— Je ne peux pas vraiment en parler, non. Mais ce que je peux te dire, c'est que je n'ai pas eu le choix, ça aurait mis en danger ma famille encore en vie. Après ce voyage, j'aurai l'occasion de rompre un contrat et je serai plus libre de mes mouvements. Faut que je t'avoue un truc.
— Oui ?
— Je ne sais pas si ma guilde est au courant de cette « infidélité », mais si c'est le cas, c'est possible que parmi les personnes présentes à bord du Golgotha il y ait un espion. Il pourrait avoir pour mission de me liquider, et c'est pour ça que j'avais des soupçons à ton égard au début, parce que tu n'étais pas sur la liste des passagers prévus à la base, tu vois.
— Oui, je comprends. Mais dans ce cas, si tu as peur qu'il y ait un espion, pourquoi ne lis-tu pas dans les pensées de chacun des passagers pour vérifier ? Demanda naïvement Quincy.
Isogaï leva les yeux au ciel en souriant.
— Je dois te révéler le point faible de mon pouvoir si tu veux comprendre pourquoi...
— Ah, ok, je... Je suis peut-être un peu trop indiscret. J'imagine que tu veux garder ça pour toi.
— Je préfère, oui. Ce n'est pas contre toi. Concéda Isogaï en se grattant la tête.
— Bien sûr, je comprends.
Cela faisait maintenant quelques jours qu'ils avaient eu cette discussion et plus d'une semaine qu'ils naviguaient. De temps en temps, Quincy, Isogaï et Jaison se retrouvaient le soir pour jouer aux cartes ou discuter entre eux. Certains passagers commençaient à regarder intrigués Quincy, ce jeune Lunatic qui les avait sortis d'une situation angoissante en expédiant les pirates. Même s'ils les avaient sauvés, la méfiance liée aux préjugés persistait.
Un matin, alors que le soleil se dessinait à peine à l'horizon, Quincy se rendit à la salle à manger pour prendre son repas du matin et aussi celui de ses deux amis qui n'étaient pas encore là. Jaison et Isogaï ne tardèrent pas à le rejoindre, ce matin-là ils avaient cuisiné de belles gaufres appétissantes à base de farine de lifecereals, mais avant qu'ils n'aient le temps d'en prendre une bouchée, on les appela à l'extérieur, le chef de l'équipage venait de les convoquer dans sa cabine.
On les fit s'asseoir sur de beaux fauteuils en bois rembourrés et couverts d'un beau velours vert.
— Cher capitaine, c'est un honneur pour nous de nous tenir en ce lieu. Lança d'un air sûr Isogaï avant de donner un coup de coude à Jaison pour qu'il en fasse de même.
— Pas la peine de prononcer de belles paroles, si je vous convoque dans ma cabine c'est avant tout parce qu'on m'a rapporté des éléments louches vous concernant tous les trois. Expliqua le capitaine.
Hiro entra dans la cabine en affichant un léger sourire malicieux, Isogaï serra les dents en le voyant, se demandant comment il avait pu le trahir et ce qu'il avait bien pu dire.
— Qu'est-ce qu'on nous reproche au juste ? Demanda Jaison.
— On m'a dit que toi, Isogaï, tu avais usé de violence à l'égard de certains passagers, et que le Lunatic en avait effrayé d'autres.
Isogaï et Jaison se sentirent presque soulagés en entendant cela, heureusement pour eux le capitaine n'avait pas pris connaissance de leur mission.
— Je ne voulais pas... Amorça timidement Quincy.
— Oh, et moi j'en suis navré si mon katana a pu effrayer certains voyageurs, je vous prie d'accepter mes...
— ...Silence ! Néanmoins je voulais aussi vous remercier pour l'histoire des pirates et la remarquable initiative que vous avez prise, vous avez ainsi contribué à protéger nos précieuses cargaisons... Alors je vous suis reconnaissants. Confia le marin avant de s'incliner pour les remercier.
Les trois jeunes hommes en furent étonnés, le capitaine reprit :
— Comme je récompense mes bons passagers, et surtout comme j'ai besoin d'aide, je vous offre la possibilité de recruter l'un de vous en tant que vice-capitaine avec les privilèges qui en découlent.
À ces mots, un mélange de colère et de jalousie commença à envahir le visage de Hiro, ce n'était pas vraiment ce qu'il avait prévu. Isogaï, Jaison et Quincy se regardèrent. Après un bref échange de regards, Jaison annonça qu'il voulait bien endosser le rôle. Le capitaine l'invita donc à repasser le voir plus tard dans la matinée. Les trois amis purent ainsi retourner à leur petit-déjeuner.
— C'est trop cool ça, Jaison ! S'exclama Isogaï.
— Oui, mais attends, tu trouves pas ça bizarre ? Et puis c'est qui qui t'a balancé d'abord ? Grimaça Jaison.
— Oh, si tu veux mon avis, c'est un coup de Hiro qui a pas bien digéré le fait que je l'ai remis à sa place l'autre jour.
— Jaison a raison, il faudrait que tu le gardes à l'œil. Recommanda Quincy.
Ils rentrèrent dans la salle, heureusement leurs gaufres n'avaient pas été volées, Jaison et Quincy s'empressèrent d'engloutir leur gaufre mais Isogaï fut interpellé en voyant le même vieil homme que la dernière fois qui n'avait pas sa part. Dans un élan de bienveillance, il lui proposa de manger la sienne. Le vieil homme accepta et le remercia chaleureusement. Soudain, après à peine trois bouchées, l'homme s'effondra par terre et commença à convulser, il se mit à crier de toutes ses forces et à se tordre de douleur. Les trois garçons s'empressèrent de lui venir en aide, complètement affolés, mais l'homme mourut en moins d'une minute. Les spectateurs, sous le choc, commencèrent à prendre peur et à parler sur eux.
— Vous avez vu ce qu'il vient de se passer ?!
— Mon Dieu, vous savez ce qu'il lui est arrivé ?
— C'est lui, le gars avec le sabre, je savais bien qu'il était louche.
— Non, plutôt le Lunatic, on ne peut pas leur faire confiance !
— Sortons vite !
Isogaï sortit en courant de la pièce et alla se réfugier sur le nid-de-pie, il avait l'impression d'étouffer. Jaison essaya de calmer les passagers présents et appela de l'aide. Quincy, lui, décida de rattraper son ami qui semblait chamboulé par ce qui venait de lui arriver.