Plus fort que ça, tome 2

By eliodestrez

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« Cinq choses que tu peux voir. Le sol qui se dérobe sous mes pieds, les bavures d'encre causées par mes larm... More

❝ ❞
𝑚𝑜𝑡 𝑑𝑒 𝑙'𝑎𝑢𝑡𝑒𝑢𝑟
Chapitre 1 › Le bruit de ma peine
Chapitre 2 › Motus et bouche cousue
Chapitre 3 › Un si beau déguisement
Chapitre 4 › Échec et Match
Chapitre 5 › Taste a new smile
Chapitre 6 › L'apprentissage de l'amitié
Chapitre 7 › Les sonneries du passé
Chapitre 8 › La pluie fait naître l'arc-en-ciel
Chapitre 9 › Le coût du bonheur
Chapitre 10 › Cliché Wattpad
Chapitre 11 › Quand je suis avec toi
Chapitre 12 › Les fantômes que tu m'as laissés
Chapitre 13 › Putain d'karma
Chapitre 14 › Les dernières saveurs
Chapitre 15 › Un dernier au revoir
Chapitre 17 › Pluie du cœur
Chapitre 18 › Cœur balançoire
Chapitre 19 › Ce que tu ne me feras jamais

Chapitre 16 › Va droit au but !

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By eliodestrez

    Mes jambes dévalent les escaliers à toute vitesse. Je suis en retard pour rejoindre les filles qui n'attendent que moi pour se rendre au terrain de football. À l'entrée, j'attrape mon manteau que je revêts maladroitement avant de m'asseoir sur une marche pour enfiler mes converses. Je les lace grossièrement et m'apprête à sortir quand la voix de ma mère m'interpelle.

    — Pas si vite, jeune homme !
Je souffle sans m'en cacher et me retourne en râlant.
— Je suis en retard, je n'ai pas le temps, là.
— Ce n'est pas mon problème, tu n'avais qu'à te préparer avant.
Mon visage se marque de mécontentement.
— Bon. Qu'est-ce que tu veux ?
Elle saisit l'écharpe que j'ai délibérément oublié de prendre et la glisse autour de mon cou.
— Est-ce que tu as fait tout ce que tu avais à faire pour l'université ?
— Arrête de me traiter comme si je n'étais qu'un gamin.

Elle croise ses bras contre sa poitrine et lève le menton, prête à rester plantée ici toute la journée dans l'attente d'une réponse. Je roule des yeux.

— Oui. C'est bon ? Je peux y aller ?
Elle arque un sourcil et semble étonnée que je sois aussi pressé.
— Où est-ce que tu vas comme ça ?
— Maman ! J'ai dix-huit ans, tu te souviens ?
— Je suis au courant. Mais du jour au lendemain, tu passes de casanier à vagabond, alors je me pose des questions.

Je hausse les épaules. Je pourrais bien lui donner une explication, mais elle serait tellement longue qu'il me faudrait des jours entiers.

— C'est comme ça. Que veux-tu que je te dise ? C'est ce que tu voulais.
— Ce que je veux, c'est que tu te sentes bien.
— Je vais bien, affirmé-je. Je vais rejoindre Roxanne et Solène, on va voir des potes jouer un match de foot.
Elle ne peut s'empêcher de rire, plaçant sa main devant sa bouche.
— Depuis quand est-ce que le foot t'intéresse ?
Je lève un sourcil et recule d'un pas en la dévisageant, contrarié par sa remarque.
— Je ne m'intéresse pas à ce sport, confirmé-je. Mais je m'intéresse à ce que font mes amis.
— OK. Très bien, tu peux y aller, dit-elle en nouant mon écharpe.

Elle est étrange. Elle garde un sourire béat sur ses lèvres qui ne lui ressemble pas. Pire encore, elle coince mon visage entre ses mains afin de l'attirer et d'y déposer un baiser sur mon front – chose qu'elle ne fait jamais. Je me débats gentiment, maugréant quant à ce brusque changement tout en me frottant le front :

— Qu'est-ce qui te prend ? Arrête ! Tu vas me mettre du rouge à lèvres partout !
Elle détourne les talons et s'éloigne tout en levant une main légère.
— Que crois-tu ? Il n'y a pas que toi qui changes.
Je fronce le nez et affiche un air de dégoût, murmurant pour moi-même :
— Beurk. Je préférais encore quand elle me prenait la tête.

Dans un esprit de rébellion, je décide de retirer l'écharpe que je repose là où elle était avant d'enfin partir en claquant la porte.

Sur le chemin, je m'empresse de prévenir mes amies de mon retard. Il fait tellement froid aujourd'hui que je me demande si c'est réellement autorisé de faire jouer des personnes par cette météo. Je pensais que ce genre de sport s'arrêtait par ces temps-là, ou bien qu'ils continuaient à s'entraîner en salle. Mais d'après Gabriel, c'est au choix de chaque club. Pour lui, il n'y a rien de mieux pour garder la forme. Moi, j'imagine surtout que c'est la situation idéale pour tomber malade.

C'est essoufflé que je retrouve les filles à notre point de rendez-vous. Elles sont frigorifiées d'être restées sur place.

— T'as couru ou quoi ? me demande Jade.

La couleur de ses cheveux auburn est plus vive par ce temps nuageux. Je tente de reprendre une respiration plus calme, lui répondant brièvement pour le moment.

— Un peu.
Solène regarde son téléphone, ses doigts ont l'air rigides à cause du froid.
— Le match commence dans vingt minutes, on devrait arriver à temps si on se dépêche.
— OK ! Alors, en avant ! s'exclame la blonde, qui porte des protège-oreilles en moumoute blanche.

Nous nous mettons en route vers le stade de football. Sur le chemin, nous discutons de plusieurs sujets. Jade semble exceller dans ses études et Roxanne raconte qu'elle en pince pour un mec de sa classe. Apparemment, il s'appelle Thibaut et à un sourire à tomber par terre. Ils se sont déjà parlé pour un projet à rendre en groupe pour les cours et ce nouveau crush est décrit comme le garçon parfait.

Elle allait rentrer dans les détails des sensations qu'il lui fait ressentir en le voyant quand nos semelles frôlent l'herbe du terrain de sport. Heureusement pour moi, elle se tait et sautille en voyant l'une de ses connaissances la saluer par de grands gestes depuis les gradins. Tandis qu'elle le rattrape, nous rejoignons les barrières qui délimitent le terrain pour l'instant vide.

Jade sort son téléphone portable et Solène se penche afin de jeter un œil autour d'elle.
— Tu as vu Gabriel ? demande-t-elle.
— Pas encore. Il doit être dans les vestiaires.

Il ne se passe pas une minute avant qu'elle tapote mon épaule. Elle exécute un geste de tête qui attire mon attention vers le fond du secteur fermé.

— Regarde. Quand on parle du loup !

Je plisse légèrement les yeux et avise Gabriel. Il porte le numéro neuf dans son dos. La couleur de son équipe est le noir, leurs adversaires sont en rouge. Curieuse de les voir se placer, Solène demande :

— Il est quoi, Gabriel ?
— Attaquant. Mais je n'ai aucune idée de ce que cela peut signifier.
— Oh, regarde ! Voilà Maxence et Nicolas.

Elle pointe l'autre côté de mon ami du doigt et j'aperçois nos deux camarades qui eux portent, dans l'ordre, les numéros sept et onze.

Nous décidons de nous rapprocher du milieu afin d'avoir une vue d'ensemble sur le panorama. Les joueurs s'échauffent en faisant le tour du stade en courant, de la fumée créée par le froid s'échappe de leurs bouches.

— J'aimerais pas être à leur place, confie Solène tout en imitant un frisson.
— Ils ont sûrement plus chaud que nous.
Jade daigne enfin lever les yeux de son téléphone et se colle à moi afin de se pencher vers mon amie.
— Ça dépend sous quel angle tu vois les choses, dit-elle.

Elle nous montre l'un des joueurs en rouge qui, apparemment, ne la laisse pas indifférente. Je plisse le nez tandis que Solène entre dans son jeu. Je décide de m'écarter afin qu'elles soient ensemble et ne pas subir une nouvelle fois une conversation tendancieuse. Roxanne surgit dans mon dos et me fait sursauter au moment où ses mains saisissent mes épaules. Un sourire joyeux sur les lèvres, elle me questionne :

— T'es prêt pour ton premier match ?
Je hausse les épaules, ne comprenant pas en quoi cela est exceptionnel.
— Ce n'est que du foot.
Roxanne voile un rire et s'accoude à la barrière tout en se tournant vers moi.
— C'est pas que du foot. C'est une effervescence de testostérone.
Je lève un sourcil.
— Ce que tu dis ne fait aucun sens.
— Non, elle a raison ! intervient Jade. Le foot, c'est la rage d'un homme, la transpiration, les corps luisants et collants...
— Et les muscles qui se contractent, ajoute la brune.
— De belles paires de fesses, toutes réunies sur un même espace, surenchérit la blonde.
Mes lèvres sont crispées d'aversion et les traits de mon visage sont froissés.
— C'est répugnant.
Elles sortent de leurs rêveries et me fixent avec condescendance.
— Il comprendra après le match, conclut Jade.
— Vous me faites peur, vous le savez ça ?

Roxanne se tourne vers le terrain avec de grands yeux bien ouverts. Survoltée, elle ne peut s'empêcher d'exprimer son engouement.

— Vivement la fin, qu'ils retirent leurs maillots !

J'ai un soupir d'exaspération tout en regardant les garçons terminer leurs échauffements. À ma droite, Gabriel fait des étirements. Je l'observe se pencher afin de toucher la pointe de ses pieds à l'aide de ses mains. Cela me fait discrètement sourire, je ne l'ai jamais vu aussi sérieux qu'à cet instant. Finalement, je suis content d'être venu braver le froid pour assister à son jeu stupide. Peut-être qu'après ça, nous pourrons tous aller nous réchauffer au café pour boire un chocolat chaud et manger un morceau.

J'espère qu'il va gagner, que l'on puisse célébrer la victoire de son équipe.

Le sportif se redresse et me lance un regard brûlant qui lui donne un air ténébreux. Je détourne aussitôt les yeux, gêné de l'avoir fixé pendant un long moment. Il se dirige vers nous et je change la trajectoire de mon corps, ne sachant plus où me mettre.

— T'as tenu parole, lâche-t-il.

Il échange une bise avec les filles tandis que je cherche désespérément à paraître tout à fait normal et impassible. Il n'y a rien de plus bizarre que d'avoir les yeux rivés sur quelqu'un et qu'il le remarque. L'athlète se présente face à moi avec la barrière pour seul obstacle entre nos deux corps. N'ayant plus le choix d'ignorer sa présence, j'affirme d'une voix neutre :

— Comme tu peux le voir.

Il me paraît plus grand lorsqu'il porte ses crampons, ce qui me force à lever les yeux pour pouvoir le regarder. Je déteste ce sentiment d'impuissance. Sa mâchoire se contracte par le sourire qu'il retient et qui creuse ses fossettes.

— Cool, répond-il sans émotions.

Notre semblant de conversation est étrange, je ne sais pas où me positionner après le froid qu'il y a eu entre nous lorsque nous nous sommes quittés la veille. Nous restons là à nous observer, comme suspendus dans le temps. Ça me donne une sensation désagréable d'intrusion. Je fronce un peu les sourcils. Mes yeux dérivent vers son arcade sourcilière recouverte d'un pansement blanc, loin de la fantaisie de celui que je lui avais attribué. Le côté de son visage est recouvert de l'hématome qui vire au violet foncé. Le tout est entouré de jaune et de bleu délavé qui s'étend jusqu'au-dessus de sa paupière.

On croirait qu'il porte sur son visage l'esquisse d'une galaxie.

— Au fait, Gabriel, commence Solène, comment va ta cheville ?
Il décroche lentement son attention de ma personne et se tourne vers son interlocutrice.
— Ça va. J'vais gérer.
— Vous allez gagner, c'est sûr ! surenchérit Roxanne.

Mais Gabriel l'ignore. Il est occupé à se rapprocher de moi qui souhaite reculer. Mais les mains écorchées du sportif saisissent la tirette de ma veste qu'il descend jusqu'à mes clavicules. Le froid enveloppe mon cou, fait frissonner ma peau qui est recouverte par un pull en maille marron. Comme il l'avait fait à la soirée il y a une semaine pile, il s'empare de ma chaîne et sort mon pendentif en forme de soleil qu'il expose à la vue de tous. Et cela, même si je m'efforce de le cacher sous mes vêtements.

Il relâche son emprise et redresse ses yeux qu'il plonge dans les miens avant d'ajouter, un rictus au coin de sa bouche :

— Je n'ai pas le droit de porter la mienne.
J'avale difficilement ma salive tandis qu'il jette un coup d'œil à chacun de nos visages.
— Maintenant, c'est sûr, prophétise-t-il tout en reculant, nous allons gagner.
Un coup de sifflet retentit et Gabriel est déjà en train de courir en direction du milieu du terrain.
Maman avait raison ; j'aurais dû garder l'​​​​​​​écharpe.

Roxanne croise ses bras contre sa poitrine et penche la tête sur le côté, fixant notre ami en train de courir.

— C'est moi ou Gabriel a un beau cul ? lâche-t-elle subitement.

Je la regarde avec de gros yeux tandis que les deux autres se pressent contre moi, désireuses de parler avec Roxanne. En chœur, elles prononcent :

— Carrément d'accord !

J'affiche un air mécontent tout en les écartant afin qu'elles me laissent de la place pour m'appuyer contre la rambarde. Leur remarque m'agace au point où j'y réponds sans réfléchir :

— Dommage pour vous, il est gay.

Perché l'ho detto ? No mi importa se fantasticano su di lui ! (Pourquoi ai-je dit ça ? Je m'en fiche qu'elles fantasment sur lui !)

Ma lèvre inférieure est attirée par mes dents, je la mords pour essayer de négliger les regards des filles que je sens braqués sur moi. Après un court silence, Roxanne tente une approche, mais je la devance sèchement en pensant qu'elle va encore me charrier vis-à-vis du grand brun :

— Je t'ai répété plein de fois que la réponse est non.
Elle reste sceptique, puis insiste :
— En fait, je voulais te demander d'où vient ton collier. Il est joli.
Je me sens soudainement bête, presque honteux d'être autant sur la défensive.
— Désolé. C'est un cadeau de Gabriel, pour mon anniversaire.

Toutes les trois s'approchent afin d'admirer le pendentif en forme de soleil suspendu par-dessus mon vêtement. Curieuse, Solène se renseigne :

— Mais, c'est une paire ? Il a dit qu'il n'a pas pu porter le sien.
— Non. Je lui ai offert à peu près le même pour Noël, sauf que c'est une étoile.

Je crois avoir enfin la paix, mais mes deux meilleures amies, qui se pensent discrètes, se penchent dans mon dos. Je les entends murmurer un « C'est trop mignon ». Je soupire d'exaspération tout en levant les yeux au ciel. Je ne préfère pas relever, au risque de devoir me justifier pour trois fois rien.

Au bout de quelques minutes, les joueurs se déchaînent sur le terrain. Derrière nous, les gradins sont plutôt bien remplis et les supporters s'égosillent pour encourager leur équipe fétiche. Contrairement à ce que je pensais, ce sport est entraînant. Je me retrouve à serrer les poings ou à me tendre lorsque l'équipe de mon ami arrive près du but adverse.

Pour l'instant, personne n'a marqué, mais bon nombre d'essais ont été tentés. Ils semblent tous en pleine forme et ne pas craindre le froid.

— L'équipe adverse est plutôt bonne, lance Solène.
Roxanne répond aussitôt.
— Ouais, ils vont avoir du mal à marquer !
Jade ne cesse de prendre des photos et de filmer les événements.

Par moments, mes lèvres s'entrouvrent, prêtes à encourager Gabriel. Pourtant, aucun son ne parvient à s'en extirper ; je n'arrive pas à lâcher prise sur ma timidité pour crier de la sorte. Mes yeux suivent la trajectoire du sportif qui vient de récupérer le ballon. Il cavale à en perdre haleine et je me rends compte que je n'avais aucune idée du fait qu'il peut atteindre une telle vitesse aussi rapidement. Un autre joueur rouge le talonne et essaie de lui prendre la balle ; une bousculade est effectuée. L'arbitre émet un coup de sifflet pour faute et les footballeurs s'arrêtent en exprimant leur mécontentement. Mon cœur ne fait que se tendre, en suspens face au divertissement de la partie.

L'un des membres de l'équipe des noirs en profite pour boire. Il s'agit de Paul, celui qui m'a mis au pied du mur le week-end passé afin que je vienne. Le jeu reprend, et, cette fois, c'est Camille qui détient le ballon. Je ne l'avais pas réellement remarqué jusqu'ici, comme si je n'avais pas voulu le voir jusqu'à tant qu'il devienne le centre d'attention et que je ne puisse plus me voiler la face. Son jeu est agressif, presque égoïste. Il remonte vers le but adverse avec vivacité et repousse tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. Certains lui tirent le maillot, mais le blondinet reste inébranlable.

Son entraîneur, quasiment logé à nos côtés, lui hurle de faire une passe. Même les membres de son équipe s'y mettent. Ils le suivent à la trace dans l'attente que le jeune homme daigne faire preuve d'esprit d'équipe.

— Qu'est-ce qui lui prend ? s'​​​​​​​étonne Jade.

Les muscles de mon corps se tendent. Mes amies affichent une mine déboussolée face à son comportement inhabituel.

Gabriel atteint presque le blond qui le devance de peu. Il lui crie de faire une passe tandis qu'ils se rapprochent du gardien qui se prépare à réceptionner le coup. Mais, contre toute attente, Camille pousse le grand brun qui, dans sa course folle, tombe à terre et roule sur le sol. Il se tient la cheville et, pour la première fois depuis le début du match, je tonitrue :
— Gabriel !

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