Skeward, assis à son bureau, se remémora une conversation qu'il avait eue avec la mère de Séléné. Un soir où leur fille avait échappé à la surveillance de sa famille et qu'elle était sortie de la demeure.
— C'est ta fille, Livius ! Tu pourrais être plus attentif ! C'est ta faute si elle s'est sauvée ! Elle a sûrement envie de se faire des amis...
— Tout va rentrer dans l'ordre, Satele. Les domestiques sont à sa recherche, tu es malade, tu devrais retourner te coucher.
— Je ne pourrais pas me reposer tant que je ne saurais pas où est ma fille ! Je suis tellement inquiète de savoir ce qu'elle deviendra quand je serai plus là...
— Je t'en prie, calme-toi. Proposa-t-il en approchant doucement sa main d'elle, mais elle l'arrêta net et serra fort son bras.
— Un jour ou l'autre elle voudra trouver des réponses, et elle y arrivera avec ou sans nous ! Moi-même je ne sais pas tout, et je sais pertinemment que tu me caches des choses, Livius !
— Arrête ça, je te dis ! Je t'ai déjà dit que je ne savais rien ! On ne va pas revenir là-dessus.
— Et comment tu expliques que le jour où tu as disparu avec Séléné tu sois revenu complètement différent !? Incapable de me dire ce qui t'avait pris ! Hein ?! Tu le sais très bien !! C'est pas une enfant comme les autres à cause de...
— ... Satele ! Tu te tais maintenant !! S'écria-t-il pour l'interrompre.
Ce jour-là, il décida de fuir à son tour en laissant sa femme derrière lui. Il alla retrouver Séléné de lui-même. Cette dernière s'était perdue, seule, sous la pluie et c'est là qu'en rentrant chez eux, on leur annonça que Satele venait de succomber à sa maladie. Malheureusement, elle n'avait pas eu l'occasion de parler une dernière fois à sa fille.
Skeward appela ses agents et leur donna des directives pour faire parvenir un dossier confidentiel à son mentor, qu'il lisait juste avant que Calixte ne vienne l'interrompre. Au moment où ses agents quittèrent son bureau, on entendit la sonnerie du téléphone retentir dans toute l'habitation. Skeward, surpris de recevoir un appel à ce moment-là, hésita un instant à décrocher.
— Allô ?
— Vous êtes bien le docteur Skeward ?
— Oui c'est bien moi.
— C'est par rapport à l'avis de recherche que vous avez déposé il y a quelques mois, quelqu'un nous a contactés... Ils l'ont retrouvé...
— Enfin... En êtes-vous sûrs ?
— Absolument.
— Très bien alors faites-moi parvenir la localisation exacte et le rapport dans les plus brefs délais, j'irai vérifier avant de donner la récompense.
Il raccrocha et interpella ses agents.
— Changement de plan, je vais vous donner une nouvelle mission. Je m'occuperai de ce dossier moi-même.
Un des agents responsables qui était au courant de l'affaire s'adressa à lui :
— Cet appel... il s'agissait du fils de Will Miles ? C'est lui qu'ils ont retrouvé c'est ça ?
— Oui.
Au même moment, Skeward reçut le rapport de la personne qui l'avait aperçu. Il le lut rapidement et reprit :
— Comme on s'en doutait, il était bien sur une île de l'océan Pacifique, sur une petite île au large des Fidji.
— Dans ce cas il est pris au piège. Qu'ils sont bêtes ces lunatics !
— D'ici combien de temps vous pourriez être sur place selon vous ?
— En s'y rendant avec le yacht, je dirais une semaine ou deux.
Ils s'organisèrent pour se rendre aux Fidji le plus rapidement possible, ce qui donna l'occasion à Calixte d'avoir libre champ pour ses plans d'espionnage. Celui-ci se donna à cœur joie de mettre sur écoute ses camarades, voulant absolument comprendre de quoi Séléné parlait avec Shyron l'autre fois et agir en conséquence. La semaine suivante, il accrocha des mouchards aux élèves de la classe de Séléné et ne se priva pas non plus d'en mettre sur elle.
Pendant ce temps, Séléné se sentait tourmentée. Elle ne savait pas vraiment comment agir et mille et une questions trottaient dans sa tête. Devait-elle réprimer ou simplement ignorer ses sentiments ? Sinon les garder pour elle ou les partager ? Comment arrêter de projeter une fausse image d'elle-même ? Elle se souvint alors de la conversation qu'elle avait eue avec son enseignante la semaine avant sa rentrée.
« Te connaissant je sais que tu cherches à prouver ta valeur et à t'affirmer dans ce monde. Certains auront l'impression que tu les regardes de haut alors que c'est parce que tu es très exigeante avec toi-même. Certains événements ou accomplissements peuvent t'ouvrir des portes que tu n'imagines peut-être pas et tu pourras peut-être trouver ce que tu cherches au moment ou au lieu auquel tu t'attendras le moins. Garde ça à l'esprit, et avance la tête haute tout en restant ouverte d'esprit. » lui avait-elle dit.
Séléné prit l'habitude de passer du temps avec Shyron, qui était devenue sa nouvelle confidente. Elle finit par lui avouer un jour, alors qu'elles déjeunaient ensemble, qu'elle avait l'impression d'avoir des sentiments pour Dai et qu'elle avait un pincement au cœur quand elle le voyait avec Euphemia.
— Ohhhh Sely. Tu viens d'avouer !!! T'es enfin honnête avec toi-même on dirait. Se ravit Shyron.
— Mais je.. Non c'est que... C'est pas ça ! Paniqua-t-elle.
— Est-ce que je suis la première à qui tu dis ça ?
— Euh.. Oui je crois bien... Répondit-elle en rougissant timidement.
— Oh ça me fait tellement plaisir. Mais que me vaut l'honneur dans ce cas ?
— Et bien, je ne te l'ai peut-être pas dit mais je te considère comme une amie, je crois bien ma toute première et puis... Je crois que comme tu l'as dit je suis pas assez honnête avec moi-même, j'ai toujours eu une manière de voir les choses peut-être un peu rigide et tout ça m'a fait comprendre que, enfin je veux dire depuis la rentrée surtout, j'ai compris que je devais changer certaines choses chez moi, sinon je ne pourrais jamais avoir les réponses à mes questions...
— La petite Séléné voudrait-elle sortir de sa zone de confort ? Tiens comme c'est étonnant. Se moqua Shyron.
— Oh t'es un peu dure là, je te rappelle que je l'ai déjà fait en venant ici ! Mais oui tu as raison... Avoua Séléné.
— Et dis-moi, qu'est-ce que tu comptes faire pour Dai ? C'est vrai qu'il est avec Euphemia mais... sans la critiquer, je suis bien placée pour dire qu'elle va le larguer du jour au lendemain, et il ne s'y attendra même pas, pauvre chou, c'est comme ça, elle est hyper instable cette fille.
— Tu crois ? Elle va vraiment le larguer du jour au lendemain ? Et pourquoi tu dis que t'es bien placée ?
— Je la connais depuis très longtemps, et elle n'en est pas à son premier... Crois-moi, il irait bien mieux avec toi, en plus je suis sûre qu'il t'aime beaucoup. Asséna-t-elle d'un clin d'œil ravageur.
Au même moment, Dai les surprit dans leur conversation...