Plus fort que ça, tome 2

By eliodestrez

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« Cinq choses que tu peux voir. Le sol qui se dérobe sous mes pieds, les bavures d'encre causées par mes larm... More

❝ ❞
𝑚𝑜𝑡 𝑑𝑒 𝑙'𝑎𝑢𝑡𝑒𝑢𝑟
Chapitre 1 › Le bruit de ma peine
Chapitre 2 › Motus et bouche cousue
Chapitre 3 › Un si beau déguisement
Chapitre 4 › Échec et Match
Chapitre 6 › L'apprentissage de l'amitié
Chapitre 7 › Les sonneries du passé
Chapitre 8 › La pluie fait naître l'arc-en-ciel
Chapitre 9 › Le coût du bonheur
Chapitre 10 › Cliché Wattpad
Chapitre 11 › Quand je suis avec toi
Chapitre 12 › Les fantômes que tu m'as laissés
Chapitre 13 › Putain d'karma
Chapitre 14 › Les dernières saveurs
Chapitre 15 › Un dernier au revoir
Chapitre 16 › Va droit au but !
Chapitre 17 › Pluie du cœur
Chapitre 18 › Cœur balançoire
Chapitre 19 › Ce que tu ne me feras jamais

Chapitre 5 › Taste a new smile

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By eliodestrez

    C'est la troisième fois que j'appelle Roxanne, qui ne décroche pas. Sans compter mes tentatives qui m'ont confronté au répondeur de Solène. Je me glisse sur la pointe des pieds, zieutant les alentours à la recherche d'un indice physique pouvant m'indiquer où elles se trouvent.

La situation m'agace, j'ai du mal à respirer et je ne veux pas solliciter Gabriel après ce qu'il s'est passé dans la cuisine. J'envoie une multitude de messages à la chaîne à mes amies, toujours silencieuses.

    — Fais chier ! grommelé-je dans mon coin.

    Je ne cesse de toucher mon visage, j'ai la sensation que la partie droite de celui-ci disparaît. L'angoisse m'engouffre jusqu'à dérouter ma vision de la réalité qui semble sursauter comme une cassette bloquée.

    Respire, Allan.

Mes doigts viennent encercler ma gorge contre laquelle j'appuie. J'ai l'impression que toutes mes émotions y sont séquestrées, à la limite d'imploser. Je ne suis pas prêt pour ça.

Pas ici. Pas maintenant.

    J'avale ma salive à répétition, comme pour les débloquer, tout en tournant sur moi-même à la recherche d'une issue. Mais dans ce couloir, il n'y a qu'une porte qui mène à la salle de bain, toujours occupée. Un tableau comportant une citation est exposé sur le mur, juste à côté d'une photo de famille : « J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé. »

    La ferme, Voltaire. Tu es mort d'une putain de maladie.

    Le rythme de mon cœur s'accélère, je suis en pleine crise de spasmophilie. Cette alerte que m'envoie mon corps tranche mes doutes, je me décide enfin à aller à la recherche d'une sortie. Il doit bien avoir une porte à l'arrière de la maison qui mène au jardin, celle que Gabriel a empruntée pour venir nous récupérer.

    Tout en m'élançant dans le couloir, je vérifie une dernière fois mon téléphone, vide de notifications. Mon manque d'attention me fait percuter quelqu'un de plein fouet et le contenu de son verre se renverse sur son tee-shirt à l'impact. Nous nous écartons instinctivement et je m'empresse de baragouiner des excuses, embêté par cet incident :

    — Je suis vraiment déso...

    J'ai à peine le temps de me rendre compte qu'il s'agit de Camille que celui-ci empoigne fermement le col de ma chemise. D'un geste colérique, il me repousse jusqu'à claquer mon dos contre le mur le plus proche. Je grimace sous la douleur que son acte inflige à ma colonne vertébrale. La peur me saisit. Cette fois-ci, c'est sûr, mon cœur va se faire la malle.

    — Casse-toi d'là ! attaque-t-il.
Je lève mes mains pour lui montrer patte blanche et tente d'articuler mes mots, seulement, je ne fais que bégayer.
— Je suis désolé, Camille, je voula...
— Ferme ta gueule, Allan !

    Sa prise m'écrase un peu plus. La colère dont use le blond ne vient pas de mon geste involontaire qui a imbibé son vêtement d'alcool, mais du fait qu'il rêve de me chopper de la sorte depuis que je me suis rapproché de son amant.

    Je tente de me calmer, mais ma tête me provoque des vertiges dus à l'angoisse qui me grignote peu à peu. Malgré ça, je réussis à articuler quelques mots :

    — Lâche-moi, s'il te plaît.

Il saisit brusquement ma mâchoire alors que je tente de fuir le regard méprisant qu'il me porte. Il me force à l'affronter, d'autant plus qu'il approche son visage du mien afin que je sois le seul à entendre ses calomnies :

— T'sais ce que t'es, Allan ? chuchote-t-il. Une traînée.

    Mes paupières se ferment tandis que mes mains attrapent son bras que j'essaie désespérément de dégager afin qu'il me relâche.

    — Tu crois que j'vois pas c'que t'essaie d'faire avec Gabriel ?
— Arrête, le supplié-je, la voix étouffée.
— Ton p'tit numéro du bon garçon angoissé, ça ne marche pas avec moi. Un jour, Gabriel s'rendra compte que t'es qu'une merde sans intérêt.
Il amène ses lèvres à mon oreille.
— Et ce jour-là, je ne manquerai pas de t'enfoncer.

    Mon corps entre dans une phase de panique intense, mes ongles courts griffent l'avant-bras du sportif dans l'espoir qu'il me lâche. Même mes jambes lui infligent des coups, mais la brute ne démord pas avant quelques secondes qui me paraissent être des minutes.

    Je n'ai pas le temps de respirer qu'il me projette le fond de son verre au visage.

    — Vincent a eu raison de s'barrer, diffame-t-il. T'en vaux pas la peine.

Le gobelet en plastique est balancé à mes pieds comme si je n'étais qu'une vulgaire poubelle. Sous le choc, je reste stoïque jusqu'à ce qu'il parte, paralysé par la brutalité psychologique et physique qui vient de se produire.

    La forte odeur de Vodka mélangée au soda se répand tout autour de moi, la boisson s'égoutte le long de mes boucles suspendues dans le vide face à mon visage. Je n'ose même pas lécher mes lèvres qu'assèche ma respiration haletante. Le goût de celle-ci rendrait ce traumatisme bien trop réel.

    Je redresse mes mains face à moi afin d'observer leurs tremblements. Mes doigts sont crispés, parfaitement écartés les uns des autres. Je découvre avec effroi de faibles résidus de sang sous mes ongles. Je ne m'étais pas rendu compte de la force dont j'ai usé pour me dépêtrer de la prison dans laquelle le blond m'avait enchaîné.

    Je n'ose pas lever les yeux sur les quelques invités traînant dans le couloir. Si je venais à constater qu'ils viennent tous de mon école, je ne pourrais plus jamais m'y rendre. D'autant plus qu'aucun d'eux n'a pris la peine d'intervenir pour m'aider. Ils ne viennent pas plus maintenant que je suis souillé par la jalousie excessive de Camille. Intérieurement, je prie pour qu'aucune vidéo ne soit divulguée sur Internet.

    Je force mes jambes qui flageolent à reprendre le chemin qui était prévu avant que cet incident arrive. Elles menacent de me lâcher à tout instant.

    « Vincent a eu raison de s'barrer. T'en vaux pas la peine. »

    Je l'entends, le hurlement que j'ai lâché il y a cinq mois, me revient. J'ai la sensation de perdre la tête, que des parties de moi vont subitement se détachée de mon corps et détonner jusqu'à me tuer.

    Je m'appuie contre les meubles et voûte mes épaules pour décoller de ma peau le tissu de ma chemise trempée. Je hais cette odeur qui s'imprègne dans mes pores et me brûle les yeux qui se noient dans mes larmes.

    — Reviens..., murmuré-je d'une voix à peine audible et chevrotante.

    Son sourire et la chaleur réconfortante de son corps me reviennent comme des flash-back. Tous ces moments où je me sentais en sécurité s'évaporent comme si je les avais inventés de toute pièce.

    — Vincent, j'ai besoin de toi.
J'ai besoin de toi.
— Je t'en prie.

    Je soliloque à travers mes sanglots, tâtant les murs pour trouver mon chemin derrière le brouillard humide de mes yeux, afin d'atteindre une sortie.

    — Rien de tout ça ne serait arrivé si tu avais été là.

    Mon téléphone ne cesse de vibrer dans la poche de mon pantalon. Je n'ai non seulement pas la force de le récupérer, mais aussi aucune stabilité pour réussir à décrocher – les spasmes m'en empêchent.

    Il est temps.

    — Cinq choses que tu peux voir.

    Je me fais violence afin de redresser mon visage pour observer tout ce qui m'entoure et avise en premier un meuble à chaussures mal rangé. Non loin de celui-ci se trouve une plante verte dans un pot de fleur rouge en céramique. J'appuie un instant mon dos contre le mur et tourne la tête en direction du couloir que j'ai quitté. Une des invitées est au téléphone près d'une fenêtre, je la compte comme troisième reconnaissance visuelle. Mes paupières ont du mal à ne pas se fermer, j'essaie de visualiser devant moi les tableaux rodés de citations sur le bonheur.

    Plus qu'un.

    Mon cœur tambourine entre les os de ma cage thoracique et une vive douleur se lance dans le haut de mon bras gauche. Je déteste cette impression d'être sur le point de faire un arrêt cardiaque.

    Je balaye le rez-de-chaussée et mes yeux se posent enfin sur la porte vitrée logée un peu plus loin, qui mène au jardin. Pile ce que j'étais venu chercher.

    — Quatre choses que tu peux toucher.

    Je compte le mur contre lequel je me soupèse afin de partir en direction de mon objectif, puis le meuble blanc qui joue le même rôle. Je renverse sans le vouloir un bibelot qui traîne dessus, le ramasser n'est pas ma priorité. J'atteins enfin mon but et saisis la poignée de la porte qui mène à l'extérieur avec ténacité. Avant de sortir, je touche sur le mur un de ces fichus cadres bon marché avec leurs messages zen.

    L'air frais passe dans mes poumons et fouette la peau de mon visage poisseux à cause de l'alcool.

    — Trois choses que tu peux entendre.

    Je m'avance jusque sur l'herbe, un bourdonnement stagne dans mes oreilles et compte pour le premier bruit à percevoir. Là, enfin libéré de la foule et à l'abri de mon bourreau, je prends le temps de respirer convenablement. J'encourage mon corps à se calmer par des murmures que je m'adresse. Les discussions des quelques personnes fumant à l'extérieur s'ajoutent à ma liste, ainsi que les répercussions de la musique qui me semble plus forte qu'à mon arrivée.

    Peu à peu, mes membres s'engourdissent. Ça me fait toujours cet effet quand j'ai une grosse crise d'angoisse qui s'apaise, comme si elle m'avait laissé des séquelles pour me prouver qu'elle a bien existé ailleurs que dans mon esprit.

    — Deux choses que tu peux sentir.

    Du revers de mes mains, j'essuie mon menton mouillé par mes larmes. Le bout de mon nez est brûlant, mais surtout bouché. Je tente néanmoins de capter une odeur, mais je ne distingue que celle de la vodka. Par pure déduction, j'ajoute l'odeur de la cigarette à ma cause.

    — Et enfin, une chose que tu peux goûter.

    Je pose mon regard sur la pelouse à mes pieds et me souviens que je m'étais fait la remarque, avant que Vincent m'embrasse pour la première fois, que je n'allais pas avaler une brindille. Je détourne mon attention sur ma droite et aperçois un banc de salon de jardin où un inconnu est assis, seul avec un gobelet à la main.

    Il faut à tout prix que je termine les reconnaissances.

    Je me résigne à cette solution et me précipite sans attendre jusqu'à lui. Là, avec tout le courage qu'il me reste après cette épreuve, je lui dérobe son verre quasiment vide et ingurgite la fin de son contenu.

    Encore de la putain de vodka.

    — W... what ? s'étonne-t-il.
Mon visage se déforme, grimace lorsque j'avale.
— Désolé, articulé-je pour excuser mon geste.

    Nous n'avons pas le temps d'échanger plus de mots, pas même de se regarder bien en face que ma main se pose subitement sur ma bouche en sentant la bile remonter jusque dans ma gorge.

    Une remontée que je ravale.
Puis deux.

    Je retire hâtivement ma main et tourne le dos à l'invité. Mon corps régurgite l'alcool d'une traite, me brûlant la gorge au passage. J'entends le garçon commenter la scène, il décortique bien ses mots, comme s'il ne croyait pas ce qui se produit sous ses yeux :

    — What the fuck ! What's happening ?

    J'aimerais lui apporter des explications, mais je ne cesse de tousser, les mains appuyées sur mes genoux. Le jeune homme pose sa paume sur mon dos qu'il tapote légèrement, avant de s'assurer de mon état :

    — Are you ok ? Est-ce que tout va bien ?

    Il a un accent anglais quand il parle français. Je n'ai jamais entendu quelqu'un parler comme ça par ici, du moins, à l'exception des touristes qui déambulent dans Paris.

    J'acquiesce vivement de la tête pour lui montrer que tout va bien. Néanmoins, mon estomac n'est pas de cet avis et me fait vomir le reste de la boisson qui, j'en suis sûr, m'écœurera pour le restant de mes jours.

    Essoufflé par l'effort que cela m'a demandé, je me ressaisis petit à petit. J'ai la sensation d'être un tas de ruines.

    — Je suis vraiment désolé, m'excusé-je auprès de celui qui se tient à mes côtés.
— Don't worry, comment ça va ?
— J'ai connu mieux.

    Une fois que je me sens prêt, je me redresse afin de me présenter convenablement à celui qui m'a tenu compagnie dans ce périple qui aurait pu le faire fuir.

    Je le pensais plus petit, mais il fait à peu près ma taille. Ses cheveux sont noirs et rasés, son visage à la forme triangulaire semble parfaitement structuré pour ce genre de style capillaire plutôt simple. Son nez rectiligne est agrémenté d'un septum argenté. Sa bouche charnue pourrait attirer toute l'attention sur son visage, mais la couleur chartreuse de ses yeux enfoncés est si intrigante qu'on en oublie le reste.

    — Je m'appelle Allan.

    Je lui tends une main pour qu'il puisse la serrer, mais je me ravise aussitôt à cause de son aspect collant.
Mon geste le fait rire, je me sens tellement misérable. Quoique, ce serait difficile de faire pire qu'à cet instant. Je n'ose même pas l'imaginer.

    — Et moi, c'est Logan. Logan Lacroix.
— Lacroix ?
— Je suis franco-américain.
— Ça explique ton petit accent.

    Il m'adresse un sourire insipide qui me fait comprendre que cette particularité de son langage est un sujet récurrent. La conversation est gênante, j'ai du mal à être à l'aise vu mon état. Au point où j'en suis, il vaut mieux que j'aille jusqu'au bout de mes pensées :

    — J'ai terriblement honte. Je suis vraiment désolé que tu aies assisté à ça.
Logan fronce les sourcils tout en reprenant place sur la banquette.
— Je ferais mieux de te ramener un verre et de te laisser tranquille, dis-je timidement.
— No, no ! Allan, il n'y a pas de problème. So, sit down.

    Il tape la place libre à ses côtés. J'hésite un instant ; en plus d'être crasseux, je sens la transpiration à plein nez. Cependant, je ne me sens pas de retourner à l'intérieur et de prendre le risque de croiser Camille. De ce fait, je m'exécute et trouve enfin un moment de paix au côté de ma nouvelle connaissance.

    Logan me dévisage, mais ça m'est égal. Après un bref silence, il souligne :
— Tu te maquilles, je trouve ça très fun.
Mes yeux s'écarquillent. J'avais complètement oublié ce détail. Mon visage se tourne promptement vers le brun.
— Est-ce que je ressemble à un panda ?
Son expression devient confuse.
— Je ne suis pas certain de comprendre.
— Le maquillage a coulé ?

    Son sourire réapparaît, comme illuminé dès qu'il comprend le sens de ma question.

    — Oh ! Ça va. C'est bien. Anyway, i like it.
Je souffle, soulagé.
— C'est au moins ça.
— Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

    Mon cœur se serre, je n'ai aucune envie de parler de ce qui s'est passé. Ni à Logan ni à personne.
Jamais.
Toutefois, je lui dois bien une explication que je vais raccourcir.

    — Je n'aime pas trop les fêtes, mais je suis venu parce que mes amis ont insisté. J'ai maladroitement percuté quelqu'un dans le couloir, son verre s'est renversé sur moi.
— Sorry, c'est une histoire terrible, dit-il en arborant une expression compatissante.

Fort heureusement, il ne me demande pas d'expliquer pourquoi j'ai bu le reste de sa consommation. À la place, il lance un nouveau sujet :

— Je n'aime pas trop les fêtes non plus.
— Pourquoi est-ce que tu es là, alors ?
— Mon père veut que je me fasse des amis. David est mon coloc à l'université.

    Je fronce les sourcils, cherchant comment cela est possible alors que David suit les mêmes cours que moi.

— Tu es dans quelle filière ?
— Oh, comme toi.
— Ah oui ? Pourtant, je ne t'ai jamais vu en cours.
Logan pouffe. Il lève un sourcil et affiche un sourire amusé.
— Because you never look around. J'ai remarqué ça chez toi.
Je baisse les yeux, pris de remords.
— Tu es souvent avec le grand brun, ajoute-t-il. Est-ce que vous...

Il se tait soudainement, mais ses mains semblent parler à sa place alors que son regard dans le vide indique qu'il cherche ses mots.

— Sorry, maybe, je me trompe, mais est-ce qu'il est ton boyfriend ?

    Je suis surpris par sa question. Tant que je suis pris d'un bond, alors qu'à mon tour, mes mains parlent pour moi en créant des mouvements négatifs.

— Oh ! Non, pas du tout. Gabriel est mon ami. Et, il est straight*.

Logan hausse les sourcils. Sa bouche crée une légère moue, comme s'il ne s'attendait pas du tout à cette réponse.

— OK. Sorry, c'était un peu indiscret.
— Ne t'inquiète pas. Après tout, je te dois bien ça, ricané-je.

    La conversation se tarit, mais le franco-américain ne semble pas décidé à me laisser partir sans avoir plus d'informations à mon sujet.

    — Et toi ?

    Je marque un silence et prends le temps de l'observer. Je n'ai pas l'habitude d'échanger longuement avec quelqu'un que je ne connais pas, encore moins dans ces circonstances. Je trouve ça presque suspect et ça m'effraie autant que ça attise ma curiosité. Je ne sais pas si je dois me sentir flatté ou, au contraire, prendre la fuite.

    Logan me remet face à cette question qu'Artur m'a posé plus tôt ce matin et à laquelle je n'ai toujours pas la réponse.

— Je ne sais pas. C'est encore flou.
— C'est difficile de trouver sa place et son identité.
— Est-ce que tu l'as trouvée, toi ?
— Absolutely not, articule-t-il avec plaisanterie. Je pense que je suis straight, but not narrow**. Ça me rassure en attendant que je me découvre.

    Cette façon de voir les choses m'allège le cœur. Je ne suis donc pas le seul à ne pas savoir où j'en suis, qui je veux aimer et ce qui me fait vibrer.

    Un malaise s'installe, celui des nouvelles rencontres imprévues, comme si nous n'avions jamais vécu et donc absolument rien à raconter. Mon cerveau fuse à la recherche d'un sujet de conversation. À la fois, je ne souhaite que partir de cet endroit pour retrouver un lieu dans lequel je me sentirais en sécurité. Et cela, même si la compagnie de Logan m'est agréable.

    — Merci, dis-je spontanément, le timbre doux.

    Je finis par me redresser, déterminé à aller laver mon visage pour enfin me débarrasser de l'immonde texture de l'alcool et de son odeur.

— Je vais rentrer. J'ai besoin d'une douche.
Logan se lève lui aussi, sûrement par politesse.
— OK. C'était cool de te parler.
Il m'arrache un rictus.
— On recommencera, assuré-je.

    Là, c'est à son tour de sourire.

    *Hétéro.
**Hétéro, mais pas fermé.

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