Les sentiers de l'espérance {...

By Aelnen

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En septembre 1938, à 18 ans, Adam Kowalski rejoint les rangs de la Wehrmacht sur ordre de son beau-père, memb... More

Charte de bonne conduite
Contrat d'édition
Avertissement - Droits d'auteur
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Retrait des chapitres
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Chapitre 20

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By Aelnen


9 septembre 1940

J'ai vingt ans depuis quelques jours.

J'ai vingt ans mais déjà j'ai l'impression que je n'ai plus aucun avenir.

Ma vie n'est qu'une sombre prison dans laquelle mon cœur meurtri et mon âme blessée sont fatigués de lutter en permanence.

Chaque jour m'apporte son lot de pensées toutes plus obscures les unes que les autres : j'ai finis par comprendre que jamais je n'aurais droit au bonheur car cela fait bien longtemps qu'il a oublié que j'existais. Parfois j'espère que tout ceci n'est qu'un long cauchemar et qu'un jour je finirais par me réveiller entouré d'une vraie famille et d'amis avec qui je pourrais passer du temps.

Ma vie si pâle me fait mal et la solitude est ma seule compagne.
Dans mon corps dévasté, la douleur irradie tel un torrent brûlant qui ne cesse d'affluer dans mes veines.
Je ne peux plus combattre et je n'ai plus envie de résister. De l'aube au crépuscule, tout n'est que haine, peur, dégoût, mépris...

J'ai arrêté d'essayer de comprendre, j'ai arrêté d'espérer voir un jour apparaître la lueur qui ranimera mon cœur. Je suis fatigué de crier ma colère, pourquoi devrais-je continuer de la sorte en sachant que je suis de toute façon condamné à mourir dans ce camp ou sur le champ de bataille ?

Je contemple mon fusil que je tiens dans mes mains depuis au moins dix bonnes minutes.
Ce serait si simple...

L'irruption soudaine de quatre soldats dans la pièce qui me sert de retraite interrompt le cours de mes pensées.

C'est devenu une habitude récurrente chez les plus proches amis de Mark : parfois ils me réveillent en plein nuit simplement pour me demander si je dors et quand ils ont vraiment envie de m'ennuyer ils me demandent d'aller les remplacer pour assurer la garde en haut du mirador.

Je pourrais tenter de me défiler mais ils viennent toujours à trois ou quatre et je sais pertinemment que je ne pourrais pas en venir à bout seul.

- Alors, tu ne viens pas ? Tout le monde est là, tu es le seul à ne pas être descendu !

- Je préfère rester seul.

- On ne t'a pas demandé si tu en avais envie ou pas. Tu viens avec nous. Tu sais parfaitement que Mark t'attend.

Je me lève en soupirant et suit les quatre soldats : l'un d'entre eux se place derrière moi pour être certain que je ne vais pas leur fausser compagnie.

Lorsque nous approchons de la cantine des SS, je suis surpris par les éclats de voix qui parviennent à mes oreilles. Quand nous sommes à quelques mètres à peine, je perçois également les échos de l'Aria de Johann Sebastian Bach, une musique que j'avais entendue à de nombreuses reprises dans la demeure d'Ernst à Berlin.

Je crois qu'une majorité des officiers du camp participe à cette réception et tout à coup, je me rappelle la conversation que j'avais entendue ce matin avant de prendre mes fonctions : Rudolf Höß avait autorisé cette petite fête à l'occasion de l'anniversaire de l'un de ses adjoints et il avait également permis qu'une petite cérémonie soit organisée pour quelques soldats du camp qui allaient recevoir une promotion suite à leur conduite sans faille depuis l'invasion de la Pologne l'année dernière.

Frank, qui appartenait à la noblesse allemande, n'avait pas arrêté de se plaindre en apprenant que Mark allait obtenir le grade de Scharführer, moins de six mois après avoir été désigné Unterscharführer à son arrivée à Oświęcim.

La tension entre eux était palpable depuis quelques jours et j'avais essayé de me tenir à distance raisonnable de mes deux supérieurs. Jürgen, quant à lui, se moquait royalement de ces histoires de promotion et de récompense car tout ce qui l'intéressait c'était de faire souffrir tant et plus les malheureux prisonniers du camp.

Je les aperçois tous les trois au fond de la salle : ils sont en grande discussion avec Robert Karl Ludwig Mulka, l'un des adjudants du commandant Höß, ils ont tous un grand sourire et un verre à la main. De la vodka sans doute.

Je sais déjà comment cette petite réception va se terminer : une bonne moitié des invités sera totalement ivre dans quelques heures et je ne pourrais pas dormir correctement cette nuit.

Derrière eux, placardé au mur, il y a une grande carte de l'Europe : l'un des officiers, à l'ouverture du camp, avait voulu démontrer la puissante du Reich en apposant sur ce plan une multitude de petits drapeaux qui symbolisaient les possessions de l'Allemagne.

Mon retour en Pologne m'a un bon moment fait oublié les tensions qui régnaient en Europe et les envies de conquêtes du Führer.

Ce matin, j'ai réussi à trouver quelques journaux de presse allemands : j'ai découvert avec stupeur que la situation avait bien changé en un an. Les Russes ont attaqué la Finlande l'hiver dernier puis les troupes allemandes ont envahi le Danemark et la Norvège en avril.

Tandis que je me trouvais à Łódź pour y surveiller le ghetto, Hitler avait finalement lancé son offensive sur l'Ouest et avait réussi le tour de force de soumettre les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et une partie de la France sous son autorité. Comme pour la campagne de Pologne, tout s'était déroulé très vite : un peu plus d'un mois après l'invasion de ces pays, les troupes allemandes étaient entrées dans Paris puis, le 22 juin dernier, l'armistice avait été signé entre la France et le Reich.

Les journaux ne tarissaient pas d'éloges sur la rapidité avec laquelle Hitler avait annexé tous ces territoires mais en revanche, ils s'étendaient moins sur le conflit qui continuait en Afrique et qui opposait les forces italiennes, alliées de l'Allemagne, aux troupes britanniques et françaises.

Si j'avais compris depuis bien longtemps les désirs de conquête du Führer, jamais je n'aurais cru qu'en moins d'un an il parvienne à concrétiser une aussi grande partie de ses ambitions.

L'un des journaux, qui datait de mi-juillet montrait de nombreuses photos du retour triomphal d'Hitler à Berlin : la foule était enthousiaste et agitait de nombreux petits drapeaux aux couleurs du Reich, les sourires n'étaient pas feints, les femmes et les enfants semblaient déborder d'admiration pour celui que je considérais toujours comme un fou furieux.

En poursuivant ma lecture j'avais appris que les deux principaux problèmes restants étaient les cas du Royaume-Uni et de l'URSS.

Même si les articles se voulaient extrêmement prudents, une fois encore, j'avais très vite réalisé que le pacte entre les Russes et l'Allemagne risquait de devenir caduc assez rapidement : Staline était un allié encombrant et dérangeant.

Apparemment, Hitler avait choisi de résoudre en premier lieu le cas anglais et cette bataille est à présent, selon les journaux, entrée dans sa troisième phase : au ton employé dans les articles, j'ai compris qu'elle était très loin d'être gagnée.

Dans un premier temps, l'aviation allemande s'était consacrée à attaquer les convois de ravitaillement britanniques afin d'isoler le Royaume-Uni et de forcer les appareils de la RAF à s'engager dans le combat.

Après un mois, les journaux constataient amèrement que cela avait été peu efficace.

L'état-major allemand avait donc décidé d'affronter directement la RAF sur son propre sol : les aérodromes militaires britanniques et les usines de l'industrie aéronautique étaient devenus les nouvelles cibles de la Luftwaffe.

Une fois encore, l'optimisme ne semblait pas de mise chez les reporters chargés de couvrir les évènements. Le commandement de l'armée allemande s'était visiblement trompé sur les pertes infligées aux anglais : le 15 août, que les articles décrivaient comme un jeudi noir pour le Reich, l'aviation allemande avait perdu plus de 60 appareils. Plus terrible encore, trois jours plus tard, les pertes furent telles que l'état-major avait décidé de retirer les bombardiers Stuka des combats.

A la fin du mois, il y a quelques jours à peine, La RAF avait bombardé Berlin et les journaux ne s'étaient pas fait prier pour relayer les paroles d'Hitler à ce sujet : S'ils bombardent nos villes, nous raserons les leurs, s'ils lâchent des centaines de bombes nous en lâcherons des milliers.

Et en effet, il y a deux jours, il a ordonné un raid de plus de 300 bombardiers, escortés par près de 600 chasseurs afin de bombarder Londres.

Je ne sais pas où tout cela va nous mener mais je commence à douter des possibilités d'Hitler à s'emparer des terres anglaises : je crois qu'il a tout simplement sous-estimé les aptitudes des troupes allemandes et les capacités du Royaume-Uni à se défendre.

Une nouvelle fois mes yeux se posent sur la carte de l'Europe et je contemple presque fasciné tous les petits drapeaux symbolisant les nouvelles possessions allemandes. Cependant, je n'arrive pas à faire abstraction du sentiment de malaise qui m'envahit lorsque je fixe un instant les îles britanniques : leur conquête était la clé de l'avenir de l'Allemagne, j'en étais persuadé.

Je détourne le regard et je parcours rapidement l'entièreté de la salle : l'ambiance est particulièrement détendue et les verres ne restent jamais vides très longtemps.

Dans un coin, je remarque trois jeunes femmes qui semblent très intimidées de se trouver parmi autant d'officiers : je les reconnais immédiatement car elles travaillent toutes les trois à l'hôpital des SS. Je ne tourne pas assez rapidement la tête ce qui permet à Charlotte de m'apercevoir et de se diriger immédiatement vers moi sous le regard amusé de ses compagnes, Gerda et Elisabeth.

Encore des ennuis en perspective...

Depuis qu'elle a essayé de soigner mes blessures causées par cet imbécile de Grzegorz Wojtowicz, Charlotte semble avoir trouvé le moyen de croiser régulièrement mon chemin, dans n'importe quel bâtiment dédié aux soldats SS.

Elle persiste à croire que j'ai besoin d'une bonne thérapie : c'est toujours ainsi qu'elle choisit de m'aborder quand j'ai le malheur de la croiser. Je ne la crois pas : personne ici n'a jamais manifesté le moindre égard à mon sujet et je suis convaincu que ses motivations se trouvent ailleurs. Je me demande même si elle n'agit pas sur les ordres de Mark ou de l'un de ses deux lieutenants.

Charlotte n'a pas le temps de me dire quoi que ce soit et je n'ai pas le temps de déguerpir car l'heure de la remise des nouveaux insignes aux soldats promus débute.

Lorsque vient le tour de Mark, l'infirmière se penche vers moi et chuchote :

- On ne devient pas Scharführer aussi vite : il a forcément acheté sa promotion.

Je suis surpris en l'entendant parler de manière aussi désabusée : je décide de ne pas réagir et je me force à regarder Mark qui bombe le torse fièrement.

Charlotte ne semble pas vouloir arrêter ses critiques envers mon supérieur et en l'observant discrètement porter son verre à ses lèvres, je devine qu'elle a déjà beaucoup bu.

Je ne comprends pas son attitude mais lorsque mon regard croise celui d'Elisabeth je me dis qu'il vaudrait mieux que je ne reste pas à ses côtés.

Je n'ai pas été saluer Mark et je ne l'ai pas félicité mais au moins il ne pourra pas dire que je n'étais pas présent. Puisque j'ai fait acte de présence, je décide d'aller me coucher.

Lorsque je pose le pied sur la première marche de l'escalier, j'entends la voix de Charlotte derrière moi. En soupirant, je me retourne et je lui demande pourquoi elle ne peut pas me laisser tranquille.

- Adam...

Je n'aime pas la manière avec laquelle elle s'adresse à moi et quand je la vois se diriger lentement vers moi tout en me scrutant avec intérêt, je suis certain que si elle avait été sobre elle n'aurait sans doute pas agit ainsi.

Je n'ai pas le temps de faire le moindre mouvement : Charlotte trébuche en marchant vers moi et je n'ai pas d'autre choix que de la retenir pour l'empêcher de tomber. Elle rigole doucement et enroule ses bras autour de ma taille : son haleine empeste l'alcool, son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien et je n'ai qu'une envie c'est de la planter là et de m'enfuir.

- Écoute... Personne ne le saura jamais je te le promets, tu devrais apprendre à te détendre un peu. Même Mark ne pourra...

La seule évocation du prénom de mon supérieur me fait immédiatement réagir : j'écarte Charlotte violemment car je suis maintenant certain qu'elle a un lien avec l'officier. Elle parle de lui comme s'il faisait partie de ses proches et...

La porte de la cantine s'ouvre brusquement pour laisser passer un groupe de SS passablement éméchés. Heureusement ils prennent la direction opposée à la mienne. J'ai trop traîné dans le coin, il ne faut pas que quelqu'un me voit avec Charlotte : je suis certain qu'elle a fait des avances à Mark et qu'il l'a repoussé. Si elle s'attaque à moi désormais c'est qu'elle essaie certainement de le rendre jaloux.

Comme pour venir confirmer mes doutes, l'infirmière tente une nouvelle fois de s'approcher de moi mais je la repousse.

- Adam...Pourquoi tu ne veux pas de moi ? Est-ce parce que je suis brune ? Oh... !

Charlotte s'arrête brusquement et me dévisage lentement l'air à présent soucieux :

- Tu n'es peut-être pas...

- Ça suffit !

- Tu dois bien savoir que tout le monde se pose la question...Alors prouve-moi qu'ils ont tort...

- Je n'ai rien à prouver, je...

Agacé par cette conversation, je lui tourne le dos et je m'apprête à regagner enfin ma chambre mais Charlotte me retient par le bras et d'un geste assez sec m'attire contre elle à l'instant même où Mark sort à son tour de la cantine.


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