vingt

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" Mlle Milano, nous avons le plaisir de vous annoncer que vous avez obtenus la place de chroniqueuse littéraire pour le tout nouveau magazine " Jolies". Nous sommes ravis de vous accueillir dans l'équipe. Nous pensons réellement que vous êtes la meilleure candidate pour ce poste. Appelez nous pour confirmer au numéro ci-dessous, cordialement, Amanda Dune."




Je relis le message deux ou trois fois avant de réellement comprendre chaque mot. Je suis prise. Le job que j'attend depuis si longtemps. Celui qui se rapproche le plus de mon rêve. J'attrape mon téléphone et rentre le numéro. Je m'arrête soudain. Quelque chose m'empêche d'appuyer sur le cellulaire vert. Quelque chose ou plutôt quelqu'un. Antoine. Je soupire. Il repart bientôt en Espagne. Nous n'avons pas reparlés de ce sujet depuis notre petite accolade sur la terrasse. J'évite le sujet, par peur de le voir partir pour de bon tandis qu'il évite d'en parler. Nous avons une relation saine et heureuse. Mais il habite en Espagne. Pourquoi doit-il toujours y avoir des contraintes dans la vie. Pourquoi ne pouvons-nous pas juste vivre heureux, complètement heureux je veux dire.

- J'adore Olivia. Cette fille respire la bonne humeur ! m'annonce Antoine en arrivant dans le salon.

Je sursaute légèrement, je ne l'ai pas entendu arriver. Je ferme mon ordinateur, un peu trop violemment et me lève pour l'entourer de mes bras frêles.
- Ne l'aime pas trop, tu sais on ne sait jamais.
Il se retourne vers moi et rit légèrement. J'aime son sourire et sa façon de rire. J'aime la façon qu'il a de me regarder dans les yeux et de me transmettre ce message. " Tout va bien." Il peut me faire peur puis me rassurer la seconde qui suit. Je sais que je l'aime. Et pour une fois, je suis persuadée de son amour pour moi. Je suis la première. Je ne sais pas encore si je serais la dernière, il est trop tôt pour savoir, pour comprendre et pour se déchirer. Vivons dans le présent pour une fois, profitons de nos regards complices avant que le temps ne nous prenne absolument tout. Vivons heureux, juste une dernière fois.
Je n'ai pas envie de l'embrasser, être dans ses bras, pouvoir voir, à travers ses yeux bleus indomptable, sa sincérité, me suffit amplement.
Je pourrais lui dire pour le job. Je pourrais mais cette boule au ventre m'empêche de formuler une phrase correcte. Je n'ai pas peur de lui. J'ai peur de ses réactions. Il ne contrôle rien.

Olivia m'avait demandé de rencontrer Antoine. J'ai exaucé ses souhaits. Antoine a adoré Olivia. Et inversement je pense. J'étais plutôt heureuse. Olivia est une personne solaire. J'ai besoin d'elle. Plus que de Lisa. Olivia prend le meilleur chez les gens et en fait un atout. J'aime les gens comme ça.
- Tu as l'air heureuse. lance Antoine en me regardant.
- J'ai le job.
Alors que je laisse mon sourire exploser, Antoine fronce les sourcils. Je ne lui ai pas parlé du job. Je me mord la lèvre.
- J'ai..j'ai postulé pour un job quand j'étais à Clairefontaine, c'est pour écrire des chroniques dans un journal féminin. C'est nouveau. C'est le boulot de mes rêves Antoine.
En disant cette dernière phrase, je savais que je mentais, autant à Antoine qu'à moi-même.
Antoine recule. Il semble analyser la situation. Il n'a pas l'air de vraiment comprendre et je me ronge un ongle. Il passe une main dans ses cheveux, il reste calme.
- Le boulot de tes rêves ? répète-t-il en insistant sur chacun des mots.
J'essaie de croiser son regard mais il fuit. En une seconde je l'ai perdu.
- Je ne comprend pas pourquoi tu veux être journaliste. Ce métier c'est que du faux.
- Journaliste sportif peut-être, journaliste de magazines de potins peut-être Antoine, mais pas dans ce genre de magazine enfin ! Je vais écrire sur le cinéma, sur les livres, sur l'art, sur tout ce qu'il y a de plus vrai.
- Tu ne pourras pas écrire ce que tu veux Mélodie. Tu écriras ce qu'ils te disent d'écrire. Ils te donneront leur avis et tu formuleras les phrases. Ce n'est pas le métier de tes rêves, je le sais comme toi tu le sais très bien aussi.
Et le pire c'est qu'il avait raison.
- Qu'est-ce que tu en sais. Tu ne sais rien de ce que je veux ! m'emporté-je soudain.
Antoine me regarde dans les yeux et se rapproche de moi.
- Je sais que tu me veux. Et tu sais que je te veux. Rien de plus simple.
Je soupire, c'est impossible d'avoir une vraie conversation avec lui. Quand-est-ce que cette période de flirt permanent prendra fin.
- Qu'est-ce que notre relation vient faire dans cette discussion Antoine.
- Je vais retourner en Espagne Mélodie. Dans moins d'une semaine.
Le sujet que nous évitions tant. Je soupire et m'assoie.
- Et je ne ferais jamais de relation à distance. 
Je relève la tête et le fixe. Nos yeux semblent se comprendre mais nos pensées se contrastent. Antoine part dans la chambre tandis que je reste clouée au canapé. Toujours le regard dans le vide. Seule avec mes pensées. Je n'arrive plus à réfléchir. Je prends les clés, mon sac et ferme la porte doucement. La mer me manque.

Je retrouve mon coin secret. J'aime tellement cet endroit. Je pourrais passer toute ma vie là-bas. Par chance, le ciel est incroyablement clair tandis que la mer sombre dans un bleu marine profond. J'observe les vagues s'éclater sur les rochers et les jeunes s'amuser à sauter. Les filles sont un peu plus prudente tandis que les garçons sautent à s'en arracher la tête. Tout est magnifique, j'aime être ici. Mes pensées sont libre.
Je m'assois, je sens le sable mélanger aux pierres effleurer mon corps, je n'aurai pas dû mettre un short aussi court aujourd'hui. Il fait extrêmement chaud. J'aime cette chaleur intenable.
Antoine va repartir en Espagne, il va retrouver sa vie d'avant. Comment ai-je pu croire un jour qu'il pourrait changer pour mes beaux yeux. Antoine restera toujours Antoine. Un homme impénétrable, inconsolable et incompressible. Je ne sais pas si il vient de mettre fin à notre relation ou, au contraire, qu'il vient de m'inviter à habiter avec lui. Peu importe. Je ne pourrais pas aller vivre loin d'ici. Loin de ma famille, de mes amis, et de mon coin favori. C'est dur de tout quitter pour quelqu'un. Pour un homme avec qui je sors depuis seulement un mois et qui reste un total étranger pour moi. Mais cette homme est aussi un vent de bonheur dans ma vie comme je n'en ai jamais ressenti. C'est l'homme que j'aime et je sais que je parviendrais à tout connaître de lui. Je sais qu'il ne pourra pas changer, mais je sais que je l'aime tel qu'il est. Je sais que je l'aime et je sais qu'il m'aime. C'est assez pour tout quitter. Mais l'idée de déménager loin de mes parents, qui me consolent quand j'ai mes coups de blues permanents. Et Élias, mon ami, mon enfant. Je ne peux pas les quitter. Je ne peux pas quitter mes repères. Lisa et Maël apparaissent dans mon esprit. Même eux, je ne peux pas les quitter. Ils sont toujours dans mon esprit malgré tout. Je ne cesse de repenser à Maël et à ma déception. Combien de filles avait-il drogué avant moi ? Et Lisa. S'était-elle remise avec Dylan ?
Et ce job ? Est-il réellement le job de mes rêves. Bien sûr que non. Je ne sais pas quoi faire de ma vie. Dans tous les domaines et ça m'effraie. Quand tu es paumés, tu es comme mort pour cette société.

- Woah, mais c'est qu'on a gardé les bonnes habitudes je vois. 
Je me retourne en sursautant légèrement. Hugo se tient devant moi, les mains dans les poches et des lunettes de soleil sur le nez. Je sourie de toutes mes dents. Au fond de moi, j'avais comme besoin de lui.
- Qu'est-ce que tu fais là ? demandé-je avec ma petite voix.
- Cette endroit t'appartient autant qu'à moi miss. Depuis quand as-t-on besoin d'une raison pour y venir ? 
Son ton ironique me fait rire. Je suis contente de le voir. Je me souviens de nous deux, au lycée. Nous avions notre avenir en main, nous savions exactement quoi faire de notre vie. Nous ne rêvions qu'à devenir adulte le plus vite possible.
- Gaëlle est enceinte. 
Je laisse un petit cri s'échapper de ma bouche et le prend dans mes bras. Hugo va faire un excellent père. C'est étrange de se dire que mon premier amour va devenir papa. J'ai l'impression d'avoir rater ma vie à côté de lui. Et même si je suis sincèrement heureuse pour lui, je ressens de la jalousie. Il a tout ce que je voudrais avoir. Tout ce que j'aurais dû avoir.
- Je suis si heureuse pour toi Hugo. Tu ne peux pas savoir à quel point !
Il a les larmes aux yeux, je l'observe du coin de l'oeil et ne peux m'empêcher de l'aimer. Je l'aime toujours. Mais pas d'un amour passionnel, je l'aime car il sera toujours mon premier amour. Je l'aime car c'est lui qui a ouvert pour la première fois mon coeur. Et il aura toujours une place particulière dans mon coeur.
- Je l'ai appris ce matin. T'es la première personne à qui je le dis à haute voix. C'est la première fois que je le dis tout court à haute voix. Je vais être papa. C'est surréaliste. J'ai comme paniqué. Je suis tellement heureux, c'est presque moche d'être autant heureux que moi. C'est presque chiant d'être heureux tu sais. J'ai eu besoin de venir ici, le seul endroit où je me sens réellement heureux. Je sentais que j'avais besoin d'être réellement heureux ici. C'est le seul endroit auquel je tiens plus que ma vie entière.

Je bois ces paroles, quelques larmes coulent sur mes joues.
- Je vais devenir père et je suis ici. Je suis ici avec toi et ça me rend encore plus heureux. Tu me permets de partager cet endroit avec mon futur enfant ? Il faut qu'il vienne ici.
- Cet endroit est autant à toi, qu'à moi. Il est autant à toutes les personnes que tu aimes Hugo et que j'aime. Et j'aime déjà ton enfant.
Hugo essuie ses larmes et prend ma main. Les gens auraient pu croire que nous étions ensemble mais ce n'était que de l'amour de jeunesse. Rien d'important. Nous sommes plus que des amis, plus que des frères et sœurs. Nous partageons notre passé.
- Et toi ?
Je le regarde. Que va-t-il me répondre lui. Je sais que sa réponse sera la bonne.
- J'ai eu mon job, celui dont je vous avez parlés. Mais Antoine va repartir en Espagne. Il veut pas que je fasse ce métier. Il dit que c'est pas le métier de mes rêves. Il veut que je vienne en Espagne, ou non, il me quitte je sais pas en fait. Mais je peux pas quitter cet endroit. Je peux pas quitter ma famille, mes études, Elias, Olivia, Gaëlle, ton futur enfant et toi.
Hugo sert ma main un peu plus fort. J'attend sa réponse.
- On sait très bien tous les deux que ce n'est pas le boulot de tes rêves Mélodie.
Je fais mine de ne pas comprendre alors que je me réjouie qu'il confirme lui aussi.
- Tu veux écrire. Tu veux écrire tes propres histoires et pas sur les histoires des autres. Tu es faites pour ça. Je me souviens de tous tes romans sur ton vieil ordinateur. Que j'ai toujours !
- Quoi ? m'exclamé-je en mettant mes mains sur ma bouche.

A la fin de notre relation, j'avais donné mon ordinateur à Hugo, pour réellement tourner la page entre le lycée et ma vie d'adulte. Dedans, il y a toutes mes histoires. Dedans il y a toute ma jeunesse. Je pensais qu'il l'avait jeté.
- J'ai lu " Comme du sable fin" avec Gaëlle il y a une semaine. J'avais besoin de lui montrer tout ça.
Je ris. "Comme du sable fin" est l'histoire dont j'étais la plus fière.
- Non sérieusement, Mélodie. Part. Il faut que tu avances. Que tu vives pour toi et non pour les autres. Je sais c'est dur mais il faut que tu avances. Regarde-moi, je vais être père. Je veux que tu devienne auteur. Je veux que tu vives ton histoire avec Antoine. Je veux que tu sois heureuse. Aussi heureuse que je suis heureux. Même si je t'avoue que ça va être dur vu que je suis au maximum du bonheur.
Je ris. Je dois partir. Si Hugo me dit que je dois partir, je le ferais.

Je rentre. Antoine se précipite vers moi. Il s'est rasé. Je l'aime encore plus comme ça. Il est si beaux, si précieux. Il a les yeux rouges.

- Je suis désolé Mélodie.

Je souris et m'avance pour le prendre dans mes bras. Je vais partir avec lui. Mais que faire pour le job. J'ai envie d'accepter et de refuser. C'est toujours comme ça avec moi, j'ai envie des deux extrêmes.

Il m'embrasse. J'aime ces baisers, j'aime sentir son corps se coller au mien. J'aime voir ses yeux m'observer. J'aime Antoine.

- J'ai peur du temps Mélodie.

J'ai peur du temps aussi. Son aveu me rendait presque heureuse. Antoine est réel, il a des sentiments.

- Tout le monde Antoine. Nous avons peur qui passe et nous arrache à la jeunesse. Mais c'est le but du jeu. Faire le maximum avant la fin. Notre temps est compté.

- Alors profitons.

Il colle son front au mien. Je me rends compte soudain que je n'ai plus peur. Je n'ai plus peur d'Antoine.

- Viens avec moi en Espagne, viens avec moi, profitons ensemble.

Et voici enfin le chapitre 20, désolé pour la semaine dernière, j'étais malade et je n'avais pas envie d'écrire. Pour être honnête avec vous, je déteste ce chapitre et je déteste tout ce que j'écris depuis un bon mois. J'ai hâte de finir Good Job. J'ai l'impression de ne rien vous donner de bon, que tout est très plat et ennuyeux. Je voudrais remercier rougecarmin qui à chaque chapitre me redonne confiance en moi ( ps : aller voir sa merveilleuse histoire " Hera" avec Griezmann, c'est de l'or, et plus encore ! ). Et aussi petite dédicasse à  qui m'écrit des commentaires extraordinaire. Vous êtes les meilleures.

Nous arrivons bientôt à la fin.

Merci d'être là et de commenter à chaque fois, vous me faites tellement plaisir. Je vais bientôt sortir une nouvelle fiction je pense, peut-être un peu plus légère. Vous pouvez toujours aller voir deux autres de mes histoires publiées " After Rain" et " Encore un été "

Manon xx

good job // griezmannWhere stories live. Discover now