Les sentiers de l'espérance {...

By Aelnen

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En septembre 1938, à 18 ans, Adam Kowalski rejoint les rangs de la Wehrmacht sur ordre de son beau-père, memb... More

Charte de bonne conduite
Contrat d'édition
Avertissement - Droits d'auteur
Prologue
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Retrait des chapitres
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Chapitre 1

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By Aelnen


12 septembre 1938

La mobilisation générale a été déclarée il y a tout juste un mois et cela ne m'étonne pas : ce n'est, après tout, qu'une conclusion logique à tous les événements qui s'étaient déroulés en Allemagne depuis cinq ans.

Lorsque mon père nous avait lâchement abandonné ma mère et moi il y a huit ans alors que nous venions à peine d'arriver, je croyais sincèrement que nous rentrerions en Pologne : je détestais ce pays, je détestais Berlin et toutes ces croyances que les dirigeants allemands tentaient d'imposer à leur peuple.

Mais ma mère avait décidé d'utiliser l'argent que son escroc de mari lui avait laissé : j'avais reçu de beaux vêtements, elle avait engagé un professeur particulier pour nous permettre de maîtriser parfaitement la langue allemande et ma vie avait continué d'être un enfer.

Le professeur, bien entendu, avait trouvé bizarre qu'une femme seule avec un gamin de 10 ans soit en possession d'une telle fortune. Ma mère, avec un aplomb que je ne lui connaissais pas, avait indiqué qu'ils s'étaient séparé à l'amiable et que son ex-mari ne souhaitait pas qu'elle se retrouve dans le besoin.

Ma mère était jolie, trop jolie peut-être et après quelques leçons, notre précepteur amena avec lui des lettres qui venait d'un homme très riche et qui avait été touché par notre infortune.

Ma mère répondit à chacune des lettres puis très vite, elle reçut une invitation à dîner : nous étions cordialement invités à nous présenter à une soirée de gala que donnait celui qui payait désormais nos leçons.

Trois mois plus tard, nous emménagions dans la luxueuse demeure et deux semaines seulement après notre installation, ma mère épousait notre bienfaiteur.

Fervent catholique, cet homme m'avait alors forcé à être baptisé et à faire ma communion sous prétexte qu'étant désormais son fils adoptif je lui devais le respect et l'obéissance.

A ce titre, j'avais droit à un régime spécial fait essentiellement de gifles et de punitions en tout genre : finalement mon vrai père était bien tendre en comparaison.

Et, si j'avais le malheur de protester, je passais la nuit enfermé dans la cave, dans le noir avec une vieille couverture en guise de matelas pour dormir et bien entendu, j'étais privé de repas le lendemain.

Ma mère comme à son habitude ne disait rien car elle n'était au courant de rien ou ne voulait pas être au courant, ce qui lui importait c'était de pouvoir continuer à mener cette vie de grand luxe faite de grandes réceptions et de soirées au théâtre ou chez les riches amis de son époux.

Très vite j'avais compris que celui-ci était dangereux et très influent : de nombreuses personnalités allemandes étaient régulièrement invitées à dîner au manoir et ces soirs-là, j'étais prié de rester dans ma chambre car mon beau-père avait honte de moi : en effet j'étais brun, pas blond, je n'étais pas réellement un allemand, ma famille était de confession juive et Ernst détestait cela. Mais personne n'était au courant car il avait fait en sorte d'édulcorer la réalité.

Les hommes qu'il rencontrait régulièrement étaient des membres importants d'un parti politique, le parti national socialiste des travailleurs allemands.

Ernst vouait un véritable culte à son président, un certain Adolf Hitler dont il avait un exemplaire de son livre, Mein Kampf, et lorsqu'il avait été nommé chancelier, une grande réception avait été organisée par mon beau-père pour célébrer l'événement avec d'autres fervents partisans.

A partir de ce moment-là, il s'était montré encore plus implacable envers moi tant il était obsédé par son image et sa crédibilité : après tout, il était l'héritier de l'une des plus grosses fortunes d'Allemagne.

L'école où je me rendais n'était tout à coup plus assez bien pour un garçon d'une si bonne famille car d'après Ernst, certains de mes camarades de classe étaient les fils d'opposants au régime d'Hitler et surtout, surtout, il y avait des juifs, des sales juifs comme il se plaisait à le dire. Même s'il me détestait, Ernst ne voulait pas que je reste là-bas.

Ainsi, il m'envoya rapidement dans une école privée pour gosses de riches, là où je ne pourrais côtoyer que les fils des amis de mon beau-père et où j'avais grand intérêt à très rapidement maîtriser le français et l'anglais, comme le voulait la direction de l'établissement.

Moi qui croyait naïvement à mon arrivée à Berlin que la vie y serait différente et meilleure, je m'étais bien trompé : mes nouveaux camarades s'étaient manifestement renseigné sur mon père biologique, comment avaient-ils eu des informations je l'ignorais, peut-être qu'il avait traité des affaires avec certaines personnalités berlinoises.

Pour eux, je n'étais pas un faible ou un moins que rien, non, j'étais un profiteur, le fils d'une catin qui avait réussi à embobiner le plus beau parti de toute la ville pour profiter de son aisance matérielle.

Avec les années, la main de mon beau-père s'était faite plus légère, contrairement aux élèves de mon école, mais il s'arrangeait pour que je n'aie plus aucun contact avec ma mère et que je sois obligé de prendre tous mes repas sans exception dans ma chambre, repas qui laissaient en permanence mon estomac affamé car si les portions étaient largement suffisantes pour un enfant de cinq ans, elles ne l'étaient évidemment pas pour un adolescent en pleine croissance.

En classe, j'étais méprisé des enseignants en raison de cette étiquette de profiteur qui me collait à la peau et le moindre prétexte était bon pour me priver de repas le midi, de sorties ou pour m'octroyer différentes punitions et devoirs supplémentaires.

La seule personne que j'appréciais réellement était un vieux professeur de français qui faisait de son mieux pour tempérer les comportements de ses collègues et des autres élèves.

Evidemment, je m'étais rebellé. Au début du moins car je n'avais rien fait pour mériter de tels traitements, je n'avais pas demandé à venir dans ce pays, dans cette école, dans cette famille. Mais très vite mes paroles étaient arrivées aux oreilles de mon cher beau-père : mes écarts de conduite risquaient de lui coûter un poste important auprès d'un homme politique influent et Ernst était entré dans une colère noire : il était allé chercher une sorte de cravache dans son bureau, m'avait forcé à m'allonger torse nu sur le sol et il avait frappé jusqu'à ce que son bras ne puisse plus supporter la cadence. Il m'avait ensuite interdit de demander à un domestique de me soigner et m'avait entraîné aux sous-sols où j'avais passé la nuit, enfermé dans un petit réduit servant à entreposer les balais et les autres outils pour nettoyer la maison en pleurant à chaudes larmes tant mon dos écorché vif me faisait souffrir.

Le lendemain, j'avais goûté pour la première fois aux châtiments corporels que le directeur de mon école appréciait tant.

Aux lacérations s'étaient ajoutés les coups de bâton sur les bras et les jambes et des gifles à n'en plus finir.

Le directeur ne cessait de me marteler qu'il avait dompté des plus fortes têtes que moi et que j'avais tout intérêt à rentrer dans le rang.

Finalement, à bout de forces, épuisé par des semaines de maltraitances et de privations, j'acceptais de me soumettre aux désirs de mon beau-père car dans le cas contraire je ne donnais pas cher de ma vie.

Ainsi, j'avais donc dû me résoudre à effectuer le salut nazi tous les jours, à voir mes cours interrompus à chaque intervention du Führer à la radio et surtout Ernst avait exigé que je signe un document dans lequel je m'engageais à mes 18 ans à intégrer volontairement les rangs de la Wehrmacht dont le commandement avait été confié à Alfred Jodl et Wilhelm Keitel. Ce dernier était issu d'une famille de grands propriétaires fonciers dont Ernst était très proche et il se murmurait qu'il avait pris une part active dans l'assassinat de nombreux membres du parti nazi durant l'été 34.

Au moins cette promesse d'engagement m'évitait d'entrer dans une autre institution, la Geheime Staatspolizei, la Gestapo, la police politique du régime où son dirigeant était également vénéré par Ernst qui appréciait particulièrement les missions du Judenreferat, le service qui s'occupait exclusivement de la problématique des Juifs car selon Adolf Hitler, ces derniers étaient responsables de tous les maux de l'humanité.

Petit à petit, j'avais vu Berlin se transformer au grès des mesures anti-juives imposées par le Reich : fermetures de magasins, pancartes incitant à faire ses achats ailleurs que chez les juifs, intimidation des médecins et avocats de confession juive, exclusion des Juifs de la fonction publique, des écoles non juives, organisation de manifestations contre ce que certains commençaient à appeler une « sous-race ».

Les cinémas, les théâtres, les centres sportifs, les écoles publiques et les universités, tout était désormais interdit aux Juifs, comme si le régime en place souhait les priver de tout lien physique et social avec la population allemande.

Je me rappelle ce soir de septembre 35 où j'avais malencontreusement croisé Ernst dans l'imposant hall d'entrée de la maison où j'étais forcé de vivre, mais trop heureux, il ne m'avait pas puni, non, il s'était contenté de me dire que c'était un grand jour pour l'Allemagne car trois lois très importantes venaient d'être votées par le Reichstag.

Le lendemain j'avais appris quel en était le contenu et j'avais été véritablement horrifié par la montée de la violence envers la population juive. Le soir-même, Ernst m'indiquait qu'il s'était occupé de mon ascendance douteuse car les lois de Nuremberg précisaient qu'était considéré comme juif toute personne ayant au moins trois grands-parents juifs, ce qui était mon cas.

J'avais eu l'autorisation d'avoir une brève entrevue avec ma mère qui m'avait expliqué qu'elle avait donné son accord à son charmant époux de produire de faux documents au sujet de notre famille.

Je n'en revenais pas : ma mère avait tout simplement renié ses origines pour les beaux yeux de cet homme cruel et froid.

En raison de ma future affectation dans l'armée allemande, Ernst m'amena un jour à une sorte de réunion pour la jeunesse berlinoise : il s'agissait en fait d'un rassemblement de la Hitlerjugend, la jeunesse hitlérienne, une organisation paramilitaire du parti nazi, obligatoire pour tous les jeunes allemands.

En fait, j'avais intégré une sorte d'antichambre de l'armée : nous avions des uniformes, un poignard personnel et nous avions des entraînements très spécifiques : nous devions ramper sous des fils barbelés et apprendre à lancer des grenades factices.

Au début je n'avais pas bien compris le pourquoi de ces réunions et de ces entraînements mais ensuite j'avais compris que le régime d'Hitler avait des ambitions qui allaient bien plus loin que la persécution des Juifs, des ambitions telles que le Führer avait pris le risque de violer à plusieurs reprises le Traité de Versailles en rétablissant le service militaire obligatoire et en annexant même l'Autriche au Troisième Reich au mois de mars dernier.

Oui, le dirigeant de l'Allemagne avait des envies de conquêtes et même de guerres.

A de nombreuses reprises j'avais envisagé de fuir mais Ernst avait veillé à tout : je n'avais plus aucun papier officiel et comme s'il avait douté de mes projets, j'étais persuadé qu'il avait engagé quelqu'un pour me suivre discrètement et vérifier si je remplissais bien mes obligations légales envers le Reich et si j'étais toujours aussi assidu aux cours de ma très chère école privée.

Perdu dans mes réflexions, je suis surpris de constater que je suis arrivé à destination après moins de vingt minutes de marche : le bâtiment qui se trouve face à moi doit certainement être l'un des plus luxueux de la ville et cela ne m'étonne guère : Ernst ne voulait absolument pas que je me rende dans ce qu'il appelait les bas-quartiers ou que je puisse croiser des personnes issues de familles nettement moins bien nanties que la sienne.

Avant d'entrer et de pousser la lourde porte richement ouvragée, je tourne la tête un instant pour constater que l'un des hommes de main de mon cher beau-père se trouve au coin de la rue pour s'assurer que j'allais bien assumer la promesse à laquelle je m'étais engagé.

Je savais aussi que dans les plis de son veston se trouvait un petit revolver et qu'il n'hésiterait pas à s'en servir en cas de nécessité.

Une secrétaire, blonde aux yeux bleus naturellement, la tenue impeccable et les lunettes sur le nez m'accueille d'un air froid. Son attitude change cependant du tout au tout lorsque je lui remets ma lettre de recommandation de l'un des responsables de la Jeunesse du Reich et je suis conduis dans un vaste bureau meublé avec goût où me reçoit un Generalleutnant, un général de division, un des grades les plus élevés de l'armée allemande.

Il m'invite à m'assoir dans un fauteuil confortable recouvert de velours puis il lit attentivement le courrier que je lui tends :

- Ainsi donc, nous avons le grand plaisir d'accueil dans nos rangs le fils adoptif de notre très cher Ernst. Je dois juste vous demander de compléter ceci et de signer.

Je m'acquitte de ma tâche bien malgré moi, conscient de refermer un peu plus les portes de ma liberté.

Le général se lève alors et me reconduit à la porte de son bureau et en guise d'au revoir me dit :

- Bienvenue dans la Wehrmacht, Monsieur Heydrich von Wegener !




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