good job // griezmann

By theprettypalmtree

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Et ces trois mots ne viennent jamais facilement. Parce que tu es bien plus qu'ils ne le seraient More

Prologue
un
deux
trois
quatre
cinq
six
sept
huit
neuf
dix
onze
treize
quatorze
quinze
seize
dix-sept
dix-huit
dix-neuf
vingt
vingt et un (last)
3 ans après

douze

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By theprettypalmtree




- Qu'est-ce qu'il va se passer maintenant ? demandai-je en attrapant mon sac dans ma chambre.
- Tu es officiellement en vacance. Ton évaluation a été envoyé à ton professeur qui jugera si le stage continue en septembre.  m'apprend Mathis, qui passe une main dans ses cheveux.
- Très bien. Et pour mon salaire ? Richard avait bien dit que je serai rémunéré.
- Je vais voir ça avec lui, je pense que dans une semaine ou deux tu seras fixée. Ecoute Mélodie. continua-t-il. Je me retournai. Je sais que tu es déçue de ce métier. Mais tout n'est pas aussi sombre. Parfois tu écris sur des choses que tu aimes, tu construits des articles avec une critique qui te convient. Tu n'es pas toujours obligé de chercher le scandale.

Je me contente de hocher la tête. Je me sens si petite face à lui. Il m'observe une dernière fois. Je relève la tête vers lui. Il ouvre la bouche puis la referme et m'offre un sourire. Je lui rends sincèrement. Mon corps se relâche, tout est fini. Je suis libre. Mathis rentre dans un taxi où Richard l'attend. Je me félicite intérieurement d'avoir refuser de faire la route du retour en leur compagnie. Je m'assois, en attendant que Maël arrive avec son vieux vespa. Je vois les autres journalistes rentrer dans de belles voitures, des taxis, un café à la main, criant dans leur oreillettes. Ils sont si professionnels, si adultes. Petite, je me représentais les adultes de cette façon là, toujours en train de crier, avec de beaux tailleurs et buvant des milliers de cafés. J'ai vingt et un an, j'aime porter des robes à motif liberty, je sympathise avec les "victimes", je suis constamment fatiguée et je ne digère pas le café. Suis-je une adulte ? Quand devient-on réellement adulte d'ailleurs ? On nous fait croire que l'âge adulte est dix-huit ans mais c'est faux, être adulte n'est pas un âge, c'est une maturité.
Que vais-je finir par faire de ma vie ? Etre journaliste n'est pas une vocation, c'est ce qui se rapprochait le plus de mon rêve, car il fallait grandir. Il fallait abandonner. J'observe les joueurs, ils revenaient d'un repas au près du président, certains attendent, d'autres partent. Ils se sautent dans les bras, se tapent virilement dans le dos. Je me demande soudains vers où se dirige-t-ils. Chez eux ? Dans un pays inconnu ? Chez des amis ? De la famille ? Chez des inconnus ? J'aimerai leur parler une dernière fois, leur donner mon numéro. Je ne veux pas les oublier comme ils m'oublieront. Je ne peux pas les oublier. Je ne peux pas l'oublier. Maël m'annonce qu'il a un peu de retard- comme toujours ! Je me relève et fais les cents pas, comme à mon habitude. Il fait chaud. Je retire ma veste en jean. J'ai vécu dans un monde parallèle durant un mois. Je me retourne vers le bâtiment et me souviens de ma première impression en le découvrant. C'est si grand. Effrayant. Je souris en repensant à mon arrivée. Je n'étais encore qu'une pauvre stagiaire déconcertée et sans sentiments. Je recule, recule, recule encore pour essayer de voir Clairefontaine de plus loin. Et je heurte quelqu'un. Je me retourne, en bafouillant mille excuses à la suite.
- Mélodie, c'est rien ! ricane Paul en me tenant le bras.
Je souris, crispée. Paul a deux grosses valises et un sac à dos. Il retire son casque des oreilles pour le laisser pendre sur son cou. Il reste près de moi.
- Tu sais Mélodie, je regrette qu'on ne se soit pas plus parlés. Tu es une fille bien.
- Tu ne peux pas le savoir, tu ne connais qu'une petite facette de moi. répondis-je, un peu trop vite peut-être.
- Je sais reconnaître les gens sympas. Par contre, je ne comprends pas que tu sois journaliste.
J'essaie de comprendre ces mots. Ce n'est pas le premier à me le dire. J'essaie de déchiffrer cette simple phrase.
- Tu comprends ? Tu es sincère. Ou bien tu caches très bien ton jeu, mais dans ce cas là je te conseille plutôt de te diriger vers des cours de théâtre.
J'esquisse un sourire et souffle un bon coup. Il fait si beau aujourd'hui, si chaud. Les joueurs partent petit à petits. Nous ne sommes plus qu'une dizaine devant le bâtiment.
- Tu sais, je crois que tu juges trop vite ce métier. Nous ne sommes pas tous des vautours prêts à tout pour le moindre scoop. Parfois nous construisons des articles, sur ce qu'ils nous plaît. En réalités, les journalistes de magazines à scandales sont sûrement de mauvais journalistes.
- Les journalistes sportifs sont pires que les journalistes à scandales. Ceux-là ils inventent, taquinent, les sportifs attaquent et nous blessent par la vérité.
C'est vrai. Mais je ne dis rien.
- Alors, qu'est-ce que Paul Pogba va faire durant ses vacances, pas de panique, je ne suis plus journaliste le temps des vacances ! l'interrogé-je en mimant un micro dans ma main.
Il émet un rire sonore et fit mine d'attraper le faux micro.
- Je vais me reposer dans un endroit encore inconnu. Avec des personnes dont je n'ai pas encore l'existence.
- Non sérieusement Paul. dis-je en ouvrant ma main. Où pars tu ?
- Je suis sérieux Mélodie, je ne sais pas ce que je m'apprête à faire. Avant l'Euro mes vacances étaient programmés au Portugal mais après ce qu'il s'est passé, j'ai tout annulé.
- Je comprends ! répondis-je en souriant un peu trop sûrement.
- Et que va faire notre journaliste favorite durant ses petites vacances d'été ? demanda-t-il en prenant une voix spéciale.
- Hé bien écoutez chez monsieur, je m'apprête à partir pour une durée de deux semaines dans l'île de Majorque avec deux amis à moi ! lui appris-je en jouant le jeu.
- C'est une super destination, j'y suis déjà allé une fois il y a trois ans.
Je pris mon courage à deux mains et lui lança cette proposition.
- Et si tu venais avec nous ? Enfin, c'est juste une proposition tu vo-
- J'arrive toujours à m'incruster avec les gens. On part quand ?
- Demain seize heure, sois prêts ! m'exclamai-je en tapant dans mes mains.

La vue est tellement importante, j'observe le magnifique paysage qui se trouve devant moi, j'essaie de mémoriser exactement chaque détails pour le garder intact dans ma mémoire. J'aimerai me souvenir de tout exactement et ne pas seulement avoir des bouts d'une histoire, des facettes d'une personnes et un premier plan d'un paysage. Une légère brise vient caresser nos cheveux tandis que nous continuons de monter. Rochers par rochers. Paul prend des vidéos et n'arrête pas de crier comme un enfant. A chaque fois, Maël me regarde. Je sais ce qu'il se dit. Pourquoi l'a tu amené... Je déteste les footballeurs. Au contraire, je suis comme rassurée qu'il soit là. Après tout,  je compte. Nous essayons de grimper sur un des plus hauts rochers pour profiter d'une meilleure vue. Paul encourage Lisa à grimper, Lisa grogne et émets des cris stridents. Mais je sais qu'au fond elle apprécie être là. Je m'apprête à continuer de grimper quand Maël m'attrape le bras et me force à rester.
- Maël, aller encore un effort, on est bientôt arrivé ! l'encouragé-je en me dégageant de son emprise.
- Non Attend Mélodie, il me faut une réponse. Je me retourne et le confronte. Il me faut ta réponse.
Je suis tentée de faire l'ignorante en lui demandant de quelle réponse parle-t-il mais il sait exactement que je sais de quoi il veut parler. De tous les moments, il a fallu qu'il choisisse celui où nous sommes en train de grimper des rochers- ce qui est, avons le assez dangereux pour une fille comme moi.
- Ecoute, je sais très bien ta réponse en vérité. Je veux juste savoir pourquoi. Depuis que je t'ai retrouvée, au stade, quelque chose à changer, tu n'es plus la même. Mais je ne sais pas ce qui a changé.
Je ne sais pas non plus Maël.
- Maël. Tu me plais. Oui, je te le dis, tu me plais mais je suis pas prête à avoir une relation avec toi. Nous sommes amis et malgré tout, ça me plait. Notre relation me plaît, je ne veux pas qu'elle change.
- Pourquoi tu m'as embrassés, l'autre soir ?
Mes yeux l'observe attentivement. Lui aussi, il a changé. Je suppose qu'à un moment donné de notre vie, tout le monde finit par changer même les personnes bien de leur peau finisse par se convaincre qu'elles doivent changer et deviennent comme les autres. Perdus.
- Je sais pas.
Bien sûr que je savais mais à quoi bon raconter la vérité qui blesse quand on peut prétendre ignorer pour passer à autre chose. Tu es une bonne menteuse, Mélodie.
Maël me lance un regard accusateur mais je l'ignore. Je pense que cet épisode a marqué la fin de notre amitié.
- Hé, vous venez ou quoi ? cria Lisa en nous regardant, Paul tenant ses bras, elle est sur le point de tomber. Je regarde une dernière fois Maël. Parfois certaine amitié sont faites pour être terminées. Elles ne sont pas toutes éternelles.
Je ne l'attends pas et grimpe, grimpe et grimpe encore. Je dépasse même Lisa et Paul. Jamais ne j'ai monté des rochers aussi vites. Parfois, je criai un petit peu, et je manquai de tomber mais je me rattrapai toujours. J'arrive jusqu'au haut rocher que nous convoitons tant. Je me hisse dessus et finis sur les genoux. Mes mains sont légèrement rappés et me brûlent. Je les frottes et relève la tête. Je suis hypnotisée par la vue. Doucement, sans quitter l'océan des yeux, je me relève. Les vagues s'éclatent sur les rochers,  L'eau est si sombre et clair, si belle. Elle a l'air si bonne. J'ai l'impression d'être les vagues. Je retire mes converses usées et mes chaussettes. Derrière moi j'entends Lisa, Paul et Maël grimper jusqu'à moi. Paul finit par hurler une exclamation mais je n'entends pas quoi exactement. Je suis dans mon monde et je ne veux pas qu'on me dérange. Mon regard est toujours fixé sur l'océan, parfois je rêvais d'être l'océan, d'être beau, mystérieux et sauvagement libre.
Doucement, je m'approche du bord du rocher. Je joue. Seule. Est-ce réellement un jeu quand votre seul adversaire est vous même ? Je m'approche un peu plus et avant que quelqu'un puisse me sortir de mon monde, je plie sur mes jambes et saute le plus haut possible. J'entends les autres crier de surprise, d'hallucination, de peur. Je suis en haut, je ferme les yeux en essayant de profiter de cette chute. Je ressens des papillons dans le bas du ventre, comme quand on tombe amoureux. Je tombe. Je sens le vent sur mes cheveux et je ne veux pas que ce saut se finisse. Je suis libre. Et je trouve l'océan, mon double. Lorsque je me trouve sous l'océan, je souris, personne ne me voit, je mets du temps à revenir à la surface. Je souris de toutes mes dents. Je sens que mes vêtements deviennent lourds et je regrette de ne pas les avoir retirer. J'avais tellement peur qu'on ne me laisse pas sauter. Je lève la tête et voit la silhouettes de mes amis, ils m'observent comme si j'étais une étrange personne, ce que je suis d'ailleurs. C'est haut, très haut, trop haut. Parfois, il faut faire certaines choses sans réfléchir. Je me mets sur le dos et fait la planche en riant. Soudain, je vois la silhouette de Paul se lancer. Il tombe bruyamment dans l'eau, en étouffant un cri. Mon rire augmente et je bois la tasse. Paul me rejoins et me porte en riant de plus belle. C'est ça être libre ?


Nous avions prévu de dormir à la belle étoile, dans des hôtels poisseux ou sur les rochers mais Paul à fini par louer une villa. Je lui en veux de nous exposer son argent. Je me sens si vulnérable face aux personnes offrant sans rien attendre. C'est dure de croire que les gens qui rende des services sans rien attendre en retour désormais dans notre génération. Pessimiste ? Oui un peu. J'observe la chambre que l'on m'a attribué, elle est si grande, si simple. Grande et atrocement vide, ça doit être ça chez les personnes gagnant bien leur vie. Ils doivent posséder des tonnes d'immenses pièces mais elles sont vides. Un tableau, au milieu et un seul meuble. Mon lit est confortable mais le mien me manque. Je range mes affaires dans le dressing et Paul rentre dans ma chambre. Il s'allonge sur mon lit et croque dans une pomme.
- Alors ça te plait ?
- La vue est magnifique ! Et c'est très grand. Merci encore Paul.
- Arrête un peu de me remercier tout le temps, merci à toi pour m'avoir proposer de venir.
Je laisse un léger sourire se dessiner sur mon visage, je prends mon ordinateur et vient me poser à ses côtés.
- Où sont les autres ?
- Lisa se dispute avec un dénommé Dylan, si tu tends bien l'oreille tu peux sûrement l'entendre d'ici et Maël peint. Je n'ai rien en commun avec ce mec. C'est celui que tu as embrassé l'autre soir non ? Vous êtes ensemble ?
Paul parlait vite et je devais toujours l'arrêtais avant qu'il ne me pose trop de questions. Je lui fais signe de se calmer avec mes mains et m'installe en face de lui.
- Maël n'aime pas le foot et oui c'est lui. Mais je ne suis pas avec lui, c'était rien, enfin tu sais ce que c'est.
Il me regarde malicieusement et hoche la tête sans dire un mot.
- Je ne sais pas si je devrais te dire ça mais je suis contente que tu ai voulu garder contact avec moi. Mon boss n'a pas arrêté de me dire que ces "amitiés" que je me suis crées durant l'Euro n'était qu'une manière pour vous d'éviter les scandales dans la presse. Et j'ai même fini par y croire mais que tu sois là, maintenant avec moi, prouve le contraire, du moins une partie.
- Je n'ai pas l'habitude de discuter avec des filles aussi intelligentes que toi, généralement les journalistes sont des hommes ou des femmes plus âgées que nous, se méfiant tellement qu'on croirait que nous sommes les pires humains sur terre. Et les filles à qui je parle sont souvent des grandes blondes, courant après l'argent pour s'acheter plus de talons, de maquillage. Les vraies personnes comme toi, ou même comme Maël nous évitent. J'aime l'argent, je ne vais pas te le cacher mais j'aime aussi être avec des personnes simples. C'est assez contradictoire n'est-ce pas ?
- Oui, un peu admis-je en souriant discrètement. Je ne suis pas sûr que je sois simple tu sais. Je suis très contradictoire aussi et assez lunatique, je peux être complètement effrayée par un lézard mais sauter de plus de 3 mètre d'un rocher, ça je le fais sans problèmes ! ricané-je.
- Le monde du football m'effraie souvent. Ce monde est cruel. Si tu te laisses faire tu es foutu, alors tu te forges une image. Une image de quelqu'un de superficiel peut-être oui. Du jour au lendemain ton rêve peut s'effondrer. La difficulté d'un rêve c'est pas tellement de le réaliser, c'est de le faire durer.
- J'ai abandonné mon rêve. En troisième. Je me souviens encore de l'odeur de la classe, du ton de la voix de mon professeur, nous obligeant en quelque sorte à grandir et à choisir un vrai métier. Je me souviens être rentrée chez moi, le moral au plus bas et d'avoir décidé de devenir journaliste.
- Tu dois réaliser ton rêve. Si tu le veux, alors réalise le. Oublie ce prof, cette classe et le journalisme.
J'entends Lisa hurler dans le jardin. Paul et moi passons nos têtes à la fenêtre. Elle pleure. Est-ce que c'est la fin ? La vraie je veux dire.
Nous nous dirigeons vers le jardin et je trouve Lisa, désormais silencieuse, respirant fort. Ses joues sont rouges et mouillés, son mascara a coulé et ses yeux traduise la pitié. Je m'installe à ses côtés et me contente de la serrer dans mes bras. Elle n'a pas besoin que je parle. Je le sais.
- Il m'a trompé. Avec sa collègue. Celle dont il a aimé la photo la dernière fois. Je suis si stupide Mélodie. Quand nous nous sommes séparés, je pensais qu'on se remettrais aussitôt ensemble, comme à chaque fois mais cette fois il m'a trompé. Il a embrassé une autre bouche que la mienne, il a touché un autre corps que le mien, il a crié le prénom d'une autre. J'ai l'impression que mon cœur ne m'appartient plus.
Je la serre un peu plus et quelques larmes finisse par couler à mon tour. Il n'y a rien de plus horrible que de ne pas pouvoir réparer le cœur d'un être cher.
- Je sais Lisa.

Que peut-il y avoir de meilleur que de se réveiller avec la vue de la mer en face de nous. Pas grand chose. Hier soir, je me suis endormie auprès de Lisa en lui caressant les cheveux. Au fond, elle pensait que Dylan la suivrait toujours, tout le monde finit pas s'en aller, c'est triste. Maël a pris la relève et lui a raconté qu'elle retrouverait quelqu'un de bien meilleur, jolie comme elle est. Je ne comprenais même pas comment elle avait pu rester fidèle à Dylan tout ce temps alors que des garçons la draguait sans arrêt.
Il y a du bruit en bas, je sens que Paul s'est remis à danser. Il n'a pas arrêter de blaguer hier soir, pour essayer de faire rire Lisa. Je sais que pour lui, avoir une fille déprimée avec lui ne le ravis pas beaucoup, après tout ce sont ses vacances. Je descends en bas sans me coiffe, non, rien. Si Paul souhaite me connaître, il faut qu'il me voit réellement. Je descends les marches de la villa, tout sourire, j'ai tellement bien dormi. J'entends des voix d'hommes.
- Tu crois qu'elle sera ok avec ça ?
Je m'immobilise. Je connais cette voix. Je la connais trop bien. Je m'avance prudemment vers le salon. Ça ne peut pas être lui.
Lorsque j'arrive dans le salon, tous les regards se posent sur moi. Je suis la dernière levée et Antoine Griezmann se trouve devant moi. Je croise son regard et il doit directement comprendre ma stupéfaction. A ses côtés, Paul me sourit. Maël mange des céréales et Lisa semble avoir séché toutes ses larmes d'hier soir, c'est tout elle. Pleurer la nuit, sourire le jour. Derrière Antoine se trouve un homme d'à peu près son âge, il avait une valise dans la main.
Antoine est là. Je ne comprends pas tout à fait. J'interroge Paul du regard.
- Antoine avait besoin de vacances. Il savait pas où aller.
Comme si cela suffisait pour tout expliquer. Je ne dois rien laisser paraître, devant Paul en tout cas. Je n'ai raconté à personnes nos nuits, nos baisers et mes sentiments. Je sais qu'Antoine guette ma réaction.
- Oh.
Oh c'est tout ce que j'ai réussis à sortir. Antoine me dévisage et dévoile son sourire moqueur. Malgré tout il semble se contenir. Je me souviens soudain de l'état de mes cheveux, de mes cernes et de mon vieux t-shirt beaucoup trop grand appartenant à mon ex ( mais que j'ai gardé prétextant auprès de lui que je l'avais perdu !). Je lisse mes cheveux à l'aide de mes mains sachant pertinemment que le résultat serait pire.
- Ça ne te dérange pas qu'on soit là avec Luca ? intervient soudain Antoine, le ton légèrement sarcastique en se retournant vers le dénommé "Luca".
Ses yeux retrouvèrent les miens. Son sourire réapparu. Ce sourire rempli de défi. J'adore ce sourire. Une part de moi fut déçu de le voir comme ça. Il est redevenu le Antoine du début. Après tout ce qu'il s'était passé. Je prends une grande respiration et lui fais mon plus faux et beau sourire.
- Pas le moindre du monde ! Plus on est de fous, plus on rit n'est-ce pas ? m'exclamé-je en jetant mon regard sur Lisa et Maël.
Lisa hocha la tête frénétiquement en affichant son plus beau sourire, même au réveil, après une nuit passée à pleurer, elle était splendide. Pas étonnant qu'à côté je paraisse dix fois plus laide qu'en réalité. Maël hausse les épaules, je sais qu'il est encore plus mal à l'aise que moi à l'idée qu'Antoine passe ses vacances avec nous, lui qui pensait être tranquille avec ses deux amies. Mon regard se pose sur un Antoine, satisfait. Paul fronce les sourcils comme si il avait compris. Antoine s'écarte pour que je puisse admirer le nouveau venu. Luca.
- Luca voici Mélodie, elle était en stage de journalisme à Clairefontaine. Et Mélodie, voici Luca, un bon ami à moi.
Je fais un geste de la main à Luca. Il me sourit de toutes ses dents et reporte son attention sur Lisa qui lui explique qu'elle vient de se faire larguer par son petit ami. Je l'observe un moment. Il a les cheveux assez long et brun. Sa peau est doré et ses yeux verts ressortent. Il est grand, beaucoup plus grand qu'Antoine mais moins que Paul. Il est tellement fin qu'on veut lui faire manger tout ce que l'on trouvera de gras et de calorique. Malgré tout il semble fort. Je remarque un tatouage sur son poignet, un aigle. J'aimerai tant lui demander la signification mais ce n'est pas le bon moment. Je sais qu'Antoine m'observe. Je sais qu'il essaie de comprendre la moindre de mes expression. Et je sais qu'il sait que je sais.

- Mélodie, c'est moi ouvre moi.
Combien de fois avais-je entendu ce type de phrase, ce ton dans sa voix et combien de fois lui avais-je ouvert des portes. Je ne connais que trop bien cette sensation de se lever, sachant qu'il est juste derrière la porte. Respirer avant de lentement tirer sur la poignet et de le découvrir, une main sur la nuque.
- Antoine.
Il rentre dans ma chambre en l'examinant. Il fait quelques pas et se dirige vers la fenêtre pour s'y pencher.
- Je partage une plus petite chambre avec Luca.
- Il fallait arriver en premier pour prendre les meilleures chambres.
Je me penche aussi à la fenêtre vérifiant qu'il y a un espace entre nous.
Il se tourne en ma direction.
- Tu ne t'attendais pas à me voir.
- Je suis sûr que tu ne t'attendais toi-même pas à venir ici.
- C'est vrai. répondit-il. C'est Paul qui m'a proposé. Passer des vacances ici, et en plus avec toi.
- Arrête ça. le coupé-je dans son élan alors qu'il s'approchait de moi. Antoine. A quoi ça mène tout ça hein ? On peut pas juste se sauter dessus et puis faire comme si rien n'étais, puis faire comme si je t'appartenais. Tu...Tu te rends pas compte à quel point cette relation est perverse.
- Perverse ? Non. Mélodie, tu n'as jamais entendu des personnes qui couchaient ensemble entre am-
- Entre amis ? m'emporté-je. Mais on est pas amis Antoine ! Je m'arrête un temps. Pas une fois tu m'as posé des questions sur moi, sur ma vie, sur mes fréquentations, sur ce que j'aimais. Pas une seule fois tu m'as demandé comment j'allais, je veux dire vraiment. On est pas amis Antoine. Même Paul me connaît beaucoup mieux que toi. Tout ce que tu veux c'est me baiser. Sans être mon copain, sans être mon ami, tu veux juste me baiser parce que tu en as besoin et que je suis là.
Il reste silencieux, me regardant presque horrifié. Il baisse la tête, gêné. Je pleure presque.
- Je suis désolé.
Je reste figée. Antoine qui s'excuse ? Je ne comprends pas.
- Je suis désolé. J'ai envie de toi Mélodie, d'une façon différente que du sexe. Mais il ne faut pas connaître les gens. Je ne veux pas que tu deviennes spéciale pour moi. Je ne veux pas devenir spécial pour toi.
- Mais pourquoi Antoine ! tenté-je, ma voix se brisant.
-Parce que je finirai par tout gâcher, comme à chaque fois. Ou tu finirais par tout gâcher. Mélodie, je suis trop...
- T'es déjà devenu spécial pour moi.
Antoine m'observe et tente de me prendre la main. Je m'écarte brusquement.
- Pourquoi tu me veux Antoine ? Qu'est-ce que tu me veux ?
- Je suis perdu.
C'est presque plaisant de le savoir perdu. Qu'il n'y a pas que moi qui suis perdue.
- Hé bien quand tu sauras, fais moi signe.
                                                                                     ♦
Que faire le soir entre amis à Majorque ? Boite de nuit évidemment. C'est peut-être notre première réelle soirée, surtout depuis qu'Antoine et Luca ont débarqué ce matin même. Nous allons enfin sortir prendre l'air après tout ce qu'il se passe. Lisa s'est mise sur son trente et un. Mini robe légèrement moulante, talons (trop) hauts et maquillage parfait. Elle l'avait commencé à vingt-heure pour sortir à minuit. Les nuits à Majorque sont belles. Les jeunes font du bruits et les personnes âgées aussi. J'aime cette ambiance. Maël semble ailleurs. Lisa n'arrête pas de parler avec Luca, ce dernier ne cesse de glisser ses yeux vers son décolleté. Antoine et Paul sont arrêtés pour faire des photos, je découvre un Antoine souriant et très accessible. Pourquoi n'est-il pas comme ça avec moi ? Nous arrivons vers une boite huppée. Antoine et Paul rentre directement, comme des célébrités, s'en est presque gênant. Je n'ai pas l'habitude d'être privilégiée. Au contraire, Lisa semble très naturelle et s'amuse réellement. Nous rentrons à l'intérieur, c'est tellement grand. Des filles dansent sur des cubes s'éclairant. Il y a un carré VIP, Antoine et Paul se dirige vers celui-ci, beaucoup de personnes s'y trouvent déjà. La musique est très forte et le DJ est juste devant nous. Lisa commence à se déhancher avant de courir vers le bar. Je la suis, pas très confiante dans les boites de nuit. Des hommes se retournent sur notre passage, l'effet Lisa comme j'aime l'appeler. Les garçons nous suivent et commandent des boissons.
- Avec ma nouvelle notoriété, je peux me faire toutes les filles que je veux
- Tant mieux pour toi Antoine. répondis-je en m'écartant de lui.

Je m'assois sur le canapé, buvant mon verre de vodka. Je n'ai jamais réellement aimé boire de l'alcool. Paul n'arrête pas de chanter, ou plutôt de crier. Lisa danse auprès d'hommes. Ce soir, elle veut trouver son nouvel homme de sa vie. Très fleure bleue cette Lisa. Luca s'est perdu dans la foule et Maël est assis à mes côtés. Une fille un peu plus jeune que nous ne cesse de lui lancer des regards. Je trouve Antoine dans la foule, il est assis entre deux filles. Il me lance un regard que j'ignore. S'il croit que ça va me faire quelque chose. C'est un gamin perdu. Complètement perdu, qui aime faire perdre les autres. C'est la première fois que je suis dans un carré VIP, tout semble si cher. Si seulement j'avais l'argent pour me payer des soirées comme celle ci. D'ailleurs, me reste-t-il énormément d'argent. Ma tête se met à tourner. Je n'ai toujours pas payé mon loyer. Je me passe la main sur le visage et étouffe un cris.
- Mélodie ? Est-ce que ça va ? me crie Maël dans l'oreille.
Je hoche la tête mais garde mes sourcils froncés. Je ne sais pas faire la fête.
- Aller Mélodie, éclate toi un peu ! m'encourage Maël.
Je lui fais signe de me laisser tranquille, je me tourne et surprend Lisa en train d'embrasser un homme. Je ne peux m'empêcher de sourire. Quand je me retourne Maël m'a apporté un nouveau verre.
- Maël, je n'avais pas soi-
- Bois Mélodie ! Et amuse toi !
Je m'exécute. C'est ma soirée à moi aussi, ce sont mes vacance. Je lui lance un dernier regard et me lance sur la piste de danse. Je me déhanche sur le rythme saccadé de la musique électro et regarde en direction de mes amis. Maël fume. Il fume de la marijuana avec cette fille. Je m'arrête un instant. Je ne savais pas qu'il était passé aux drogues plus "dures" que la cigarette. Paul m'attrape par la main et danse avec moi. Luca nous rejoins. J'ai soudain très chaud et continue de danser. Je sens une main sur mes fesses. Je me retourne vivement et reconnaît le visage d'Antoine. Même dans le noir, avec seulement les néons comme lumière je distingue que ses yeux sont fatigués. Il est bourré. Je m'écarte de lui.
- Putain y'a que toi. me susurre-t-il à l'oreille. Y'a que toi qui arrive à me rendre spécial.

Boum. Boum. Boum. Boum.
J'ouvre les yeux et tout est flou. Ma tête me fait atrocement mal. Je ne sais pas où je suis et mes membres me font mal. Qu'ai-je fais ? Je suis au ralentis. Je ferme les yeux, les ré-ouvre. J'entends les "boums" dans ma tête. Je me lève tant bien que mal. J'ai si mal partout. Je ne me souviens pas être rentrée de la fête, ni m'être couchée. Je ne me souviens pas m'être changée. Je passe devant un miroir et découvre mon reflet. Mes yeux sont rouges. Je n'ai presque pas bu. Deux verres. Et le deuxième à cause de Maël...Maël. Je me retourne et le trouve allongé dans le lit. Je me rends compte que je suis dans sa chambre. Boum. Boum. Boum. Je commence à paniquer. Qu'ai-je fais ? Pourquoi n'arrive-je pas à me souvenir. Je suis sûre de n'avoir pas bu. Je suis sûre d'être rester raisonnable. Je vois mon dernier verre, donner par Maël.

- Hello ma belle.

Il m'a drogué.

Mon regard est fixé sur des sachets de drogue dépassant de la poche de son jean par terre. Je le dévisage. Soudain, il suit mon regard et découvre tout. J'ouvre la bouche, les larmes commencent à couler. Que m'a-t-il fait. Il se lève et s'approche.

- Mélodie

- T'approche pas de moi ! Hurlé-je en reculant. Mes larmes coulent désormais et j'ai peur. M'a-t-il violé ?

Alors qu'il essaie de s'approcher de moi, j'ouvre la porte et me rue vers le salon, je croise Paul, qui me demande si tout va bien. Je pleure de plus belle. Maël descends à toute vitesse.

- Mélodie attend !

- Ne t'approche pas Maël ! Ne t'approches plus de moi, ne me regarde plus, ne me parle plus ou j'appelle la police. m'emporté-je en continuant de pleurer.

Paul me prend dans ses bras, comme pour me protéger de Maël.

- Mél-

- Casse toi Maël. Et que je te revois plus lui adresser la parole. intervient Paul en le faisant reculer.

Maël me regarde une dernière fois, il me fait peur. Ses yeux rouges m'effraient. Je suffoque. Je me suis fais droguée, peut-être violée.

Maël remonte les escaliers puis se retourne.

- Je ne t'ai pas touché.

Il continue de remonter.

Il est six heures du matin. Paul n'a pas dormi et Luca arrive dans le salon après m'avoir entendu crier. Je commence à me calmer, j'essaie de croire Maël. Il ne m'a pas touché. J'essaie de me convaincre que c'est vrai et que Maël, même s'il en avait envie s'est retenu. Mon mal de tête augmente.

Une heure plus tard, Maël claque la porte et s'en va. Cette fois c'est réellement la fin. Comment a-t-il pu me droguer. Comment a-t-il pu me faire ça à moi. Je ne savais même pas qu'il consommait ces substances.

- Tu devrais appeler la police Mélodie.

Je secoue la tête, Luca a pourtant raison. Je ne réalise toujours pas que Maël, mon ami, m'a drogué. Moi qui était si fière de ne toucher à aucune drogue, à ne pas boire énormément. Voilà que j'étais drogué. Je bois mon café puis part prendre une douche. Mon esprit se libère et j'ai du mal à réaliser ce qu'il vient de se passer. Lorsque je sors, je me rends compte que j'ai besoin de parler. Tant besoin de parler. Mon mal de tête commence à partir petit à petit. J'ai si mal. Je sors de la salle de bain et retrouve les garçons dans le salon. Je m'assois un instant puis réalise. J'ai besoin d'elle.

- J'ai...besoin de parler à Lisa. annoncé-je.

Je vis Paul regarder Luca comme si cela posait problème tandis que je me dirigeais vers la chambre de mon amie. J'entends Paul me crier que ce n'est pas une bonne idée mais je ne l'écoute pas. Je veux voir ma meilleure amie, elle m'aidera. J'entre et reste figée.

Ce sont souvent les plus belles personnes à nos yeux qui nous font le plus de mal.

- Mélodie.

Antoine et Lisa ensemble, nus.

                                                         Certaines amitiés sont faites pour se finir.


HELLO, ravie de vous retrouver pour ce nouveau chapitre, très long que j'ai adoré écrire, ayant beaucoup d'inspiration ! Merci pour vos commentaires, j'aime tellement les lire !

Je pense faire un article 50 facts about me, qu'en pensez vous ?

Merci encore pour les 40k de vus et les 2k de votes, c'est juste énorme, vous êtes les meilleurs !

Manon

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