LIFE : Survivre (tome 1)

By Masi-rodzina

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Cassandra, 27 ans, a la vie idyllique dont toutes les femmes rêvent. Un mari aimant et attentionné, deux enfa... More

Préface
2) Week-end tragique
3) Les ténèbres
4) Regrets
5) Docteur Laurens
6) La vie continue...
7) Possibilité
8) Décision
9) Départ
10) Installation
11) Désillusions
12) Anniversaire
Remerciements
13) Mauvaises rencontres
14) Accrochage
15) Rapprochement
16) Surprenante coalition
17) Appréhension
18) Improbable
19) Bonne entente
20) Sans artifices
21) Moments inoubliables
22) La peur au ventre
23) Rechute
24) A cœur ouvert
25) Ébauche
26) Tentative
27) Panique
Remerciements
Pour nos fans
Wattpad Awards (concours terminé)

1) Une journée chez les Briali

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By Masi-rodzina

Un incendie a ravagé un hôpital. Encore une bonne nouvelle pour débuter la journée.

Tout en regardant les infos, je sirote tranquillement mon café brûlant. Je porte une addiction quasiment maladive pour ce précieux nectar.

Je ne sais pas pourquoi j'allume la télévision chaque matin. Ce qui se dit au journal n'est jamais de bon augure.

Les yeux rivés sur l'écran, je sens l'homme de ma vie m'entourer de ses bras. Nathan, mon mari, celui qui comble toutes mes attentes. Je me laisse aller quelques minutes contre son corps rassurant.

Malheureusement pour nous, pas le temps de flemmarder aujourd'hui. Comme chaque jour à cette heure d'ailleurs. Il baille en se détachant de moi et file vers la salle de bain. Je vide ma tasse d'un trait avant de le rejoindre rapidement. Il n'est pas du matin contrairement à moi. Alors comme souvent, je prends un malin plaisir à le bousculer pour le taquiner un peu.

En entrant dans la pièce, je suis en admiration devant cet homme qui me fait un tel effet, même après autant d'années passées ensemble. Il me regarde le fixer dans le reflet du miroir avec un petit sourire mutin alors qu'il se rase. Je m'avance vers lui sans le quitter des yeux. Un léger baiser échangé le fait rire en constatant que le tour de ma bouche est couvert de mousse. Je le pousse légèrement, lui faisant remarquer que je vais être en retard s'il ne se presse pas un peu plus.

— À qui la faute ? Qui m'a sauté dessus ce matin ?

Un sourire incurvé sur les lèvres, ses yeux pétillent de malice en me déshabillant du regard. J'empoigne ses cheveux blonds et l'oblige à se retourner. Je fronce les sourcils, l'air faussement sévère.

— Très bien M. Briali, ça sera ceinture pour les prochaines semaines alors...

— Ô que non Mme Briali, ça faisait tellement longtemps ! Et j'adore quand tu prends les commandes !

Ses magnifiques yeux bleus me font frémir. Il me domine par sa taille impressionnante. Je me sens rougir en même temps qu'il entoure ma taille de ses bras. Mon aplomb est retombé sous son regard brûlant. Le désir nargue à nouveau malgré la gêne que me procurent ses aveux. Généralement, je ne suis pas très audacieuse côté sexe, cela fait un petit moment que nos instants privilégiés sont mis à rude épreuve. Et ce câlin aux aurores était extraordinaire ! Ressourçant de plaisir et d'amour.

Je réalise soudain que mes absences professionnelles pèsent peut être sur notre couple. Mal à l'aise, toujours enlacée par mon mari qui me scrute, je porte un intérêt particulier au carrelage saumoné sous mes chaussons fuchsia.

— Je sais que ces dernières semaines, je n'étais pas très présente mais ça va être plus calme dorénavant.

D'un doigt sous le menton, Nathan relève ma tête. Ses yeux sur moi sont doux, amoureux, aimants comme lui seul sait me regarder.

— Je plaisante... Je sais que ton travail compte beaucoup pour toi. Tu te donnes à fond et je respecte ça. C'est une des raisons pour laquelle je t'aime, s'exclame-t-il en déposant une nouvelle fois un doux baiser plein de mousse à raser sur mes lèvres demandeuses.

Une fois prête, je prépare le petit déjeuner de mes chérubins encore endormis pendant que Nathan déguste son café. Je l'inspecte discrètement du coin de l'œil, il est à tomber dans son costume bleu marine. Je souris en repensant, qu'au départ, il n'en voulait pas vu son prix.

Il dépose sa tasse dans l'évier et frappe dans ses mains.

— C'est l'heure d'aller réveiller les petits monstres !

Nous filons joyeusement main dans la main au premier étage où nous nous séparons chacun dans une chambre.

Je m'avance doucement vers le lit d'où je peux imaginer la silhouette de mon fils sous les draps Avengers que nous lui avons offert pour son anniversaire. Je l'observe pendant son sommeil, comme je l'ai fait tant de fois. C'est tellement beau de regarder un enfant dormir. Je lui caresse les cheveux et chuchote à son oreille:

— Maël, mon chéri, il est l'heure de se lever.....

— Hummmmmmmmmmmmm c'est déjà l'heure ?... me répond-il de sa voix ensommeillée du matin.

— Oui mon trésor. Ton petit déjeuner t'attend dans la cuisine. Je vais aider papa à sortir ta sœur de son lit.

Je profite d'un instant d'intimité avec lui et dépose un baiser sur son front en ébouriffant ses cheveux du même brun que les miens.

— Ok, merci m'man...

Je ne m'attarde pas, Maël est comme moi, pas besoin de le secouer. Je le regarde une dernière fois s'étirer, puis me dirige vers la chambre de ma fille avec un sourire amusé. J'entends déjà Nathan qui essaie tant bien que mal de la réveiller.

— Allez ma puce, on est lundi et tu as école !

Il fait tout pour l'encourager, mais comme d'habitude, il n'a pas le dessus. Elle ronchonne encore endormie.

— Non, je n'ai pas envie d'y aller, je préfère rester au lit.

Louna est comme son père, une vraie marmotte ! Je décide de prendre les choses en mains. J'entre, m'assieds à ses côtés et me penche afin de câliner ma belle au bois dormant.

— Bonjour ma chérie, alors comme ça tu ne veux pas aller à l'école ?

— Non, je suis bien dans mon lit, proteste-t-elle en ramenant la couette au-dessus de sa tête d'où dépassent encore quelques mèches blondes.

— Oui, je sais. Mais tu n'as pas envie de voir Emma aujourd'hui, et de lui raconter ton week-end ?

Nathan me regarde discrètement en souriant, il a compris mon stratagème. Louna ne bouge plus, réfléchit. Je pense que mon plan fonctionne. Elle s'assied brusquement, désormais bien réveillée. Ses magnifiques yeux verts sont grands ouverts d'excitation.

— Oh oui, surtout samedi après-midi, quand on a fait de l'accrobranche avec papa, c'était trop génial !

— J'imagine que oui, les photos que vous avez prises le montraient bien.

— C'est dommage que tu n'aies pas pu venir, tu aurais adoré...

Sa petite voix affligée et son regard triste me fendent le cœur. Je la prends dans mes bras et regarde en direction de Nathan, il fixe le sol.

Quand j'ai choisi de devenir wedding planner, je ne m'attendais pas à autant d'heures de travail. Seulement il faut bien rembourser le prêt de la maison, payer les factures, les courses et j'en passe ! Ma licence d'anglais ne m'a pas permis de déboucher sur un travail. J'ai donc dû me reconvertir vu que Nathan, seul, ne pouvait pas subvenir à tous nos frais.

— Je sais ma puce, mais maman travaillait. Je vais être un peu plus disponible ces prochaines semaines. J'aurai plus de temps libre avec vous.

Elle replace ses longs cheveux emmêlés derrière les oreilles et son sourire réapparaît, des étincelles plein les yeux.

— Oui et tu as promis que dimanche on ira au zoo tous les quatre.

— Juré ! Allez jeune fille, debout, ton petit déjeuner est prêt !

Elle bondit de son lit et se précipite vers la cuisine. Ce qu'elle peut courir vite pour une gamine de six ans.

De retour en bas, mon mari m'embrasse dans le cou avant de partir au travail. Je m'enivre de son après-rasage.

Il est commercial pour une grande boîte de télésurveillance et c'est un excellent vendeur. Si bon dans son domaine que je le titille souvent en lui répétant que, s'il le voulait, il vendrait sa propre mère. Il est le deuxième meilleur vendeur de notre belle ville de Reims. Je suis extrêmement fière de lui, même si je ne lui dis pas souvent. Les mots ne font pas tout, je suis plus pour les attentions.

— Cassie, tu as eu le temps de me préparer quelque chose pour midi en rentrant hier soir ou pas ?

Il a la tête plongé dans le frigo. Je m'excuse en lui frottant le dos.

— Désolée chéri, je suis rentrée exténuée et suis directement montée me coucher.

En effet, le week-end fut bien chargé. Le mariage dont j'avais la charge s'est déroulé à la perfection. J'en aurais été mortifié si le contraire s'était produit, vu les heures que j'ai passé sur ce dossier. Malgré tout, le temps de faire le point avec eux et de récupérer mes affaires, je n'ai pas vu le temps passer. Ça valait toutefois le coup, vu le chèque qu'ils m'ont donné et le plaisir que j'ai pris à organiser leur cérémonie.

— Pas grave, j'irai manger un morceau en ville avec Hugo.

— Tu lui donneras le bonjour et rappelle-lui de parler à Nora de notre invitation pour samedi soir.

— Oui, je lui en ai déjà parlé vendredi. Il devait lui demander ce week-end, grogne-t-il en soupirant.

Je me retourne pour lui donner une tape sur l'épaule mais il s'empare de ma main et me fait tourner sur moi-même pour me donner un baiser passionné et ardent.

J'en suis toute troublée, et mes joues, j'en suis sûre, rosissent d'excitation.

— À ce soir bébé, et si on pouvait réitérer tes folles pulsions de ce matin, je suis preneur.

Il me lance un clin d'œil provocateur avant d'embrasser les petits en leur souhaitant une bonne journée. Je ne me lasse pas de regarder les trois amours de ma vie en pleine démonstration d'affection.

Après le départ de Nathan, j'emmène les enfants à la salle de bain.

Tous deux habillés, nous nous installons dans le canapé pour une rapide vérification des devoirs. Les leçons sont sues sur le bout des doigts, une fois de plus. Parfois, je me demande si je suis une bonne mère, si je fais bien les choses. Tout ce que je veux c'est leur bonheur et leur réussite mais ne suis-je pas trop exigeante au vu de leur jeune âge ? C'est une question qui me ronge très souvent, que j'éclipse toujours en me disant qu'ils me remercieront plus tard. Enfin j'espère !

— Allez les enfants, on met ses chaussures, son manteau, son bonnet et son écharpe. Hop, hop, hop, il est temps de partir pour l'école.

Aussitôt dit, aussitôt fait, tout le monde est opérationnel.

Un dernier bisou à la grille de l'école en même temps que les autres mamans et je me dépêche de rentrer à la maison pour une journée qui s'annonce rude.



La matinée est passée à une vitesse folle, entre ménage et préparation du repas de ce soir, j'arrive en retard à mon rendez-vous avec les Devrot en début d'après-midi. Rendez-vous, qui soit-dit en passant, s'est éternisé. Mes nouveaux clients sont très sympathiques, seulement lorsque que je monte dans ma voiture, je réalise que parler de la pièce montée était peut-être de trop.

Je pose ma mallette sur le siège passager et sort mon téléphone pour appeler Nathan.

— Coucou ma puce ! Alors ce rendez-vous, tout s'est bien passé ? Ils n'ont pas été trop difficiles ?

— Non, dans l'ensemble ça a été. Par contre, je ne serai jamais à l'heure à l'école, tu peux récupérer les enfants ?

— Là ça risque d'être dur, j'ai un rendez-vous clientèle dans un quart d'heure... Ce n'est pas toi qui devais t'en charger ?

Zut ! La poisse !

— Oui, je sais. Bon je vais appeler mes parents pour voir s'ils peuvent aller les chercher, j'espère que tu ne rentreras pas trop tard, j'ai cuisiné...

— Oulà, je ne voudrais en aucun cas rater ça, me coupe-t-il, rieur.

Je glousse tout sourire.

— Moqueur... À tout à l'heure, ne tarde pas trop, je t'aime.

— Moi aussi je t'aime. À ce soir.

Je passe un rapide coup de fil à mes parents et découvre avec soulagement qu'ils sont disponibles. Encore une fois, ils me sauvent la mise. Tant d'organisation pour une heure de retard ! Je marmonne d'énervement dans ma moustache en sortant de l'allée. Avant de commencer ma carrière, j'avais du temps à moi, et ce qui comptait par-dessus tout, c'était de profiter au maximum de mes amours. Maintenant, je cours sans arrêt. Ça ne m'enchante pas vraiment, mais ai-je le choix ? Maman, femme active accomplie, peut-on tout réussir sans quelques sacrifices ?



En entrant dans la demeure de mon adolescence, je vois deux petites tornades se diriger vers moi en courant. Je m'accroupis in extremis pour accueillir un câlin collectif, à mon grand plaisir.

— Bonsoir mes trésors, contents que papi et mamie soient venus vous chercher ? je leur demande pendant qu'ils me couvrent de baisers collants.

            — Oui ! répondent-ils à l'unisson.

— J'espère que vous n'avez pas mangé trop de bonbons ?

Ils se tournent vers leurs grands-parents n'osant pas répondre.

           — Oh ne sois pas si rigide Cassandra, tu n'aimais pas les sucreries toi, quand tu étais petite            ? me coupe sévèrement ma mère tout en souriant pour adoucir sa remarque.

Et c'est reparti ! Je soupire en levant les yeux au ciel.

— Bien sûr que j'aimais ça. Mais j'avais le droit de me faire un goûter de sucreries peut-être ?

— Oh ma pauvre fille maltraitée. C'est vrai que tu as été très malheureuse avec nous.

Ça, c'est mon papa ! Toujours une phrase pour détendre l'atmosphère entre la mère et la fille de peur que la situation ne dégénère.

Les deux mains en l'air, j'abdique.

— Ok ok, j'ai perdu.

Nous rions tous ensemble, les enfants sont ravis d'avoir gagné la bataille et retournent au salon en courant. Toute triomphante ma mère s'approche de moi et m'enlace en m'embrassant tendrement pour me saluer.

— Bonjour Maman, je réponds à son embrassade. Ça a été les petits ?

— Ils sont adorables, me répond-elle alors que j'avance vers mon père qui me tend déjà la joue. Comme toujours, hein mes chéris ? Vous ne faites jamais de bêtises chez mamie ?

Pff tu parles ! J'entends mes petits monstres rire sous cape devant les éloges que leur grand-mère fait d'eux.

Et dire que mes parents étaient contre ma première grossesse. Reproches et leçons de morale à répétition ont mouvementé cette époque. Cependant, une fois penchés au-dessus du berceau à la maternité, tout le monde pouvait voir dans leurs yeux l'étincelle d'amour qui naissait. Et n'a fait que grandir au fil des ans.

Tu as le temps pour un petit café ? me demande ma mère en prenant déjà la direction de la cuisine.

Me vient immédiatement l'image de Nathan nous attendant certainement à la maison. Devant mon hésitation, ma mère hausse les épaules.

— C'est comme tu veux chérie, je ne te force à rien.

— C'est juste que je suis pressée de rentrer, cinq minutes alors.

Au bout de plus d'une demi-heure de bavardage, je remercie une dernière fois mes parents et rejoins ma voiture accompagnée de mes deux bambins. Je ne veux surtout pas gâcher l'occasion de passer une soirée tous les quatre.

Sur la route, les enfants me racontent leur journée d'école, je les entends discuter bruyamment comme à l'accoutumé et rire à chaque fin de phrase. Que j'aime les voir si complices, moi qui n'ai eu personne avec qui jouer, ou même me disputer, durant mon enfance. J'en soupire d'allègement de savoir qu'ils pourront toujours compter l'un sur l'autre.

En arrivant devant la maison, je constate avec soulagement que Nathan n'est toujours pas rentré. Son rendez-vous a dû être prolongé. Je sors de la voiture et ouvre la portière à mes deux excités qui sautent sur le trottoir et courent jusqu'à la porte d'entrée. Dans deux minutes, je sens que la tension va retomber et vite !

— Allez hop les loulous, on se déchausse, on retire son manteau et vous me sortez vos cahiers de texte !

Ils font leurs mines boudeuses mais finissent par obéir.



Pendant que je m'occupais de Louna, mon fils s'est éclipsé dans sa chambre. À huit ans, il estime ne plus avoir besoin de maman pour apprendre ses leçons, comme il me dit souvent « Je sais lire moi ».

Ma puce est en train de ranger ses cahiers dans son cartable quand Nathan fait son entrée.

— Papa !

Elle court à sa rencontre et lui saute dans les bras. Tandis qu'il la fait tourner dans les airs, je ne vois que le sourire édenté de mon petit trésor.

Il la repose au sol, s'en suit des cajoleries à n'en plus finir.

— Ma doudouce...

— Hé papa, j'ai fini mes devoirs, dit Maël qui descend les escaliers pour se diriger vers son père.

— C'est bien mon grand. Tu peux aller à la douche tout de suite alors.

Mon jeune fils semble bien déconfit devant la demande de son père. Il pensait certainement se la couler douce jusqu'au souper.

— Comme ça, tu seras tranquille pour faire ce que tu veux après...

Un doigt en l'air, je stoppe Maël dans l'entrée des escaliers, un sourire enjoué naissant sur ses lèvres juvéniles.

— Tu pourras faire ce que tu veux après ta toilette, sauf les jeux vidéo.

Si on l'écoutait, il serait toujours sur ses consoles.

À voir son visage se déformer sur mes paroles, on pourrait croire que le poids du monde pèse sur ses frêles épaules. Il s'en va en direction de la salle de bain en traînant des pieds.

Quand Louna se décide enfin à lâcher son père, Nathan vient à ma rencontre et m'embrasse fougueusement en me prenant dans ses bras.

— Bonjour bébé.

— Salut mon cœur. Ça a été ton entretien ?

Il soupire d'épuisement dans mon cou. Son souffle chaud me procure un sentiment de bien-être et me laisse toute tremblante.

— En ne te voyant pas en rentrant, j'ai cru notre soirée reportée.

Avec un sourire espiègle, il me répond :

— J'ai écourté la réunion.

Je le repousse stupéfaite, les yeux écarquillés. Ce n'est pas son genre, il est très pointilleux. Autant au niveau professionnel que personnel. Nous nous sommes bien trouvés, deux maniaques du contrôle !

— Quoi ?

— J'ai dit que ma femme ne pouvait pas récupérer les enfants et que je devais partir, se vante-t-il hilare.

— Sale petit menteur.

Je lui administre une tape sur le torse en riant.

— Ben quoi ? Tu aurais préféré que je leur dise la vérité ? Je vois ça d'ici, « Excusez-moi Messieurs mais je dois vous quitter, je dois retrouver ma femme pour lui faire l'amour comme un fou ».

Mon Dieu ! Je le presse un peu plus contre moi et l'embrasse langoureusement. Il soupire en enserrant encore plus ma taille. J'aime tellement cet homme qui, en une phrase, me donne l'impression d'être une femme fatale. Une icône de la beauté féminine.

— Papa, vite vite, hurle notre fille. Ma poupée a perdu sa tête. Il faut que tu la recolles !

— Intermède romantique interrompu. On se retrouve tout à l'heure, me chuchote-t-il suavement.

Je les regarde s'éloigner jusqu'à ne plus les voir. Le père et la fille, une histoire d'amour.

Je profite d'être seule au rez-de-chaussé pour faire mijoter le bourguignon avant de retrouver Maël toujours dans la salle de bain.

— Tu en es où mon lapin ?

Il est en pyjama et s'essuie les cheveux qu'il a en brosse.

— J'ai fini. Je peux jouer aux legos maintenant ?

Ses yeux bleus pétillent d'impatience.

— Vas-y, mais avant, tu m'étends ta serviette s'il te plaît.

Il s'exécute sans protester tandis que j'appelle ma fille pour sa toilette. Je sais qu'elle arrive à toute vitesse aux bruits que j'entends dans le couloir.

Tout le temps où elle se déshabille, se lave, se rince, se sèche et se met en pyjama, elle n'arrête pas une seconde de parler. Elle est usante de paroles, c'en est assommant. Je suis appuyée contre le lavabo en attendant patiemment qu'elle finisse et que le calme se fasse de nouveau. Même si je sais parfaitement qu'elle continuera ses bavardages dans une autre pièce.

Les derniers habits déposés dans le panier à linge sale, je file en cuisine surveiller mon souper et sors assiettes, verres et couverts du buffet et les pose sur le plan de travail. Notre petit rituel du soir consiste à ce que chaque membre de la famille participe, de quelque façon que ce soit, à l'élaboration du repas. Principalement je cuisine, les enfants mettent la table et Nathan remplit le lave-vaisselle.



Je suis plutôt fière de moi, le repas est un franc succès, Nathan s'est même servi deux fois! Maintenant, il est temps de coucher tout ce petit monde. Nathan et moi nous occupons toujours de cette tâche ensemble. Brossage de dents, une petite histoire, un gros bisou, chacun se dit bonne nuit et le calme règne enfin à la maison.

De retour en bas, mon tendre époux débarrasse la table pendant que je nous prépare une tasse de café. Je m'installe tranquillement dans le canapé en position décontractée et j'allume la télévision en attendant Nathan. J'ai vu dans le programme télé qu'il diffusait ce soir « La ligne verte », nous adorons ce film tous les deux. Il commence dans vingt minutes. Parfait!

Je sens deux mains remonter doucement de mes épaules à mon crâne. Oh oui, un massage du cuir chevelu... Je ne l'ai pas entendu arriver, me suis-je assoupie ?

— Ohhhh Nathan, tu as des doigts de fée... Ne t'arrête surtout pas...

Je relâche la tension accumulée dans mes épaules et baisse la tête en avant. Ses longs doigts sont agiles et savent exactement comment procéder. N'est-ce pas l'homme idéal ?

— Je vois que ta journée a dû être éreintante, je viens de t'entendre ronfler...

— N'importe quoi, je ne ronfle pas !

Non mais ! Même si c'est vrai, c'est indélicat de sa part de me faire la remarque. Je me redresse pour arrêter son massage mais il tire délicatement sur mes cheveux et reprend là où il en était.

— Comment tu pars au quart de tour. À chaque fois ça marche, c'est génial ! J'adore t'entendre me crier dessus, petite tigresse...

Il rigole à gorge déployée derrière mon dos. Il n'a pas tout à fait tort, j'ai parfois un sale caractère ou plutôt non, je ne me laisse pas faire. Ou peut-être les deux. Est-on réellement objectif quand il s'agit de nos défauts ?

— Très bien « Monsieur le comique», comme punition, pas de sexe ce soir !

Je le taquine bien sûr, mais je laisse tout de même planer le doute. Il l'a mérité après tout. J'aimerais me retourner pour voir son expression, cependant ses doigts sont une bénédiction.

— Ce n'était pas vraiment le programme que j'avais imaginé pour notre soirée.

— Ah bon ? Je croyais que tu voulais remettre ça dès ce soir ?

Je suis surprise, sa tirade de tout à l'heure me portait à croire tout autre chose.

— Non, pour ce soir, j'aimerais juste me décontracter devant un bon film tout en câlinant ma petite femme.

La perspective d'une soirée tranquille dans ses bras me plaît assez.

— Oh t'es un amour ! Ça tombe bien, ils passent « La ligne verte ».

Il arrête de me masser et s'éloigne. Je passe un bras par-dessus le canapé, et le regarde partir, déçue qu'il s'arrête déjà.

— Tu vas où ?

— Chercher des mouchoirs, je sens que ça va être les grandes eaux ce soir !

— Cesse de te moquer de moi, je n'y peux rien si je suis émotive. Et puis, c'est un film tellement triste.

— Arrête ! Tu pleures même en regardant Bambi...

— Non pas du tout ! Enfin plus maintenant.

C'est un mensonge, je le sais. Seulement, je ne veux pas lui donner raison.

Boudeuse, je m'enfonce dans les coussins et croise les bras d'énervement. Ça me rappelle le temps où nous nous crêpions le chignon pendant nos cours cinématographiques au lycée.

Il arrive juste à temps pour le début du film, avec deux paquets de mouchoirs. Je ne dis rien sachant que j'en aurai certainement besoin. J'installe un coussin sur le bras du canapé, y pose ma tête tout en allongeant le reste de mon corps. Il vient se placer juste derrière moi, entremêlant nos jambes et nos bras. J'adore...

Pendant la publicité, je me tourne vers Nathan et je m'aperçois qu'il somnole. Sa journée a dû être plus éprouvante qu'il ne me l'a laissé entendre plus tôt.

Je caresse tendrement sa joue impeccablement rasée, comme toujours. J'approche mes lèvres de son oreille en l'embrassant tendrement et lui murmure pour ne pas le brusquer.

— Mon cœur va te coucher. Tu n'arriveras pas à te rendormir sinon.

— Humm, désolé bébé je suis crevé. En plus il faut encore que je prenne ma douche, lâche-il démoralisé à l'avance de devoir se lever.

— Allez viens, je t'accompagne.

Motivé, mon mari daigne enfin se lever et nous montons main dans la main à l'étage, direction la salle de bain.

À l'intérieur, Nathan referme la porte à clef derrière nous. Oh, oh ! Les seules fois où cette porte se verrouille c'est quand nous sommes sur le point de ... . Je fais mine de ne pas m'en être aperçue et me déshabille en sentant le regard brûlant de mon mari sur mon corps dénudé. Je me retourne et découvre un Nathan nu, et prêt pour moi. Je souris d'appréhension.

— Pour quelqu'un qui ne veut pas de sexe, tu te tiens bien debout dis-moi !

Je lui lance une œillade provocatrice avant de lui tourner le dos et d'entrer dans la cabine de douche.

— Je te croyais claqué...

— Depuis tout ce temps tu n'as toujours pas compris alors ? me répond-il en s'approchant tel un félin prêt à sauter sur sa proie. Qu'importe l'état dans lequel je suis, épuisé, déprimé, mourant. J'aurai toujours le besoin irrépressible de faire l'amour à ma femme.

Je fonds ! Un bras autour de ma taille, il ouvre le robinet de son autre main et un jet d'eau froide nous éclabousse. Je sursaute et tente de me dégager mais il me retient et m'embrasse à m'en faire chavirer. Une douce chaleur m'envahit.

Notre baiser s'éternise et prend en ardeur. Nos langues se mêlent, s'aspirent. Nos lèvres sont en feu et ne peuvent plus se séparer. Ses mains délicates caressent ma poitrine tendue avec autant de douceur que de fermeté.

Nathan me retourne brusquement et me plaque contre le carrelage humide. Il dépose une multitude de baisers le long de mon cou tandis qu'il prolonge ses caresses le long de mon ventre.

Je lâche un cri étouffé lorsqu'il atteint ma partie intime. Il sait exactement comment me rendre folle ! Son pouce s'agite avec dextérité sur mon clitoris pendant qu'il entre deux doigts dans ma moiteur. Je ferme les yeux et cale ma tête contre son épaule.

Une douce chaleur m'envahit, remonte le long de mes jambes tremblantes. Je positionne mes deux mains sur le carrelage pour me maintenir. Mon râle perce à travers la salle de bain quand l'orgasme éclot. Je souris, euphorique.

Un petit soupire de satisfaction me lèche l'oreille. Je me tourne, Nathan a un sourire qui en dit long ! Je me mets sur la pointe des pieds et l'embrasse amoureusement sur les lèvres, en enserrant son visage. Puis, je continue en descendant au sud, ayant comme unique but de lui offrir son petit plaisir personnel. Il me stoppe à peine arriver à ses pectoraux.

— Non bébé ! Là, je veux juste me perdre en toi.

Il reprend alors l'assaut de ma bouche en intensifiant ses baisers passionnés et empoigne mes fesses en faisant passer mes jambes autour de sa taille. Son membre dressé par l'excitation entre en moi. Ma tête part en arrière. Je me sens enfin entière, complète. Mes tétons sont pincés, ce qui me provoque une vague de plaisir qui m'arrache des cris étouffés. Mes bras accrochés à son cou, il me pilonne. Nos souffles ne font qu'un, nous ne sommes plus qu'un.

Ses va-et-vient lancinants me propulsent rapidement vers le point de non-retour. Je sens son orgasme poindre peu après le mien.

Nathan me repose avec douceur sur mes pieds, sans me lâcher. Il m'embrasse sur le front, j'hume son odeur de transpiration, celle de notre désir assouvi.

— J'adore prendre ma douche avec toi bébé !

Son souffle haletant et chaud contre ma peau si sensible me rend béate. Je l'embrasse tendrement pour le remercier de cet intense moment de plaisir et nous commençons à nous laver.

Pendant qu'il se shampouine, j'enduis mes mains de gel douche et frictionne son corps d'athlète qui me fait toujours autant fantasmer.

Une fois rincé, il s'occupe lui aussi de ma toilette en insistant, un sourire lascif aux lèvres, sur certaines parties de mon anatomie.

Nous sortons de la cabine et nous séchons. Ma nuisette en satin noir pend contre la porte. Je l'enfile prestement, la chaleur de la pièce est redescendue et je frissonne légèrement désormais. Elle me met en valeur sans trop cacher mes rondeurs apparentes. Je me sens sexy quand je la porte, surtout quand Nathan m'observe aussi intensément que maintenant.

Je démêle mes longs cheveux et j'applique ma crème de nuit. Je m'inspecte une dernière fois dans le miroir, mes pupilles sont si dilatées que le vert de mes yeux est quasiment invisible.

Nous rejoignons notre chambre et prenons place dans le lit conjugal.

— Bonne nuit mon amour.

— Bonne nuit mon cœur, je t'aime.

— Je t'aime aussi bébé.

Nous échangeons un baiser passionné avant de nous lover l'un contre l'autre.

Au bout d'un moment, je sens sa respiration ralentir, il s'endort paisiblement. Sa présence me réconforte toujours.

Le sommeil ne me gagne pas tout de suite. Je me mets alors à penser à la chance que j'ai d'avoir cet homme à mes côtés. Cet homme qui me soutient dans toutes les situations. Cet homme qui, même au bout de dix ans, m'aime toujours comme au premier jour. Et je le lui rends bien. Je ne peux imaginer ma vie sans lui. Je me refuse à songer à une vie dans laquelle il ne fait pas partie. Nathan et les enfants sont les bases solides de ma réalité. Le cœur de mon existence.

N'ai-je pas une vie formidable ? C'est vrai que pour certains, elle peut paraître ordonnée ou routinière, mais cela me donne un sentiment de contrôle au quotidien, comme si rien de mal ne pouvait nous arriver.

Je m'endors paisiblement avec les souvenirs heureux de cette journée.


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« 𝐈𝐥 𝐲 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐭𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐮𝐧𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐦𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐞́𝐜𝐫𝐢𝐫𝐞 𝐥𝐞 𝐟𝐮𝐭𝐮𝐫, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐣𝐚𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐝𝐞 𝐠𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐞𝐟𝐟𝐚...
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Lila invente un nouveau mensonge qui a une répercussion de niveau atomique. Cette fois, elle ne ment pas seulement, elle détruit une personne à sa ra...