(avouez que la chanson "Hijo de la Luna" c'est parfait pour ce roman ^^)
Ils se regardèrent d'un air sérieux pendant une dizaine de secondes, puis le visage de Isogaï passa de la tristesse à la joie. Il sourit à Quincy et s'approcha de l'eau pour l'éclabousser d'un coup de pied.
— Eh ! Pourquoi tu me mouilles ! Essaye pas de détourner mon attention ! S'exclama le garçon.
— Essaye de m'avoir ha ha !
Ils s'amusèrent de nombreuses minutes à s'envoyer de l'eau dessus et à essayer de se couler mutuellement. À un moment, ils s'arrêtèrent et restèrent assis dans l'eau calme et limpide, ne sachant plus vraiment quoi faire ni quoi se dire. Quincy finit par reprendre la parole sur un ton un peu hésitant :
— Isogaï, je voulais te dire, moi je n'ai pas de frère ou de sœur, alors peut-être que ça manque de délicatesse après ce dont on vient de parler mais... je voulais te demander. Est-ce que tu veux bien être mon grand frère ?
En entendant cela, Isogaï resta pensif un instant, ému.
— Avec plaisir. Répondit-il finalement.
— Tu sais que je ne peux pas laisser mon frère mourir, Isogaï, j'ai un plan.
— Mais tu sais qu'ils veulent me voir mort maintenant. Quoi qu'on fasse, ils me retrouveront.
— Ils veulent te voir mort, alors on va leur donner ce qu'ils veulent. Est-ce que par hasard, avec ton pouvoir, tu sais [...] ?
Quincy lui murmura quelque chose.
— Je n'ai jamais essayé, mais je pense que oui. Confia alors Isogaï.
Le lendemain, alors que le Golgotha faisait toujours escale, Isogaï fut convoqué au siège du gang, accompagné de Cassius et Irwin. On lui passa des menottes et on l'amena dans un local aux allures sinistres et délabrées, où l'on entendait des voix résonner et des cris au loin. Un responsable au rictus accusateur vint à sa rencontre :
— Agent Aata ou plutôt Isogaï, nous avons été mis au courant de ton intention de nous trahir.
— L'assassin que vous avez envoyé à mes trousses me l'a bien fait comprendre, oui. Rétorqua aussitôt Isogaï.
— Donc tu reconnais ta trahison ? Grimaça le responsable.
— Ah, parce que vous voulez me tuer alors que vous n'êtes même pas sûrs ??
L'homme s'approcha de son visage et lui fit son sourire le plus noir.
— Pauvre gosse, si on t'a pris, c'était parce qu'on avait besoin de ta tronche, seulement là, tu ne nous sers plus à grand-chose ! Ce n'était donc pas un grand risque d'envoyer un assassin à tes trousses. Poursuivit-il sur un ton rabaissant.
— Vous êtes un monstre. Donc si je comprends bien, je n'ai plus de dette envers vous ? Interrogea Isogaï en essayant de garder son calme.
— Oui c'est ça, tu as remboursé les dettes de ton frère. Mais pas la tienne, tu dois mourir pour avoir eu l'intention de nous dénoncer à ta guilde. Tu n'es pas quelqu'un de digne de confiance, et en plus je ne supporte pas ton insolence. Jugea-t-il avant de claquer des doigts pour appeler ses agents.
Aussitôt, on le roua de coups sur tout le corps et au visage. Les contusions s'ajoutaient les unes aux autres jusqu'à le faire saigner, la douleur devenant chaque fois de plus en plus vive lui aurait donné envie de tous les écraser. Mais il devait encore contenir sa force pour un moment et ravaler sa fierté. Il finit par s'écrouler à terre. L'homme s'agenouilla et le souleva par les cheveux avant de lui cracher au visage.
— Ton sang est dégueulasse, démon ! Il est pâle comme ta peau ! En tout cas, j'espère que tu as compris la leçon, ça te donne un petit aperçu de ce qui t'attend... T'as intérêt à bien faire le job quand t'arriveras au Fidji, ça nous embêterait si ta jolie tête n'était plus assez fonctionnelle pour parler au client. Après tout, on lui a dit que Moon Knight en personne irait lui livrer ses armes ! D'ailleurs, enlevez-lui cette teinture, c'est ridicule, je veux que tout le monde sache qui il est réellement, cet imposteur !
Peu après, Isogaï revint au Golgotha. Les passagers furent choqués de découvrir qu'il était Lunatic. Quincy et Jaison, eux, s'affolèrent en le voyant défiguré par ce mauvais traitement.
— Oh non, qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? S'affola Quincy.
— Les gars, je suis si content. Songea Isogaï.
— Mais pourquoi ça ? Tu as vu ton état ? T'as craqué !
— C'est rien ça, je suis heureux de savoir que j'ai enfin remboursé les dettes de Aata, je peux mourir en paix, ils n'embêteront plus ma famille ! Je suis trop content !
— Pourquoi tes cheveux sont redevenus blancs ? S'interrogea Jaison.
— Ils m'ont passé tout un tas de produits sur la tête pour enlever ma teinture... mais c'est rien je vous dis. Ils ont juste fait leur petit tour d'intimidation, rien de bien méchant.
— Mais t'as vu ta tête ? Faut qu'on te soigne, si ça se trouve t'as une hémorragie interne !
Quincy s'occupa de ses blessures, il alla acheter des feuilles d'arnica qu'il appliqua sur ses hématomes avec un linge propre mouillé à l'eau froide.
— Maintenant il faut que tu te reposes, évite de t'agiter, tu dois être en forme pour quand on arrivera au Fidji dans les prochains jours. D'ailleurs demain à l'aube on lève l'encre, les nouveaux passagers vont pas tarder à embarquer. Informa Quincy.
— Oui, docteur Miles ! D'ailleurs à ce propos, un quart des brassards bleus sont descendus, mais pas celui qu'on pense être G.S.K, l'étau se resserre... Constata Isogaï.
Le soir venu, quelques nouveaux voyageurs polynésiens s'installèrent parmi eux. En partie des brassards gris, mais aussi deux bleus. Ils allèrent manger à la salle de réception leur repas du soir, au menu : poisson cru à la tahitienne et pain de coco, ça changeait du pain pas très goûteux à base de lifecereals qu'ils leur servaient tous les jours. La plupart des voyageurs avaient leurs yeux rivés sur Isogaï et Quincy. On les entendait parler entre eux.
— Vous avez vu le jeune homme au katana était en fait Lunatic.
— Ouais.. ça explique beaucoup de choses...
— C'est clair, faut pas se fier aux apparences de nos jours.
— En plus il est défiguré, il a dû se montrer trop violent et ça a mal tourné...
— Ouais ha ha bien fait pour lui !
Offusqué par tous les commentaires qu'il entendait, Quincy sentait cet état second qui sommeillait en lui remonter à la surface peu à peu. Toute cette haine accumulée depuis tant d'année.. Ces injustice et ces offenses sur lesquelles il devait constamment passer et faire abstraction. Et ces commentaires plus qu'irritants... Il se leva alors soudainement et monta sur sa chaise. Il explosa :
— Fermez votre gueule !!! Vous êtes qu'une bande de connards tous autant que vous êtes ! Vous nous jugez par rapport à la couleur de nos cheveux ? De nos yeux ? De notre peau ? Selon vous, qu'est-ce qui détermine un Lunatic ? Hein ? Qu'est-ce qui détermine la personnalité d'une personne ? Sa réputation ou ses actes ?! Pour coller des étiquettes, ah là oui vous êtes forts ! Par contre pour vous souvenir de ce qu'on fait pour vous là, y'a plus personne ! Vous avez oublié que sans moi les pirates se seraient emparés du Golgotha ? Vous avez oublié les précieux services que rendent Isogaï et Jaison pour les passagers ?! Répondez bon sang !