(Je m'excuse d'avance ce chapitre est un peu long, pour rappel il s'agit toujours du flashback sur la rencontre de Jaison et Isogaï)
Les deux menèrent alors un combat acharné avec des techniques propres à chacun, l'un connaissait parfaitement les points vitaux à toucher de son adversaire et l'autre puisait sa force dans sa rapidité et sa capacité d'anticipation pour éviter les coups. Toutefois, le combat ne s'éternisa pas, le garçon aux lunettes prit rapidement le dessus sur Jaison et le plaqua au sol et commença à l'étrangler entre ses jambes. Jaison sentit alors ses forces le quitter, l'air ne parvenait plus jusqu'à ses poumons, son visage déjà plein de bleus devenait violet. Dans ses derniers instants, il pensa fort à son père : "Papa, je suis désolé, c'était ma seule chance pour te retrouver, n'en veux pas à ce gars, il aura été plutôt gentil avec moi, d'ailleurs je ne connais même pas son nom". Aussitôt, il sentit son étreinte s'arrêter, le garçon le regarda dans les yeux et fronça des sourcils.
— Je m'appelle Isogaï. Dit-il à la plus grande surprise de Jaison.
— Isogaï ? C'est assez exotique comme nom. Haleta le garçon.
Jaison profita de cet instant de déconcentration de son adversaire pour retourner la situation à son avantage, il lui infligea un coup qui eut pour effet de lui paralyser temporairement les jambes.
— Excuse-moi, je suis désolé... Glissa-t-il.
Isogaï déclara forfait, Jaison l'aida à se relever et à retrouver l'usage de ses jambes.
— Alors, t'es content d'avoir gagné ?
— Oui... Encore une fois désolé de t'avoir infligé ça, j'imagine que tu voulais absolument rejoindre la guilde toi aussi.
— Oh mais ne t'en fais pas pour ça, j'ai déjà gagné suffisamment de points dans la journée, c'est juste le premier combat que je perds là. Nota Isogaï.
— Attends quoi ? On est reçus tous les deux alors ?
— Ben oui...
— Mais si j'avais su ! J'aurais pas retenu mes coups ! Et dire que j'avais pitié...
— Ha ha ha, tu me fais rire. T'as quel âge ? T'es plutôt fort. Avoua Isogaï.
— 16 ans.
— Sérieux ? Moi aussi. Tu as accumulé assez de points du coup t'es sûr ?
— Oui !
— C'est cool ça, allons fêter ça alors !!! Y'a un petit oasis avec des caravanes là-bas, en plus j'ai repéré un max de jolies nanas, on va s'éclater !
Isogaï pouvait donner l'impression d'un garçon froid et ténébreux au premier abord mais c'était en réalité quelqu'un d'abordable qui passait facilement sur les petites contrariétés de la vie, qui n'était pas du genre à cultiver de la rancoeur et mieux encore, qui se contentait des choses simples de la vie et qui arrivait toujours à voir le positif peu importe le contexte. C'était ce qui plaisait à Jaison et c'était ce qu'il avait pu constater au bout d'une semaine passée en sa compagnie. À la fin de cette semaine, les vraies épreuves d'entrée allaient commencer, le nuit tombée, Jaison s'aventura à escalader sur une de ces pyramides si majestueuses desquelles on avait une vue imprenable. Quelqu'un lui aggripa la cheville et le fit trébucher, c'était Isogaï.
— Boo ! Je t'ai fait peur avoue ! T'essayes de faire quoi là ?
— Aïe, je me suis fait mal à cause de toi espèce d'imbécile !
— Oh ça va... Nan mais en vrai, tu te sens bien ?
— Oui, oui... Très bien. Insista Jaison en s'asseyant.
— Tu penses à ton père ?
— Euh, comment tu sais ?
— Hmm, une intuition... C'est normal, on pense souvent à notre famille la veille de trucs super importants, on se demande quel impact ça aura sur eux si on se plante.
Jaison respira profondément l'air légèrement frais de la nuit en contemplant les étoiles. On entendait le son des grillons.
— Mon père disait souvent que le pire ennemi de l'Homme, c'est la peur de l'échec, parce que ça nous paralyse, alors qu'au contraire l'échec peut être bénéfique, je pense qu'il avait raison, enfin, je me dis sûrement ça pour me rassurer. Avoua Jaison.
— Ah c'est marrant, mon père à moi, il disait tout le temps : "Le pire ennemi de l'homme ; l'égo et les go'" et ça c'est bien vrai ha ha !
— Non mais on peut savoir si t'es sobre là ? C'est quoi cette philosophie à la noix d'abord ?!
— Oh ne t'énerve pas, je suis très sobre, je voulais juste te détendre pour que tu déstresses ! Tu préfères peut-être me parler de ta vie ? De la tribu de laquelle tu t'es sauvé ?
Isogaï sentit à ce moment-là les pensées de Jaison se bousculer dans sa tête, des images effrayantes lui montaient à l'esprit et des traumatismes refaisaient surface, son cœur s'emballa.
— Non ! Non ça va ! J'ai.. Je ne peux pas en parler, c'est... c'est trop dur.
— Oh, ok, désolé. Je vais redescendre, je vais te laisser tranquille. Lâcha Isogaï en se levant.
Jaison le rattrapa par la frange de son vêtement, il se retourna alors vers lui.
— Non attends... J'ai besoin d'en parler finalement.
— Je t'écoute.
Il cessèrent un court instant de parler, Jaison avait les yeux rivés sur ses mains posées sur ses genoux. À son air méditatif on pouvait voir à quel point il se sentait troublé par ce qu'il s'apprêtait à confier. Sa voix légèrement tremblante trahissait son envie de pleurer :
— En fait je... J'ai grandi dans une tribu plus au sud, ma mère est de cette tribu, et mon père est américain, il s'appelait John Wise, mais un jour il a disparu, je ne sais pas s'il est rentré chez lui ou s'il lui est arrivé quelque chose. Du coup je me suis retrouvé un peu livré à moi-même, et en fait cette tribu est horrible au niveau de ses pratiques. Comme je viens d'avoir 16 ans, je me suis retrouvé confronté à un rite de passage qu'on doit faire subir aux garçons pour qu'ils deviennent des hommes, et c'est.. humiliant, il y a des journalistes quelques fois qui viennent nous observer comme si on était des vulgaires animaux, tout le monde affirme que c'est normal alors personne ne nous vient en aide sous prétexte que c'est une tradition, tout le monde se moque que les croyances sur lesquelles elle se base soient dépassées, ils restent volontairement ancrés dans leurs superstitions. D'être métisse en plus ça m'a fait encore plus morflé que les autres.
— Excuse-moi si c'est indiscret mais ça a un rapport avec toutes les scarifications et les bleus sur ton corps ?
— Oui... C'est une partie du rite aussi.
— Ah oui je crois que j'en ai entendu parler, ils vous font saigner soi-disant pour vous purifier de l'impureté des femmes ou quelque chose comme ça ?
Jaison éclata en sanglot.
— Mais ce n'est pas tout !! Tu ne sais pas ce qu'ils nous font, ils nous battent mais ils nous violent aussi !! Ils ne nous laissent jamais en paix !! Tous les jours !! Tous les jours ils nous font manger et boire des choses immondes !! Et personne ne fait rien !! C'est pour ça que j'ai fugué !! J'ai fugué Isogaï tu comprends !?! S'ils me retrouvent ils me tuent !! Entrer dans la guilde c'est la seule chance pour moi de sortir du pays ! Cria Jaison en prenant les épaules de son ami.
Des larmes ruisselaient le long de son visage au point de tremper ses vêtements, il sentit des flots d'émotion de panique et de honte le submerger comme les vagues de la mer.
Isogaï le regarda avec compassion et le prit tendrement dans ses bras. D'un seul coup il se sentit apaisé, personne d'autre que son père ne l'avait pris dans ses bras et cela remontait à de nombreuses années, il en avait oublié la douceur de la chaleur humaine et le bien que ça faisait de dire ce qu'on a sur le coeur.
— Tu n'as pas à avoir honte Jaison, c'est normal, tu as le droit de pleurer tu sais. Je suis sûr que tu vas y arriver, je t'aiderai s'il le faut.
Le coeur serré, Jaison ferma les yeux et se laissa aller "Tu es un ange Isogaï, je suis si heureux de t'avoir rencontré" pensa-t-il.
Les épreuves commencèrent à l'aube, elles durèrent toute la semaine, la plupart des candidats se voyaient offrir une proposition de poste à l'issue de ces examens, ceux-ci portaient sur les capacités physiques mais aussi intellectuelles, la rapidité d'exécution et de prise de décision. Le nombre de points accumulés par chaque candidat déterminait ainsi le niveau de l'emploi qui lui serait proposé dans les jours à venir.
Pendant la semaine, Jaison eut la possibilité de faire la connaissance de la famille de Isogaï, il rencontra sa mère Moana qui était aussi belle que douce, et son père Izumi dont l'air sévère cachait en réalité un coeur tendre et généreux, il fit aussi la connaissance de Aata, le frère jumeau de Isogaï avec qui il passait son temps à se chamailler. C'était d'ailleurs ainsi qu'il apprit avec étonnement que son nouvel ami était en réalité Lunatic, il n'en avait jamais vu avant mais il l'accepta sans problème... Jusqu'au moment où Aata lui révéla que son frère avait le pouvoir de lire dans les pensées des autres. Cela eut pour effet de l'énerver quelques temps, surtout quand il se rendait compte de la manière dont il utilisait ce pouvoir, non seulement il s'en était servi pour tricher délibérément mais il s'en servait aussi pour flirter avec toutes les filles qui lui plaisaient.
À un moment, il observa Isis et Yasmin deux filles de gouverneurs d'Égypte s'émoustiller autour de lui :
— Salut toi ! Y paraît que t'as réussi les épreuves d'entrée super facilement et en plus t'es le plus jeune c'est impressionnant.
— C'est vrai merci.
— T'as un p'tit nom ? Moi c'est Isis ha ha. Gloussa-t-elle en s'enroulant une mèche de cheveux autour du doigt.
— Je m'appelle Isogaï.
— Salut moi c'est Yasmin hi hi. Pouffa une autre.
— C'est quoi ton plat préféré ? Demanda Isis en l'enlaçant.
— Moi ? Hm... J'adore le taameya, ah ! Et aussi le kofta et le dolma !
— Oh par toutes les divinités ! C'est exactement comme moi !! On pourrait croire que tu lis dans mes pensées hi hi !
— Pourquoi tu portes des lunettes de soleil Isogaï ?
— C'est une histoire tragique hélas... Une fois j'ai voulu sauver mon frère, j'avais 2 ans ce jour-là, alors qu'on se promenait, je l'ai entendu crier... Alors sans réfléchir, je me suis interposé entre lui et un terrible cobra qui tentait de le dévorer !! Je me suis donc reçu du venin, ce fut un terrible accident et depuis ce jour j'ai développé une très forte sensibilité à la lumière. Expliqua Isogaï sur un ton dramatique.
— Oh la la ! Quel courage hmmm !
— Oh non c'est tellement triste ! Tu dois avoir besoin qu'on te réconforte !
— Oh oui, j'aimerais tellement... Fanfaronna Isogaï en passant les cheveux d'Isis derrière son oreille, un sourire en coin.
Il lui murmura quelque chose mais que Jaison ne put entendre.
— Ha ha ma tente n'est pas loin d'ici, allons-y.
💡 Le saviez-vous ? 💡
Il existe encore des tribus autochtone de nos jours avec des pratiques aussi intolérables que répugnantes ! Vous vous dites qu'il ne faut pas juger, que ça les regarde parce que c'est leur culture et pas la notre ? Ben permettez-MOI de juger.. Je me suis en particulier inspirée des Sambias, une tribu de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les jeunes garçons sont séparés de leur mère et de toute autre femme de leur 7 à 17 ans. Je ne sais pas à quelle régularité mais pendant tout ce temps on va les faire saigner du nez et leur percer la peau, comme si ça suffisait pas on va aussi leur faire boire le sperme de leurs aînés. Je vous épargne beaucoup de détails traumatisants.. Soi-disant certaines ONG s'occuperaient de "sensibiliser" mais il est précisé "qu'il est important de noter que ces pratiques peuvent être perçues différemment en fonction des perspectives culturelles" ou encore "que la sensibilité culturelle et le respect des coutumes locales sont également des aspects cruciaux à prendre en compte lors de l'évaluation de ces pratiques" Donc en gros laissons-les faire en regardant ! Pas sûr que des garçons de 7 ans (aussi habitués soient-ils) soient très très consentants pour ça !! On fait et tolère beaucoup de choses au nom de la culture et la "tradition", mais qui a dit que c'était une bonne chose ?