Résurrection

By Belsrion

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Jaques Dubois est un homme simple et généreux. Il n'a ni but, ni rêve particulier, excepté celui de rendre le... More

Prologue
Chapitre 1 - JAX
Chapitre 3 - JAX
Chapitre 4 - CORA
Chapitre 5 - JAX
Chapitre 6 - CORA
Chapitre 7 - JAX
Chapitre 8 - CORA
Chapitre 9 - JAX
Chapitre 10 - CORA
Chapitre 11 - JAX
Chapitre 12 - CORA
Chapitre 13 - CORA
Chapitre 14 - JAX
Chapitre 15 - CORA
Chapitre 16 - CORA
Chapitre 17 - JAX
Chapitre 18 - JAX
Chapitre 19 - JAX
Chapitre 20 - JAX
Chapitre 21 - CORA
Chapitre 22 - CORA
Chapitre 23 - JAX
Chapitre 24 - JAX
Chapitre 25 - JAX
Chapitre 26 - CORA
Chapitre 27 - JAX
Chapitre 28 - JAX
Chapitre 29 - CORA
Chapitre 30 - CORA
Chapitre 31 - JAX
Chapitre 32 - CORA
Chapitre 33 - CORA
Chapitre 34 - JAX
Chapitre 35 - JAX
Chapitre 36 - JAX
NOTE
Chapitre 37 - CORA
Chapitre 38 - JAX
Chapitre 39 - JAX
Epilogue - JAX
BONUS #1
BONUS #2

Chapitre 2 - CORA

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By Belsrion



NOIR

Noir. Comme d'habitude, il faisait noir. Intégralement noir. J'avais l'habitude à présent, mais la lumière du jour me manquait. La chaleur que je ressentais sur ma cuisse m'indiquait que les rideaux étaient ouverts, et effectivement, je ne me rappelais pas les avoir fermés hier. Je dégageais les couvertures qui me couvraient et attrapais le tas d'habits que Jax avait déposé, comme chaque matin, sur ma table de nuit. Je lui faisais entièrement confiance, et bien que ça me gêne qu'il fouille dans mes sous-vêtements, ça me permettait de ne pas perdre mon temps, et m'assurait ainsi de ne pas être vêtue bizarrement. On toqua deux coups à la porte, puis elle s'ouvrit dans un léger grincement.

- Oh, tu es déjà debout ?

Je souris, et je sentis le lit s'affaisser à mes côtés.

- Mon patron m'a appelé, il y a plus de monde que prévu ce matin, il me retire mon jour de congé et le déplace à demain. Ça te dérange pas de rester seule aujourd'hui? Tamara va aller en ville chercher un nouveau boulot.

Je haussais les épaules sans cesser de sourire. Jaques s'inquiétait beaucoup pour moi, j'étais faible psychologiquement, et il le savait, et bien que j'aurais dû trouver ça dégradant qu'il me considère comme fragile, je trouvais ça extrêmement mignon.

- En sortant du travail à 11h pour ma pause déjeuner, je passerai à l'hôpital récupérer ton dossier avant de rentrer.

- Je fais quoi à manger?

- Tu peux faire une pizza, j'ai mis tout les pots sur l'îlot. J'ai mis un ingrédient de chaque devant pour que tu te repères. La pâte est déjà étalée et la sauce tomate aussi.

- Merci. C'est quelle heure?

- 9h. Le bar ouvre dans une demie-heure, je vais devoir y aller.

Il m'embrassa le front et mes poils s'hérissèrent à son contact. Ses lèvres douces quittèrent mon front trop rapidement à mon goût et j'entendis un bruit de tissu froissé. Rapidement, ma tête passa dans un trou, et un poids s'abattit sur mes épaules. Je passais mes mains dans les manches qui se présentaient et Jax glissa ses mains dans ma nuque pour dégager mes cheveux.

- Comme ça tu n'auras pas à chercher un pull.

La porte se referma dans un même grincement, et je me blottis dans son pull imprégné de son odeur masculine. Ainsi blottie, mon esprit divagua à nouveau et je me laissais tomber dans un monde de rêve. Un monde noir.

***

Encore une fois, ce fut la lumière du jour que me réveilla. Sa chaleur me brûlait la cuisse, et j'imaginais qu'elle devait être aveuglante. Je tapotais le lit à la recherche du tas de vêtements que je n'avais pas eu le temps d'enfiler. Ma main trouva difficilement le réveil, et j'appuyais dessus pour avoir l'heure.

- 10h30, annonça une voix monotone.

Je me levais, les jambes tremblantes et entrepris de m'habiller. Il fallait que j'aille faire la pizza, sinon nous n'aurions rien à manger. Je laissais mes lunettes sur la table de nuit et attrapais ma canne qui était posée à mes pieds. Je connaissais l'appartement comme ma poche, mais les marches de la cuisine me posaient toujours problème.
Dans la cuisine, je tendis la main pour trouver la pâte. Comme il me l'avait dit, elle avait été étalée, et j'espérais que le fait qu'elle soit restée plus d'une heure hors du frigo ne soit pas problématique. Les ingrédients étaient toujours les mêmes, et Jaques les rangeait toujours dans le même ordre. Olive, tomate, fromage râpé, dés de jambons, champions. Je pouvais donc cuisiner sans risquer de me tromper.
C'était à ce moment là que la vue me manquait. Jaques faisait tout pour me faciliter la vie, il faisait passer mon bonheur avant le sien et bien qu'Ivy m'ait déjà expliqué que c'était dans sa nature, ça me gênait. Puis, les couleurs me manquaient. Je ne savais pas si je mangeais des olives noires ou vertes, des pommes rouges ou jaunes ou même du sucre blanc ou roux.
Le four avait été programmé, il ne me restait plus qu'à appuyer sur démarrer. Encore une fois, il m'avait mâché le travail. Bien que je n'ai aucune raison de m'énerver, une profonde colère naquit en moi. Je n'étais pas en colère contre lui, j'étais en colère contre moi-même. J'étais déçue de moi, de ma faiblesse. J'étais venue ici pour apprendre à devenir indépendante et je me rendais compte que je ne le serai jamais totalement.
Lorsque Jaques rentra, j'étais assise sur le canapé, les écouteurs dans les oreilles. Une voix envoûtante me racontait Wuthering Heights, un chef d'œuvre d'une des sœurs Brontë. J'éteignis mon livre audio lorsque le canapé s'enfonça. Des lèvres humides se posèrent sur mon cuir chevelu et une main attrapa la mienne pour me guider jusqu'à la cuisine. J'avais sortie la pizza du four pour qu'elle refroidisse, et sa délicieuse odeur remonta le long de mes narines. L'odorat et l'ouïe était mes deux sens les plus développés. Après avoir perdue la vue, j'avais du m'adapter à un environnement que je ne connaissais pas, un monde entièrement noir. Suite à l'accident, j'étais tombée en dépression. Je n'osais pas parler, je pleurais constamment, me cognais partout et surtout, je cauchemardais. Le jour de l'accident avait tourné dans ma tête comme un film infini, puis du jour au lendemain, il avait disparu de ma mémoire. Comme si mon corps avait dit stop. À partir de là, j'avais décidé de devenir autonome, de ne plus rendre la vie dure à mes parents. Mais à chaque fois que j'étais seule, je broyais du noir.

- Crevette?

Je levais la tête, alors qu'il laissait tomber ses couverts dans son assiette dans un bruit strident. Sa chaise grinça et avant que je ne puisse esquisser le moindre geste, je sentis sa présence à mes côtés.

- Eh, Crevette, chuchota-t-il.

Je reniflais, et lorsque sa main glissa sur ma joue, je compris que je pleurais. Ça ne m'était pas arrivé depuis un an. Me rendant compte de ma faiblesse, mes larmes redoublèrent.

- Je savais que c'était une mauvaise idée, grommela-t-il.

Je fondais dans ses bras, sa chaleur me réconfortait et son odeur m'enchantait. Jaques avait tout pour lui. Le bonheur, la gentillesse, la délicatesse...la vue. Chaque soir, avant que je ne m'endorme, je m'imaginais son apparence. Parfois blond, parfois brun, parfois grand, parfois petit, il avait prit toutes sortes d'aspects. Mais aucune ne me satisfaisait jamais. Je voulais le voir de mes propres yeux. Un rêve inimaginable. Jamais je ne m'étais rendue compte de l'importance de mes yeux. C'était un repère essentiel qu'on m'avait enlevé contre mon gré. En deux ans, je n'avais jamais autant souhaité retrouver la vue. Néanmoins, j'avais peur. Le médecin me l'avait bien précisé, l'opération était risquée, coûtait cher et je n'avais que 70% de chance de retrouver la vue. Un pourcentage suffisant pour Jaques, instable pour moi. Mon espoir était fin, vague, défaillant, il en tenait qu'à un fil. Je ne savais plus quoi faire, mais là encore, Jax savait me convaincre. Sa gentillesse et sa candeur avait eu raison de moi.

- Je veux retrouver la vue, Jaques. Je veux subir l'opération, sanglotais-je.

Il eu un mouvement de recul, probablement dû à la surprise.

- Tu as le temps de prendre une décision, ne te presse pas, tu-

- Ma décision est prise. Je n'arrive plus à supporter ce noir. Il m'engloutit, Jax. Il va finir par me tuer petit à petit.

- D'accord. J'appellerai le médecin. Comme promis, j'ai récupérer ton dossier. La somme est inscrite dessus. Je ferais des heures supplémentaires jusqu'à ce qu'on atteigne la somme requise. La procédure risque d'être longue, tu sais?

- Oui, mais l'espoir est ma dernière porte de sortie. L'espoir, c'est tout ce qu'il me reste.

- Je suis là, moi, murmura-t-il.

Ses bras se refermèrent sur moi et ma tête se cala dans son cou. Le tic tac incessant de l'horloge brisait le silence, et les battements de son cœur régulaient le mien. La fatigue me bouffait, le noir m'anéantissait, mais Jaques me sauvait. Il était mon sauveur, et ce depuis qu'il m'avait aidé à monter mes cartons, il y a 7 mois.

" - Excusez-moi, m'interpella quelqu'un.

Je tournais sur moi même, à la recherche de ma canne. Pitié, qu'elle n'ait pas glissé sous le taxi.

- Je peux vous aider?

Mais où était-elle? Je posais le dernier carton par terre -peut-être sur la route, je n'en savais rien- et entendis le taxi démarrer a une vitesse folle. La fumée envahit mes narines, polluant mon être d'une odeur infecte. La surprise me fit reculer, et je bronchais sur ce que je supposais être un carton. Mes fesses touchèrent le sol et bien vite ma tête vrilla. J'étais étourdie, et sans ma canne, impossible de me repérer.

- Merde. Laissez moi vous aider.

Deux bras se glissèrent sous mes aisselles et en quelques secondes je me retrouvais sur mes pieds.

- Ma canne, il me faut ma canne ! Paniquais-je.

- Attendez, est-ce que c'est ça que vous cherchez?

Je tendis mes mains devant moi, vers cette voix inconnue. Ma main en rencontra une autre, puis mes doigts frôlèrent le plastique blanc de ma canne.

- Merci beaucoup, Monsieur.

Je la dépliais et tâtais le sol à la recherche de mes cartons. Deux étaient entassés dans un coin, alors que les deux autres étaient un peu plus loin. A l'aide de ma maigre force, j'en soulevais un pour le poser près des autres - en espérant ne pas l'avoir posé encore plus loin.

- Vous voulez de l'aide?

Je sursautais. J'étais persuadée qu'il était partit. Mon ouïe ne me trompait jamais, et soit il avait disparu entre temps, soit il savait se faire discret.

- Je..Ça devrait aller, merci.

Je fis un sourire dans le vide, espérant qu'il l'ait vu. Puis je partis à la recherche de mon dernier carton.

- Il est là.

Je me tournais vers la voix et soupirais. Je galérais déjà à les entasser, comment pourrais-je les emmener à l'intérieur de mon petit studio?

- Dîtes, commençais-je timidement, vous souhaitez toujours m'aider?

L'inconnu ricana et je sentis une épaule frôler la mienne.

- Avec plaisir. "

Ainsi, naturellement, Jax était entré dans ma vie. Une vie noire, qui reprenait des couleurs petit à petit, grâce à lui. Mais ça, il ne fallait pas lui dire.

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Coucou tout le monde !

Voilà le chapitre 2, du pdv de Cora !

Ça a été un vrai chalenge d'écrire du point de vue d'une aveugle, mais je m'y suis vite fait, et je dois dire que je suis assez contente du résultat.
On voit à quel point Jax est important pour elle, et à quelle point elle souffre de sa condition. Le noir sera une couleur redondante dans l'histoire, parce que c'est ce qui la représente le plus.

Dites moi sincèrement si vous avez aimé en savoir plus sur elle, et si vous pensez que j'ai réussi le challenge d'écrire du pdv d'une aveugle !

Petite analepse qui nous rappelle les flashs d'Ivy, vous en voulez d'autres?

Merci pour tout vos retours, ça me fait chaud au cœur !

N'hésitez pas à voter et à commenter.

Bisous❤️

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