Tout ce que j'ai envie de faire, c'est de retourner chez moi. J'ai envie de partir en courant, mais je ne peux pas puisque Soorin m'a vu. En réalité, elle est accompagnée d'un homme. Il doit avoir une quarantaine d'années si ce n'est une petite cinquantaine. Elle me sourit et me fait signe pour que j'aille la rejoindre, chose que je fis. Je ne voulais pas me montrer timide, même si je sais pertinemment que ça se voit.
« Je pensais pas que tu allais venir mais ça me fait plaisir de te voir.
-E-euh oui... Moi aussi...
-Tiens, regarde, papa, c'est Taehyung et Taehyung, voici mon père. Je voulais te le montrer.
-C'est donc lui le fameux Taehyung ? »
« Le fameux » ? Ça veut donc dire qu'elle a parlé plus d'une fois de moi à ses parents ? Ou du moins, à son père vu que sa mère n'est pas ici. J'en suis flatté. Peut-être même un peu trop.
« Tu vois bien qu'il existe et que je ne t'ai pas menti.
-Autant pour moi ma puce. Tu veux que je vous laisse ?
-Tu peux aller faire les courses pendant qu'on va de notre côté ?
-Je t'appelle dès que j'ai terminé.
-Ça marche.
-À tout à l'heure, amusez-vous bien tous les deux. »
Je salue poliment le plus âgé de nous trois et il s'en va devant nous. Soudainement, je me sens un peu mieux, et beaucoup moins stressé.
« Tu veux qu'on commence par faire quoi ?
-Aucune idée. À vrai dire, je ne connais pas tellement les centre commerciaux.
-Ah bon, pourquoi ?
-Tu sais bien, je ne sors pas de chez moi pour tout dire...
-Oh, oui, c'est vrai, pardon. »
Elle était mignonne quand elle était gênée. Elle ne savait plus du tout où se mettre. Mais je lui souris pour la rassurer et regarde un peu autour de moi avant de m'avancer vers une parfumerie. Elle me suit en me demandant de l'attendre, et c'est ce que je fis.
On entre ensuite à l'intérieur et sans surprise qu'une foule de gens est déjà présente dans la boutique. C'est le week-end et bientôt les fêtes de Noël alors les gens se précipitent pour acheter les cadeaux. Moi en vérité, je n'ai toujours pas de cadeaux pour ma mère et ça me peine. Avec l'argent de poche que je reçois tous les mois, il y en a suffisamment pour que je lui fasse plusieurs cadeaux. À vrai dire, j'ai envie de lui faire pleins de cadeaux parce qu'elle m'en fait tout au long de l'année alors je lui dois bien ça. Elle le mérite.
« Pourquoi tu as voulu aller là ?
-J'ai envie de faire plaisir à ma mère.
-Tu n'as donc ni frère, ni sœur ?
-Non, je suis enfant unique. Et comme tu le sais, j'habite seul avec ma mère.
-Tu as encore le temps pour les cadeaux tu sais ?
-Qui te dit que c'est pour Noël ?
-Oh, tu lui en fais souvent des cadeaux occasionnels ?
-Non, parce que je ne sors pratiquement jamais.
-Et tu comptes lui offrir un parfum ?
-Elle en met jamais parce qu'elle ne veut pas s'en acheter. Elle prétend que c'est de l'argent dépensé inutilement. Pourtant, je sais qu'elle aime le parfum.
-C'est normal, tout le monde aide le parfum. En particulier les filles. »
Elle me sourit et je le lui rends avant de m'aventurer dans la partie féminine du rayon. Je commence d'abord par sentir un parfum Chanel. Le N°5. J'aime bien, mais sans plus. Je m'aventure dans la gamme Lancôme et en sens plusieurs. J'aime beaucoup l'odeur qu'ils dégagent. Ensuite, je vais dans la marque de Kenzo puis de Dior.
« Soorin ? »
Elle me lança un regard interrogateur et je lui tendis deux bouteilles.
« J'hésite entre ces-deux là. T'en penses quoi ? »
Elle s'aventura toute seule dans les rayons des parfums sur lesquels j'hésite, et pris un échantillon de chacun avant de revenir victorieuse avec un seul échantillon.
« Je préfère celui-ci. Il fait plus femme je trouve. »
Je lui pris l'échantillon des mains et le sentis à mon tour. Bingo, elle a pris Angel de Thierry Mugler. Et à la réflexion, c'est vrai qu'il fait beaucoup plus femme que le Flower by Kenzo que j'avais choisi.
Je pris donc le plus grand flacon de parfum et me dirigeai vers la caisson en compagnie de mon amie.
Une fois que j'eus payé, on sortit de la boutique, le sourire aux lèvres. C'est vrai que ce genre de boutique met de bonne humeur, je ne sais même pas pourquoi.
« Tu veux aller où ?, demandais-je à Soorin en m'arrêtant.
-Je veux aller à Bershka.
-Qu'est-ce que c'est ça ?
-Tu connais pas ? C'est un magasin de vêtements. Pour les filles. »
Je ne répondis rien et lui souris simplement alors qu'on se dirigeait vers la boutique. Je ne connais pas les tailles de ma mère alors je ne pourrai rien lui acheter. En tout cas, si ça fait plaisir à Soorin d'y aller, ça me fait aussi plaisir. J'aime beaucoup la voir sourire, ça la rend plus mignonne qu'au naturel. À peine on rentre dans la boutique que je la vois zigzaguer entre les rayons. À mon avis, elle aime beaucoup cette boutique vu la vitesse à laquelle elle m'a laissé.
« Bonjour, vous voulez de l'aide ? »
Je tourne ma tête vers une vendeuse qui se trouve à côté de moi. Elle est souriante et jeune. Et bien habillée aussi.
« Non, ça va aller, merci, j'accompagne juste mon amie.
-Je vois. Si jamais vous avez besoin, faites-moi signe. »
J'hoche la tête et me faufile aussi entre les rayons pour rejoindre Soorin.
« Tu ne m'as même pas attendu.
-Désolée, c'est qu'une fois que je suis dans ce magasin, j'oublie tout ce qui m'entoure.
-Le refais pas la prochaine fois.
-La prochaine fois ? Ça veut dire qu'on va ressortir ?
-Possible, oui. »
On s'échangea un sourire puis on regarda à nouveau les vêtements qui se trouvaient sur les étalages. Enfin, je regardai juste comme ça parce que je n'en achèterai pas.
Finalement aujourd'hui n'était pas si mal. Je me suis amusé et j'ai même fait un cadeau à ma mère. Et puis, le père de Soorin est quelqu'un de très gentil, de très souriant et de très poli. Je sais d'où elle tient son éducation. Sa mère doit être pareille, mais je n'ai pas eu la chance de la rencontrer.
En rentrant chez moi, je cachai le paquet dans mon dos et m'avançai à l'intérieur de la maison avant d'arriver au salon où je pus apercevoir ma mère dans la cuisine. Je souris et arrivai à son niveau pour enfin lui tendre le paquet. Ses yeux s'écarquillèrent et elle se tourna automatiquement vers moi.
« Qu'est-ce que c'est ?
-Si tu n'ouvres pas, tu ne pourras pas deviner. »
Elle se munit donc du paquet et l'ouvrit doucement avant de me regarder, légèrement choquée.
« Taehyung, enfin ! »
Son ton se voulait presque colérique, alors elle me fit quand même assez peur.
« Quoi..?
-Mais... Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?
-Je voulais te faire plaisir...
-Ça a dû te coûter un bras !
-Mais non... Et puis, j'avais de l'argent à dépenser.
-Je sais pas quoi dire...
-Contente-toi juste d'apprécier. »
Elle ne répondit rien et s'empressa de sortir le flacon de son emballage avant de s'en mettre sur le poignet de sentir.
« Mon Dieu ce qu'il sent bon. Taehyung, pourquoi avoir fait ça ?
-Pour te faire plaisir.
-Mais pourquoi ?
-Parce que tu te démènes tellement pour moi que j'ai voulu te faire une surprise et te faire plaisir. »
Je vis dans son regard que les larmes se formaient puis elle me serra dans ses bras. Au moins, ça a eu le mérite de lui faire plaisir.
« Pleure pas maman.
-C'est juste que ça me fait plaisir. »
Je souris et caressai son dos avant d'aller dans ma chambre, content d'avoir réussi à rendre une fois de plus ma mère heureuse. Même avec un simple parfum qui, je l'avoue a coûté cher mais de toute façon, rien est assez beau pour ma mère. Je me munis d'une photo qui est rangée précieusement dans mon bureau et la fixai.
« Tu sais, je commence à reprendre confiance. »
Je marquai une courte pause.
« Je me suis fait une amie. Elle est vraiment gentille. Mais c'est toi qui restera mon premier ami. »
Vous l'aurez sans doute deviné, la photo que je regarde est une vielle photo où j'étais avec mon ami d'enfance que j'ai perdu de vue. Il s'appelait Hoseok. Même si on ne se parle plus et lui m'a sans doute oublié, moi, je ne l'ai pas fait parce que je garde espoir qu'un jour, il revienne.
« Eh, Taehyung. »
Je tourne aussitôt la tête vers Jungkook, qui vient de m'appeler. Pourquoi est-ce que je n'ai pas continué ma route ?
« Ils sont où nos devoirs ? »
Je ne réponds pas me maudis intérieurement. Merde, j'avais complètement oublié de faire leurs devoirs. Mais tant pis, j'étais absent ce week-end et Soorin ne m'a seulement apporté que mes devoirs puisqu'elle ne sait pas que je suis obligé de faire ceux de son frère et de sa bande.
Il me lance un coup de pied dans le tibia et je gémis de douleur.
« Alors la fillette, on a mal ? »
Il réitéra son action avant que les autres ne viennent.
« Alors larbin, t'as eu tes règles vendredi, c'est ça ? »
Qu'est-ce que je pouvais répondre à ce genre d'insultes ? De toute façon, qu'est-ce que je peux bien faire ? Rien du tout, parce que je ne sais pas ouvrir ma bouche. Je suis bloqué dès qu'il s'agit de répondre. Même quand les profs me posent une question, je me rétracte aussitôt.
« Allez bouge, si tu veux pas avoir de mauvaise surprise. »
De toute façon avec eux, j'ai toujours des mauvaises surprises alors... Cela dit, j'entrai dans le lycée sans rien répondre, en fixant le sol.
« Quel lâche., pensais-je en me mordant la lèvre. »
Autant dire que vendredi, ils ne m'ont certainement pas manqué. J'étais même bien mieux dans mon lit, au chaud, à dormir, sans penser à eux.
À la pause de midi, j'attendais sous le préau Soorin qui m'avait promis qu'elle me rejoindrait pour qu'on aille manger ensemble. J'ai reçu encore quelques insultes en cours, mes affaires ont encore été renversées par terre... Tout ça n'est que la routine, mais je commence à en avoir marre. Je ne pensais pas que ça allait se passer de la même manière à ce lycée. Je pensais que tout serait différent vu que je ne connaissais personne dans cet établissement mais non. Tout est redevenu comme avant. Je me fait rejeter (mis à part part Soorin), personne ne veut me tendre la main, tout le monde me prend pour un moins que rien. Si je pouvais revenir en arrière, je le ferai. J'aimerai tellement ne pas être devenu associable... J'aimerai tellement revivre ma maternelle. J'étais entouré d'enfants qui m'appréciaient. Aujourd'hui, je suis entouré d'adolescents qui me rejettent et qui ne cherchent pas à me connaître. Je suis pris pour le larbin de service. Je me retrouve même à faire les devoirs de mes harceleurs. Parce que oui, on peut les qualifier de harceleurs. Ils ne me laissent jamais en paix. S'ils étaient un minimum intelligents, ils me laisseraient en paix et m'ignoreraient. Ils me laisseraient faire ma vie et ils vivraient la leur. En fait, ils feraient comme si je n'existais pas. Comme la plupart des lycéens le font déjà.
Je reprends avec cours de Coréen. Je n'aime pas spécialement cette matière, d'où mon choix d'être parti en Scientifique. J'ai toujours aimé ces matières. Je trouve ça bien mieux que l'Histoire barbante et la Philosophie. Je suis malheureusement à côté de Yoongi dans cette matière. Il me fait vraiment très peur, même s'il ne me parle pas.
Lorsque le professeur note quelque chose au tableau, je me reçois plusieurs boules de papier dans la tête. Mais je ne dis rien. Je ne réagis même pas. Je me laisse faire, pour ne pas changer. Je suis incapable de riposter.
« Park Jimin, Kim Namjoon !, intervint le professeur, les voyant me lancer des boules de papier au visage. »
Seulement, cette fois-ci, je fais quelque chose à laquelle personne ne s'attendait. Pas même moi.