C'était décidé. Dès la fin de mon service, je filais chez Wyatt. Qu'il le veuille ou non, il devait me dire la vérité. Je retournais dans le Café, avant même que Lysa n'est besoin de m'appeler.
Nolan et Sophia se câlinaient et ça m'énervait au plus haut point de les voir aussi complices et s'afficher en public de la sorte. Même dans mes pires cauchemars, je n'aurai pu m'imaginer qu'ils finiraient ensemble. Qu'est ce qu'elle pouvait m'énerver à le manger du regard comme ça. Elle ne voulait qu'une seule chose, se jeter sur Nolan et le mettre dans son lit. Et lui, il se laissait faire. Je le croyait moins superficiel. Je m'étais trompée sur lui, apparemment.
J'étais en train de les épier quand Nolan posait ses yeux sur moi. Mes joues devenaient rouge, je le sentais à la chaleur désagréable qui me picotait le visage. Je décidais de tourner mon regard ailleurs, mine de rien et de continuer à effectuer mes tâches. Il abandonna quelques instants Sophia pour se rapprocher du bar où j'étais en train de nettoyer des tâches inexistantes.
- Je voulais te dire au revoir. On va, y aller avec Sophia.
- Bye. Bonne fin de soirée.
Je voulais couper court. Quant à Nolan, il semblait mal à l'aise et inquiet de me voir distante avec lui.
- Tout va bien Léna ?
- Oui. Pourquoi ?
Je ne voulais pas lui avouer que je le maudissais, en ce moment même, car il flirtait avec ma pire ennemie.
- Pour rien. Bonne soirée. On s'appelle hein?
- Dès que j'en aurais le temps. Tu sais, je suis pas mal occupée en ce moment.
Ma voix avait été un peu plus cassante que je ne l'aurais souhaité et je n'avais même pas relevé la tête pour le lui dire. Tant pis, c'était sorti. Le mal était fait. Je ne m'approchais pas vers lui, non plus, pour lui faire la bise, je prenais l'excuse de mon ménage et le saluais de la main. Il se contentait de faire de même et rejoignait Sophia, en se retournant plusieurs fois pour me regarder mais je continuais de nettoyer.
Le tintement de la porte raisonnait. Je levais les yeux. Sophia me lançait un regard noir, avançant vers moi.
-Ne mets pas la zizanie entre Nolan et moi. A moins que tu ne couches déjà avec lui aussi !
-Ne me pousse pas à bout Sophia.
-Sinon quoi?
-Sinon, je parle à Nolan de tes antécédents et de la réputation de belle garce que tu t'es faite.
-Tu n'oserais pas ?
-Crois-tu !
Sophia bouillait de rage, elle en était toute rouge.
-Maintenant, fiche moi la paix et profite de ta soirée avec Nolan.Pendant que tu en as encore l'occasion. On ne sait jamais.
Elle ruminait je ne sais quoi et sortait en trombe du Café.
Lysa se rapprochait de moi tout en parlant.
- Quelle conne cette fille ! Tu verrais comment elle me parlait. J'avais l'impression d'être son chien. Tu la connais ?
Voyant mon visage fermé, elle semblait s'interroger et attendait une réponse de ma part.
- Oui, malheureusement.
- Ne me dis pas que vous êtes amies?
- Non, plutôt l'inverse. Moins je la vois et mieux je me porte. Crois-moi.
- Tu me rassures. J'avais du mal à te voir traîner avec ce genre de nana.
- Son copain était beaucoup plus sympa. Il a du courage pour la supporter. Je déteste les gens hautains et qui traitent les autres comme de la vermine.
Elle déposait des verres vides et sales sur le bar.
- Nolan est un gars extra. Je suis carrément dégoûtée de le voir avec elle. Elle est l'opposé...
- ... de toi, c'est clair.
Lysa terminait ma phrase et moi je restais muette quelques secondes.
- Non, c'est pas ça. Je ne l'aime pas cette fille c'est tout. J'espérais, sincèrement qu'il sorte avec quelqu'un de bien. Il le mérite. Je crains qu'elle ne lui brise le coeur et notre amitié, par la même occasion. Je la connais, elle fera tout pour éloigner Nolan de moi. Cette fille n'a aucune pitié.
- Je vois.
Lysa m'examinais du regard et ajoutait.
- Tu vas me dire que ça ne me regarde pas mais tu sembles être très attachée à Nolan. Tu n'aurais pas le béguin pour lui, par hasard ?
Je devenais, une nouvelle fois, rouge pivoine.
- Non, j'ai déjà un petit ami. Nolan et moi, sommes de très bons amis. Il a toujours été là pour moi, surtout ces derniers mois. Il n'y a, absolument rien, entre nous : juste une grande amitié.
- Ok. Si tu le dis.
Lysa accueillait un groupe de filles. Elle me laissait à ma vaisselle.
-Le boulot m'appelle.
Elle me souriait et s'avançait vers les clientes.
Le reste de la soirée passait rapidement. Lysa restait avec moi jusqu'à la fermeture. Elle rangeait en attendant que je fasse la caisse. Les rues étaient calmes et il n' y avait pas grand monde à fouler les larges trottoirs. Je me dépêchais à finir car j'étais pressée d'aller chez Wyatt. Je sais que l'heure n'était propice pour les visites mais je m'en moquais. Je fermais à clé le lourd rideau de fer du Café.
- C'est bon pour ce soir. On peut rentrer chez nous, tranquillement. Tu t'es débrouillée comme une chef Lysa.
- Merci, c'est gentil. L'ambiance était sympa, ça aide et tu es beaucoup moins stressante que le boss.
Elle se mettait à rire.
Une voiture se stoppait devant nous. La vitre avant droite se baissait.
- Bonsoir, jolie demoiselle. Je suis perdu, pourriez-vous m'indiquer la route pour aller chez vous, s'il vous plait ?
Il s'adressait à Lysa.
Elle riait.
- Tu es bête. Léna je te présente mon mec, Josh. Et Josh je te présente Léna.
- Salut Josh. Je te prenais pour un gros lourd de dragueur à la limite du psychopathe.
- J'en suis pas loin. Enchanté de te faire ta connaissance.
- De même.
Il riait.
Lysa ouvrait la porte avant de la voiture et s'y engouffrait.
- Tu veux que l'on attende que tu sois montée dans ta voiture ?
- Non, merci. Tu peux y aller, ma voiture est juste là. Bonne soirée à toi et à vendredi soir.
- Bonne fin de soirée à toi aussi.
Son petit ami faisait rugir le moteur tout en faisant crisser les pneus. Laissant derrière eux, une épaisse traînée de poussière et moi, toussant comme un pot.
Je balayais de la main, la fumée poussiéreuse qui m'empêchaient de voir à plus de trente centimètres devant moi. Je montais et prenais la direction de chez Wyatt. Naturellement, je ne le prévenais pas de mon arrivée ou devrais-je dire : de ma petite visite surprise. Allait-il me refouler ? Là, était la question. Je n'en avais pas la moindre idée. J'espérais que non. J'allais être, rapidement fixé.
Un quart d'heure plus tard, j'arrivais devant son immeuble. Je levais la tête pour voir s'il y avait de la lumière dans son appartement. Heureusement pour moi, il n'était pas couché, je pouvais distinguer de la lumière provenant du séjour. Je descendais de la voiture et sonnais à l'interphone.
- Oui ?
- C'est Léna, je peux monter ?
Un déclic raisonnait. Il venait de m'ouvrir la porte d'entrée de l'immeuble. Je montais les escaliers où il m'attendait sur le pas de la porte avec sa tête des mauvais jours. Je commençais déjà à regretter d'être venu chez lui. C'était une très mauvais idée, enfin de compte. J'avais subitement perdu toute confiance en moi et j'étais toute penaude face à mon petit ami qui ne semblait pas trop apprécier ma venue. Il me regardait et hésitait à s'approcher vers moi. Je décidais d'entrer, malgré son attitude plutôt hostile et j'attendais qu'il referme la porte. Ce qu'il fit rapidement.
- Désolée de venir aussi tard mais vu que je ne n'avais pas de tes nouvelles...
- Mmm
-Tu peux m'expliquer, ce que j'ai fait de mal encore ?
- Rien. Tu ne fais jamais rien de mal. C'est moi qui déconne comme toujours.
- On ne dirait pas, vu que tu me fuis comme la peste.
- Je ne suis pas trop en forme comme tu peux le voir !
- Et ? C'est une raison pour m'éviter ?
Il ne bronchait pas.
- Wyatt !
- Si tu es venue pour me crier dessus , tu peux repartir.
- Merde, tu me fais vraiment chier Wyatt. J'en ai marre de me prendre la tête avec toi. J'en peux plus. J'abandonne. Tu veux que je parte. Ok, je sors mais je te le dis tout de suite : Je ne veux plus que tu viennes foutre le bordel dans ma vie. Si tu ne sais pas ce que tu veux c'est ton problème. J'ai assez donné avec toi.
- Tu iras te réconforter dans les bras de Nolan.
Il se tenait face à moi et me défiait du regard.
- J'aurai, sans doute, dû sortir avec lui. Je me suis complètement gourée dans mon choix.
- Il n'est pas trop tard.
- Je comprends, que le fait que tu te sois fait tabassé t'as surtout fais sauter des cases.
- Pas grave, j'en n'avais pas beaucoup d'avance, de toute manière.
- Tu vas me dire ce que tu as, oui ou non?
- J'ai besoin d'être seul, c'est tout.
- C'est complètement stupide ! Il s'est passé quoi le soir où ces trois mecs sont venus ? Ils t'ont dit quoi ?
- Je veux que tu partes. S'il te plait, pars Léna.
Wyatt s'asseyait sur son canapé, tout en grimaçant.
- Tu as mal ?
J'étais inquiète de le voir mal au point. Il était devenu tout pâle.
- C'est bon, je ne suis pas un gamin.
-Tu en as l'esprit pourtant. Tu peux bien te moquer de mon âge...
Je m'essayais à coté de lui.
- Si tu veux qu'on arrête de se voir, dis le moi et je m'en irai. Apparemment, depuis qu'on sort ensemble, tu n'es plus le même, tu traînes de moins en moins avec tes amis et je t'attire que des problèmes. Sophia a raison, je dois malheureusement l'admettre.
Il me regardait et me prenait la main.
- Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit. Tu as parlé à Sophia ?
- Parler ? je ne pourrai pas dire ça. On s'est prit le bec plutôt.
- Elle t'a dit quoi d'autre ?
- Rien. Imagines toi qu'elle sort avec Nolan.
- Ah bon ?
- Essaye au moins de cacher ta joie.
Il souriait.
- Elle est très forte.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Pour rien. Comme ça.
- Wyatt, Pourquoi veux-tu qu'il m'arrive quelque chose ?
- Parce qu'ils m'ont dit qu'il viendraient s'occuper de toi si je continuais à te voir.
Je tombais des nus. C'était donc pour ça, qu'il m'évitait.
Flashback de Wyatt
J'étais entrain de préparer la pâte pour les pancakes pendant que Léna prenait sa douche. Quelqu'un sonnait à la porte. J'ai donc été ouvrir et je me suis retrouvé nez à nez avec trois mecs que je connaissais vaguement de vue. Ils traînaient, de temps en temps, à la salle de sport où je m'entraînais.
- Salut Wyatt, on a un message à te faire passer d'un ami très cher qu'on a en commun et avec qui tu n'as pas été très sympa.
Sans rien comprendre, un des mecs me poussait avec violence contre le miroir situé dans l'entrée. Ce dernier s'écrasait sur le sol et se brisait en morceaux. Il y avait des débris partout et en tombant je me coupais la main sur un des morceaux jonchant le sol. Pendant ce temps, un des mecs s'attaquait aux meubles, la vaisselle et balançait tout ce qu'il pouvait briser. Quant à l'autre, il s'apprêtait à fouiller l'appartement. Je ne voulais pas qu'il trouve Léna et qu'il lui face du mal. Je l'ai alors provoqué. C'était la seule solution pour qu'il revienne sur ses pas et détourner son attention.
- Vous aviez peur de vous faire rétamer pour venir à trois contre moi ? Vous n'êtes qu'une bande de fillettes.
Celui qui s'apprêtait à aller dans les autres pièces, se retournait et revenait vers moi. Il était grand, brun et bourré de tatouages sur les bras et dans le cou. Il ne m'impressionnait pas plus que çà. Je n'ai pensé qu'à une seule et unique chose : protéger Léna et qu'ils ne la trouvent pas.
J'ai alors commencé à me débattre et les trois se sont mis contre moi. Je savais que je n'aurai aucune chance mais je préférais que se soit moi, plutôt qu'elle.
Dans l'action, je réussissais à assigner des coups de poings, des coups de pieds. Je ne savais pas, qui les recevait et je m'en moquais. J'avais réussis à casser le nez de l'un deux et pour vengeance, il me fit de même. Le grand brun aux tatouages paraissait être le chef de la bande car il donnait les ordres aux deux autres. Il leur demandait de me tenir au sol. Quand ils réussirent à me plaquer par terre et à me maintenir tant bien que mal, le grand brun me ruait de coups de pieds dans les côtes, dans le visage. Je sentais le sang couler sur mon visage et me brouillait les yeux. Une douleur aiguë envahissait mon corps entier. Mes forces diminuaient et je ne cessais de penser à Léna. Pourvu qu'elle ne sorte pas de la salle de bain. Pourvu qu'elle ne vienne pas. J'étais à la limite de perdre connaissance quand le chef de bande ajoutait :
- Jayden demande que tu t'éloignes de Léna. Si tu veux le défier en continuant de sortir avec elle, tu auras de gros problèmes et ta copine risque d'y passer. Tu as bien compris ?
Il me mettait un énorme coups de pied dans le ventre. Je ne répondais pas. Il me cognait de plus belle.
Je ne pouvais retenir un cri de douleur, puis des gémissements.
- La prochaine fois qu'on revient c'est pour en finir avec toi ! Ne joues pas au con avec nous. Sinon, tu le regretteras et tu pourras dire adieu à ta meuf.
- Vous n'êtes que des baltringues, des lèches-cul de Jayden. Ce connard n'a même pas le courage de venir lui même. Je ne laisserais jamais Léna. Je l'aime.
Je sentais un coup dans le dos et m'évanouissais.
La porte d'entrée claquait.
Fin du flashback
***
- La suite, tu la connais.
J'étais en larmes. Wyatt m'avait enfin tout raconté. Je ne savais plus comment réagir à tout ça. La seule chose que je trouvais sur le moment était de fondre en larmes et de le prendre dans mes bras.