l'androgyne séchait ses larmes à force de se tordre, ayant mal à la mâchoire sous les assauts du sourire.

- Je veux... Une histoire !

- Oh, Bill raconte bien les histoires...

Insinua le brun, alors que son cadet soupirait, absolument pas convaincu. La rousse s'installa confortablement (en chipant les trois quarts de la couverture) et tapa des mains, lançant des regards suppliant à son père de substitution.

- S'il te plait une histoire !

Le russe leva les yeux au ciel et fini par céder, prenant soin d'écarter son précieux bouquet des pieds de la petite furie. Il le déposa avec précaution sur ses genoux et commença à conter, rêveur.

- Bon, alors c'est l'histoire de deux petits scarabées.

- J'aime pas.

- Tu te tais et tu écoutes l'histoire.

- Ça peut pas être des cokinel ?

- Non, j'ai dit des scarabées ce sont des scarabées.

Le jeune homme toussa pour s'éclaircir la voix et repris, inspiré.

- Alors ce sont nos deux petits scarabées, et ils vivent dans une super forêt. Ils sont très heureux, ils ont tout ce qui leur faut, et surtout ils sont très amoureux.

- Et ?

- Et un jour, on rase leur jolie forêt. Alors les deux petits scarabées sont séparés et on les emmène loin l'un de l'autre.

Le regard de Bill croisa celui de Tom, presque peiné. Il lisait entre les lignes de l'histoire, et attrapa la main de son amour, comme pour lui donner du courage. Solange se balançait, attentive, pendue aux lèvres de son père.

- Et ?

- Puis ils sont revenus d'un endroit très lointain et terrible, sans arbres et sans rien du tout, seulement de la poussière. Puis un jour ils se sont retrouvés, mais l'un des scarabées avait adopté une toute petite coccinelle.

- La cokinel !

Les joues de Tom s'étendirent en un sourire radieux, alors qu'il embrassait la main de son brun. Que ce qu'il pouvait l'aimer, lui et son imagination, lui et son âme d'enfant.

- Alors ils ont trouvés une autre forêt, plus grande et plus agréable, où ils ont pu élever leur petite coccinelle !

- Et ils étaient toujours namoureux ?

- Oui, et tu veux que je te dise un secret...

Il s'approcha de son oreille et murmura, faisant rire la petite fille.

- Encore plus qu'avant !

Tom ne sut résister à la moue de son amant et il se pencha sur son front pour y déposer un baiser, faisant presque ronronner son vis-à-vis. La petite famille resta silencieuse quelques minutes et ce fut un bâillement qui troubla cet atmosphère tranquille, celui de la petite Solange. Elle frotta sa tête contre le bras de Tom et marmonna, penaude. Elle s'installa sous les draps légers, entre les deux hommes, sa tête appuyée sur le torse de Bill qui sourit, l'attirant contre elle. Le brun fut attendrit par toute cette douceur et se réfugia lui aussi sous les draps, collant doucement sa tête à celle de son aimé pour entourer la petite de leurs corps respectifs. Une protection parentale, un havre de paix où on ne ressentait qu'une chose, omniprésente : la sécurité.

Bill aurait voulu hurler mais ses poumons ne lui permettaient pas. Il aurait voulu pleurer mais ses yeux refusaient de fondre. Il aurait voulu s'enfuir mais ses jambes refusaient de répondre. Une alerte dans tout son corps, le dégout qui le prenait par les tripes. L'endroit était insalubre, terrible, d'autres, enfants femmes et hommes étaient entassés plus loin. Le sang caillé sur le béton, une odeur de mort, des toux pleines de cercueils, et des plaintes qui résonnaient, omniprésentes. Des corps qui se décomposaient, n'étant même plus des enveloppes mais bel et bien des lambeaux, et les esprits qui s'effritaient, pareil. De la bouillie d'Homme. Les pleurs des gamins qu'on asphyxiait et la puissante atmosphère dérangeante et sinistre dans laquelle on les avait plongés. Les gens agonisaient sur tous les murs, aspergés par le gaz, et ils sentaient tout s'arrêter en eux. Une mécanique infernale qui se stoppe et laisse place au calme. Certains ne s'affolaient plus, attendait juste, comme si tout était normal, vain, une suite logique. Le jeune homme se voyait de l'extérieur, habillé de rayures, avec cet écusson sur sa poitrine qui lui transperçait le cœur, qui lui bouffait son monde. Sa condamnation pour avoir aimé, pour s'être pensé assez malin pour défier des préjugés vieux comme le monde. Il se fichait bien, de mourir. Il avait retrouvé son corps d'avant et sentait chacun de ses muscles le tirailler. Et sa peau... Sa peau qui pelait, se couvrait de rougeurs et se collait au plus près de ses os. Comme une toile sous la pluie. Elle s'accrochait vulgairement à son squelette pour dire que, mais ne lui était presque plus d'aucune utilité. Ses yeux vides et son cœur froid, ses mains abîmées et son visage roué de coups. Ce qui l'affola en premier fut l'un des corps, à terre, les yeux grands ouverts, vagues. Sa peau pâle et ses bras le long de son corps, en damné. Ses yeux noisettes maintenant gris et sa lèvre bleuit par le froid. Ses cheveux bruns qui s'étalaient sur le sol et sa légère barbe qui piquait son menton, rougie par le sang. Sa bouche ouverte, comme un poisson. Bill tremblait. Tom était mort.

Un hurlement.

- Bill ! Bill ! Bill !

Le jeune homme finit par ouvrir les yeux, secoué par son amant qui le tenait fermement par les épaules, en pleurs.

- Bill...

Suffoqua-t-il en le rameutant contre lui. Il avait eu peur, non, s'était terrifié à l'idée qu'il ne se réveille jamais. Il avait entendu tant d'histoires. Il le serra comme jamais il ne l'avait serré depuis leurs retrouvailles, avec cette poigne, ce refus de l'abandon. Il sentait le déporté trembler sur son épaule, la main à plat sur son bras, pour être sûr qu'il était bien sorti. Il réalisait. La chambre, le bouquet de rose fanées, les draps, l'odeur de Tom... L'odeur de Tom. Il se concentra sur cette dernière, plongeant le visage contre son cou, l'inspirant pour mieux s'en imprégner. Il laissa son homme le bercer, maintenant assis sur ses genoux, recroquevillé comme un enfant. Ce dernier tremblait lui aussi, terrifié par la vision de Bill qu'il avait eu quelques minutes auparavant.

- Chéri... Qu'est-ce que tu as vu...

Le brun hoqueta sur son épaule, l'image morbide dont il avait fait les frais lui revenait sans cesse en tête, comme pour pervertir un peu plus son esprit. Il se tordait le cerveau à force de penser.

- Je... Il y avait... La chambre à gaz...

Le jeune homme sanglota de plus belle, soutenu par les mains qui caressait lentement son dos. Le soldat alla pour lui dire d'arrêter lorsqu'il se força à continuer, instable.

- Puis... T'étais...mort... Ils étaient tous...morts...

Le barbu embrassa son homme sur les lèvres, le faisant frémir, avant de murmurer, toujours contre sa bouche.

- Je suis là... Je suis près de toi...

Le brun passait ses mains contre son visage comme pour s'assurer que son aîné était bien réel, en état second. Etat de choc, état de rage. Il l'embrassa une nouvelle fois, perdu, éreinté et désenchanté. Il n'oublierait jamais le génocide. Jamais. Le jeune homme avait pensé pouvoir un jour retrouver une vie normale mais s'était trompé ; il vivrait pour toujours avec ce poids terrible sur les épaules. Tom le regardait pleurer, bel ange, peiné de ne pouvoir l'aider à porter cette lourde charge. Ce n'était que l'affaire de Bill et de ses souvenirs, sa douleur de vivre à lui. Tom ne pouvait rien faire. Alors à la place de bercer son trésor il retira doucement sa propre chemise, sous les pleurs de ce dernier. Il le retira quelques secondes de son bassin et le déshabilla entièrement, pour le rasseoir près de lui. Le brun se colla contre la peau nue et renifla encore, pour finalement se calmer. Il sentait son odeur partout, et cette sensation l'apaisait plus que rien d'autre. Sa respiration reprit un rythme raisonnable et le jeune soldat retira sa chemise à son tour, sans arrière-pensée. Sans cette fougue des autres fois. Il lui retira ses vêtements comme on retire ceux d'un enfant, consciencieusement. Une fois Bill complètement nu il le laissa se réfugier contre lui, poussant un long soupir. Ils restèrent quelques instants de cette façon, sans rien faire. La peau contre la peau, les cuisses de Bill des deux côtés du bassin de Tom, sa tête dans son cou. Le jeune homme fredonnait, tout en caressant lentement la peau de son vis à vis. Cette nudité-là n'a rien de sexuel. Ce qui laissa le russe tout confus, et lui permit d'utiliser son corps sans repenser à sa terrible expérience. Il adorait le corps musclé et doux à la fois de Tom contre le sien, si bien qu'il prenait peu à peu conscience d'un petit millier de chose, sa tête reposée, légère de tracas. Il se laissa embrasser et descendit ses mains sur les flancs de son amant, pour les caresser doucement. Ce dernier se raidit et allongea le plus jeune, dans ce silence religieux. Seul le langage muet des yeux prônait, et leurs bouches se retrouvèrent une nouvelle fois. Les mains du brun s'emparèrent des hanches du plus jeune et ce dernier se tendit naturellement, offrant son bas ventre à son soldat. Ce dernier embrassa son torse et l'envie prit le dessus, les choses se faisant pour la première fois depuis des années normalement. Comme un besoin, doux, simple, rien n'avait aucune importance. Les doigts de Tom caressèrent l'intimité de Bill et le déporté se raidit, laissant échapper un léger gémissement. Il se détendit en sentant la langue de l'aîné retracer son cou et quémanda un baiser, en sentant le doigt le pénétrer. Il ressentit un pique de douleur mais trouva vite le plaisir, tremblant. C'était bon, bon parce que c'était Tom, bon parce que ça allait faire 10 ans qu'on ne l'avait pas touché intimement avec autant de douceur, et bon parce que le brun retrouvait toutes ces sensations. Il se tordit de plaisir et avança lui-même son bassin, laissant les larmes couler, peut-être de soulagement.

- Tom...On...On fait...L'amour... ?

Le jeune homme souriait, sentant les mains du plus vieux lui faire des merveilles, alors qu'il embrassait son cou. Rien que ça, il était encore trop tôt pour tenter une union plus poussée. L'androgyne savait au fond qu'il n'était pas encore prêt à prendre Tom, ou le recevoir en lui. Mais le pas qu'il venait de faire était considérable. Le soldat laissa couler ses larmes à son tour, touché.

- Mais oui trésor...

Il se mordilla la lèvre, amoureux, et l'embrassa à son tour. Parce que c'était son Bill, et qu'il était en train de faire un effort considérable. Parce que pour la première fois depuis une décennie, il s'offrait à lui sexuellement. Les cuisses écartées, le jeune homme ne marquait aucun point commun avec ce qu'il avait vécu en camp. Toute cette douleur brutale et ces hommes affreux qui le violaient, le vidaient de son âme à chaque coup de rein. Non, Tom était prévenant, il prenait soin de lui. Il faisait attention à ses beaux cheveux qu'il aimait garder longs. Il prenait garde à ne pas le blesser et l'embrassait le plus tendrement du monde à chaque allée-venue. Il ne touchait pas à ses poignets pour ne pas lui faire mal et ne l'obligeait pas à gémir. Bill gémissait parce que c'était bon. Non parce qu'on lui avait demandé. Il trembla et voulut offrir ce plaisir à son homme aussi, glissant sa main entre leurs corps qui s'unissaient, se dérobant l'un contre l'autre. Il caressa du bout des doigts son sexe et le sentit se tendre sous le touché franc, le brun lâchant un gémissement sonore. L'androgyne se délectait de sa moue de plaisir, s'empalant sur ses doigts qui lui faisaient tant de bien, tout en offrant ce plaisir à sa moitié en caressant sa verge. Le monde s'était arrêté de tourner, et au bout de quelques vas et viens les deux hommes se lâchèrent, jouissant dans un écho commun dicté par Aphrodite, laissant pendre leur corps l'un contre l'autre. Les amants se serraient, sans se regarder, juste en sentant le corps chaud de l'autre et son cœur battre contre sa poitrine. Ils avaient besoin de se tenir fort dans les bras pour se sentir exister. Besoin de s'étreindre avant qu'ils ne puissent plus le faire.

- Tu ne vas pas mourir, hein ?

La petite voix éraillé du brun arracha le silence, laissant pensif son aîné qui serrait contre lui son dos nu et glissant.

- Bien sûr que non Trésor.

Silence.

- Tu sais, nous allons mourir toi et moi. Très vieux. Dans ce lit. On sera couverts de couvertures, comme les petits vieux qui ont toujours froid, et ma main sera dans la tienne. Je serais sûrement ridé et lai-

- Tu seras toujours beau, tu sais.

Sourire.

- ...Ridé et nous auront eu une très longue vie pleine de bonheur, avec notre fille et des tonnes d'autres choses, tu verras. Toi tu seras un beau vieux, avec de belles lunettes.

Rictus.

- Il y aura de jolis cierges autour du matelas, et je t'aurais aimé plus qu'il est capable d'aimer en une vie. Tu auras une bague au doigt, aussi, parce que le mariage entre hommes sera autorisé. Puis tu fermeras les yeux en premier, pour que je puisse surveiller que les anges fassent bien leur travail, et je te chanterais une chanson. Enfin, quand tu seras monté au ciel, je te rejoindrais, très vieux, et nous mourrons dans notre sommeil. C'est comme ça que l'on mourra, Bill. Pas autrement.

Baiser.

L'androgyne se blottit contre son homme, avalé par la nuit, et murmura contre son torse, avec son léger accent russe.

- Tu racontes si bien les histoires, mon amour.


///

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