Kivilis - Le Cycle du Vortex...

By Marga_Peann

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Si vous avez toujours rêvé de vivre une épopée intergalactique, alors cette histoire est faite pour vous ! Su... More

Chapitre 1 - 1
Chapitre 1 - 2
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 30
Chapitre 29
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Epilogue
Annexe 1 - Team E 17
Annexe 2 - Les Libertans
Annexe 3 - Claire

Chapitre 22

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By Marga_Peann

Alors qu'elle progressait dans ses études, découvrant de plus en plus de choses sur les incroyables possibilités que lui offrait le poeïr, Claire apprenait également à mieux connaître l'univers qui l'entourait, ses dimensions stupéfiantes, et son histoire mouvementée... à côté de laquelle les quelques trois ou quatre mille ans d'histoire de sa minuscule planète faisaient bien pâle figure.

Le Quadrant Galactique représentait, à peu près, le quart de la superficie de la Galaxie. Centré sur Kivilis, il constituait une sphère grossière d'environ vingt-cinq mille années-lumière de rayon. Les vaisseaux les plus rapides mettaient plus de neuf années à atteindre les confins du Quadrant, qui marquaient la limite de ce qu'on appelait communément l'Univers Connu, même si des missions d'exploration de plusieurs dizaines d'années étaient jadis parties bien plus loin. Mais lorsque les distances sont si grandes, il y a peu d'intérêt à commercer ou à entretenir des relations diplomatiques avec des mondes où les interlocuteurs sont susceptibles de mourir de vieillesse entre chaque contact...

Par exemple, si un vaisseau était parti en direction de la Terre, dont l'étoile était dénommée PKX348E, il aurait fallu plus de dix-huit années – en théorie, sans compter les détours dus aux trous noirs, nébuleuses et autres obstacles cosmiques - pour qu'il l'atteigne. C'était possible, bien sûr, mais qui aurait investi tant de temps et d'argent pour une destination impossible à exploiter, alors qu'il y avait des milliers de mondes plus proches ?

C'était une révélation d'autant plus dure à avaler pour Claire. Savoir que, dans l'absolu, le retour sur Terre aurait été théoriquement possible, mais qu'à moins qu'elle arrive un jour à rassembler l'argent nécessaire, et qu'elle accepte de passer dix-huit ou vingt ans seule dans un vaisseau spatial, elle n'y retournerait jamais...

Évidemment, elle aurait pu compter sur la cryogénie, qui aurait, au moins, réduit l'impression de temps de voyage, mais la technique, bien que présente depuis des millénaires, était assez peu utilisée. Malgré toutes les connaissances médicales du Quadrant, les corps congelés puis ramenés à la vie subissaient souvent des dommages, mineurs certes, mais qui n'encourageaient pas aux grandes explorations... Qui prendrait le risque de perdre une partie de sa mémoire, de ses sensations, ou de ses réflexes, pour aller si loin, alors qu'il restait encore tant d'endroits à explorer plus près ?

C'est pourquoi le Vortex, qui avait ouvert un passage instantané entre leurs deux mondes, aurait été une découverte tellement révolutionnaire. Les possibilités d'une telle technologie étaient incommensurables, car n'importe quel point de la Galaxie - voire de toutes les galaxies ! – aurait été instantanément à portée de main... une révolution dont elle avait peine à imaginer les conséquences.

Mais comme elle ne le savait que trop bien, les installations avaient été complètement détruites lors de l'attentat qui l'avait bloquée sur Kivilis. Les scientifiques travaillaient d'arrache-pied, lui avait expliqué un jour le Seigé, mais des composants cruciaux et extrêmement rares avaient disparu ce jour-là. Il leur faudrait sans doute des années, et plus probablement des décennies, avant de réussir à reconstruire, et surtout, recalibrer correctement, la machine. Sans compter le coût pharaonique de l'opération, évidemment.

Autant dire qu'elle ne nourrissait guère d'espoirs de ce côté-là, du moins dans l'immédiat.

Non, son horizon, maintenant, c'était le Quadrant, et tous ses systèmes solaires, soigneusement répertoriés dans l'Atlas Galactique.

Tous les mondes ou presque, dans un rayon de six mille années-lumière autour de Kivilis, faisaient partie de la République de Kivilis : quelques trois cents systèmes de planètes « développées », sans compter les plus de cent cinquante mille systèmes où la vie organique était possible voire foisonnante, au moins à un niveau basique (ce qui laissait mille fois plus de systèmes planétaires sans le moindre atome de vie, et encore mille fois plus d'étoiles sans le moindre système planétaire).

Au-delà, parmi les myriades de mondes connus, à plus de deux ans de voyage, se trouvaient un certain nombre de systèmes, souvent fédérés en royaumes ou autres confédérations mineures. Mais aucun n'avait la richesse, les ressources et la puissance de la République de Kivilis...

Car Kivilis était le berceau de la Civilisation. Dix mille ans plus tôt, elle ressemblait probablement beaucoup à la Terre, puisque peuplée exclusivement d'Humains – une coïncidence que Claire était encore trop jeune pour bien comprendre et pour être sûre de bien en saisir les implications.

La seule différence tenait au fait qu'il y avait deux planètes habitables dans ce système solaire et que, dès qu'ils avaient su aller dans l'espace, avec des moyens rudimentaires, les habitants de Kivilis l'avaient colonisée.

Cette planète-sœur s'appelait Boutae. A l'époque, les voyages spatiaux étaient forcément longs et inconfortables, puisque l'ultralux, qui permettait d'aller plus vite que la lumière, n'avait pas encore été découvert. Il fallait plusieurs semaines pour effectuer le trajet entre les deux planètes, pourtant proches, et Kivilis et Boutae, malgré leurs différences, avaient vécu en paix – relative - pendant des siècles.

Mais leur destin avait basculé le jour où un autre peuple avait pris contact avec elles. Les Margnerals étaient une race pacifiste, bien plus avancée technologiquement que les Humains, et ils venaient de comprendre le secret de l'ultralux. Ils avaient alors lancé une grande campagne d'exploration de l'espace proche de leur planète natale, Margnez, et ils avaient fini par découvrir, une quinzaine de leurs années seulement après le lancement des premières expéditions, le système de Kivilis et ses habitants. Ledit système, qu'on appellerait par la suite Primor, se trouvait, spatialement parlant, très proche d'eux (moins d'une vingtaine d'années-lumière). Et ainsi se produisit ce que l'Histoire avait nommé, sans grande originalité, le Premier Contact, qui devint par la suite l'An 0 du Calendrier Galactique (PPC).

Après quelques décennies de découverte et d'apprivoisement mutuels, l'espace s'était ouvert aux Humains et à leurs nouveaux alliés dans toute son immensité. Les Margnerals étaient une race posée, pâle et gracile, aux oreilles immenses et aux grands yeux dorés, que la fougue de ses nouveaux alliés intriguait et amusait à la fois. Aujourd'hui encore, on trouvait des Margnerals parmi les professeurs, les juges et les scientifiques. Avec leurs mains à six doigts, c'étaient également d'excellents musiciens. Cette espèce jouissait d'une espérance de vie plus longue que celle des Humains, mais également, comme si cela devait fatalement se compenser, par une fertilité d'autant plus faible.

Deux cents ans avaient passé ainsi, dans une vaste fièvre colonisatrice que l'on avait appelée par la suite le Premier Essor. De nouveaux peuples étaient parfois découverts – pas tant que ça, finalement, car les conditions propices à la vie, et encore plus, à la vie intelligente, n'étaient que rarement réunies sur une planète - ainsi que leurs civilisations, quasiment toutes pré-spatiales : les fameux pré-techs. Exceptées de petites frictions, inévitables de temps à autre, l'harmonie régnait alors entre les étoiles.

Et c'est alors que l'impensable s'était produit. Les archives de cette époque étaient incomplètes et, par la suite, de nombreux écrits et holodramas avaient tenté de faire la vérité sur cette tragédie incommensurable, mais à vrai dire personne, à part peut-être les principaux protagonistes, ne saurait jamais ce qui s'était réellement passé.

Boutae avait été détruite.

On racontait depuis que, à la suite de l'apparition de l'ultralux, Kivilis et Boutae étaient devenues rivales. On racontait aussi que Boutae et Kivilis s'étaient fait dépasser par la technologie et, plus particulièrement, par les Intelligences Artificielles. Elles s'étaient totalement reposées sur des programmes de plus en plus performants, de plus en plus intelligents, excluant de plus en plus les organiques de leurs équations. Était-ce une expérience qui avait mal tourné ? Une IA devenue folle ? Ou s'agissait-il encore d'autre chose ? Mais le fait était là.

Boutae avait implosé. Littéralement. Une planète entière avait été volatilisée, aspirée dans un trou noir miniature qui avait par la suite disparu, ne laissant qu'une ceinture de débris. A peu près au même moment (cause ou conséquence ?), Kivilis avait perdu le contrôle de tous ses ordinateurs, un gigantesque black-out qui avait rendu orphelins des milliers de vaisseaux spatiaux, qui s'étaient perdus à jamais dans l'espace. Certains, très peu, furent retrouvés. La plupart disparurent dans le cosmos, et on n'entendit plus jamais parler d'eux.

Il s'ensuivit un tel traumatisme que, pendant près d'un millier d'années, la technologie devint pratiquement hors la loi, et tout échange entre les systèmes stellaires cessa. Et pendant ce millénaire, chaque planète évolua selon sa propre tendance, si bien que chacune n'eut à la fin qu'une faible ressemblance avec la civilisation colonisatrice d'origine. La Ceinture d'Astéroïdes de Boutae devint l'objet de légendes et de conjectures.

Mais l'on ne pouvait rester éternellement isolé. Petit à petit, la technologie revint, mais sous une forme sévèrement contrôlée. Les échanges recommencèrent. Et bientôt, la Del fut créée.

La Del (un acronyme qui signifiait, littéralement, Démocratie des Etoiles Libres) portait un nom pompeux qui avait surtout servi à donner un sentiment d'unité aux populations de mondes aux aspects et aux civilisations désormais si différents. C'était un système politique assez souple, qui avait évolué petit à petit mais en laissant une très grande liberté aux mondes adhérents. Son siège, après s'être un temps trouvé sur Margnez, la planète d'origine des Margnerals, avait finalement pris sa place définitive sur Kivilis en 2456 PPC (Post Premier Contact). Et la paix avait régné dans le Quadrant, durant des millénaires. Une paix relative, certes, mais la paix tout de même – la Paix Delenne. L'aide des Wardom – la Confrérie avait été fondée au détour du quarante-sixième siècle - avait d'ailleurs été pour beaucoup dans cet état de fait : ces diplomates télépathes, fortement empathiques, avaient été un véritable atout pour maintenir des relations apaisées entre des civilisations et des races si différentes.

Il faut dire que la technologie des IA avait été sévèrement bridée, devenue un vrai tabou sur la plupart des planètes, y compris et surtout sur Kivilis. Il y avait bien des robots, humanoïdes ou non, et de nombreux ordinateurs « intelligents » aidaient à une multitude de tâches, comme Inause par exemple, mais aucun n'avait de pouvoir de décision. Les IA anthropomorphiques, qui avaient une conscience, étaient extrêmement rares, et très mal vues dans cet univers qui ne s'était jamais vraiment remis de la Catastrophe de Boutae.

Et la technologie, bien que supérieurement avancée par rapport à tout ce que Claire connaissait, n'était pas non plus outrageusement futuriste, du moins à ses yeux : oui, il y avait des vaisseaux spatiaux à gravité artificielle, des voyages plus rapides que la lumière, des techniques médicales avancées, des alliages aux propriétés étonnantes et des réseaux de communication ultra-performants, mais l'immense réticence concernant les IA avait, de fait, bloqué ou fortement ralenti la plupart des progrès techniques depuis des dizaines de siècles.

Une ou deux fois par millénaire, parfois plus, des « incidents graves » survenaient. Des guerres, qui duraient parfois quelques dizaines d'années – surtout entre la Del et les civilisations proches, plus rarement des guerres civiles -, des escarmouches, des coups d'états divers et variés, mais jamais, grâce aux Wardom et au strict contrôle technologique, une catastrophe telle que celle de Boutae ne se reproduisit.

Enfin, cela, c'était l'histoire officielle, celle du Réseau Public, accessible à tous. Via le Réseau Alpha, propre aux employés de Bhénak et beaucoup mieux informé, Claire découvrit bientôt que certaines des guerres qui avaient fait rage avaient détruit des planètes entières. Oh, pas en les rayant de la carte de façon aussi radicale que ne l'avait été Boutae, mais de façon plus subtile, en les rendant inhabitables. Mais dans un univers où les planètes se comptaient par centaines, ce genre de catastrophe était le plus souvent ignoré du grand public, du moment que les approvisionnements en nourriture, confort et divertissements continuaient sur les planètes principales. Et qu'importait la vérité sur le sort de planètes et de populations lointaines, et d'évènements qui s'étaient passés en des temps reculés ?

Elle découvrit également que, contrairement à ce qui était diffusé aux holoinfos publiques, la Paix Delenne n'était plus qu'un souvenir. Depuis plus de trente années Standard, des dizaines de systèmes tentaient de faire sécession, refusant l'autorité centrale, les taxes et les lois millénaires de la Del. Ces rebellions avaient été réprimées, mais certains systèmes, parmi les plus éloignés, ne reconnaissaient ouvertement plus l'autorité de Kivilis – fait soigneusement caché à l'opinion publique des systèmes centraux.

Et Claire découvrit bientôt un fait encore plus perturbant, qui lui fit brusquement reconsidérer la place – déjà importante – qu'occupait son mentor dans la hiérarchie politique galactique. Elle vit en effet peu à peu se confirmer ce dont elle se doutait depuis le début, à savoir que l'autorité de son employeur ne connaissait pratiquement aucune limite.

Une dizaine d'années auparavant, un référendum populaire avait changé le nom de la Del en « République de Kivilis », souvent simplement abrégé en « Kivilis » dans le langage courant, qui désignait donc désormais à la fois la planète-capitale, le Gouvernement Galactique, et ses représentants. L'agitation suscitée par ce pseudo-référendum – Claire découvrit qu'il avait été honteusement truqué - n'avait servi qu'à masquer une réalité plus incroyable encore...

Comme l'immense majorité des gens, elle pensait que le dynamique Président de la République, l'Humain Micaïl Molla, déjà deux fois réélu, tenait fermement les rênes du pouvoir. Celui que les Cadets du Centre de Formation prenaient encore pour son père avait la petite cinquantaine, une chevelure luxuriante, et un sourire charmeur glorifié par les holotabloïds. Il était omniprésent sur l'HoloRéseau, prenant son rôle à cœur, tapant du poing sur la table lors de grandes holoconférences, négociant des accords commerciaux avec les fédérations voisines, flattant, se posant en vrai réformateur d'un système vieillissant, sclérosé depuis des millénaires par l'attentisme de la Del. C'était également l'avis de Claire, jusqu'au jour où Leftarm l'éclaira.

Sous l'égide d'Inause, elle avait étudié, parmi d'autres matières, le système économique de la Del puis de Kivilis, mais cela ne l'avait pas passionnée outre mesure. Elle avait tellement de choses à apprendre par ailleurs ! Comme sur Terre, mais à l'échelle du Quadrant, des dizaines de grandes compagnies se partageaient les différentes facettes du marché, certaines pour l'édition, les médias, la santé, d'autre pour l'armement, la recherche, d'autres encore pour la culture, ou encore l'alimentaire. Chacune regroupait des sous-compagnies, qui contenaient elles-mêmes des filiales et des branches, parfois interconnectées, parfois non...

Un jour, dans le cadre d'un devoir d'économie, Inause lui demanda de se renseigner sur la société Déneterr. En apparence, il s'agissait d'une firme multiplanétaire comme les autres : son activité principale était la production et la vente d'énergie, mais elle possédait également quelques filiales qui s'occupaient d'agro-alimentaire. Elle était connue, comme toutes les grandes entreprises, mais n'attirait pas vraiment l'attention.

Son seul mystère résidait en son dirigeant. Personne ne connaissait son nom ni même son espèce, hormis les membres de son Conseil d'Administration, et il était seulement connu sous le nom du "Directeur". Claire chercha sur tous les Réseaux auxquels elle avait accès, mais en vain : ce « Directeur » cultivait le secret.

En revanche, le membre le plus influent de son Directoire était beaucoup plus célèbre, du fait de son rôle politique, car le Président Molla lui avait confié la charge de Haut Conseiller à La Défense et aux Questions de Sécurité... le plus important Ministère de son Gouvernement. Poste qu'il occupait quasiment depuis le premier mandat de Molla, et dans lequel il avait été reconduit à chaque réélection...

Cette personne, évidemment, c'était Seigé Leftarm.

Soudain, un certain nombre de choses prenait sens. Des phrases entendues lors des séances d'observation, certains invités, certaines doléances... incompréhensibles alors, mais si le Seigé avait des intérêts économiques dans l'affaire, tout s'éclairait, ou presque.

Mais elle était loin d'être au bout de ses surprises. Pour le devoir suivant, ses accréditations sur le Réseau Alpha furent augmentées d'un niveau, certainement à l'instigation du Seigé. S'il n'y avait toujours aucune information sur le Directeur, les rapports et organigrammes auxquels elle eut alors accès la stupéfièrent.

Patiemment, décennie après décennie, le mystérieux Directeur – qui semblait avoir une vie exceptionnellement longue, à moins qu'il ne s'agisse, plus probablement, d'une série de personnes se transmettant ce poste - avait racheté les compagnies environnantes. Quand ce n'était pas officiellement, c'était officieusement, indirectement. Sociétés écrans, rachats, fusions... Deux cents ans après sa création, Déneterr contrôlait désormais tout, ou presque : agriculture, éducation, armement, médias, industrie... aucun secteur n'échappait à la mainmise de ce consortium excessivement discret, mais tout-puissant.

Le Président Molla n'était qu'un pantin, comprit-elle à la lecture des rapports. Il ne faisait rien sans en référer au Seigé, et donc au Directeur actuel, et n'avait aucun pouvoir de décision réel. Idem pour le Concile Dynastial, l'équivalent du Parlement dans le système politique qu'avait connu Claire avant son passage du Vortex : la plupart des Dynastes étaient élus depuis des années grâce aux voix achetées par Déneterr et se gardaient bien de toute obstruction face aux lois et décrets qui émanaient du Gouvernement. Certains, comme le patron du Secrétaire Thranca, le Dynaste Vithon, résidaient même régulièrement à Bhénak, sous des prétextes divers, sans que cela ne choque personne...

Avec le Seigé, elle eut quelques discussions fort instructives sur le sujet. Il faut dire que les séances d'observation dans le Grand Bureau, suspendues pendant sa formation initiale au Centre, avaient repris de plus belle, devenant de plus en plus nombreuses, et de plus en plus ardues, au fur et à mesure que sa maîtrise du poeïr progressait. Mais avec sa nouvelle compréhension du contexte galactique, elle avait désormais le sentiment d'observer un jeu de dupes, et un beau ballet d'hypocrites.

Dire que ces séances, et le débriefing serré qui les suivaient, l'avaient tant angoissée, quelques mois plus tôt ! Quelques mois, vraiment ? Elle avait l'impression que des années s'étaient écoulées depuis la première conférence où la timide petite jayn qu'elle était alors s'était tenue soigneusement en arrière, écoutant de toutes ses oreilles sans comprendre grand-chose...

Si les différents dignitaires et leurs assistants la prenaient toujours pour une simple secrétaire, dorénavant, sous la surveillance invisible mais implacable de son professeur, elle exerçait ses nouveaux talents, sondant les pensées et l'humeur des participants... et le résultat n'était pas vraiment joli.

Elle réalisait désormais à quel point elle était naïve, quand elle était arrivée à Bhénak... Elle pensait avoir compris des choses, lors de ses premières séances d'observation, mais en réalité elle n'avait fait qu'effleurer la surface, n'avait vu que ce que ces gens voulait faire voir.

Mais là, avec ses nouveaux talents, couplés à ses nouvelles connaissances sur l'équilibre réel des pouvoirs sur Kivilis, et sur les réelles tensions stellopolitiques, il n'était plus possible de s'illusionner. Très rapidement, elle se rendit compte que le mensonge, l'hypocrisie, la dissimulation et la soif de pouvoir étaient monnaie courante, non seulement chez les Dynastes et les hauts fonctionnaires, mais également chez leurs secrétaires et assistants, tous prêts à écraser leurs voisins pour parvenir plus haut encore.

Entendre des gens dire l'inverse de ce qu'ils pensaient n'aurait pourtant pas dû la surprendre, mais entre le savoir de manière empirique, et en être vraiment témoin, il y avait tout un monde – et même, une Galaxie. Malgré tous les livres, films et séries qu'elle avait pu voir sur Terre, avec leurs lots de chausse-trappes et de trahisons, constater d'elle-même que la réalité était parfois pire que la fiction était... perturbant. Plus que perturbant, même, c'était... décevant.

Après la déception, vint la colère. Et avec la colère, le dédain.

Quand ces gens ne mentaient pas franchement, ils pensaient toujours à leur avancement, leur image, ou leurs relations... A ces moments-là, elle aurait presque préféré ne pas avoir à scruter leurs sentiments, pour continuer à s'illusionner un peu. Mais le Seigé exigeait toujours un rapport sur ses impressions et elle se devait donc d'être la plus attentive possible, même si elle avait souvent l'impression de patauger dans un océan de boue nauséabonde. Alors, pour se protéger, elle tenta de prendre un peu de hauteur. Et elle comprit enfin le mépris de son professeur pour ses interlocuteurs : c'était une question de distance, indispensable pour ne pas exploser de colère devant l'hypocrisie ambiante.

Au final, dans les hautes sphères qui gravitaient autour du Seigé, elle croisa assez peu de personnes sincèrement préoccupées par les missions dont elles étaient chargées. Et elle découvrit un sentiment nouveau : le cynisme.

Seigé Leftarm profitait de ces séances pour lever le voile, un peu plus à chaque fois, sur les arcanes de Kivilis et de son gouvernement. Gouvernement qui n'en avait que le nom, bien sûr : la soi-disant République était en réalité une dictature. Le Président Molla ne faisait jamais rien sans l'accord du Directeur, qui contrôlait aussi bien l'opinion publique, grâce à sa mainmise sur les chaînes d'holodiffusion et le vaste HoloRéseau, que l'armement ou même l'approvisionnement de la planète –capitale.

C'était pour cela que peu de personnes, parmi la population des mondes centraux, les plus importants, ne comprenait l'ampleur de la guerre qui faisait rage depuis des années. Pour l'opinion publique, il n'y avait que des escarmouches sur la frontière, des mondes négligeables qui tentaient parfois un coup de force pour ne plus payer d'impôts, mais qui revenaient bien vite dans le giron de la République après quelques mois de blocus. Pas des Cantons entiers qui proclamaient brusquement leur indépendance, et que Kivilis était obligée de reprendre, par la force ou la ruse, afin de maintenir la cohésion de la République, ses chaînes d'approvisionnement, et ses capitaux.

Le Directeur contrôlait tout. Aucune information qui n'avait été approuvée n'était diffusée : la population était soigneusement maintenue dans l'ignorance. Et le droit de vote n'était, au final, qu'une illusion.

Au début, évidemment, Claire tiqua. Elle avait été élevée dans la glorification de la démocratie et des libertés individuelles, et l'idée qu'un seul homme contrôle tout, à fortiori une part non négligeable de la galaxie, lui semblait malsaine et très dangereuse. Elle connaissait assez d'histoires – réelles ou fictives – à ce sujet...

— Explique-moi donc ce qui te choque là-dedans, lui intima un jour le Seigé.

— Eh bien... balbutia-t-elle, momentanément à cours de mots tellement cela lui semblait évident. Ce n'est jamais bon de rassembler tous les pouvoirs dans les mains d'une seule personne.

— Et pourquoi donc ? insista-t-il.

— Parce que...eh bien, parce que cette personne peut faire ce qu'elle veut sans être inquiétée !

— Tu considères donc que cette personne va forcément abuser de ses pouvoirs ?

— Non, bien sûr, mais au cas où elle serait tentée, rien ne pourrait l'en empêcher... !

— Ce n'est pas faux, admit alors son mentor. Tu parles de l'absence de contre-pouvoir. Mais après tout, le problème est le même dans une monarchie, et là, ça ne semble pas te gêner... Laisse-moi alors te présenter le problème sous un autre angle : dans cette Démocratie que tu sembles parer de toutes les vertus, à quoi les politiciens passent-ils le plus clair de leur temps ?

— ... à discuter les lois ? hésita-t-elle.

— Ah ! approuva le Seigé avec un rictus. Bien sûr. Ils restent enfermés des heures à renâcler sur des points de détail, et le reste du temps, ils s'occupent de leur réélection. Il faut distribuer les pots de vins, les fausses promesses et les paroles flatteuses, rechercher les alliances opportunes et savoir retourner sa veste.

— Ils ne sont pas tous comme ça ! protesta vivement la jeune fille, choquée malgré son cynisme tout neuf. Il y a des gens qui veulent vraiment améliorer les choses ! Des gens qui croient à leur tâche ! Qui s'engagent honnêtement !

Le Seigé ricana.

— Oui, admit-il. Il y en a certains. Parfois même, ils se font élire à des responsabilités mineures sur leur planète provinciale. Et leur honnêteté ne tient que le temps qu'ils comprennent que s'ils veulent aller plus haut, ils devront faire des compromis, des promesses et des ajustements avec leur conscience. Pour arriver au Concile, il faut avoir une morale très élastique. Tu n'es encore qu'une jayn, Claire, mais tu comprendras vite qu'il n'y a que l'intérêt qui gouverne l'univers.

Alors qu'elle secouait la tête, dépitée, il poursuivit :

— Je serais très étonné que ce ne soit pas exactement la même chose sur ta propre planète. N'est-ce pas ? Je connais bien les Humains... et la plupart des autres espèces ne valent pas mieux de ce côté-là. A part peut-être les Margnerals... mais ceux-là, ils ont toujours été à part !

— Peut-être, rétorqua-t-elle alors d'un air de défi, mais toutes les dictatures dont j'ai entendu parler, chez moi, ont été des catastrophes ! Tant économiques que sociales !

Le Seigé haussa les épaules.

— Réfléchis un peu : une démocratie ne glorifiera pas les périodes de dictature passées, et inversement. Pourtant, il y a du bon dans les deux systèmes. Comme du mauvais.

— Du bon dans une dictature ? s'étrangla-t-elle.

— Certaines fois, il faut savoir prendre des décisions impopulaires. Comme des parents savent ce qui est bon pour leurs enfants, il faut savoir ce qui est bon pour le peuple, même si lui ne le sait pas encore, ou ne veut pas le voir.

— Le peuple ! Comme vous parlez de lui... ! On dirait que vous parlez de bétail !

— Mais justement ! insista le Seigé, ses yeux lançant des éclairs. Tu ne sais pas encore à quel point la foule est versatile. Elle écoutera celui qui parle le mieux, sans se soucier du sens ou du réalisme de ses paroles. Prends un individu au hasard. Ce sont ses petites affaires qui l'intéressent. Ses petits profits. Tant que sa vie ne subit pas de grands changements, que lui importe celui qui est à la tête ? Il a une opinion ? Mais qu'est-ce donc que son opinion, sinon ce qu'il a entendu dire, ou vu, ou lu quelque part ?

— Les gens ne sont pas idiots ! protesta-t-elle, outrée.

— Les gens sont facilement manipulables, la détrompa-t-il. Et ils ont la mémoire courte et des convictions élastiques. Sais-tu que, lors des dernières élections, seulement un tiers des Citoyens sont allés voter ? Tout cela parce que cela tombait un jour intermess, et que la plupart ont préféré en profiter pour prendre des vacances ?

Les jours intermess, c'étaient ces journées fériées qui s'intercalaient entre chaque mois de trois décades. Au nombre de dix par an, elles étaient souvent l'occasion pour les habitants du Quadrant de prendre un peu plus de repos que d'habitude, puisqu'elles se situaient alors directement derrière le jour de répit qui terminait chaque décade. Jusqu'à présent, Claire n'en avait jamais vu la couleur : si le Centre de Formation respectait bien le rythme de repos standard, ce n'était pas le cas de ses cours avec Inause, le Lieutenant Saulnier ou Seigé Leftarm, qui semblaient totalement ignorer une notion aussi basique que le repos hebdomadaire – enfin, décamadaire, plutôt.

— Alors que c'est pourtant un droit durement acquis, car ne devient pas Citoyen qui veut, poursuivit le Seigé, l'œil flamboyant. Mais le message était clair : ils se désintéressent de la politique, seul compte leur petit confort et surtout, leurs loisirs ! Et pour ceux qui ont pris la peine d'aller voter... ce sont les candidats qui ont dépensé le plus d'argent, qui avaient acheté le plus de médias, qui ont été élus, tout simplement. Leur programme, ou leurs qualités, ne sont pas entrés en ligne de compte. Ou très peu !

Il se renversa dans son fauteuil. Ébranlée, Claire alla jusqu'à la fenêtre, fixant les immeubles de Kivilis, en contrebas, au-delà de la Prairie, qui tremblotaient dans la chaleur de l'après-midi. Était-ce possible ?

— La Del était pourrissante, reprit-il, comme pour lui-même. Elle s'effondrait sous son propre poids. Elle était trop vieille, trop compliquée. La moindre décision mineure mettait des semaines à être votée, même quand il y avait urgence. Le moindre changement, la moindre tentative d'action étaient contestés par des associations politisées, par des lobbys tout-puissants... Les criminels, quand ils étaient arrêtés, attendaient des années leur jugement... quand ils n'étaient pas tout simplement relâchés, par manque de place dans les prisons, par corruption, ou par opportunisme. En résultat, l'insécurité montait sur toutes les planètes, et les honnêtes gens n'osaient plus sortir de chez eux. Le mécontentement grondait, dans toutes les couches de la société, le consentement à l'impôt se faisait de plus en plus difficile...

Les yeux perdus dans le vague, le Seigé s'interrompit, puis secoua la tête.

— Alors, le Directeur a décidé de prendre les choses en main, reprit-il d'un ton soudain plus vif. Il en avait les moyens, et il savait que, s'il ne faisait rien, notre civilisation sombrerait inéluctablement dans l'anarchie, comme c'est déjà arrivé par le passé. Il devait faire quelque chose.

— En somme, il est devenu le sauveur de la Démocratie ? conclut ironiquement la jeune fille.

— Sans doute la postérité le jugera-t-elle ainsi, affirma-t-il sans sourciller, et ce ne sera que justice. Il a su prendre les décisions qui s'imposaient. Il a restauré l'ordre, relancé l'économie...

— Alors pourquoi n'a-t-il pas eu le courage de ses actions ? Pourquoi gouverne-t-il ainsi en secret, derrière le Président ?

Il y eut un moment de silence.

— Tu me déçois, dit finalement le Seigé. Cela me semble évident. Tu as bien vu ta propre réaction face au mot dictature... Il a évité une guerre civile, pour le bien de tous. Les gens sont heureux, l'ordre et la sécurité sont revenus, le commerce est florissant...alors pourquoi s'inquiéter de qui gouverne réellement, et de comment il gouverne ?

— D'accord. Mais personne ne s'est douté de rien ? Cela me paraît un peu dur à imaginer...

— Il y a toujours des élections, pour la forme. Avec même un semblant de campagne électorale, et des résultats presque disputés. Mais, pour finir, le Président gagne toujours, « juste d'une main », depuis des années. Et les Dynastes n'ont pas de pouvoir réel. C'est le Président qui a toujours le dernier mot sur les questions importantes, ce qui permet d'accélérer la prise de décision.

— Donc il laisse les politiques se chamailler sur les lois insignifiantes ?

Le Seigé lui lança un regard pénétrant.

— C'est exactement cela. Mais ce sont les Conseillers du Président qui détiennent le pouvoir, comme moi. Et nous, nous rendons compte directement au Directeur.

— Quand même... dans une galaxie aussi vaste... il doit bien y avoir des gens qui ne sont pas d'accord avec ça. Des gens qui voit plus loin que « leur petit confort », qui s'intéressent à qui gouverne, et comment, non ? Et eux, ça ne les gêne pas ?

— Il est vrai qu'il y a toujours des personnes qui préfèrent le chaos, ou la guerre civile, afin d'en profiter pour s'enrichir ou carrément prendre le pouvoir, corrigea le Seigé. Certains d'entre eux se regroupent en bandes armées, et sèment la terreur sur les planètes isolées. D'autres charognards veulent forcer les gens à se « rebeller » et à défier l'ordre établi, parce qu'ils savent très bien que le désordre qui en résultera servira leurs desseins... Les planètes qui veulent faire sécession, en général, sont influencées par ce genre de profiteurs...

Claire haussa les sourcils. Ce n'était pas tout à fait ce qu'elle avait voulu dire, mais son professeur poursuivit :

— Nous sommes perpétuellement aux trousses de ces groupes anarchistes, mais ils sont mobiles et bien organisés... Ils essaient de couper les routes d'approvisionnement, n'hésitent pas à tuer et racketter si le besoin s'en fait sentir, afin de terroriser les populations. Ils mènent parfois des actions suicidaires – tu te rappelles sans doute la dernière fois qu'ils ont opéré sur Kivilis - afin de nous empêcher de prendre toute avance technologique qui pourrait nuire à leurs actions...

Le cœur de la jeune fille se serra. Comment oublier, en effet, la raison pour laquelle elle avait été obligée de rester ici ! En pensant à ces terroristes sans visage, sans scrupules, la haine l'envahit brusquement, l'empêchant de réfléchir davantage au discours de son mentor. Bien sûr, ces crapules n'avaient pas commis leur attentat contre elle, personnellement, évidemment, mais le fait était là. Ils avaient détruit une partie de sa vie. Elle reconnaissait que cela lui avait permis de découvrir des facettes insoupçonnées de sa personnalité, mais elle ne leur pardonnerait quand même jamais. Jamais !

— Ils sont nombreux ? finit-elle par demander.

— Nous estimons que la plus dangereuse de ces bandes comprend environ un ou deux millions de partisans, répondit-il sombrement. C'est peu, à l'échelle de la galaxie, mais ils font beaucoup de dégâts, que ce soit en termes de propagande, de destructions, ou en nombre de victimes dans leurs diverses opérations de sabotage et de racket. Ils sont très bien organisés, de manière paramilitaire – ils possèdent même une flotte, qui effectue parfois des raids sur les planètes les plus isolées ou les stations spatiales mal protégées. Mais le plus préoccupant est qu'ils ont, parmi leurs dirigeants, des personnes qui étaient haut placés dans la hiérarchie de la Del avant son effondrement. Et ils ont encore beaucoup de relations en place, des sympathisants qui œuvrent en sous-main contre nous, sapant les fondements de la République de l'intérieur... C'est un travail sans fin que les identifier, les traquer, et les empêcher de nuire...

Le Seigé secoua la tête. Jamais Claire ne l'avait vu si concentré, parlant avec tant d'intensité. Un feu sombre couvait dans son regard bleu glacier, et elle se félicita que la colère qui y brûlait ne lui soit pas destinée.

— Toutes ces personnes avaient prévu que la démocratie n'en avait plus pour longtemps, poursuivit-il sur le même ton. Les injustices qui régnaient alors ne les atteignaient pas, elles profitaient de la corruption érigée en système politique... Aussi, quand le Directeur a empêché que cela ne se produise, en promulguant le nouveau régime de la République de Kivilis avec ses lois beaucoup plus strictes, la plupart se sont enfuies, pour ne pas avoir à répondre de leurs actes. Et parmi elles, beaucoup possédaient des compétences techniques, politiques et militaires, qui leur ont permis de se structurer en cette entité armée, devenant plus dangereuses encore. Elles se sont même trouvé un nom de guerre, pour frapper les imaginations...

Et c'est ainsi que Claire entendit pour la première fois parler des Libertans.

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