Les sentiers de l'espérance {...

By Aelnen

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En septembre 1938, à 18 ans, Adam Kowalski rejoint les rangs de la Wehrmacht sur ordre de son beau-père, memb... More

Charte de bonne conduite
Contrat d'édition
Avertissement - Droits d'auteur
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
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Chapitre 11

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By Aelnen


31 mai 1939

Dans les quartiers SS, l'agitation augmente de jour en jour : trop d'évènements ont eu lieu ces deux derniers mois pour et la rumeur d'une entrée en guerre imminente de l'Allemagne contre la Pologne ou la France ne cesse d'enfler dans le camp.

Il se murmure que les anglais et les français ont conclu un pacte avec mon pays natal pour tenter de résister à la puissance du Troisième Reich.

Hitler n'est pas resté inactif car de son côté, il a signé un pacte avec l'Italie : il ne s'agit pas d'un simple document pour confirmer l'entente entre les deux pays, non, il s'agit d'un pacte militaire offensif.

D'ailleurs, les italiens n'ont pas attendu la signature de ce pacte pour agir sur le terrain car en avril dernier ils ont envahi l'Albanie.

Je me demande s'il n'y a pas une sorte d'accord secret de répartition des territoires européens entre les deux pays : dans un premier temps cette idée me semble saugrenue mais au vu de ce qu'Hitler a mis en place ces dernières années, je me dis que finalement, c'est tout à fait plausible.

Toutes ces nouvelles, qui atteignent le camp au compte-goutte, suscitent chez mes camarades SS des envies de conquêtes et de batailles.

La seule zone d'ombre selon eux provient des russes : Staline avait bien fait comprendre après la signature des accords de Munich qu'il était furieux de ne pas y avoir été convié. Il me semble que la Russie est une puissance à ne pas négliger et je suis curieux de voir ce qu'Hitler va faire pour se mettre le dirigeant soviétique dans la poche. Tout comme la majorité des SS du camp, je crois que le Führer est parfaitement conscient qu'il ne peut se permettre d'avoir toute l'Europe à dos au risque de voir s'envoler ses rêves de conquête et d'empire allemand surpuissant.

Désireux d'augmenter leurs réserves financières, certains soldats ont monté tout un système de paris et de nombreux SS se sont déjà laissé convaincre. Ils peuvent parier sur tout ce qu'ils veulent : la date à laquelle L'Allemagne déclarera la guerre à la Pologne, la France ou l'Angleterre, la date à laquelle ces pays seront sous autorité allemande... D'après les conversations lors du repas du soir, j'ai pu remarquer que quelques hommes avaient étendu ces paris à la vie du camp : il est désormais possible de parier sur les pendaisons de la semaine ou encore sur le nombre de tentatives d'évasion sur un mois.

Je trouve cela malsain, vraiment malsain. Naturellement, lorsque de l'argent est en jeu, les tensions apparaissent très vite : il n'est pas rare de voir deux soldats en venir presque aux mains en raison d'un pari perdu par l'un ou l'autre.

Je me demande si le commandant Baranovksi est au courant que certaines chambres ressemblent plus à des tripots à des lieux de repos. Non, à bien y réfléchir, il passe tellement de temps à l'infirmerie qu'il n'a certainement rien du remarquer.

D'ailleurs, cet intérêt soudain pour l'hôpital me semble suspect car Baranovski n'est pas le seul : j'ai déjà remarqué que plusieurs autres dirigeants du camp y passaient régulièrement. Je me demande bien pourquoi car ils ne supportent pas d'être en contact avec les malades : leur attitude est vraiment contradictoire.

A moins que...

Je secoue la tête, dégoûté par mes propres pensées : à force de côtoyer des personnes dépourvues de considération pour tout ce qui n'était pas aryen, me voilà à réfléchir à ce qu'elles pourraient encore inventer comme supplices.

Contrairement à la majorité des soldats qui sont affectés définitivement à une fonction bien précise, je change régulièrement de poste de travail au gré des humeurs de Georg ou du nombre de prisonniers qui constituent l'Ersatzkommando : s'ils sont entre 150 et 200, ma présence est requise, dans le cas contraire, je suis envoyé ailleurs.

Ainsi, depuis une semaine, je fais partie de la brigade canine : au moins je passe désormais mes journées à l'extérieur des murs d'enceinte. Je n'ai plus exécuté un seul homme depuis neuf jours car les règles sont nettement plus souples dans le chenil.

Le kommando affecté aux soins à apporter aux 2000 chiens que comporte le chenil ne comprend que des détenus qui n'ont jamais été sanctionnés, qui n'ont jamais causé le moindre problème. Bref, des détenus modèles, qui, bien souvent, sont à Sachsenhausen depuis longtemps et qui ont expérimenté divers kommandos avant d'être récompensées pour bons et loyaux services.

J'espère sincèrement pouvoir rester longtemps à ce poste : non pas que je l'apprécie mais j'ai effectivement très vite compris que les hommes que je devais surveiller n'étaient pas des révolutionnaires et il y a très peu de fonctions dans le camp où l'exécution de prisonniers ne fait pas partie des tâches quotidiennes.

Cette nouvelle affectation me permet de profiter de la dispense accordée aux SS qui surveillent le chenil pour l'appel su soir : ainsi, dès la fin de la journée de travail, je peux regagner ma chambre et je ne m'en plains absolument pas.

Pour le moment je suis dispensé d'enseigner aux chiens les techniques de combat car cette tâche est dévolue à des SS formés et entraînés spécialement pour ce travail mais connaissant Georg, je me demande s'il ne m'a pas envoyé ici pour me familiariser avec les animaux pour ensuite participer aux rondes à travers l'ensemble du camp, une fonction dans laquelle je serais le meurtrier indirect des prisonniers qui ne respectent pas le règlement intérieur du camp.

En déambulant dans le chenil, je ne peux m'empêcher d'être admiratif devant la beauté des bêtes que j'ai face à moi : le responsable de l'endroit m'a confié qu'il s'agissait exclusivement de chiens de race pure et que chaque animal avait été choisi selon un cahier des charges strict et extrêmement précis. Certains animaux avaient même été achetés à un prix exorbitant car la SS devait disposer des meilleures armes possibles : ce terme m'avait fortement heurté et j'avais demandé à mon nouveau supérieur des éclaircissements.

Aussi insensé que cela puisse paraître, les chiens de Sachsenhausen sont non seulement dressés pour s'attaquer aux prisonniers mais ils sont également entraînés pour partir au front.

Je suis sidéré mais en même temps, cela ne m'étonne même pas que cette idée ait germée dans le cerveau détraqué de l'un des généraux nazis.

Mon regard se fixe sur l'un des chiens, un animal vraiment magnifique et j'ai vraiment du mal à me dire que j'ai devant moi une arme qui sera bientôt utilisée par l'armée allemande.

Je sais, pour les avoir vu à l'œuvre récemment, qu'ils sont redoutables pour remplir leurs missions mais j'ai aussi pitié de ces pauvres bêtes car elles me ressemblent en fait : battues en permanence, privées de nourriture régulièrement, elles n'ont pas d'autre choix que de tuer pour obtenir la satisfaction de leurs maîtres.

- Aimerais-tu le dresser ?

L'arrivée impromptue de mon supérieur me fait sursauter et, lentement, je me retourne vers lui légèrement confus :

- Je ne crois pas...Je n'ai pas reçu la formation...

- C'est notre dernier arrivé, il est un peu...méfiant. Il ne se laisse approcher par personne.

Comme pour corroborer les dires de l'officier, le chien se met à grogner d'un air menaçant mais l'allemand ne semble pas y prêter attention :

- Quand je parlais de le dresser, je ne pensais pas à l'entraînement. Disons qu'il faudrait dans un premier temps le rendre...sociable et s'occuper de lui, le nourrir, le soigner...Je te propose d'essayer, les clés sont là-bas. Il n'a pas l'air de vouloir t'attaquer et il n'aboie pas vers toi, tu as peut-être un don avec les animaux.

Mon supérieur me quitte pour continuer sa tournée d'inspection non sans m'avoir tapé amicalement sur l'épaule me laissant ainsi dubitatif et surtout méfiant.

Je sais que le chenil est un endroit un peu « à part » mais de là à se monter amical avec moi ? Il doit bien évidemment savoir qui je suis mais il est le premier à ne pas me rabaisser et surtout il ne m'a pas menacé une seule fois en cas d'échec de ma mission.

A bien y réfléchir, il semblait « ailleurs » : pour ne pas tenter le diable et lui donner l'occasion d'avoir à redire sur mon travail, je réfléchis rapidement à la manière de procéder avec le chien.

Je n'ai jamais eu d'animaux domestiques en Pologne ni à Berlin : je jette un rapide coup d'œil à l'animal qui s'est couché sur le sol et semble dormir. Non loin de moi j'aperçois un vieux seau en fer : je le prends et le retourne pour en faire un siège improvisé que je place à côté de la cage et j'observe attentivement le chien.

Bien qu'il me semble d'une taille appréciable, je pense qu'il s'agit encore d'un jeune et je le trouve absolument splendide : son poil est court et dur, sa truffe est foncée, ses oreilles bien droites et sa robe est un subtil mélange de noir, de marron foncé et clair et de gris. Ce qui m'interpelle surtout ce sont ses yeux : quand je l'observe attentivement, j'ai l'impression que ce chien est...triste, prisonnier comme moi d'une vie qu'il n'a pas choisi.

Comme l'animal ne bronche toujours pas, je décide de lui parler. Sur le coup cela me semble un peu stupide mais si je dois le dresser, il faut bien qu'il puisse m'écouter et reconnaître ma voix. Lentement, je dévisage le chien et je commence à lui parler de moi : je suis sûr que si Karl me voyait il se moquerait de moi. Mais le berger allemand semble tout à coup intéressé par ma présence car il a relevé la tête et m'observe sans présenter le moindre signe d'agressivité.

Je me rends compte que sa gamelle est vide : je me lève lentement et je reviens rapidement avec un bol d'eau et un peu de nourriture. Le chien semble ravi et secoue sa queue avec frénésie. Avec précaution, j'ouvre sa cage et, tout en continuant à lui parler doucement je lui dépose eau et nourriture qu'il s'empresse de dévorer. Prudemment, je reste à l'écart mais je ne sors pas de sa cage. Lorsqu'il a terminé son repas, le chien vient me flairer longuement et, comme il ne semble toujours pas rebuté par ma présence, je lui caresse doucement la tête.

Nous passons l'heure qui suit à nous apprivoiser mutuellement puis, je m'assieds par terre, tandis que le chien vient poser lentement sa tête sur mes genoux.

Je tends la main vers le collier qu'il porte et je lis son nom sur la petite plaque de métal qui y est attachée :

- Duke ? C'est sympa comme nom. Tu sais, j'aimerais bien rester avec toi...Au moins, ici, pas d'appel, pas d'exécution...

Je soupire : évidemment si je le pouvais je resterai ici indéfiniment mais...je sais parfaitement que ce n'est pas possible.

De plus, j'ai remplis ma mission : Duke accepte désormais la présence de quelqu'un à ses côtés, il ne va plus pouvoir éviter les entraînements. Cela signifie que très bientôt, comme tous les autres chiens, il va devenir un redoutable tueur.

Je pense alors à un petit détail qui m'avait complètement échappé : et si on m'avait demandé d'apprivoiser Duke pour devenir son entraîneur, son formateur ?

Non, non, non ! Impossible !

Je regarde le chien et le fixe un instant sans rien dire et à nouveau je soupire :

- Je crois que tu es comme moi, Duke. Tu n'es pas un tueur mais tu vas être obligé de le devenir... Mais je ne veux pas, je ne peux pas t'apprendre...Je ne peux pas...

A regret, je quitte la cellule qui sert de maison à Duke et je lui promets de revenir le voir bientôt : j'ai l'impression qu'il est réellement triste de me voir partir.

Je repars pour un tour complet de surveillance et, non loin de l'entrée, je croise mon supérieur. Ce dernier est surpris de me voir revenir.

- Un problème avec Duke ?

- Non, aucun. Je lui ai donné à manger et à boire et je suis resté avec lui un bon moment.

- Dans sa cage ?

L'allemand me dévisage stupéfait :

- Oui, dans sa cage.

- Je... Suis-moi.

Mal à l'aise, je suis l'officier allemand ainsi que le soldat chargé initialement de s'occuper du chien sans pouvoir chasser d'un coin de ma tête un mauvais pressentiment.

Lorsque Duke m'aperçoit il jappe de plaisir pour se figer aussi vite à la vue de ceux qui m'accompagnent. Si l'animal ne semble pas vraiment contrarié par la présence de mon supérieur, il en est tout autre chose avec Stefan, celui qui avait été désigné pour l'entraîner.
Duke se rue sur la porte grillagée de sa cellule et aboie comme un fou.

Je suis stupéfait par son changement d'attitude car il n'y a même pas une demi-heure il était doux comme un agneau avec moi.

- Cette sale bête n'a pas changé à ce que je vois.

La haine à peine dissimulée de Stefan m'incite à penser qu'il a certainement maltraité le chien lors de son arrivée au chenil.

Ralf, mon supérieur, l'invite à se reculer d'au moins une bonne vingtaine de mètres afin de ne plus être visible de Duke puis il s'adresse à moi et me demande d'entrer dans la cage pour calmer le berger allemand.

Inquiet, je m'approche lentement tout en tentant de rassurer le chien. Ce dernier finit par se calmer en me voyant et il me laisse entrer sans se montrer menaçant. Je l'amène près de moi et je ne cesse de lui parler doucement pour le tranquilliser puis je me tourne, mécontent, vers Ralf :

- Ce chien a été battu et maltraité ce n'est pas possible. Ce n'est pas normal qu'il réagisse de cette manière.

- Nous procédons toujours de la même façon avec chaque animal. Stefan n'a jamais eu le moindre problème auparavant. Je pense que nous allons laisser les choses telles qu'elles sont. C'est toi qui va former et entraîner Duke au combat.

- Mais, je n'ai pas...

Je m'interromps, terrorisé à l'idée d'avoir élevé la voix contre un officier.

- Nous avons besoin de chaque bête que compte ce chenil, nous avons dépensé beaucoup d'argent pour les avoir chez nous. A partir de demain, tu t'en occuperas personnellement. Tu as trois mois, je ne peux pas t'octroyer un plus long délai.

Je le regarde partir, choqué et désemparé : je ne peux pas former Duke à devenir un monstre !

Puis je repense au temps qui m'était imparti.

Ralf avait parlé de trois mois : pourquoi trois mois ?

Hitler avait-il l'intention de déclarer la guerre à je ne sais qui dans trois mois ?

Je pensais avoir trouvé une échappatoire en arrivant ici au chenil mais finalement ce n'était pas mieux qu'ailleurs.

Je regarde le magnifique berger allemand et,avant de regagner les quartiers SS, en guise d'au revoir, je lui murmure que je suis désolé. 

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