POTERIE
La route ne fut pas longue. Il n'y avait pas de bouchon, et la poterie n'était pas loin. Cora avait la tête tournée vers la vitre, on aurait pu croire qu'elle admirait le paysage à travers ses lunettes de soleil si on ignorait son amaurose, mais moi, je savais. Pendant les trajets, qu'ils soient longs ou courts, sa tête roulait mécaniquement vers la vitre, comme si elle espérait revoir les arbres défiler et devenir flous. Un peu plus chaque jour, elle espérait. Je le sentais.
La séance se déroulait dans un local loué spécialement par le potier. Étant des habitués, nous avions notre propre espace.
- Salut les jeunes !
Nous saluâmes le potier et j'emmenais Cora dans notre salle. De l'argile était disposée sur la table, a côté de nos outils. Cora posa sa canne sur la table quand elle fut devant et je fis glisser la chaise jusqu'à ce qu'elle touche l'arrière de ses genoux pour qu'elle sente sa présence. Elle se débarrassa de son manteau et de son bonnet que je récupérais pour les mettre sur une chaise un peu plus loi. Elle s'installa convenablement et commença à trier ses outils. J'avais demandé à John de les ranger comme la dernière fois, pour qu'elle puisse s'y retrouver. Elle déballa son argile et la malaxa après l'avoir légèrement aspergée d'eau.
- Tu ne t'assieds pas? Me demanda-t-elle.
- Si, bien sûr.
Je me débarrassais rapidement de ma veste et m'assis à ses côtés.
- Tu sais ce que tu vas faire?
- Je vais essayer de faire une fleur, avouais-je.
Elle gloussa et posa sa boule d'argile face à elle.
- Ne te moque pas de moi. Je suis nul, c'est pas ma faute.
Elle haussa les épaules, un sourire aux lèvres.
- Merci, Jaques. Je sais que tu n'aimes pas spécialement ça, et pourtant à chaque fois tu m'accompagnes.
- Ça me fait plaisir, Crevette. Alors arrête de me remercier pour rien.
Elle tourna la tête vers moi, et ses joues s'empourprent.
- Je voudrais te faire un bisou sur la joue, mais je sais pas où elle est, me dit-elle timidement.
Un sourire niais étira lentement mes lèvres et je me penchais vers elle, assez pour qu'elle sente ma présence. Maladroitement, elle m'embrassa la joue et s'éloigna très vite, comme si je l'avais brûlé.
- Tu piques, se plaint-elle.
Je passais mes doigts sur ma barbe, un sourire rieur aux lèvres. J'allais finir par avoir une crampe aux joues.
- Tu as une barbe comme les hommes des cavernes?
- Non, riais-je. Juste une barbe de quelques jours. Je me rase une fois par semaine.
Elle hocha la tête et reporta son attention sur sa boule d'argile.
- Je vais faire un dessous de table, me dit-elle.
Elle se leva et se dirigea vers l'étagère avec les emporte-pièces. Elle connaissait cette salle comme notre appartement et n'avait pas besoin de moi pour se déplacer, mais je ne pouvais pas m'empêcher de la surveiller. Je ne savais pas ce que c'était que d'être aveugle, peut-être que je l'étouffais, mais j'imaginais qu'elle me le dirait si jamais ça devenait trop lourd a porter. Ou du moins, elle le dirait à Ivy, et Ivy me le ferait comprendre.
Elle retourna à sa place et commença son œuvre. Je reportais mon regard vers ma pâte emballée et soupirais. La galère commençait.
***
- Tu as bientôt fini?
Un bout de langue hors des lèvres et les yeux plissés, j'arrangeais la dernière pétale de ma rose.
- Fini ! M'exclamais-je.
Nous posâmes nos travaux sur le rebord de la fenêtre et nous nous rhabillâmes. J'emmitouflais Cora dans sa veste et enfonçais le bonnet sur sa tête. Elle fit une moue désapprobatrice mais ne dit rien.
En sortant, nous croisâmes John qui, comme la dernière fois, nous promit de nous envoyer nos création par la poste une fois sèches.
Il était midi passé, et je n'avais aucune envie de cuisiner.
- On s'arrête dans un fast-food ?
- Ça me va, sourit-elle.
Ainsi, nous terminâmes notre matinée dans un Burger King, assis à une table. Elle aspira son coca avec sa paille et j'en profitais pour approcher ma main de ses frites.
- Pas touche ! Me sermonna-t-elle en tirant son paquet vers elle.
- Comme t'as su? Boudais-je.
- Je te ressens.
Elle haussa les épaules et reposa sa boisson. Je la regardais manger ses frites une par une, et mordre dedans à plusieurs reprises, comme un lapin grignotait sa carotte. Nous finîmes de manger et nous rentrâmes à l'appartement en début d'après-midi. Cora s'assit dans le canapé, les écouteurs dans les oreilles pour écouter un livre audio. En soupirant, je me laissais tomber à ses côtés et allumais la télé. Naturellement, sa tête trouva sa place contre mon torse et je posais mon bras sur le dossier du canapé pour qu'elle s'installe plus confortablement. Ses lunettes étaient posées sur la table basse, et je pus l'observer. Elle avait les yeux fermés, et un petit sourire aux lèvres. Elle était belle. Terriblement. Ses cheveux blonds étaient attachés en queue de cheval et des petits cheveux s'en étaient échappé à cause du bonnet. Je lui embrassais la tempe et reportais le regard sur la télé. Un match de boxe passait, pour changer.
Les coups de 16 heures sonnèrent, et j'éteignais la télé. Cora s'était assoupie contre moi, je le sentais à sa respiration régulière. Je lui enlevais ses écouteurs et éteignais sa liseuse. Je me dégageais pour pouvoir m'étirer et l'emmenais dans sa chambre. Son rythme était totalement décalée, elle dormait la journée et pourtant, elle continuait de dormir la nuit. Cette fille était une vrai marmotte. Elle se tortilla contre sa couette et je compris qu'elle allait bientôt se réveiller. En bon colocataire, je retournais dans la cuisine, attrapais un plateau et lui préparais son goûté. Si j'avais appris quelque chose en vivant avec Cora, c'était que le goûté était sacré. Je lui préparais un chocolat chaud et attrapais trois biscuits dans le bocal a cookies. Elle aimait les tremper dans son lait chaud. Et puisque je savais qu'elle détestait avoir la bouche pâteuse après un chocolat chaud, je rajoutais un paquet de chewing-gum. Je lui amenais le plateau et la secouais pour la réveiller.
- Mmh, se réveilla-t-elle.
Elle se frotta les yeux, probablement un réflexe d'avant l'accident. Elle s'étira et éternua. Elle renifla et s'assit convenablement contre la tête de lit.
- C'est l'heure du goûté, indiquais-je.
Je posais le plateau que ses genoux et elle tapota sa surface pour voir ce qu'il contenait.
- Merci, Jaques.
- Arrête de m'appeler comme ça, grognais-je.
Elle ricana et prit une gorgée de son chocolat chaud.
- J'aime bien ton prénom, moi.
- Il date de l'ancien temps. J'ai détesté mes parents pendant mes années d'adolescence.
Elle rigola et mordit dans son cookie.
- Ça ne m'étonne pas de toi, ria-t-elle.
Je lui arrachais le cookie des mains et mordis dedans.
- Eh ! S'indigna-t-elle. Rends-le moi !
Je le gobais alors qu'elle tendait sa main vers moi. Elle tripota mes joues gonflées et m'enfonça son ongle dans la joue droite.
- Méchant ! Bouda-t-elle. Tu mérites une punition.
Voilà comment je m'étais retrouvé à préparer des crêpes pour ce soir. Quelle gourmande !
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Coucou tout le monde !
Voilà un petit chapitre pour aujourd'hui. Désolée s'il n'est pas plus long mais j'ai du écrire le bonus pour les 500k lectures sur Retrouvailles, donc j'ai vite terminé celui là ^^
Alors, que pensez-vous de la relation Jax/Cora?
Vous attendez le premier baiser?
Merci à celles qui me donnent leurs avis !
N'hésitez pas à voter et à commenter.
Bisous❤️