Qui suis-je ?.......
Cela va faire à présent deux bonnes heures que je suis allongée sur mon lit, à fixer une page vierge de mon carnet.
Enfin ! Vierge...
Pas tout à fait : j'avais quand même écrit en haut de la page la question : qui suis-je ?
Hmm.......
Cette interrogation prend tellement de sens : elle a des consonances avec l'instant présent, l'instant passé et l'instant futur : qui suis-je ? Qui avais-je été ? Qui voudrais-je devenir ? Quelle personne souhaitais-je être ? Devenir ?
Je souffle. Cela fait maintenant trois jours que j'avais pris ma décision. La décision de changer, d'être une nouvelle personne. Le même jour, j'avais également avoué mes sentiments à Arden. Je lui avais dit que je l'aime et que je tiens à lui. Et pour toute réponse, Arden m'avait répondu qu'il ne m'aime pas.
« Oui, mais moi je ne t'aime pas. »
C'est ce qu'il avait dit, et il n'a même pas eu besoin de répéter : ces mots ont pénétré mon esprit tels de petits lames de couteau effilées. Ils ont poignardé mon cœur, mais bizarrement, je ne saigne pas, parce que, au fond je m'y étais un peu attendue.
Même si...
Il a hésité.
Mais cette hésitation n'a été que de courte durée.
Mais ça reste une hésitation. Et puis il y a cette impression fugace qui est passé dans son regard...
Et puis sincèrement, je ne crois pas un mot de ce qu'il a dit. Pas par déni, mais plutôt parce que je sais qu'il ne pense pas tout ça.
En fait, ce que j'ai remarqué chez Arden, c'est que, à chaque fois qu'il lui arrive quelque chose de bien ou de positif pour lui, il s'arrange toujours pour tout gâcher. À chaque fois qu'une personne est gentille avec lui, il se force à construire des barrières entre lui et cette personne. De plus, il ne répond toujours que par le négatif, il s'arrange pour donner des réponses ou faire des remarques désobligeantes à la personne en question pour lui faire du mal.
C'est comme s'il se prive de bonheur en fait.
Pourquoi ?
Je ne sais pas, mais je pense qu'Arden souffre. Il garde quelque chose au fond de lui, quelque chose qui le consume mais seulement il refuse de se confier ou d'au moins en parler. C'est exactement pareil avec ses flashbacks : il refuse l'aide de quiconque.
Je soupire bruyamment.Je voudrais tellement qu'il se libère, qu'il se confie. Pas forcément à moi mais au moins à quelqu'un en qui il a confiance.
Enfin ! S'il a déjà un jour accordé sa confiance à quelqu'un......
Je voudrais également qu'il comprenne à quel point je l'aime. À quel point je tiens à lui. À quel point je serais prête à me dévouer corps et âme pour l'aider.
Si seulement il pouvait le comprendre.......
Mais bon ! S'il y a bien une chose que j'ai apprise, c'est qu'on ne peut pas forcer quelqu'un à faire quelque chose que lui ne souhaite pas.
Je ne peux aider Arden si lui-même déjà refuse de s'aider lui-même.
Je soupire une nouvelle fois, prend mon oreiller et hurle à plein poumons dedans. Je suis tellement stressée, j'ai tellement de soucis et de questions dans la tête !
Que vais-je bien pouvoir faire ?.......
Tout à coup, la porte s'ouvre. Je tourne la tête vers celle-ci et voit apparaître une silhouette féminine : Arina. Elle porte un jean ainsi qu'un top vert kaki.
- Hellooo ! s'écrie-t-elle.
Elle s'approche de moi et m'embrasse sur les deux joues.
- Waouh ! T'as l'air de très bonne humeur aujourd'hui. lui ai-je dit en souriant.
- Et comment ! C'est parce que, aujourd'hui, dit-elle, j'ai un rendez-vous !
- C'est vrai ?! me suis-je écriée.
- Oui ! s'exclame-t-elle en hochant la tête et en souriant de toutes ses dents.
- Je suis trop contente pour toi ! dis-je en lui prenant les mains. Qui c'est ?
- Je ne te dirais pas ! me nargue-t-elle en rigolant et en battant des cils.
- Mais allez ! Dis-moi ! ai-je rigolé.
- Nan ! me répond-elle en riant à son tour.
- Mais allez ! C'est qui ?
- Un garçon.
Je lève les yeux au ciel.
- Non mais ça j'avais bien compris. Mais qui est-ce ? Je le connais ?
- Mmmh, fait-elle, ce n'est pas impossible en effet.
- C'est quelqu'un de bien ?
- Bah ! s'exclame-t-elle. Évidemment sinon je ne serais pas sortie avec !
Je rigole et elle se joint à moi.
- C'est quoi ça ? me demande-t-elle en désirant mon carnet.
Elle se penche pour apercevoir ce que j'ai écrit.
- Qui suis-je ? Pff ! C'est quoi ce truc tout pourri ? se marre-t-elle.
Je hausse les épaules, à peine vexée par sa réflexion puérile :
- Disons que.... C'est un sujet de réflexion.
- C'est ton prof qui vous demandé de réfléchir dessus ? Sur cette phrase ?
Oui et non......
- Oui et non.
Je regarde ma feuille dépourvue de mots hormis ceux du titre : Qui suis-je.
- Le truc, ai-je repris, c'est que je ne sais pas par où commencer. Il y a tellement de pistes à explorer. Cette phrase à elle toute seule regroupe beaucoup de choses. Trop de choses.
- Hum, fait Arina en regardant mon carnet, je ne sais pas si c'est une idée mais peut-être qu'au lieu d'essayer de commencer par « qui suis-je » peut-être que tu pourrais essayer avec « qui ne veux-je pas être » ? Ou ne « plus être » ?
Je cligne des paupières, regarde ma page puis regarde Arina.
- Ce n'est pas bête comme idée.
Elle hausse les épaules.
- C'est normal : puisque c'est moi qui l'ait eu cette idée ! s'exclame-t-elle en rigolant.
Je rigole à mon tour, puis je vois Arina sortir son téléphone de la poche de son jean. Elle pianote quelque chose dessus puis le range et tape dans ses mains.
- Bon ! Je ne vais pas tarder à y aller, moi ! Il ne faudrait surtout pas que j'arrive en retard !
J'acquiesce et lui réponds :
- Amuse-toi bien mais reste prudente.
- T'inquiète ! me dit-elle en me faisant un clin d'œil.
Elle se lève, descends de mon lit, se dirige vers la porte et sors de la chambre en la refermant derrière elle. Me voici donc de nouveau seule.
Seule, avec mon carnet, mais revigorée et des idées pleines la tête.
Alors......
J'attrape mon stylo que j'avais posé près de mon carnet et je m'allonge sur mon lit, les yeux rivés sur la page vide.
Je réfléchis quelques secondes puis, lève mon stylo et écris sur la page :
Qui ne souhaitais-je plus être ?
Je ne veux plus être faible.
Je ne veux plus être traitée comme un pantin.
Je ne veux plus paraître comme une gosse de riche, une fille facile, incapable de réfléchir par et pour elle-même.
Je ne veux plus qu'on se moque de moi.
Je ne veux plus m'effacer devant les autres.
Je ne veux plus laisser les autres choisir ce qui est bon ou pas pour moi.
Je ne veux plus être timide.
Je ne veux plus pleurer.
Je ne veux plus dépendre de quiconque.
Je ne veux plus avoir à jouer de rôle pour plaire aux autres.
Je ne veux plus être spectatrice de ma propre vie.
Je ne souhaite plus être la fille que je suis maintenant : c'est fini.
Après avoir écrit ces quelques phrases, je saute deux lignes et poursuis avec :
Qui souhaitais-je être ? Devenir ?
Je veux changer.
Je veux être plus forte.
Je veux être une bonne amie.
Je souhaite m'affirmer devant les autres.
Je veux devenir une autre fille, une autre Muzelina.
Je souhaite devenir indépendante.
Je veux pouvoir être qui je suis sans avoir peur des réactions des autres autour de moi.
Je souhaite que les autres m'acceptent telle que je suis, sans que je n'ai besoin de jouer un rôle pour cela.
Je veux me retrouver : découvrir la vraie Muzelina.
Je veux être heureuse.
Je veux vivre.
Je veux être aimée
Je veux devenir un Ange.
Je regarde la page de mon carnet.
C'est vrai que, écrit comme ça, toutes ces phrases ressemblent plus à des vœux qu'on adresserait au Père Noël avant Noël justement, mais moi ça me convient. À partir d'aujourd'hui, ces phrases, ces mots écrits de ma main, représenteront tout pour moi : mon passé, mon présent et mon avenir.
Et je les tiens entre mes mains : je suis Maîtresse de mon Destin......
« On nous a donnés une nouvelle chance, Muzy. La chance de pouvoir à nouveau vivre, ici à Destiny High. La chance de pouvoir devenir de meilleures personnes que celles que nous étions sur Terre. Et on se doit de ne pas la gâcher. ».
Tu as raison, Arden...
J'ai une nouvelle chance et je ne compte plus la gâcher : je vais la saisir à deux mains et de toutes mes forces.
***
Dring ! Dring !
Ah ! Ce bon vieux réveil......
Je lève ma main et l'éteins. J'ouvre les yeux un à un et me réveille. Aujourd'hui, nous sommes vendredi et c'est aujourd'hui que mes « résolutions » entrent en action.
C'est bizarre...
J'ai séché les cours pendant trois jours. Trois jours pendant lesquels j'ai durement et longuement réfléchi. Plus que je ne l'ai jamais fait au cours de toute ma vie passée sur Terre. Et à présent, je m'apprête à retourner en classe en une toute nouvelle personne, une nouvelle Muzelina.
Mais attention : un changement ça ne s'opère pas d'un claquement de doigts ! Je ne dois pas placer la charrue avant les bœufs !....
Peut-être que je me surestime un peu mais bon ! On ne pourra pas me reprocher le fait d'être optimiste. Prise d'un élan de bonne volonté, je me lève de bonne humeur et m'apprête prestement. J'ouvre mon armoire et choisis au pif un top violet à manches longues, avec un jean gris taille haute. Une fois habillée, je relève mes cheveux en une queue de cheval haute puis je m'assieds sur ma coiffeuse et me maquille un peu. J'applique du fard à paupières violet sur mes paupières, puis de l'eye-liner noir dans le coin des yeux, puis je me mets du rouge à lèvres mat rouge bordeaux.
Je regarde le résultat sur le miroir et écarquille les yeux.
J'ai l'air dangereuse......
Je hausse les épaules.
Après tout, ce n'est pas plus mal !...
Je me lève, vais récupérer mon sac et mon téléphone et me dirige vers la porte quand je tombe sur Arina qui vient tout juste de revenir des douches communes.
- Waouh ! siffle-t-elle. T'es trop canon ! Je pourrais presque être jalouse !
- Merci. ai-je rigolé.
- Dis-moi, c'est pour un garçon ?
Le sourire qui avait été sur mes lèvres quelques instants plus tôt, a disparu.
- Non. lui ai-je répondu en fronçant les sourcils.
- Allez ! Arrête. Tu peux le dire à moi, allez dis-moi tout ! C'est qui ?
- Mais voyons, Arina c'est personne : je ne vais voir aucun garçon.
Elle roule des yeux.
- C'est impossible ! Tu ne peux pas t'être fait belle comme ça sans aucune raison ! Il y a forcément un garçon derrière.
Je secoue la tête.
- Et pourquoi pas ? lui ai-je demandé. Une fille ne devrait se faire belle que pour un garçon ? Elle ne pourrait pas le faire juste pour elle ? Parce qu'elle en a juste envie ?
Arina hausse les épaules.
- Tu vas me dire qu'aujourd'hui tu t'es levée et que tu t'es dis : « je vais m'habiller et me maquiller en bombe » uniquement parce que tu es de bonne humeur ?
Je hausse les épaules et hoche la tête.
- Oui, uniquement pour ça.
Arina rigole.
- Mais je ne suis pas une bombe. lui ai-je dit.
Le rire d'Arina redouble de plus belle.
- Muz, je crois que tu ne te rends pas bien compte de quel pouvoir d'attraction tu possèdes. Encore plus maquillée et habillée comme ça. Je te jure : t'es une vraie bombe sexuelle à retardement.
Je rougis et rigole.
- Tu ferais mieux de t'habiller avant d'être en retard.
- Oh ! Ne t'en fais pas pour moi : on ne me remarquera même pas. Tout le monde aura les yeux rivés sur toi.
Je souris en levant les yeux au ciel et sors de la chambre. Je traverse les couloirs du dortoir pour me diriger vers l'annexe, mais sur tout le chemin, je suis apostrophée par des gens que je ne connais même pas. La plupart du temps, ce sont des regards, des sourires de la part de filles comme de garçons mais ce qui est le plus exaspérant, ce sont les sifflets. Siffler une fille est une marque d'impolitesse pure et je n'aime pas ça du tout. Aussi, à chaque sifflet que je reçois, je me retourne et lance un regard noir à la personne concernée pour la dissuader de recommencer un jour. Finalement, j'arrive devant la salle de classe. Je pose ma main sur la poignée et entre dans la salle. Je vois autour de moi des gens qui rient, sourient et qui parlent.
Tous mes camarades de classe.....
Parmi eux, je reconnais mes amis : Xander, Chris, Mia, Cherry et Antonio. Je m'approche de ces derniers.
- Salut.
Ils s'arrêtent tous de discuter et me regardent tous avec de grands yeux.
- Il y a quelque chose qui ne va pas ? ai-je demandé en souriant, quelque peu gênée.
Ils continuent de me regarder de la même manière puis Xander se penche à l'oreille de Cherry et lui demande :
- Dis tu vois bien la même chose que moi ? Serait-ce là notre amie « Muza » ?
Cherry hausse les épaules.
- Je ne sais pas Xander.
- Serait-ce alors une revenante ? continue-t-il.
Je lève les yeux au ciel.
- Xander, tu n'es pas drôle. ai-je rigolé. Et Cherry arrête de faire semblant de rentrer dans son jeu : tu sais très bien que c'est moi.
Cherry plisse les yeux puis éclate de rire.
- Oui, t'as raison : c'est bien toi !
Nous éclatons tous de rire.
- Dis donc ça fait longtemps Muz !
Je hoche la tête.
- Eh oui. Trois jours !
- Je croyais que ça ne te ressemblait pas de sécher les cours ? me demande Chris.
Je hausse les épaules.
- Il me fallait un p'tit break.
- Et ça t'as fait du bien ? me demande Mia.
- Oui, lui ai-je répondu en me tournant vers elle et en hochant la tête. Beaucoup de bien.
- Ah, peut-on donc dire que nous avons droit au retour d'une bad Muzelina ? plaisante Xander.
Je souris.
- Pas forcément bad, mais une nouvelle Muzelina ça c'est certain !
- Ah oui ? Où est passé l'ancienne version dans ce cas ?
- Arrête avec tes blagues pourries, Xander. lui dit Antonio en lui donnant une chiquette derrière la tête.
- Aïe !
- Bonjour chers élèves ! Descendez des tables et installez-vous à vos places respectives.
Le professeur Tocci entre dans la salle avec à la main un attaché-case noir et sous son bras gauche, une importante pile de dossiers qu'il dépose lourdement sur son bureau. Nous nous asseyons à nos places et sortons nos affaires.
- Inutile de sortir vos affaires. nous prévient-il.
Il ouvre son attaché-case et en sort un paquet de feuilles qu'il nous montre. Un soupir de consternation monte dans la classe.
- Oh non ! Pas un contrôle ! se lamente Xander en laissant sa tête tomber lourdement sur sa table.
M. Tocci distribue les feuilles rangées par rangée et une fois que nous les recevons, nous ne perdons pas de temps et commençons aussitôt.
- En attendant, de voir cette « nouvelle Muzelina » que j'ai très envie de découvrir, on va devoir se coltiner un putain de contrôle d'histoire-géo : génial ! me chuchote Cherry.
Je lui souris puis prends un stylo dans ma trousse et démarre l'interrogation écrite.
Deux heures plus tard, lorsque la sonnerie retentit dans le bâtiment et que M. Tocci se lève en nous disant qu'il est temps pour nous de rendre nos,copies ce que nous faisons. Nous rangeons nos affaires et nous dirigeons vers notre prochaine heure des cours.
- Deux heures d'interro d'histoire puis deux heures de de langues destinienne ?! Je sens que je vais crever ! s'exclame Xander.
Je hausse les épaules.
- Moi ça va. Le contrôle n'était pas trop dur.
- Quoi ?! Il était insurmontable tu veux dire ! Mais comment t'as fait pour t'en sortir alors que t'as été absente pendant trois jours ?
Je hausse une nouvelle fois les épaules.
- J'ai révisé les cours. Hé Xander, je n'ai pas passé mon temps à glander tu sais. ai-je rigolé.
Xander fronce les sourcils.
- C'est officiel : je décrète que cette fille, Muzelina MacGregor n'est pas humaine. Non mais sérieux : tu pourrais m'expliquer comment est-ce qu'une personne qui rate les cours s'arrange pour, quand même étudier chez elle ?
- T'aurais pas fait ça toi ? demande Antonio.
- Moi ?! s'étonne Xander. Bien sûr que non ! Si je reste chez moi, c'est pour glander pas pour travailler voyons ! De mon vivant, j'étais le cancre et le plus paresseux de ma classe.
- Ça n'a pas vraiment changé. ajoute Mia.
Nous rigolons et Xander fronce les sourcils visiblement vexé. Nous arrivons dans la salle de maths, nous asseyons et le professeur débute le cours. À la grande joie de Xander, les deux heures de maths se sont rapidement écoulées et nous voilà rassemblés autour d'une table avec devant nous nos plateaux fumants. Le déjeuner se passe dans la bonne humeur. Je suis vraiment heureuse de revoir tous mes amis, de pouvoir leur parler sans crainte de rejet, ni quoi que ce soit : pas un seul nuage à l'horizon.
Hormis peut-être...
Hormis peut-être Antonio.
Depuis ce matin, j'avais remarqué son comportement quelque peu bizarre ou du moins inhabituel avec moi. D'habitude, il aime bien converser avec moi mais là.... Silence radio.
Il évite mon regard mais je sens le sien sur moi. Soudain, alors que j'avais la tête baissé vers mon plat, je relève la tête vers lui. Il me regarde mais comme il se rend compte qu'il vient de se faire griller, il détourne aussitôt la tête.
Je fronce les sourcils.
Que se passe-t-il ?...
Il se passe quelque chose entre Antonio et moi. Il y a trop de non-dits entre nous et un jour, il va bien falloir crever l'abcès. Vouloir changer consiste aussi à régler les vieilles rancunes ou animosités qui subsistent encore. Une fois le déjeuner achevé, alors qu'avec tout le reste de la classe, nous nous dirigeons vers notre prochaine salle de cours, nous apercevons une silhouette devant la porte. Nous nous approchons et réalisons que cette silhouette n'est autre que celle du Professeure Arkiansas.
- Bonjour à toutes et à tous. dit-elle en se rapprochant également de nous.
- Bonjour, Professeure.
- Exceptionnellement, cet après-midi, vous n'aurez pas cours.
Des cris de joie montent dans les rangs. Le Professeure lève la main pour demander le calme.
- Cependant, reprend-elle, cependant vous allez tous me suivre jusqu'à l'amphithéâtre : une intervention pour le moins étonnante vous y attend.
Elle avance et nous la suivons tous, curieux et perplexes : que peut bien être cette curieuse intervention ?
Nous marchons jusque vers l'amphithéâtre de l'École. Le Professeure nous ouvre la porte et nous entrons. Nous remarquons aussitôt que plusieurs élèves d'autres classes sont assis dans les rangs. Le Professeur nous demande de nous installer, ce que nous faisons. Les bavardages s'intensifient: tous se posent la question de notre présence ici. Le Professeur quant à elle, se dirige vers l'estrade et disparaît derrière la scène.
Tout à coup, la lumière des plafonniers s'éteignent et nous sommes plongés dans le noir.
Mais que se passe-t-il ?...
La lumière étant éteinte, le sens de la vue nous est fortement restreint.
Soudain, nous entendons au-dessus de nos têtes, un drôle de bruit. Nous levons tous la tête pour percevoir la provenance de ce bruit justement. Le bruit recommence encore et encore.
On aurait dit le bruit que fait un oiseau quand il s'envole.....
- Hé ! m'interpelle Xander qui est assis à côté de moi. Ce bruit ne te fait pas penser à un vol d'un puissant avion de chasse ?
J'acquiesce.
- Si. Il me fait également penser au bruit d'un vol d'oiseau.
- Un très gros oiseau alors ! s'exclame-t-il.
Ce bruit-là s'intensifie et semble même se décupler : ce n'est plus un bruit mais plusieurs qu'on entend au-dessus de nos têtes. On dirait qu'un bataillon d'oiseaux vole au-dessus de nos têtes. Être plongé dans le noir et ne pas savoir la provenance ni la nature des bruits que nous entendons au-dessus de nos têtes, font paniquer certains élèves.
Tout à coup, quelque chose de froid atterrit sur ma tête. Je lève la tête, puis cette chose atterrit sur mon nez.
Qu'est-ce que....?.....
Je ne suis pas la seule à me demander ce qui se passe : partout autour de moi l'agitation est à son comble.
La chose froide tombée du plafond atterrit sur ma main.
Même s'il fait noir et que je ne vois pas très bien, j'arrive tout de même à discerner ce que c'est et c'est un...
Flocon de neige ?!...
- Hé ! s'exclame quelqu'un. C'est un flocon de neige !
Des cris de stupeur et d'admiration s'élèvent des rangs.
Mais comment est-ce possible ?...
Comment des flocons de neige peuvent tomber sur nous ?
Nous ne sommes pas à l'extérieur et puis, nous ne sommes pas en hiver non plus.
Ces petits flocons de neige continuent de tomber sur nos têtes, ce qui provoque le rire et les sourires de tous même de ceux qui, quelques instants plus tôt, avaient paniqué à cause des drôles de bruits entendus au-dessus de nos têtes. Tout le monde essaye d'en attraper un, même moi qui me suis laissée entraîner dans cette joie enfantine.
Tout à coup, ce ne sont plus des flocons de neige qui tombent, mais des gouttes d'eau.
Sauf que ces gouttes d'eau sont assez spéciales : elles tombent du plafond tout doucement et restent en suspension devant nos visages. Chacun de nous a devant lui une goutte d'eau "spéciale".
- Mais c'est quoi ce truc ? demande Xander.
Nous ne savons pas ce que nous étions censés faire : devons-nous nous en méfier ou bien, les regarder ainsi à la dérobée ou bien encore les toucher ?
- Ok ! Et on est censé faire quoi avec ? demande quelqu'un. On est censés les boire peut-être ?
Des gloussements accueillent sa demande. Les gens rigolent pour évacuer le stress, parce qu'il faut l'avouer nous sommes tous nerveux : que sommes-nous censés faire ?
Tout à coup, une fille assise deux rangs avant moi, prend son courage à deux mains et touche la goutte. Elle explose alors en un artifice de lumière qui la fait sursauter sur son siège.
- Waouh ! Mais qu'est-ce que c'est ?
Aussitôt, elle est imitée par plusieurs autres jeunes : tous touchent la goutte suspendue devant eux qui explose, après le contact, en un artifice de lumière splendide et heureusement inoffensif pour nous. À chaque fois qu'une goutte éclate en un artifice de lumière, une joie immense envahit tout l'amphithéâtre.
À mon tour, je passe ma langue sur mes lèvres, quelque peu nerveuse, lève mon index, approche ma main de la goutte et la touche. Elle aussi explose en un artifice lumineux qui me fait sursauter sur mon siège. Mais sans savoir pourquoi, un sourire immense s'étire sur mes lèvres. Je tourne la tête et aperçois Xander qui a, lui aussi un grand sourire sur les lèvres.
C'est vraiment stupéfiant : en un instant, nous sommes passés de la peur et de l'incompréhension à une allégresse pure et légère. C'est comme si nous étions tous retombés en enfance.
C'est fou ! Comment de si petites gouttes de lumière ont pu nous rendre joyeux de la sorte ?...
Partout autour de moi, j'entends des rires et je vois des sourires. Malgré toute cette bonne dose de gaieté et de bonne humeur, une question reste, cependant, elle aussi en suspens dans ma tête : qui ou quoi est à l'origine de tout ceci ?
Soudain, je remarque que les poils de mes bras se hérissent.
De la chair de poule ?....
Un bruit au-dessus de ma tête attire mon attention. Je lève la tête et discerne vaguement dans la pénombre une forme.... Ailée.
Une forme ailée ?!....
Tout à coup, apparaissent devant nous, sur la scène, quatre personnes. Deux filles et deux garçons et tous ont une particularité : ils possèdent des ailes.
Des ailes ?!...
Tout à coup, les deux filles et les deux garçons s'écartent et laissent un espace entre eux. Une forme ailée traverse la salle et atterrit en plein milieu de cet espace justement.
Elle se relève tout doucement et nous découvrons, nous tous qui sommes assis sur nos sièges, quatre personnes ailées, debout sur la scène avec au centre d'elles, une cinquième personne elle aussi ailée. Cette cinquième personne est une fille. Elle est blonde et a des cheveux courts bouclés. Ses yeux marrons nous regardent, font le tour de l'audience et son joli visage s'éclaire d'un immense sourire :
- Bienvenue à tous ! Vous êtes ici à Destiny High !
Des bruits de stupeur et d'admiration gagnent l'audience mais qui sont bientôt suivi par un tonnerre d'applaudissements.
- Des Anges ! Ce sont des Anges ! s'exclame quelqu'un parmi nous.
La fille au centre sourit et bat des ailes. Elle est bientôt suivie par ses quatre autres camarades. Ils battent tous des ailes et d'un coup, elles disparaissent.
- Waouh !
Les applaudissements redoublent. La fille au centre sourit et lève une main pour réclamer le calme, mais elle n'arrive pas à l'obtenir. Nous sommes juste..... Stupéfaits et émerveillés devant un tel spectacle. Je crois que c'est la première fois depuis que je suis ici, à Destiny High que j'assiste réellement à une véritable démonstration de....
Magie....
Je sais, nous avions tous été prévenus que nous deviendrons Anges et Démons à la fin du cycle d'insertion, mais je n'avais jamais pensé être aussi.... Époustouflée par leur présence.
Je n'ai pas également pensé être aussi émerveillée devant de la magie......
Parce que ça en est, c'est sûr.
- Merci, merci vraiment. déclare la fille au centre de la scène.
Les applaudissements s'arrêtent et elle peut enfin parler plus clairement sans être couverte par un affreux bruit de fond :
- Bien ! Comme l'a crié quelqu'un dans la salle, plaisante-t-elle, nous sommes effectivement des anges. Les Anges de Destiny High.
Des murmures d'admiration parcourent le public.
- Alors, évidemment nous ne sommes pas au complet comme vous pouvez le voir, plaisante-t-elle à nouveau, mais voilà ! Nous sommes un petit groupe de cinq anges prêts à répondre à toutes vos questions. Mais d'abord, je pense qu'il serait bien que je fasse les présentations.
Elle s'efface devant une grande fille noire de peau. Elle a de courts cheveux noirs et un magnifique sourire.
- Voici Gwen, un Ange de première année.
Gwen nous sourit à tous. Puis, la fille au centre présente la seconde fille, qui est, comparée à Gwen, nettement plus petite et un peu plus en rondeur. Elle a des taches de rousseur sur le visage et ses cheveux noirs et teintés de rouge sont relevés en deux petits chignon bun que je trouve juste adorables.
- Voici Hélène qui est elle aussi un Ange de première année.
- Bonjour à tous ! s'exclame cette dernière d'une voix forte qui contraste fortement avec sa physionomie.
La fille au centre continue ses présentations. C'est maintenant au tour des deux garçons : l'un assez petit, aux cheveux châtains et aux yeux verts se prénomme Liam et est lui aussi en première année, tandis que l'autre, de plus grand gabarit et mat de peau, se prénomme Damien et est, lui, en seconde année.
- Et moi, déclare la fille au centre qui a fait toutes les présentations, je suis la dirigeante du foyer des apprentis Anges gardiens, je m'appelle Sophie et je suis en troisième année.
Des applaudissements succèdent à ses déclarations.
- Bien ! dit-elle en tapant dans des mains. Ceci étant dit, vous devez tous sans doute vous demander pourquoi nous sommes ici, à parler devant vous ?
Tous acquiescent.
- Eh bien, c'est parce que chaque année, à l'approche de la fin du cycle, et donc de la Cérémonie du Jugement, tous les élèves de Destiny, donc vous, dit-elle en nous pointant du doigt, devez assister à une petite conférence présidé par les Anges ou les Démons et ces derniers doivent faire un petit « speech » sur ce qu'être un Ange ou un Démon, quelle sorte de personne vous deviendrez après la Cérémonie du Jugement, comment vous serez accueillis, instruits pour devenir des Anges ou des Démons, qu'elle nouvelle vie vous attend... Bref ! Tout un petit rituel que nous répétons chaque année.
Elle se déplace sur la scène de l'amphithéâtre.
- Tout d'abord, est-ce que vous avez des questions ?
Personne, dans l'assistance n'ose lever la main ou prendre la parole.
- Personne, vraiment ? demande Sophie.
Aucun des élèves assis sur les sièges ne répondent.
- Allons, ne soyez pas timides ! Je suis sûre que vous avez tous des questions. déclare-t-elle.
- Vous savez, intervient Gwen, cette séance sera la seule que vous aurez pour nous poser des questions avant la Cérémonie du Jugement. Après ce sera trop tard. Alors, profitez-en.
Quelques instants après cette déclaration, une personne enfin, ode lever la main.
- Ah ! Enfin une ! s'exclame Sophie en s'approchant. Ton nom s'il te plaît.
- Leah.
- Très bien, Leah. Quelle est ta question ?
- C'est quand la Cérémonie du Jugement ?
- Alors ! s'exclame Sophie en tapant dans ses mains. Elle approche ça c'est sûr, après pour vous donner une date certaine, si je ne me trompe pas, ce sera dans trois semaines.
Des murmures de stupeur et d'étonnement gagnent l'assistance.
- Dans trois semaines ?! Sérieux ?! s'écrie quelqu'un.
- Putain ! Mais c'est comme si c'était demain en fait ! renchérit quelqu'un d'autre.
Je ferme les yeux pendant quelques secondes puis les rouvrent.
La Cérémonie du Jugement aura lieu dans trois semaines......
Première chose à savoir.
D'ici à trois semaines, je saurai si je suis Ange ou Démon......
- Es-tu sûre qu'elle aura bien lieu dans trois semaines ? demande une autre fille.
- Oui, sauf erreur de ma part. lui-répond Sophie. Mais il ne fait surtout pas vous inquiétez pour ça. Sinon, vous avez d'autres questions ?
Et là, c'est un véritable raz de marée de mains levées qui gagne l'audience.
Sophie, Gwen, Hélène, Damien et Liam ne savent plus où donner de la tête. Ils répondent tous à toutes les questions qui s'enchaînent toutes sans s'arrêter. À mon tour, je lève la main car j'ai une question qui me taraude l'esprit depuis le début de la conférence. Sophie me sourit et me donne la parole.
- Dîtes, ce à quoi on a assisté tout à l'heure, c'était de la magie ?
Silence total dans l'amphithéâtre. Tout le monde s'est tu et tous les regards sont désormais tournés vers moi. Sophie ne cesse de sourire et me répond d'une voix forte et claire :
- Oui. C'était de la magie.
Des cris et d'exclamation et de surprises sont poussés par quelques personnes assises parmi nous. Dont Xander.
- Quoi ?! Ce truc c'était de la magie ?!
- Waouh ! C'était trop beau !
- Comment vous arrivez à faire tout ça ?
- Est-ce que nous aussi nous aurons des pouvoirs ?
- Et vos ailes alors ? Est-ce qu'elles font aussi parties de vos pouvoirs ?
- Alors les drôles de bruits au-dessus de nos têtes c'étaient vous ?
- Est-ce que nous aurons droit aussi à nos ailes ?
Sophie, Gwen et les autres lèvent leurs mains pour réclamer le calme. Une fois qu'ils l'ont obtenu, Sophie déclare :
- Oui, tout ceci, notre petit spectacle, était de la magie. Vous a-t-il plu ?
Des réponses affirmatives lui parviennent.
- Évidemment !
- Oui ! C'était effrayant mais trop beau !
- C'était magique !
Sophie acquiesce et poursuit :
- Cette magie nous est propre à nous les Anges. Elle de transmet de générations en générations et à chaque année, cette magie ancestrale se renouvelle grâce à chacun de vous, qui faîtes parties de la nouvelle génération.
- Cela veut donc dire que si nous voulons utiliser de la magie, bous devons devenir Ange ? demande quelqu'un.
- Ce type de magie, oui. répond Hélène. Mais si vous devenez Démon, vous utilisez aussi de la magie. Mais pas le même type, c'est tout.
Des exclamations de surprises sont font entendre.
- C'est vrai ?!
- Nous aurons des pouvoirs en étant Ange ou Démon ?
- C'est trop cool !
- Mais, intervient Sophie, en étant soit Ange ou Démon, vous utiliserez de la magie, certes, mais pas le même type.Et sincèrement, si je peux vous conseiller quelque chose, ce serait que la magie des Anges est cent fois mieux que celle des Démons.
Quelques personnes rigolent dans le public.
- Pff ! Quel mensonge honteux tu viens de dire là ?
Sophie cesse de sourire aussitôt et demande :
- Qui a dit ça ?
Toute l'assistance se regarde, à la recherche du coupable, mais il semble que personne, ici ne l'ait dit. Pas même Xander.
- Ce n'est pas moi je vous jure ! nous a-t-il dit lorsque moi et Cherry lui avons lancé un regard très éloquent.
Mais pourtant ! Nous n'avons pas rêvé : une personne vient bien de dire ça, non ?
Qui cela peut-il bien être ?........
Tout à coup, une espèce de trou béant apparaît sur scène, juste à côté de Sophie. Cette espèce de trou béant s'est formé dans l'air tout seul. Il ressemble à une espèce de tourbillon.
Qu'est-ce que... ?....
Encore de la magie ?......
Tout à coup, ce tourbillon prend forme et laisse apparaître sur scène cinq silhouettes. Trois garçons et deux filles.
Le premier d'entre eux s'avance vers Sophie et dit :
- Salut les Anges ! Comment ça va ?