Envoûte-moi ...

By Adriana_dreux

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« Le charme envoûtant d'un regard noir, hypnotique... Sans le savoir, j'étais déjà à lui. » La vie de Céleste... More

Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Épilogue
Quelque chose se prépare...

Chapitre 1

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By Adriana_dreux

— Mesdames et messieurs ! Je vous demande un tonnerre d’applaudissements pour notre très célèbre panthère rouge, qui va nous interpréter son meilleur numéro ! « Rouge sensuel » !

Après la brève introduction de mon patron, un homme grassouillet, trapu, et surtout vicieux, le noir complet se fait, tandis qu’une salve de cris, d’applaudissements, de sifflements et de mots plus pervers les uns que les éclatent aux quatre coins de la salle. Profitant de cet interlude, je me glisse dans la pénombre qui me dissimule tel un voile à la vue des spectateurs, rejoins la barre qui m’est dévolue, ma partenaire de scène, et me prépare à entrer dans le feu des projecteurs.

Au retentissement des premières notes de musique, dans l’obscurité encore épaisse, tout bruit cesse ; j’entame alors une série de déhanchés lascifs, tout en frottements et en ondulations langoureuses de mon corps contre la barre en laiton. Du coin droit de la scène, un projecteur s’allume soudain, diffusant une lumière douce et poudrée sur ma silhouette dont l’ombre portée apparaît dans un halo derrière moi, sur les rideaux. Subjugués à la vue de ce dédoublement, les clients sifflent, laissant clairement entendre qu’ils en ont pour leur argent, au moment où la serveuse fend l’assistance pour leur proposer une tournée générale de consommations. J’enchaîne alors sans attendre mes différentes figures et acrobaties sensuelles, m’accrochant à la barre, tantôt pour glisser lentement, tantôt pour tournoyer vite, autour de celle-ci.

Tout est calculé. Le moindre de mes mouvements est conçu, répété et exécuté pour faire grimper au maximum l’excitation des clients. Même les détails de ma tenue, si légère soit-elle, et le choix des accessoires, comme par exemple ce masque noir et rougeque je porte ce soir, sont pensés pour accroître le désir du public à mesure ma personne s’enveloppe de mystère. Bien que cela me répugne de devoir exposer ainsi mon corps, on m’a rapidement appris à tirer les ficelles du métier et, moi, de mon côté, j’aicompris que cette recherche esthétique me permettait, en détournant l’attention du public sur mon apparence plutôt que sur ma personne, de conserver un semblant d’anonymat. Pour rien au monde je ne voudrais que quelqu’un connaisse la profession que j’exerce – et que je ne conseillerais d’ailleurs à personne. Si j’en suis réduite à ça, c’est parce que le strip-tease paye bien. Il a fallu se faire une raison, les débuts ont été difficiles, mais la blessure d’orgueil cicatrise à mesure que le besoin d’argent se comble.

Comme disait ma mère, parfois il faut faire des sacrifices. Il y a certaines femmes qui sont parfaitement à l’aise avec l’idée de pratiquer cette activité professionnelle, et je respecte absolument leur opinion ; elles ont sans doute une faculté d’oubli d’elles-mêmes supérieure à la mienne ; moi, je ne peux m’empêcher de réprimer un frisson d’écœurement quand je pense à tous ces regards lubriques, heureusement nimbés par l’obscurité de la salle, rivés sur ma peau – mais j’en fais des cauchemars !

Chacun de mes mouvements épouse la cadence langoureuse de la musique, envoûtant la salle, quand je sens se rompre l’illusion. Une agitation perceptible s’empare du public, puis un murmure traverse la salle, qui me revient en écho sous forme de rumeurs du genre : « Mate le type qui entre » ; « C’est qui ? Flippant ! ». Quant aux femmes dans l’assistance, le son de cloche est légèrement différent : « Il est sexy ! » ; « Je me le ferais bien ! », se pâment-elles à ses dépens.

J’essaie de faire abstraction de tous ces bruits parasites pour ne rien perdre de ma concentration, mais malgré moi je ne peux m’empêcher de penser :

— Quelle bande d’idiotes ! Quelle bande de dindes en chaleur !

Je trouve ça ignoble de « se faire un mec », comme elles disent, juste pour son physique. C’est un comportement puéril, animal, et vulgaire.

Sans un regard vers l’homme « sexy » et ne prêtant plus aucune attention aux POULES en chaleur qui caquettent non loin de moi, je poursuis mes déhanchements suggestifs avec suffisamment de conviction, semble-t-il, pour ramener à moi l’attention des hommes,qui finissent par oublier la présence de leur concurrent « flippant » et se laissent aller aux charmes que leur procure la contemplation de ma danse.

Ouf ! Je n’ai qu’une hâte : finir mes heures de boulots et rentrer rapidement chez moi pour me blottir sous mes couettes, bien au chaud.

Mais je n’ai pas plus tôt repris le contrôle de la salle que je sens peser sur moi la sonde de deux yeux qui me scrutent intensément. Ce n’est pas l’habituelle insistance des regards que les habitués de l’établissement posent sur moi. Pour je ne sais trop quelle raison, cette sensation me trouble profondément.

Tout en dansant, j’observe discrètement quoique minutieusement la salle dans le but de trouver quelle est cette personne qui m’épie si intensément. Mais il y a tellement de paires d’yeux braquées sur moi, la salle est si grande et la lumière si tamisée que ce n’est pas une tâche aisée.

Quand, d’un coup, je croise le regard d’un homme. Il est électrisant et observe avec une attention particulière chacun de mes gestes. Exactement comme un lion, tapis dans les fourrés, fixe sa proie. Ses yeux couleur obsidienne miroitent dans l’obscurité et il semble venir d’un autre temps. Sa présence est troublante au plus haut point. Malgré moi, je dois admettre qu’il est affreusement sexy, mais aussi légèrement effrayant, fidèle aux rumeurs des gens lorsqu’il a fait son apparition dans le club.

Il a le teint assez pâle, de magnifiques et très longs cheveux marrons légèrement roux regroupés sur le côté et tressés en une natte sertie de pierres précieuses vertes et rouges. Moi qui pensais que les roux n’étaient pas mon genre… Il est en train de remettre toutes mes certitudes en question ! Cette coiffure, peu coutumière et assez vieillotte, lui va étonnement bien. Il est vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise de la même couleur. Sa carrure est impressionnante, ses muscles sont diablement bien développés, amplement visibles sous ses vêtements. Toute sa personne impose le respect, son charme n’a d’égal que le charisme naturel qui émane de lui. Il s’assied dans un fauteuil à large dossier en velours pourpre, les jambes croisées, la tête reposant sur une de ses mains. Il a des allures de prince.

Il remarque que moi aussi je l’observe de temps à autres et un petit rictus suffisant étire le coin de sa lèvre droite. Vexée de ce petit signe de supériorité, je me jure de ne plus lui accorder la moindre attention, et même de l’ignorer complètement. Jedétourne abruptement le regard, alors qu’il continue de me fixer, giflant l’air d’un mouvement de cheveux. Je veux qu’il comprenne que l’ai observé par curiosité, non par intérêt.

Et c’est ainsi pendant les trois heures de travail suivantes : je ne tiens pas compte de cet homme alors que lui a tout loisir de m’examiner ouvertement, étant donné que je ne quitte pas le devant de la scène. Malgré moi, cependant, l’attention que lui porte mon public m’empêche de l’ignorer complètement ; je suis des yeux les groupes de femmes en robes criardes, par deux ou par trois, qui fendent l’assistance dans un sens, puis dans l’autre, une fois qu’il les a visiblement éconduites avec quelques mots polis. Les seuls contacts qu’il sollicite avec les autres sont les commandes qu’il passe à la serveuse, à laquelle il adresse un sourire dévastateur à chaque fois qu’elle lui sert son verre sur un plateau.

Le reste du temps, il reste bien sagement enfoncé dans son siège à me mater, comme s’il attendait que je m’en aille pour partir aussi. Ce que je finis par faire aux alentours de trois heures du matin, après être passée dans les vestiaires pour me débarrasser de ma tenue de « bête de scène ». J’enfile mes vêtements. Ma tenue se résume à des sous-vêtements, un jean, un gros pull-over bleu marine, des bottines noires et une veste noire. J’enlève aussi tout le maquillage que j’ai sur le visage, car je me préfère au naturel. En plus, je ne supporte que très difficilement la sensation du maquillage sur ma peau.

Après avoir signalé à mon patron que je pars, je sors par la petite porte réservée aux employés, située à l’arrière du bâtiment. Le vent froid de me saisit presque aussitôt, alors je referme un peu plus les pans de ma veste autour de moi, à la manière d’un cocon protecteur.

Je m’aventure prudemment dans cette ruelle sombre, trop sombre à mon goût, surtout à cette heure de la nuit. Mais je n’ai pas le choix, les employés sont obligés d’emprunter cette porte de service – l’« entrée des artistes », appelle-t-on ça, non sans une certaine ironie – alors que les clients oisifs, omnipotents, vicieux, attirés comme des insectes par les néons clignotants, les leds, le tapis rouge pompeusement déployé à leurs pieds, entrent par l’entrée principale donnant sur la rue passante, de l’autre côté de l’établissement.

Je continue doucement ma progression et commence à ressentir de la fatigue ; absorbée par les les sensations confuses mélangées aux visions furtives de cette journée de folie, je fais tomber les clés de la poche de mon manteau.

— Quelle maladroite ! je commente en chuchotant, luttant contre l’épuisement.

Je me penche et, après avoir ramassé mes clés, me redresse quand tout à coup je devine une silhouette enténébrée dressée immobile derrière moi. Je continue comme si de rien n’était, car si cette personne me suit vraiment je ne veux surtout pas lui faire comprendre que je l’ai vue, je ne veux pas que l’écho de mes pas sur le trottoir lui laisse entendre qu’il me prend en chasse, cela exciterait ses instincts de prédateur et je refuse de me mettre dans la peau de la souris. Cependant, je ne peux m’empêcher d’accélérer insensiblement la foulée pour tester ses intentions ; lorsque résonne à mes tympans la confirmation que la personne derrière moi est sur mes talons, ma lucidité s’évapore, abandonnant toute résolution, prise de panique, je finis par me mettre à courir – aussi rapidement que mes jambes me le permettent ! Au fur et à mesure que j’accélère, le bruit des foulées de mon poursuivant diminue jusqu’à devenir complètement inexistant. Je m’arrête alors et me retourne pour constater qu’il n’y a plus personnederrière moi. J’ai réussi à semer le psychopathe qui me courait après. Ouf !

Fière de moi, le souffle court, exaltée par l’adrénaline, je me retourne afin de poursuivre ma route. Mais je me heurte à quelque chose de très dur. L’angoisse monte à l’instar de mon regard pour voir contre quoi ou qui je me suis cognée.

L’homme du bar ! Dieu, il est encore plus beau et impressionnant de près ! Il est même splendide ! Avec cette tresse ornée de joyaux, il peut être comparé à un guerrier écossais des temps anciens tout droit sorti d’un roman historique. Il me regarde, lui aussi, avec beaucoup d’attention et finit enfin par prendre la parole :

— Vous dansez magnifiquement bien. Quel dommage que vous vous déhanchiez pour autant d’hommes.

Je suis en train de fondre ! Même sa voix est une invitation au péché ! Son timbre est si rauque, viril, envoûtant. Et cet accent, dont je n’arrive pas à définir la provenance. Mais je me ressaisis à temps pour pouvoir, une fois passé le choc de la surprise, lui répondre en feignant une pleine et naturelle assurance :

— Je ne vois pas de quoi vous parlez, je rétorque en le contournant pour poursuivre ma route.

Il ne cherche pas à me retenir et se contente de rajouter dans un souffle suave :

— Au contraire, vous voyez très bien.

Je me retourne pour mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes, mais il a disparu. À la place de sa silhouette, seules demeurent les ténèbres sans fond de cette nuit bien étrange. Qui est cet homme si énigmatique ? Et que me veut-il ?

Troublée par cette rencontre inaccoutumée et légèrement inquiétante, je me mets de nouveau en route, tous mes sens aux aguets. Des tas de questions, qui soulèvent tout autant d’incompréhensions, traversent mon esprit, mais ma journée a été suffisamment éprouvante pour continuer à y penser. Je n’ai qu’un objectif en tête : rassembler ce qui me reste de forces pour me transporter jusqu’à chez moi, me mettre au lit, dormir – j’aurai le temps de repenser à cela plus tard, à tête reposée.

Pourtant, en arrivant en bas de mon immeuble, j’ai encore la drôle de sensation d’être épiée. À bien y réfléchir, j’ai toujours cette même sensation lorsque je rentre dans mon appartement. Je commence à me déshabiller pour aller me laver, mais à peine ai-je retirée la première épaisseur que le pressentiment désagréable s’accentue. Je décide donc d’allumer toutes les lampes dans ma chambre, m’empresse de fermer les rideaux et cours m’enfermer dans la salle de bain.

Enfin, j’enfile mon pyjama après avoir pris une douche, éteins les lumières et m’enfonce sous la couverture dont je savoure la douce chaleur, s’opposant à la température glaciale qui règne à l’extérieur. Alors que je sombre dans les abysses du sommeil, j’ai encore l’impression d’être espionnée...

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Coucou toi ! Tu aimes ma plume ? Dans ce cas je t'invite à aller jeter un coup d'œil à mon nouveau roman : Aveuglément. Mafia, amour, musique, handicap, suspens, guerre seront au rendez-vous !

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