Chapitre 34 :
La journée avait été incroyablement longue pour William mais elle touchait enfin à sa fin. Il finissait avec deux heures de mathématique et ce cours était pour le moins soporifique pour lui. Peut-être que s'il avait un peu plus dormi durant la nuit il aurait été un peu moins fatigué, mais regarder son professeur avec cette femme par sa fenêtre lui avait semblé bien plus intéressant qu'une bonne nuit de sommeil.
Il bailla à s'en décrocher la mâchoire et plusieurs de ses camarades se retournèrent, sa vieille professeure aussi et elle le fusilla d'un regard noir. Cependant quand la sonnerie retentit, il fut le premier dehors, une vitalité débordante s'éveillant en lui soudainement. Il courut presque, saluant ses amis à la va vite avant de filer. Il ne savait même pas s'il était toujours là, mais il pouvait toujours tenter sa chance.
Il ralentit en voyant Nathan appuyé contre sa voiture, une cigarette au coin des lèvres et il n'arrivait pas à retenir le sourire qui apparaissait sur son visage. Il n'avait pas besoin de demander pour savoir que l'adulte était en train de l'attendre. Ils montèrent dans le véhicule sans un mot alors que Nathan venait de jeter au sol sa cigarette seulement à moitié consumée.
" Tu m'as attendu longtemps ? " demanda William.
" Non, j'avais des papiers à remplir. Les bulletins de notes. "
" Oh, et tu m'as mis quoi comme appréciation ? " William souriait, un air taquin sur le visage.
" J'ai pas encore commencé ceux de ta classe. "
" Qu'est-ce que tu as ? "
William avait l'impression que Nathan était de mauvaise humeur d'une certaine façon. Peut-être à cause de sa manière de lui parler, sans aucune émotion. Ou alors parce qu'il ne le regardait pas.
" Rien. "
" Ok, et en vrai ? "
Nathan soupira, est-ce que réellement il ne pouvait rien lui cacher ? Ca le gonflait un peu, mais pas tant que ça finalement.
" Les jumeaux m'ont fait chier en cours aujourd'hui. "
Nathan n'avait pas besoin de préciser plus pour que William comprenne que c'était d'un point de vue lupus.
" Et qu'est-ce que tu as fait ? "
" Rien je réglerai ça en privé plus tard. "
William trouvait étonnant que ces deux là cherchent leur Alpha parce que la position de Nathan ne faisait aucun doute.
" Oh ! Je sais. " Nathan le regarda en coin, attendant que son élève ne continu. "C'est surement à cause de Jessica." Comme William sentait sur lui le regard de l'adulte il précisa. "Elle est en chaleur, ça doit les titiller également et créer une sorte de tension."
"Et pourquoi est-ce qu'ils s'en prennent à moi, j'en veux pas de cette gosse moi ?!"
"Parce que tu es l'Alpha. Chez les vrais loups seul l'alpha se reproduit donc même si ce n'est pas le cas chez nous, c'est une sorte de compétition, de domination, qui reste quand même encrée dans nos gènes. Enfin quelque chose comme ça. Je ne l'ai encore jamais ressenti mais mon père m'en avait parlé."
Ils venaient d'arriver devant chez Nathan et William sortit de la voiture rapidement, en attrapant son sac et le jetant sur son dos.
" Je fais mes devoirs vite fait et je viens, ok ?"
" Non !" William écarquilla les yeux, ils étaient pourtant d'accord ce matin. " Tu fais tes devoirs comme il faut et tu viens."
Le garçon sourit en se calmant instantanément et hocha de la tête. Nathan pouvait bien dire ce qu'il voulait, il n'allait certainement pas y passer plus de temps que nécessaire. Il n'était pas mauvais en cours mais il n'était pas non plus du style à bosser avec acharnement. Ce fut torché en à peine trente minutes, collation comprise. Quand il sortit de chez lui il balança juste un 'je vais à côté' et ses parents comprirent facilement. Il ne demandait pas la permission et ils n'avaient rien à redire à ça. Qu'ils essaient juste de l'en empêcher pour voir.
Alors qu'il marchait rapidement sur le trottoir, il sentait monter en lui une adrénaline nouvelle, un sentiment d'excitation et d'empressement nouveau. Il ne frappa pas à la porte d'entrée et cria juste le prénom de son professeur pour savoir ou il se trouvait et signaler peut-être en même temps sa présence.
Nathan était dans le salon, installé sur son canapé alors qu'il jouait à la console, enfin il était plus vautré qu'autre chose. Il avait encore une cigarette à la bouche et Nathan le regarda en souriant, Nathan ne bougeant pas malgré l'arrivée de son élève.
" C'est vraiment trop dur la vie de prof. " Railla le plus jeune.
" Ouais, alors si tu en as conscience, assieds-toi et ferme-là pendant que je finis ma partie. "
William sourit un peu plus en s'approchant. Il prit la cigarette entre les lèvres de son prof et l'écrasa dans le cendrier avant de venir s'installer sur le canapé, allongé tout contre le corps de l'adulte.
" Fais comme chez toi hein."
" Ouais, c'est-ce que je fais."
William se sentait particulièrement bien là, dans les bras de Nathan même si officiellement il ne le serrait pas vraiment. Il pouvait sentir son odeur tout autour de lui, son torse et ses bras puissants, contre son propre corps. Il sentait un truc étrange en lui, une chaleur qui se diffusait de partout. Il y avait quelque chose qui grandissait en lui, autre que son anatomie qui se réveillait lentement.
" Est-ce que... Tu ressens ça toi aussi. " William parlait difficilement parce qu'il se sentait mal à l'aise par rapport à ça.
" Hum. "
Franchement, Nathan ne pouvait pas répondre que non, mais il ne se voyait pas analyser le truc non plus parce qu'il n'avait aucune idée de ce que c'était. Est-ce que c'était, leur force qui grandissait quand ils se rapprochaient ? Est-ce que c'était le lien qui les unissait qui se renforçait ? Ou est-ce que c'était autre chose ? Il n'en savait rien. Et à vrai dire il s'en foutait temps que c'était agréable.
Ils restèrent longtemps comme ça, sans bouger ni parler puisque Nathan était pris dans son jeu. Et puis parce qu'ils n'avaient sûrement rien à se dire. William avait fermé les yeux par moment, savourant juste ce qu'il ressentait. Nathan n'avait rien dit quand il avait sentit le gamin tourner légèrement la tête, enfouissant son visage contre la peau nue de son bras. Bien sûr qu'il avait remarqué la façon qu'il avait eu de le renifler tout en frottant son visage contre lui, mais ce n'était pas comme ci ça le dérangeait vraiment. Cependant quand le ventre de Nathan se mit à grogner sourdement, ils rirent tous les deux.
" Bon, j'ai la dalle, bouge maintenant. "
William n'insista pas, parce qu'il n'avait d'abord pas imaginé que leur câlin durerait aussi longtemps. S'il avait droit à ça tous les jours, ils en serait plus qu'heureux, pour le moment tout du moins.
" Tu veux manger là ? " Proposa Nathan alors qu'il regardait ce qu'il avait dans ses placards.
" Tu te sens seul ou quoi ? "
William le charriait un peu mais il adorait les attentions que Nathan lui portait. L'adulte ne répondit pas, parce que c'était peut-être aussi un peu la vérité. Il avait pris l'habitude de partager ses jours avec son élève et se retrouver seul maintenant était étrange. Pas forcément inconfortable, juste étrange.
" Qu'est-ce que tu fais demain ? "
William ne cherchait pas à combler le silence, il était juste curieux. Il n'avait pas envie de demander à Nathan s'isl pouvaient passer le week-end ensemble parce qu'il n'avait pas envie de se faire rembarrer inutilement.
" Je m'entraîne avec ton père. Tu sais, pour..."
William hocha la tête. Il savait et il souriait parce que peut-être pourrait-il les accompagner pour cet entraînement. Est-ce que Nathan apprécierait de se retrouver avec son élève, son Alpha, en compagnie du père de celui-ci ? Le garçon déchanta. Il y avait peu de chance finalement.
" Est-ce que je pourrais revenir demain ? "
" Ecoute, ne me demandes pas tous les jours, tu viens, si je suis libre et dispo tant mieux, sinon, tu repasses plus tard ok. Ça me donne trop l'impression qu'on se fixe des rencarts sinon et j'aime pas ça. "
William en rougit un peu. Alors c'était ainsi que Nathan voyait les choses ? Il ne savait pas si c'était bien ou pas, est-ce que ça voulait dire que Nathan commençait à le prendre au sérieux, comme un éventuel partenaire ? Il lâcha juste un 'ok' en mettant la table pour eux d'eux.
" Préviens tes parents que tu manges là !"
William obéit et envoya un message à son père. Il n'attendit aucune réponse mais quand celle-ci arriva, il ne la lu même pas. Trop occupé à dévorer son assiette de pâtes. Après ça, ils restèrent encore un peu ensemble avant que Nathan ne dise au plus jeune de partir. William n'avait aucune envie de rentrer chez lui cependant et il faisait exprès de traîner un peu, taquinant son prof sur divers sujets.
" Tu attendais quelqu'un ? " Demanda William quand la sonnette retentie dans toute la maison.
" Non. "
Nathan était déjà debout pour aller ouvrir mais il souriait en coin, il savait qui était là. Quand il réalisa néanmoins qu'il avait reconnu Mathéo juste par son odeur alors même qu'il était à plusieurs mètres de lui et à l'extérieur de la maison, il ne sut plus quoi en penser.
Jean était également là, peut-être un peu trop près de son ami mais ce n'était pas comme s'il ne savait pas ce qui les liait tous les deux. Ce qui le dérangeait davantage était ce qu'il sentait sur le vampire. Il les fit rentrer avant de parler de quoi que ce soit, il avait tendance à se méfier des oreilles indiscrètes maintenant bien que les pires qu'il connaisse étaient déjà dans sa maison, sur la tête de William.
Ils parlèrent un peu mais bien vite Mathéo remarqua que quelque chose dérangeait le loup. Nathan cracha le morceau sans aucune délicatesse. C'était l'odeur de sang sur Jean qui l'intriguait. Il ne l'avait jamais sentit aussi forte auparavant et se demandait si ça venait de lui, de son odorat qui se développait ou bien de Jean lui-même.
" En fait, il y a un peu des deux je suppose." Commença à expliquer le vampire. " Tes instincts se développant, tu sens plus de chose qu'avant. Sur moi tu dois sentir l'odeur de Mathéo et son sang, mais celui aussi de nombreuses autres personnes."
Mathéo ne dit rien, baissant un peu le visage pour cacher la gêne qu'il éprouvait alors que Jean balançait avec une facilité déconcertante qu'ils se liaient de bien des manières. Puis il regarda les réactions de son ami et de William quand Jean annonça qu'il avait tué quelques chasseurs qui rôdaient dans le coin. Il ne s'était certainement pas attendu à celle de Nathan.
" Combien ? Combien de chasseurs traînaient par là ?"
" Sept."
" Donc ils nous cherchent ? " Nathan n'avait pas besoin de réponse à cette question.
A suivre...