quatre

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Une semaine que je suis à Clairefontaine et pourtant je me sens définitivement inutile. Les bleus, en Autriche, que faire ici ? J'ai posé des questions à quelques membres du staff, leur demandant comment se passer les journées ici, en essayant, malgré moi, de leur faire dire des possibles atrocités sur des caprices des joueurs ou même du coach. Mais rien. Je suis certaine que Richard s'arrache les cheveux. Mathis a préféré partir seul en Autriche, m'écartant alors de la mission qu'on m'avait pourtant confié à moi, petite stagiaire que je suis. Hier soir, c'était leur grand retour, après un match de préparation. Mathis m'a confié "le journal" entre mes mains comme il le dit si bien et à quitter Clairefontaine dans la nuit ( pour mon plus grand bonheur.) Vais-je vraiment faire ce qu'ils me demandent ? Après tout, je n'ai pas le choix, c'est ça le journalisme.

Ce matin, je ne suis pas d'humeur, je sens déjà une journée étrange et dure arriver. Je n'ai pas envie de me lever et encore moins de déjeuner. Je prends mon téléphone et découvre que Maël m'a envoyé deux messages. Comme tous les matins depuis mon départ. Je ne peux pas m'empêcher de me demander pourquoi fait-il ça. Après tout, pour une fois qu'il peut se retrouver seul avec Lisa, l'élu de son cœur. Je me lève difficilement, direction la salle de bain.
Je regrette que Lisa ne soit pas avec moi pour me maquiller. Je regrette d'être ici, seule, dans une chambre inconnu, dans un monde inconnu. Le moral n'y est pas et ça se remarque sur mon visage. J'enfile une jupe patineuse - ne me parlez plus de jupe crayon, je vous en pris- qui ne fait pas du tout professionnel et un chemisier blanc. J'enfile des bottines. Mon dieu ce qu'il fait froid ici. 

Comme chaque jour depuis une semaine, je retrouve mes collègues assis autours d'une grande table, assez éloigné de la principale où les joueurs déjeunent habituellement. Dieu que certains journalistes peuvent être ennuyeux, toujours fourrés dans leurs fiches ou sur leurs ordinateurs à écrire, écrire et encore écrire. Ecrire et manipuler bien sûr, cela est naturel pour eux. Je critique des personnes qui font le même métier que moi, je critique ce que je fais. Quel étrange situation. Le sélectionneur descends et donne des accolades à certains membre du staff. Les autres écrivent et je n'ai même pas de papier et de crayon. Sérieusement, qui s'intéresse au fait que Mr Didier Deschamps descendent à telle heure, fasse ces gestes et dit ces choses. Alors que je baisse le regard sur mes céréales, des joueurs descendent enfin et mes collègues semblent hystériques. Je me lève pour remonter dans ma chambre chercher mon ordinateur et croise son regard. Je m'arrête sans le vouloir, comme surprise de le voir ici. Il ne me sourit pas. Il n'essaie pas de me dire quelque chose. Il n'est pas celui qui est partit une semaine plus tôt. Il garde encore quelques instants ses yeux sur moi puis croise un de ses coéquipiers. Je souffle comme si mon souffle était coupé auparavant. Tu es ridicule, complètement ridicule Mélodie, reprends toi enfin ! 
Raphaël : Mélodie !
Je me retourne et trouve mon nouvel ami planté devant moi, il semble fatigué mais garde ce sourire adorable. Je l'imite et il me prend dans ses bras. J'ai fort envie de regarder en direction d'Antoine mais je m'en empêche.
Raphaël : Alors, cette semaine sans nous n'a pas été trop ennuyante ?
Mélodie :  Si, énormément, j'ai même penser à quitter cet endroit.
J'y avais vraiment songé un moment avant de me reprendre. C'est une superbe opportunité.
Raphaël : Entre nous, je n'aime pas le fait que des journalistes restent à nos côtés pendant l'Euro, c'est assez stressant.
Mélodie : Si ça peut te faire plaisir, nous avons une tonne d'interdiction comme traîner avec vous. D'ailleurs, je pense que je suis en train d'enfreindre une des règles fondamentale !
Raphaël : Reste avec moi, nous ne nous entraînons à quatorze heures et je m'ennuie. Si tu as des problèmes, accuse moi, je m'expliquerai.
C'était tentant de décliner l'invitation du défenseur, mais c'était tentant d'accepter aussi.
Mélodie : Pourquoi pas. décidai-je finalement.

Nous sortons dehors, pourquoi fait-il si froid, nous sommes en juin !. Nous marchons un peu, en silence, j'aime ça, n'être pas obligé de parler.

Raphaël :  Alors Mélodie, parle moi de toi. Je ne sais pas grand chose à ton sujet.
Mélodie : Moi ? Je n'ai rien de très pertinent à raconter tu sais.
Raphaël : Oh, je t'en pris, tu dois être quelqu'un de très intéressant.
Mélodie : Hum...J'ai vingt et un ans, je termine ma deuxième année de journalisme, j'aime les mots et l'Art, -il sourit-, et un peu le sport, j'avoue ! J'habite dans un tout petit studio où tout se trouve dans la même pièce.
Raphaël : Et côté cœur ?
Je n'ai pas pu m'empêcher si il y avait un sens caché dans sa question.
Mélodie : Rien à déclarer.
Raphaël : Tu te moque de moi. m'accusa-t-il en me lançant une bourrade.
Mélodie : Quand les mecs se rendent compte de ma vraie personnalité il se barre très vite.
C'est un avertissement.
Raphaël : On dirait que tu aimes bien te trouver tous les défauts du monde, tu sais tu es...très sarcastique.
Mélodie : Je ne me rabaisse pas, je vois juste la vérité.
Raphaël écarquille un sourcil et je retire mon regard de lui jusqu'au bâtiment de Clairefontaine. Il nous regarde. Ce n'est pas le seul mais je ne remarque que son regard, posé sur moi, encore une fois.


Manipuler, verbe transitif : Manœuvrer des personnes dans le but de les tromper.
Cette définition me hante. Je trompe ces joueurs. Je trompe les lecteurs. Je dois charmer, pour mieux piéger. Quel genre de travail suis-je en train d'effectuer au juste ? Je suis incapable. Quand Richard et Mathis s'en apercevront, ils me vireront et adieu mon bel avenir. En y pensant, je suis pourtant satisfaite de cette idée.

Je me dirige après l'entraînement vers les joueurs, je dois commencer des interviews individuelles. Un programme m'a été distribué plus tôt dans la journée. Je débute avec Paul Pogba, un joueur que je n'ai pas encore rencontré. Je me dirige vers une table où il est assis, quand j'arrive il me sourit et se lève pour me serrer la main.
Paul : Enfin, la journaliste dont tout le monde parle.
Je sens mes joue s'empourprer. On parle de moi ? 
Paul sourit en me voyant rougir, je me mords la lèvre et m'assois, toujours aussi gênée.
Paul : Je peux vous tutoyer ?
J'acquiesce.
Paul : Entre nous, tu as du courage d'être ici, seule jeune femme entouré de joueur.
Il applaudit et je ris.
Paul : Et on dirait bien que Varane t'aime beaucoup.
Mélodie : Il est gentil.
Je me sens comme une gamine de cinquième, qui flirte avec un de ses camarade de classe, quelle situation gênante. Reprends le dessus.
Mélodie : A moi de poser des questions maintenant.

Je suis devant sa porte. Est-ce que je toque ? Est-ce que je rentre ? Je dois l'interviewer, de plus, monsieur à demander à ce que cette interview se déroule dans sa chambre, mais voyons. Ce n'est qu'une personne. Ce n'est qu'une personne enfin ! Reprends toi ! Je toque, la main engourdie.
Je l'entends arriver et mon souffle ralentis. Il ouvre enfin et mon regard se dirige directement sur son torse. Il est torse-nu. Je remonte, le rouge aux joues sur son visage et remarque qu'il sourit, de son inimitable sourire moqueur et joueur. Il savait.
Je rentre après quelques secondes passées à attendre devant lui. Alors qu'il ferme la porte, j'ai le temps d'analyser sa chambre, elle est presque semblable à la mienne mis à part les cm² en plus.
Antoine :  Tu es donc venu pour moi ?
Je me retourne, je sais qu'il fait allusion à lui, torse nu, dans sa chambre.
Mélodie : Seulement pour l'interview ! répondis-je calmement en posant mon sac sur un des bureau présent.
Antoine : Si tu veux. dit-il dans un souffle.
Il s'allonge sur son lit et je prend une chaise. Il se met à rire.
Antoine : Tu as peur de moi à te poser aussi loin ?
Je déteste son air joueur et le fait qu'il me traite comme une enfant.
Mélodie : Je ne dois pas enfreindre certaines règles Mr Griezmann.
Il écarquille les sourcils et se relève pour s'adosser contre un mur. Alors que je m'apprête à lui poser une première question, il me coupe dans mon élan.
Antoine : On dirait que ça avance avec Raphaël.
Cette fois, je ne flanche pas.
Mélodie : En quoi ça t'intéresse au juste ? demandai-je, en soutenant son regard azur.
Ce regard. Ce putain de regard.
Antoine : C'est pas que tes amourettes m'intéresse mais je dois tenir au courant les autres donc, je me renseigne.
Je le fusille du regard, perd mon sourire joueur et commence l'interview. C'est pénible de le voir répondre si gentiment, il cache comme son jeu. Dois-je mettre le fait qu'il utilise son côté arrogant avec moi ? N'est-ce âs ça de manipuler ?
Au bout de quelques minutes, il se rapproche de moi et me regarde intensément. Si tu crois que tu vas gagner ainsi, tu te trompes Griezmann. Je soutiens son regard et il continue de s'approcher. Il a toujours cet air joueur, plus discret qu'auparavant. Mon regard se perds soudain sur son corps. Je me reprends vite mais je sais qu'il l'a remarqué. Il se décale un peu et rit légèrement.
Antoine : On dirait que l'interview ne t'intéresse pas plus que ça Mélodie.
Bien joué.

Humiliée, voilà ce que je suis. En remontant dans ma chambre après cette interview catastrophique, je décide qu'il est temps de se venger. S'il croit qu'il lui suffit de se balader torse nu pour gagner à un jeu imaginaire, il se trompe. J'enfile un short, le plus court que je possède - que je pensais mettre pour dormir- et un débardeur blanc. La tenue la plus sexy que je possède dans ma valise. Je ne suis pas sûre de ce que je suis en train de faire, n'est-ce pas stupide, n'est-ce pas complètement immature de ma part ? Je revois son visage satisfait après l'interview, son regard perçant et son torse nu. Non, c'est l'heure de la vengeance.


Je descends discrètement vers les chambres des joueurs, mes collègues ont dîné et doivent écrire leurs nombreux articles. Je me dirige vers la chambre de Raphaël, juste en face de celle d'Antoine. Je toque et Raphaël m'ouvre. Il semble surpris et regarde derrière moi. J'entends des voix dans sa chambres.
Raphaël : Mélodie ? Qu'est-ce que tu fais là ?
Je trouve son ton un peu trop accusateur, après tout, ne voulait-il pas passer du temps à mes côtés ?
Mélodie : Je me demandais si je pouvais rester un peu avec toi ce soir, mais si tu ne veu-
Raphaël : Non, non, rentre ! Je regarde le match avec Paul et Antoine.
Antoine ? Ah mais mon plan se déroule mieux que prévu.
Je rentre et Paul me salue encore une fois, Antoine, lui, ouvre la bouche puis la referme. Il semble me dire " Bravo". Je m'installe et sens son regard sur moi, sur mon short. Je suis plutôt fière de moi.
Antoine : Tu t'y connais un peu en foot au moins ?
Je me retourne vers lui et le dévisage, a-t-il l'intention de me pourrir la soirée ?
Mélodie : Si je suis ici, c'est que je ne dois pas être la plus mauvaise en tout cas.
Antoine : Oh tu sais, ils envoient des tas de gens incompétents ici.
Bien joué. Bien joué.
Paul : Laisse tomber miss, il est perturbé que tu ne sois pas tombé sous son charme.
Je ris et Antoine s'attaque à Paul.
Le reste de la soirée se passe aucun dialogue entre Antoine et moi, pourtant nos regards se croisent souvent, comme si tout ce que nous attendions, c'était être seul.

Mélodie : Je vais remonter, merci pour cette soirée.
Raphaël me prends dans ses bras et je salue Paul.
Alors que je referme la porte sur moi, je l'entend qui se ré-ouvre et je trouve Antoine derrière moi.
Je ne lui adresse pas un mot et m'apprête à remonter mais il me retient en me tenant le bras. Je me retourne, intriguée
Antoine : Tu vas tout raconter aux médias hein ? me balance-t-il, presque sèchement
Mélodie : Quo-
Antoine : Fais pas l'innocente, je connais les journalistes. T'es comme en mission là.
Ce qu'il me dit me blesse. Et pourtant il a vu juste. Il sait.
Mélodie : Si je faisais ça, tu ne crois pas que j'aurai dévoilé le fait qu'une jeune demoiselle blonde ait finie la soirée avec toi récemment ?
Il sourit.
Antoine : Mais peut-être que ça te faisais trop mal de te remémorer ce moment. - Il s'avance vers moi et je recule jusqu'au mur.-
Mélodie : Pourqu-
Antoine : Ça auraît pu être toi à sa place ce soir là. - il continue de s'approcher-
Mélodie : Non...Je n'aurai jamais...
Antoine : Je te plais. Je vois la façon dont tu me regardes.
Mélodie : Et moi je te plais risquai-je. Peut-être que tu aurais aimé être à la place de ton coéquipier ?
Il me sourit et se rapproche un peu plus.
Antoine : On sait très bien qu'il ne s'est rien passé entre vous deux.
Mélodie : Ah mais ça tu ne sais pas, je suis une bonne menteuse.
Antoine : Tu veux me faire croire que Raphaël t'a plaqué au mur et t'a embrassé passionnément, presque violemment ?
Quelques centimètres nous séparent.
Mélodie : Tu ne -
Il est très proche, trop proche de moi, ses lèvres ne sont plus qu'à quelques millimètres des miennes.
Antoine : Mélodie, si tu es une bonne journaliste, tu répéteras tout ce que je viens de te dire. Ce que je vais faire.
Ce qu'il va faire ?
Il s'approche, il va m'embrasser. Il se recule soudain et me laisse en plan. Il rentre dans sa chambre, ce sourire accroché à son visage.
Antoine : A demain miss.

                                                             Alors ça tu me le paieras Antoine Griezmann.



                                                                                                ♦♦♦♦♦♦♦♦

Hello, Hello, voici le quatrième chapitre, désolé pour l'attente. Je ne suis pas très fière de celui-ci, je le trouve mou. ON EST EN FINALE ! C'est quelque chose de dingue, j'ai tellement hâte d'être à demain ! Merci encore pour tous vos adorables commentaires, n'hésitez pas à commenter ce chapitre, c'est toujours un plaisir. Merci pour les 5k de vues, c'est adorable et je suis sur un petit nuage. Je vous embrasse, et à la prochaine ! 

good job // griezmannWhere stories live. Discover now