Je sors. Je ne pouvais plus supporter de rester enfermée, dans cet horrible endroit, avec le gardien qui me dévisageait en silence. Le regard des gens est une chose que je suis encore incapable d'affronter. C'est encore pire que les mots. Les yeux sont les miroirs de l'âme. Les paroles, on peut les choisir, les contrôler, mais les émotions qui miroitent sur nos pupilles ne trompent jamais.
Il n'y a que ceux de Paul qui ne m'ont jamais montré de la peur ou du dégoût. Je me demande comment il se sentira, lorsqu'il aura entendu la confession d'Adrian. Sera-t-il en colère contre lui? Déçu, trahi...? Je ne sais pas. Je ne sais pas comment il va réagir... mais j'ai confiance. Il est celui qui m'a fait revivre, et je ne l'oublierais jamais.
J'ai pourtant tenté de mourir, là-haut, sur cette falaise près des ruines de l'ancienne maison. Et grand frère a brisé sa promesse pour venir à mon secours. Si je n'avais pas fui, tout serait resté comme avant? Nous aurions continué à nous éviter dans les corridors de l'école, à cause d'un serment, d'une lointaine tragédie?
Le vent souffle, dispersant les nuages dans le bleu du ciel, et je repense à la vie que j'ai perdue. À l'avenir qui m'attend et à celui d'Adrian, qui a passé ses plus belles années sans moi, seul, à me protéger de loin. Pourquoi est-ce que tout doit se finir comme cela?