LIFE : Survivre (tome 1)

By Masi-rodzina

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Cassandra, 27 ans, a la vie idyllique dont toutes les femmes rêvent. Un mari aimant et attentionné, deux enfa... More

Préface
1) Une journée chez les Briali
2) Week-end tragique
3) Les ténèbres
4) Regrets
5) Docteur Laurens
6) La vie continue...
8) Décision
9) Départ
10) Installation
11) Désillusions
12) Anniversaire
Remerciements
13) Mauvaises rencontres
14) Accrochage
15) Rapprochement
16) Surprenante coalition
17) Appréhension
18) Improbable
19) Bonne entente
20) Sans artifices
21) Moments inoubliables
22) La peur au ventre
23) Rechute
24) A cœur ouvert
25) Ébauche
26) Tentative
27) Panique
Remerciements
Pour nos fans
Wattpad Awards (concours terminé)

7) Possibilité

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By Masi-rodzina


Deux ans plus tard...


— Alors Cassandra, comment s'est passée votre journée d'hier ? me demande Doc en s'asseyant dans son fauteuil.

— Pareil que les autres, Patrick. A chaque souvenir, je sombre et me ferme, comme d'habitude...

Je baisse la tête et passe machinalement mon pouce sur mon alliance.

— Ne vous laissez pas envahir par cette peine qui vous encombre. Vivez-la ! Ressentez-la ! Ne la rejetez pas. Laissez vos souvenirs remonter à la surface. Laissez-les s'extérioriser. Ils font partie de vous. Acceptez-les pour vous donner la force de continuer, d'aller de l'avant.

— J'essaie croyez-moi, mais à chaque fois j'échoue...

— Ne vous inquiétez pas, ça viendra. Surtout n'abandonnez pas !

— J'en peux plus ! Ça va faire trois ans que je viens vous consulter et je n'ai quasiment pas avancé. Je n'arrive pas à prendre le dessus !

Je m'énerve en levant les bras au ciel, c'est plus fort que moi.

— Et selon vous, qu'est ce qui vous bloque ?

— On en a déjà parlé tellement de fois...

Je soupire, lasse de me répéter à chaque séance sans qu'une quelconque amélioration ne se fasse sentir.

— Je le sais, mais j'aimerais que vous me les énumériez point par point.

Je le regarde attentivement, il y a quelque chose de changé chez lui aujourd'hui. Sa façon de se gratter le menton est différente, il semble beaucoup plus confiant que d'ordinaire. Je prends une grande inspiration.

— Ok ! Tout d'abord, la maison de mes parents. J'ai trop de souvenirs de Nathan et des enfants là-haut. Comment pourrais-je un jour envisager de retourner chez moi ? Et puis, je ne veux plus mettre le nez dehors. Dès que je sors, nombre de personnes connaissant ma situation me regarde, me dévisage. Je vois dans leurs yeux de la pitié ou de la compassion. Peu importe ce que c'est, je m'en fous mais ça m'est insupportable. Ils me rappellent un peu plus que je les ai perdus. Tout ! Tout dans mon quotidien me renvoie à ma misère. Comment je peux avancer avec tout ça ?

Ma voix n'est plus qu'un murmure, je sanglote. Tassée dans le canapé la tête contre le dossier, je ferme les yeux, désemparée.

— Je suis d'accord avec vous, vous ne pouvez pas. Écoutez Cassandra, j'ai beaucoup de considération pour vous, vous le savez!

Oh Doc ! Mon cœur se serre pour lui. Après toutes ces heures passées ensemble, il est devenu beaucoup plus que mon thérapeute. Je vois en lui une figure paternelle, à qui j'arrive à m'ouvrir. Il n'y a qu'à lui que je parle. Il lui est donc arrivé de se confier un peu à moi. Il m'a avoué avoir perdu son unique fille d'une leucémie. Elle avait 22 ans. Une douleur si violente, viscérale même, qu'il ne sut la partager avec sa femme ce qui les avait finalement amenés au divorce. C'est peut-être pour ça qu'entre nous le courant passe. Lui aussi n'a plus rien, on se comprend.

— Je veux réellement que vous vous en sortiez mais je sais que vous stagnez ici. Votre problème est votre quotidien, il faut vous en éloigner. J'ai donc une proposition à vous faire.

J'ouvre les yeux instantanément. Mon regard s'ancre au sien, il a un petit sourire en coin. Qu'est ce qu'il mijote ? Je me redresse et l'écoute attentivement.

— Un collègue a testé une nouvelle forme de thérapie sur plusieurs de ses patients et...

— Et ???

J'en peux plus, vas-y Doc crache le morceau ! Je me suis redressée, à l'affût d'une possible solution à mon mal-être constant.

— Et elle a porté ses fruits, dit-il en ouvrant les bras. Elle consiste à faire évoluer le patient mais dans un environnement totalement différent.

— Hein ?

Alors-là, je suis perdue...

— Je vous propose, et ce, seulement si vous vous sentez prête à tenter le coup, de partir de chez vos parents.

— Pour aller où ? Qu'est ce que ça va changer ?

— Le choix de la destination vous revient. Je sais que « votre famille » et vous avez pas mal visité la France durant vos vacances, par conséquent je ne pense pas que ce soit l'endroit idéal. Je vous suggère plutôt de poser vos valises dans un autre pays.

Quoi ? Il a l'air sûr de lui, ses avant-bras sur les accoudoirs de son fauteuil orangé. Il me fixe intensément, pressé de connaître mon avis sur le sujet.

— C'est une blague Patrick ? Allez avouez que vous vous fichez de moi !

— Et non, je suis on ne peut plus sérieux.

Je le dévisage. Mais non, il ne plaisante pas ! Je m'affale sur le canapé et reste sans voix.

—Essayez de visualiser. Vous pourriez vivre dans un lieu neutre, sans souvenirs, où vos voisins ne connaîtraient pas votre passé. Vous reprendriez tout à zéro. Qu'est ce que vous en pensez ?

Je pense que vous êtes dingue Doc !

— Pour être honnête, là, je ne sais pas. Vous croyez que j'en suis capable ?

— Bien évidemment sinon je ne vous le proposerais pas. Vous avez changé depuis notre première séance. Vous n'êtes plus une femme fragile, au bord du suicide. Vous avez évolué, même si vous pensez le contraire. Vous faites de nombreux efforts pour vous sortir la tête de l'eau. Sauf que vous êtes depuis trop longtemps dans une phase que vous ne pouvez surmonter. Je suis certain que c'est la meilleure solution.

Je soupire. Je ne sais plus quoi penser. Me retrouver seule dans un autre pays. Seule ? Mes yeux sont écarquillés, ces propos m'apeurent.

— Et mes parents ? Je ne me vois pas les abandonner...

Je sais que je suis très peu communicative avec eux mais ils ont été mes piliers ses dernières années.

— Vous ne les abandonnerez pas. Le processus s'effectue sur une période plus ou moins longue, tout dépend de l'évolution du patient.

Un tas de questions me viennent, mais une plus que tout.

— Et vous Patrick ? Je ne peux pas arrêter mes séances. C'est vous qui me maintenez en vie !

Je regarde tout autour de moi, paniquée. Ce bureau est le seul lieu neutre où je peux déverser ma peine sans trop de souvenirs. Il est mon refuge. Je ne peux pas renoncer au peu de stabilité que j'ai trouvé.

— Rassurez-vous, j'ai déjà pensé à tout. Je préconise autant de séances sauf que nous passerons par skype ou par des mails. Il nous faudra une bonne organisation mais je suis optimiste.

Le trop plein d'informations me donne mal au crâne. Mes coudes sur les genoux, je me noue les doigts sur la nuque, emportant ainsi ma tête vers le bas.

— Écoutez, prenez le temps d'y réfléchir, parlez-en avec vos proches, rien ne presse.

Il se lève et se dirige vers la porte d'entrée. Je lui emboîte le pas. Il me prend dans ses bras et me murmure à l'oreille d'une voix rassurante qui n'appartient qu'à lui.

— Vous pouvez vous en sortir, j'en suis certain. Ayez confiance en vous !

Je n'ai malheureusement plus confiance en moi depuis bien longtemps...

Je sors du cabinet déconcertée, mais une part de moi est soulagée car j'ai devant moi de nouvelles perspectives. Je me pose sur le banc devant l'hôpital. Ne voyant pas ma mère arriver, je sors mon portable et appelle Alyssa.

— Coucou ma puce ! Comment te sens-tu aujourd'hui ?

Depuis que ce petit bout de femme a vaincu ce « putain » de cancer, il y a de ça un an et demi, nous sommes restées en contact. Dès qu'un changement s'opère dans nos vies, on ne tarde pas à le faire savoir à l'autre, même si c'est majoritairement elle qui me contacte. Nos discussions restent futiles mais elle arrive tant bien que mal à me tirer vers le haut. Ses mots ont toujours un impact important sans que je ne sache pourquoi.

— Au top ! Maman déchire, elle m'a autorisé à sortir samedi soir avec Arnaud. On est allé au ciné voir « Les âmes vagabondes », c'était trop génial. Et il m'a embrassée à la fin de la séance !!!

Sa voix aiguë exprime son excitation. Je souris en coin. Je suis extrêmement contente pour Alyssa, elle le mérite. Ses cheveux ont repoussé, elle a pu se faire un carré plongeant qui lui va divinement bien. C'est une sublime demoiselle de quinze ans qui n'a rien à envier aux autres. Malgré tout, une partie de mon cœur saigne lorsque l'on papote, jamais je n'aurai le privilège de laisser un de mes enfants flirter, sortir avec ses amis ou venir se confier à moi quand ça ne va pas. Elle me fait vivre à travers elle ce que je n'aurai la joie de connaître. C'est pour cela que je ne veux pas couper notre lien, Alyssa est comme qui dirait, ma bouée de sauvetage, ma deuxième chance.

Je me mords le petit doigt que je suçais et reprends calmement.

— Tu vois, je t'avais dit de le laisser mariner, ils reviennent toujours au galop... Mais reste sur tes gardes et prends ton temps, on ne sait jamais ce qu'ils ont derrière la tête.

— Arrête on croirait entendre ma...

Elle toussote et reprends.

— Je suis désolée, je ne voulais pas dire ça. C'est juste qu'elle me voie encore comme un bébé sans défense et ça m'horripile !

Elle fait toujours en sorte que je ne ressente aucun malaise entre nous

— Elle ne fait que te protéger. C'est le rôle d'une maman.

Je baisse la tête et laisse couler une larme sur ma joue. Il faut que je change de sujet ou je vais encore terminer en larmes et je me l'interdis avec Alyssa.

— Au fait, grande nouvelle, Patrick me propose une nouvelle thérapie.

— Cool... Ça consiste en quoi ?

— Reprendre tout à zéro dans un autre pays...

— Tu vas me quitter ?

Le son de sa voix tremblante me fait froid dans le dos.

— Je ne sais pas encore mais si ça doit se faire, ce devrait être rapide, peut-être moins d'un an.

— Je suis contente pour toi, tu vas me manquer...

Oh Alyssa ! Je l'entends renifler à travers le combiné.

— Rien n'est encore décidé tu sais !

— Je sais que tu prendras la bonne décision.

Son optimisme me réconforte.

— Je dois te laisser, ma mère arrive. Je te tiens au courant dès que j'en sais plus. Gros bisous ma belle et n'oublie pas, fais marcher Arnaud à la baguette !

Elle glousse dans mon oreille.

— Je suis tous tes conseils ne t'en fais pas. Bisous Cassie.

Le temps de raccrocher, la voiture de mes parents apparaît au coin du parking. Je m'installe sur le siège passager et découvre papa au volant. C'est plutôt inhabituel mais je ne pose pas de questions. Les paroles de doc me reviennent quand je croise le regard dévasté que mon père pose sur moi. Il n'est que tristesse. Je m'aperçois seulement maintenant du changement qui s'est opéré en lui. Mon père, si rieur en temps normal est devenu aussi silencieux que moi. Je ne peux supporter plus longtemps de le voir si désemparé, je tourne la tête du côté de la vitre. Tout le long de la route, je suis assaillie par une foule d'interrogations. Ce que me propose doc est complètement dingue ! Comment peut-il s'imaginer que cette thérapie va fonctionner sur moi ? Certes, ça a marché sur plusieurs patients mais nous sommes tous différents. Et puis, il me voit bien plus forte que je ne le suis. Serais-je capable de demeurer seule, sans mes repères, dans un pays qui m'est totalement étranger ? D'ailleurs où aller ? Et tout ça inclut un nouveau quotidien où il va falloir que je réapprenne à vivre sans personne à mes côtés. L'idée me terrifie. D'une certaine manière, c'est peut-être la solution à tous mes malheurs. Comment savoir ? Cette expérience peut, qui sait, m'être bénéfique en fin de compte. Puis-je réellement arriver à ne serait-ce qu'entrevoir une lumière au bout du tunnel ? J'en doute ! Mais je veux y croire.

En nous garant devant la maison, je remarque une voiture qui ne m'est pas familière. J'entre et découvre Maman et l'une de ses amies installées au salon. Oh non ! Je vais encore avoir le droit à des regards compatissants et des discours larmoyants à n'en plus finir.

— Bonjour Cassandra, ça va ces temps-ci ? Tu tiens le coup ?

Sa voix est dégoulinante de pitié et son regard, trop bienveillant pour être honnête. Et de quel droit pose-t-elle sa main sur mon épaule, avec ses ongles parfais de petite bourgeoise ? Je la retire calmement en la fixant d'un sourire en coin et je mets toute l'ironie que je peux dans mon regard.

— Tout va bien, mes enfants sont juste morts ainsi que mon mari ce n'est pas la fin du monde !

— Cassie ! s'exclame ma mère devant mon manque total de politesse.

Je prends la direction de ma chambre, sentant les larmes surgir. Je n'ai pas pu m'empêcher de rembarrer cette bonne femme qui se croit autorisée à me questionner sur ma vie qui ne la concerne en rien. Ma réponse m'a brûlé la gorge en passant le seuil de ma bouche. Je ne dis jamais qu'ils sont morts. Je ne parle quasiment jamais d'ailleurs, à part à Alyssa ou à Doc. La douleur d'exprimer les faits est extrêmement puissante et me réduit à une petite chose apeurée recroquevillée sur son lit. Mon chagrin se déverse, encore. Il ne cessera jamais, même dans une autre contrée. Une autre vie, peut-être.



— Ma chérie, il faut se lever.

Nathan murmure à mon oreille tout en caressant ma joue de la sienne qui est comme à son habitude rasée de près. Je me retourne, un sourire aux lèvres, pour lui faire face et découvre ma mère à mon chevet. Je n'en peux plus de ces réveils plein d'espoir qui me détruisent un peu plus à chaque retour à la réalité.

— Lève-toi Cassie je t'ai préparé ton petit déjeuner.

Elle me parle avec douceur et me caresse la joue. J'attends qu'elle s'éloigne pour rabattre ma couette de manière à ce qu'elle me couvre entièrement. Comme ma Louna le faisait si souvent. A ce souvenir, un sourire apparaît pour être aussitôt remplacé par une douleur infernale.

Je dors peu en temps normal, mais à ce point ! Encore une nuit sombre emplie de cauchemars auxquels se mêlent toutes les paroles de Doc. « Vous en êtes capable. Vous pouvez vous en sortir. Ayez confiance en vous. » Ces mots tournent en boucle à chacun de mes réveils. Je ne sais pas quoi faire. Je veux faire cesser cette tourmente, mais la solution de Doc est-elle la bonne? Seule dans un pays inconnu ? Trop de questions sans réponses tournent dans ma tête, j'ai l'impression qu'elle va exploser. Alyssa se trompe, je ne suis pas apte à prendre la bonne décision, du moins pas toute seule. Il faut que j'en parle avec mes parents. J'y verrai certainement plus clair. Ils sauront me conseiller. Ils m'orienteront sur le meilleur choix à prendre. J'ai confiance en leur jugement.




Quel décision va prendre Cassandra? Que feriez vous à sa place? 

Un grand merci à vous de nous lire. N'hésitez pas à vous abonner ou à commenter. 

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