Play with fire ( Tome 2 )

Galing kay unxpetiteblonde

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Tout le monde pensait qu'ils avaient tourné la page. Ils s'étaient reconstruits chacun de leur côté, et vivai... Higit pa

before starting <3
NDA <3
prologue.
chapitre un.
chapitre deux.
chapitre trois.
chapitre quatre.
chapitre cinq.
chapitre six.
chapitre sept.
chapitre huit.
chapitre neuf.
chapitre dix.
chapitre onze.
chapitre douze.
chapitre treize.
chapitre quatorze.
chapitre quinze.
chapitre seize.
chapitre dix-sept ( prt 1 ).
chapitre dix-sept ( prt 2 ).
chapitre dix-huit.
chapitre dix-neuf.
chapitre vingt.
chapitre vingt et un.
chapitre vingt-deux.
chapitre vingt-trois.
chapitre vingt-quatre.
chapitre vingt-cinq.
chapitre vingt-six.
chapitre vingt-sept.
chapitre vingt-huit.
chapitre vingt-neuf.
chapitre trente et un.
chapitre trente-deux.
chapitre trente trois.
chapitre trente quatre.
chapitre trente cinq.
chapitre trente six.
chapitre trente sept.
Dear Nora ...
chapitre trente huit.
chapitre trente neuf.
chapitre quarante.
chapitre quarante et un.
chapitre quarante deux.
chapitre quarante trois.
chapitre quarante quatre.
chapitre quarante cinq.
chapitre quarante six.
chapitre quarante sept.
chapitre quarante huit.
chapitre quarante neuf.
chapitre cinquante.
chapitre cinquante et un.

chapitre trente.

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Galing kay unxpetiteblonde

Le point de vue changera au cours du chapitre.




Point de vue Kilian Harris.



Je fixe la mère de Nora, le regard noir, la mâchoire contractée et mon cœur qui se brise un peu plus face au sourire naissant sur ses lèvres.

Elle me toise longuement, comme si je n'étais qu'un vulgaire pion. Comme si elle venait de m'écraser et qu'elle en était fière.

- Enfin, Kilian. J'ai fais ça pour ne pas te faire davantage de mal. Tu sais bien qu'elle n'aurait jamais voulu la lire.

J'avale difficilement ma salive alors que ma gorge se noue, mais je soutiens tout de même son regard bien que difficilement.

- Ce n'était pas à vous d'en juger. Nora est assez grande pour prendre elle-même ses décisions. Vous n'avez aucun droit d'influencer ses choix.

Cette lettre n'aurait en rien réparer l'erreur commise, le soir du nouvel an. Mais elle aurait expliqué tellement de choses. Nora aurait compris ce que j'avais sur le cœur. Ce que je ne lui avais jamais dis et ce que, pour une fois, j'avais réussi à exprimer sur un morceau de papier.

Peut-être que grâce à cet écrit, la situation aurait été différente aujourd'hui. Peut-être que Nora aurait seulement accepté de m'accorder une chance que moi-même, je ne me serais pas accordé.

- Je suis sa mère, Kilian. Et je suis par dessus tout une femme qui obtient toujours ce qu'elle veut. Et ce que je veux, c'est que ma fille reste loin de toi. À tout prix.

Je fronce les sourcils sous son regard mauvais et son sourire au coin des lèvres qui ne la quitte pas.

- Je t'aime beaucoup, Kilian. Mais seulement quand tu es loin de Nora.

Je lâche un rire nasal, avant de hausser un sourcil pendant qu'elle semble interroger silencieusement ma réaction soudaine.

J'aurais presque envie d'éclater de rire.

- Je suis navrée de vous décevoir, Madame Swan. Mais je ne resterais jamais loin de Nora. Et osez seulement lui demander de ne pas m'approcher. Vous savez mieux que personne que l'interdit est toujours très tentant.

Son regard s'assombrit et son sourire s'estompe en un rien de temps, alors que mes lèvres s'étirent en un sourire insolent.

Je commence à me diriger silencieusement en direction du salon, sous son regard qui suit le moindre de mes mouvements. Je me stoppe à l'entrée de la pièce et tourne légèrement ma tête sur le côté afin de lui lancer un bref regard.

- On part en vacances ensemble dès demain. Qui sait ce qu'il pourrait se passer en deux semaines, entre elle et moi ?

Elle entrouvre les lèvres comme pour répliquer mais referme aussitôt la bouche, son regard plus sévère que jamais, et j'aurais presque envie de lui lâcher un clin d'œil. Mais je ne suis pas aussi mauvais. Alors, je me contente de quitter la pièce sans un mot de plus, plein de pensées dans la tête.

J'arrive à peine dans le salon que je sursaute de surprise en apercevant une présence contre le mur de celui-ci, et mes yeux se posent sur Chiara, admirant ses ongles l'air de rien.

Elle laisse un sourire apparaître à la commissure de ses lèvres quand ses yeux se posent sur moi, alors qu'il me faut quelques secondes pour que l'information parvienne à mon cerveau.

Elle a tout entendu.

Je constate rapidement que nos amis sont tous dehors, derrière la baie vitrée qui mène au jardin de Nora. Alors, Chiara enroule son bras autour du mien et commence à marcher à mes côtés, en me lançant de brefs regards, un sourire au coin des lèvres.

- Craches le morceau, Chiara.

- Une lettre, hein ? Me demande-t-elle, en chuchotant presque. T'es un vrai lover toi. Ce qui contraste un peu avec ton côté de gros connard, au final.

Je hausse les sourcils et lui lance un regard qui lui fait simplement hausser les épaules.

- N'en parles pas. Me contentais-je de lui dire.

- Pourquoi ? Tu sais que la simple existence de cette lettre peut changer bien des choses entre toi et Nora ?

C'est ce que je n'arrêtes pas de me dire, oui.

Mais l'existence de cette lettre, même si elle peut avoir le pouvoir de changer beaucoup de choses, n'effacera jamais les erreurs commises. L'instant durant lequel j'étais avec Lara. Jusqu'au moment durant lequel j'ai quitté la ville sans chercher à réparer mes erreurs.

Et ce que Nora retiendra de toute cette histoire, c'est que je lui ai brisé le cœur. De toutes les façons possibles dont on peut briser une personne.

Est-ce qu'une simple lettre l'aidera à me pardonner ? Certainement pas.

Est-ce que le fait qu'elle puisse en prendre une quelconque connaissance m'aidera à me pardonner ? Jamais.

- Arrêtes de trop penser, Kilian. Poursuit mon amie en se plaçant en face de moi. T'as fais de la merde et t'es un vrai con. Ok. Mais Nora voit très bien les efforts que tu fais pour elle. Et cette lettre, c'est ce qui peut l'aider à comprendre que tu t'es pas tiré comme un voleur après lui avoir fait du mal.

Je laisse un profond souffle m'échapper alors que Chiara continue de me fixer de son air froid et fermé habituel. Cette meuf me fait peur.

- Pour le moment ... tout se passe bien. Je ne veux pas que la situation change. Alors, peut-être qu'il est mieux qu'elle ne lise jamais ces mots.

- Donc, tu préfères qu'elle ne sache pas que sa mère est une salope ? Si tu as réussi ne serait-ce qu'à lui dire ce que tu avais sur le cœur dans cette lettre, elle devrait avoir le droit de la lire. Et de savoir que tu as essayé de te livrer à elle, au moins une fois.

Je fixe longuement et silencieusement Chiara qui ne semble pas vouloir changer d'avis, certaine des arguments qu'elle avance.

Et je sais qu'elle a raison.

- Promets-moi que tu ne lui diras rien.

Elle soupire et semble longuement hésiter, puis elle lance un bref regard à travers la baie vitrée afin de voir Nora rire à gorge déployée avec Andrew. Une vision qui semble faire céder Chiara.

Parce que sa meilleure amie a l'air d'être plus légère et plus heureuse. Ce qu'elle n'avait semblablement pas été depuis très longtemps.

- C'est promis. Mais le jour où tu finiras par comprendre que c'est le seul moyen pour qu'elle voit les choses autrement. Promets-moi de le lui dire.

Je n'avais que rarement connu Chiara aussi sérieuse et aussi peu sarcastique. Il faut croire que lorsque la situation concerne Nora, elle peut rapidement dévoiler une autre facette d'elle.

J'hésite un court instant, et devant son air catégorique et la précédente promesse qu'elle a prononcé pour moi, je ne peux pas m'empêcher de céder à mon tour.

- C'est promis. Je le lui dirais.

Elle soupire puis se laisse tomber sur le canapé, et j'imite son geste avant qu'elle n'étale ses jambes sur moi.

- Tu disais quoi, dans la lettre ?

Sa question me crispe aussitôt, alors que je me remémore absolument tous les mots, toutes les phrases que j'ai pu écrire ce soir-là. Dans l'espoir qu'elle puisse la lire un jour.

- Des choses que je ne lui avouerait sans doute jamais dans les yeux. Soupirais-je.

- Pour les mêmes raisons qui justifient tes actes ... donc parce que t'as peur ? Ou parce que t'es un lâche ?

Elle soutient longuement mon regard, l'air de m'assurer qu'elle ne me lâchera pas.

- Les deux, je suppose ...

Elle soupire longuement en hochant la tête, puis laisse son regard se perdre quelques secondes dans le vide en face d'elle.

- Ton excès d'amour pour elle me filerait presque la gerbe. Mais étrangement, j'arrive à vous trouver un peu, rien qu'un peu, mignons ensemble.

Je roule des yeux alors qu'elle conserve le sourire au coin de ses lèvres, tout en fixant le plafond dans un profond silence.

- Je croyais que tu ne voudrais plus jamais me voir m'approcher d'elle. Soufflais-je après quelques secondes de silence.

Elle repose ses yeux bruns sur moi, et son visage d'abord fermé s'adoucît légèrement quand elle soupire encore une fois.

- Ouais, bah, y'a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Lâche-t-elle simplement. Je ne contrôlerais jamais la vie de Nora, et même si je t'ai haïs du plus profond de mon âme quand je savais qu'elle pleurait pour toi tous les soirs, si elle décide un jour de t'accorder une chance, je me dois de la soutenir.

- C'est bizarre ... lâchais-je d'abord d'un air sérieux alors qu'elle fronce les sourcils. C'est la première fois que je t'entends avoir des paroles aussi sages et intelligentes.

Elle s'empare de l'oreiller à ses côtés et me frappe en plein visage avec sans délicatesse, et je ne peux m'empêcher de lâcher un rire amusé en reposant mes yeux sur elle.

- N'oublies pas que le jour où tu lui feras de nouveau du mal, tu ne t'en sortiras pas aussi facilement que la première fois.

- Et si ce jour n'arrive pas ?

Il n'arrivera pas.

J'ai commis l'erreur de ma vie il y'a déjà un an, et depuis je supporte le poids des regrets, qui me rongent et me hantent à chaque réveils.

Et j'ai toujours, depuis ce soir-là, l'horrible tendance à me poser pleins de questions qui font battre mon cœur un peu plus vite et un peu plus douloureusement ...

Si je lui avais simplement avoué mes sentiments, serions-nous encore ensemble aujourd'hui ?

Aurais-je quitté la ville si notre histoire avait prit un nouveau départ ce soir-là ?

Chiara se contente de me lancer un regard accusateur, l'air de vouloir me dire énormément de choses à la fois. Peut-être le fait que les hommes sont souvent des connards toute leur vie et qu'il est difficile de les changer. Ou peut-être le fait que si j'ose faire verser une seule larme à Nora, elle n'hésitera pas à me raser le crâne dans mon sommeil.

Je me contente de lever exagérément les yeux au ciel, puis repose mes yeux sur la baie vitrée. J'affiche une mine excédée lorsque j'aperçois au loin Lewis porter Julia sur son dos et commencer à courir dans l'herbe, avant de ridiculement glisser, la tête la première sur le solo. Ils s'étalent tous les deux, Julia l'écrasant et lui criant d'une voix suraiguë, alors que des éclats de rire nous parviennent aux oreilles.

Mes yeux se posent encore une fois sur Chiara et j'aperçois qu'elle a les yeux rivés sur eux, un léger sourire flottant sur ses lèvres en observant Lewis se relever et rire comme un gamin.

- T'es plutôt paradoxale, pour une fille qui veut gerber dès qu'elle voit un couple dans la rue.

Elle hausse les sourcils en me fixant d'un air lassé, avant de rabattre la capuche de son sweat sur sa tête.

- Je n'aurais pas cette discussion avec toi, tes conseils me foutraient dans la merde.

J'éclate aussitôt de rire alors qu'elle incurve le coin de ses lèvres.

- Tu vas craquer, tu le sais ça ? Tentais-je tout de même de lui demander.

Ils essaient de se comporter comme des amis depuis notre retour. Mais ils agissent comme le contraire de deux amis. Et seuls leurs regards l'un envers l'autre peuvent en témoigner.

Il n'émane que de l'amour chez chacun d'eux.

Mais comme ils semblent être bien trop buté pour le remarquer, ils se contentent de se chercher et de se provoquer à longueur de journée. Peut-être valorisent-ils une relation légère et sans prise de tête ... comme chaque personne de notre âge devrait le faire.

- Il faudra bien plus que ses beaux yeux et ses sourires idiots pour me faire craquer.

- Pourtant, t'as pas eu besoin de plus que ça la première fois. Lui fis-je remarquer, un sourire au coin des lèvres.

- La première fois, c'était une erreur.

Je fronce les sourcils en lui lançant un regard surpris, alors qu'elle semble éviter le mien et se contente de fixer l'extérieur, vidée d'émotions.

Une erreur ?

J'essaie de comprendre silencieusement ce qu'elle vient d'insinuer, et quand j'arrive à capter une étincelle peinée dans ses yeux qui fixent un point lointain, je ne peux empêcher un très faible sourire de s'installer sur mes lèvres.

- Il te manquait, pas vrai ? Lui demandais-je d'une voix basse, dans un presque chuchotement.

Une erreur ... c'est tellement évident, quand on essaie simplement de comprendre le point de vue totalement flou de Chiara.

Il est parti. Et je sais que, peut-être rien qu'un peu, il lui manquait. Et c'était son erreur. L'erreur de lui avoir donné son cœur. Alors qu'elle ne l'avait jamais fait auparavant.

- Peu importe. Mais je ne craquerais pas. Parce que la première fois c'est une erreur. La seconde fois, c'est un choix.

Je comprends très rapidement sa phrase à double sens, aussi valable pour elle que pour moi.

La première fois, c'est une erreur ...

... la seconde fois, c'est un choix.

- Tu sais, Kilian. Souffle mon amie en reposant ses yeux sur moi, à peine visibles sous sa capuche. On est pas si différents, toi et moi. C'est peut-être pour ça que j'arrive à te comprendre ne serait-ce qu'un peu.

Je fronce soudain les sourcils et l'interroge silencieusement, me demandant ce qu'elle insinue alors que mon cerveau essaie par tous les moyens d'assimiler l'information, en vain.

- Toi comme moi, on ne sait pas ce qu'est le fait d'aimer quelqu'un d'autre que soi-même.

Je sens soudain une boule se former dans mon estomac, alors que j'avale difficilement ma salive. L'impression d'être dans une position inconfortable me gagne et je me contente de garder le silence, ne sachant que répondre face à ses mots.

- Toi comme moi, peut-être de manière inconsciente, on a toujours agit dans l'unique but de préserver nos cœurs.

Elle me fixe de ses yeux sombres alors que je soutiens silencieusement son regard.

Et pour une fois, je n'interprète pas ses paroles comme des reproches. Mais comme un soutien. Comme si elle me disait qu'elle comprenait.

Et c'est peut-être pour cette raison que j'aime autant Chiara. Parce qu'elle agit tout le temps comme si elle se fichait de tout et de tout le monde. Elle est une fille blasée de tout, vivant sa vie sans jamais se soucier de rien.

Mais elle comprend. Elle comprend toujours, dans le silence. Ses mots sont durs. Mais ils ont toujours un sens.

J'allais ouvrir la bouche quand la baie vitrée s'ouvre face à nous, pour laisser apparaître nos amis, ainsi que des voix qui se mélangent à des éclats de rires, instaurant une toute nouvelle ambiance dans le grand salon des Swan.

- Bah, vous vous êtes mis en mode déprime ? Nous interroge aussitôt Andrew. On part en vacances les gars, y'a pas de quoi tirer ces têtes d'enterrement.

Son sourire idiot ne le quitte plus depuis qu'Iris a franchit la porte de cette maison il y'a déjà quelques heures.

Chiara allait ouvrir la bouche, mais elle n'eut le temps de le faire que Lewis se jette sur elle, s'allongeant sur elle, elle-même allongée sur le canapé. Puis, il enroule ses bras autour d'elle alors qu'elle jure entre ses lèvres.

- T'es lourd. Je vais crever là. Exagère-t-elle en grimaçant sous le poids de Lewis.

Mes yeux se posent aussitôt sur Nora qui se laisse tomber sur le fauteuil à côté de moi, avant que son regard clair ne croise le mien.

Je la fixe intensément de longues secondes sans jamais ouvrir la bouche, les voix de nos amis étant les seules qui se font entendre autour de nous.

- Arrêtes de trop m'admirer. Tu pourrais tomber amoureux.

Il aurait fallu me mettre en garde plus tôt ...

- Arrêtes de te lancer autant de fleurs, Swan. Lâchais-je, un sourire amusé aux lèvres. C'est mal de s'aimer autant soi-même.

Elle hausse d'abord un sourcil, l'air de me dire c'est l'hôpital qui se fout de la charité.

- Je t'en prie, comment pourrais-je ne pas m'aimer ? Je suis incroyable.

Je retiens un sourire d'étirer mes lèvres alors que je sens mon cœur doucement se réchauffer.

J'aime la savoir comme ça. J'aime savoir qu'elle n'a pas perdu sa confiance en elle, ou alors, qu'elle a réussi à la récupérer.

Parce que Nora Swan sans son amour incontestable pour elle-même n'est plus Nora Swan.

- Je t'accorde ce point. Me contentais-je de murmurer en verrouillant mon regard au sien.

Elle plisse légèrement les yeux en affrontant mon regard, une étincelle joueuse dans les yeux. Un regard qui m'avait atrocement manqué.

Elle allait de nouveau ouvrir la bouche lorsque des talons claquent contre le sol et lui arrachent immédiatement un souffle de désespoir.

Nous posons aussitôt nos regards sur sa mère qui rentre dans le salon, son air fermé et hautain habituel scotché à son visage.

- Jason. Dit-elle aussitôt, sans laisser le moindre sourire lui échapper. Tu dois terminer de remplir ces papiers pour les envoyer avant demain après-midi.

Un sourire ou un signe de politesse la tuerait ?

- Mais on part demain matin en vacances. Lâche aussitôt Nora, en lançant un regard mauvais à sa mère. Tu peux te débrouiller. Tu sais écrire, non ?

Jason incurve discrètement le coin de ses lèvres en lançant un regard amusé à sa sœur.

- Je m'en fiche, c'est le travail de ton frère. Vous prendrez la route plus tard. C'est très important, Jason. Ne nous déçois pas.

Jason lance un regard blasé à sa mère avant qu'elle ne lui tende les papiers, desquels il s'empare sans aucune motivation.

- C'est à destination de qui ?

Sa mère lui lance aussitôt un regard accusateur, et demeure longuement dans le silence, comme si elle refusait de dévoiler le receveur de ces papiers. Son regard dévie légèrement sur Nora, puis sur chacun de nous avant de se reposer sur son fils.

- Nos associés dans le Connecticut.

Le Connecticut ?

Aussitôt, j'aperçois Nora, à mes côtés, froncer légèrement les sourcils en fixant silencieusement sa mère. Son air intrigué me fait imiter son geste, mais la femme en face de nous ne prend pas la peine d'étudier nos réactions et tourne aussitôt les talons, sans un mot de plus à notre égard.

Mon regard reste fixé sur Nora, qui elle regarde maintenant son frère en fronçant les sourcils, l'air totalement perdu. Comme si elle était plongée dans ses pensées les plus lointaines à la suite des paroles de sa mère.

- De toute façon, j'avais la flemme de me réveiller demain matin. S'exclame Jules, un large sourire aux lèvres. Je propose qu'on prenne la route en fin de journée.

Un nouveau débat commence alors à s'installer, chacun donnant son avis sur la question, élevant la voix et s'insultant comme si le sujet était réellement propice à une dispute.

Seule Nora ne semble pas parler. Elle demeure silencieuse et se contente d'écouter, le regard dans le vide.

À ce moment précis, j'aimerais pouvoir lire en elle comme dans un livre ouvert. J'aimerais pouvoir savoir ce à quoi elle pense. Ce qui semble autant la perturber. Peut-être pour pouvoir espérer lui venir en aide.

Je me concentre de nouveau sur le débat entre mes amis, puis c'est finalement Lewis qui tranche en affirmant qu'on prendra la route en début de soirée, quand il y'aura peut-être un peu moins de bouchons sur le chemin.

Le sujet étant clôt, chacun change de discussion et un nouveau bruit assourdissant nous parvient aux oreilles, conséquence de toutes les voix qui se mélangent et de tous les cris qui se laissent entendre autour de nous.

J'écoute longuement les filles discuter de leurs ongles, alors qu'Andrew donne son avis, comme il a l'habitude de le faire.

Je me demande parfois s'il n'aurait pas été une fille, dans une autre vie.

Soudain, j'aperçois du coin de l'œil Nora se lever et se diriger vers la baie vitrée, afin de sortir de la maison et de la refermer derrière elle. Puis, elle quitte mon champ de vision alors que mes yeux restent fixés sur la vitre en face de moi.

Devrais-je aller la voir ?

- T'attends quoi ? S'élève une voix féminine à mes côtés.

Je tourne aussitôt la tête et croise les yeux d'Iris, qui laisse un sourire étirer ses lèvres.

- Il va vraiment falloir te parrainer pendant deux semaines. T'as grandement besoin d'aide.

Je roule des yeux, puis après qu'elle m'ait de nouveau intimer de sortir, son conseil sonnant davantage comme un ordre, je me lève et suit enfin les pas de Nora jusqu'à l'extérieur.

Je referme la baie vitrée derrière moi et mon regard se pose aussitôt sur elle, assise sur l'un des transats, le regard rivé en face d'elle.

- T'es en phase de déprime ?

Elle pose à son tour son regard sur moi, d'abord surprise de me voir en face d'elle, avant de rouler des yeux et de détourner le visage de moi.

- Décidément, tu me suis de partout. Je te manquais déjà ?

Je laisse un sourire incurver mes lèvres avant de m'avancer vers elle et de m'asseoir sur le transat libre à ses côtés.

- Probable. Je suis carrément accro à toi, Nora Swan. Une seconde loin de toi me déchire le cœur.

Un léger rire s'échappe de ses lèvres, et je ne peux empêcher un sourire d'étirer la commissure des miennes à l'entente de son rire.

- Je te l'avais dis. Tu te fais du mal, Harris.

J'incline légèrement la tête sur le côté et me penche jusqu'à ce que mon visage ne soit qu'à quelques centimètres du sien. J'entends sa respiration devenir légèrement irrégulière, et j'empêche un air satisfait d'apparaître sur mon visage.

J'enroule délicatement une mèche de ses cheveux blonds autour de mon doigt tout en verrouillant mes iris aux siennes.

- Mais t'aimes ça, Nora. Murmurais-je si faiblement que je doute un instant qu'elle m'ait entendu. T'aimes que je sois à tes pieds et tu aimes savoir que tu as le contrôle sur tout.

Un sourire étire le coin de ses lèvres, et elle approche à son tour son visage de moi, ma main toujours sur ses cheveux.

- T'as raison. Susurre-t-elle faiblement. J'aime te voir ramper. Et j'aime avoir le dessus sur la situation.

Une étincelle malicieuse passe dans son regard, et je comprends à cet instant qu'elle s'amuse de me voir ramer et de voir qu'elle a les cartes en main, depuis le début.

Nos visages sont si proches que je sens son souffle s'écraser contre moi, et je ne peux empêcher mes yeux de descendre un court instant sur ses lèvres étirées en un sourire joueur.

Mais ce court moment ne semble pas lui avoir échapper, puisque je n'ai pas le temps de reposer mes yeux sur les siens que je l'aperçoit mordiller sa lèvre inférieure, très délicatement et dans un geste parfaitement calculer.

Quelle sorcière.

Je me sens aussitôt défaillir face à ce geste, alors que mes yeux ne quittent plus ses lèvres desquelles je suis si proche que je pourrais presque les frôler.

- Arrêtes ça ... murmurais-je d'une voix à peine audible.

- Quoi donc ? Me demande aussitôt la blonde d'un air innocent, la tête légèrement inclinée sur le côté.

Je me reprends rapidement, calme ma respiration devenue trop rapide, puis approche la tête de Nora de la mienne en exerçant une légère pression sur ses cheveux. Puis, je me penche jusqu'à ce que mes lèvres frôlent son oreille, alors que je la sens frémir contre moi.

Parfait.

- Amuses-toi tant que tu le peux encore ... avec un peu de chance, t'assumeras jusqu'à la fin. Murmurais-je au creux de son oreille.

Je la sens se figer contre moi, puis je recule enfin avant de libérer ses cheveux de ma main et de la fixer dans les yeux, un sourire satisfait aux lèvres.

Je me lève enfin du transat alors que son regard suit le moindre de mes faits et gestes, dans un silence de marbre.

- Je n'arrêterais pas ... je ne suis pas de celles qui n'assument pas. Tu devrais le savoir, Harris.

Je me retourne vers elle, afin de voir qu'elle a enfin reprit son assurance pour me fixer de son air confiant habituel.

- J'espère pour toi. Parce qu'on ne joue jamais sans conséquences. Après tout, tu connais le dicton aussi bien que moi ...

Je marque une pause, alors que je devine rien qu'à son regard qu'elle a comprit ce que je m'apprête à lui dire. Et qu'une multitude de souvenirs ne peuvent que la frapper de plein fouet à cet instant précis.

- Qui joue avec le feu ...

Je ne termine pas ma phrase, convaincu qu'elle n'a pas eu besoin de moi pour le faire dans sa tête. Alors, je me contente d'étirer mes lèvres et de lui lâcher un clin d'œil avant de me diriger de nouveau vers la baie vitrée.

Mais alors que j'allais l'ouvrir afin de rentrer de nouveau à l'intérieur, je me souviens de la raison de ma venue et me tourne de nouveau dans sa direction, pour constater que son regard n'a pas quitté le mien une seule seconde.

- D'ailleurs, quelque chose te tracasse ? Lui demandais-je en perdant tout mon amusement.

Elle perd son sourire quelques instants et hausse les épaules, alors que j'attends patiemment une réponse, ou non, de sa part.

- C'est pas important. Rien qu'un étrange pressentiment. Sûrement une chose insignifiante.

Je la fixe encore quelques instants, puis en comprenant qu'elle ne parlera pas davantage, je me contente de hocher la tête et de regagner l'intérieur de la maison, Nora suivant mes pas quelques instants plus tard.

Nous décidons tous de partir quelques minutes après, afin de terminer nos valises avant notre départ. Andrew se plaint pendant trois heures quant au fait de devoir se séparer d'Iris le temps d'une nuit, celle-ci se contentant de rire face à ses enfantillages.

Sa capuche couvrant encore la moitié de son visage, Chiara se lève enfin du canapé et se contente de nous faire un signe de la main avant de partir, semblant totalement blasée et fatiguée. Bref, c'est Chiara quoi.

J'imite rapidement son geste en saluant de loin mes amis, puis mon regard croise rapidement celui de Nora qui me fixait déjà. Alors, je me contente de lui lâcher un clin d'œil et un sourire en coin des lèvres, l'apercevant rouler très exagérément des yeux ce qui me fait lâcher un rire nasal.

Puis, totalement perdu dans mes pensées, je rentre rapidement chez moi avant de m'effondrer dans mon lit, les yeux face au plafond et l'esprit totalement ailleurs.



Point de vue Nora Swan.



Mes amis étant partis, il ne reste à présent que mon frère, mes cousines et moi-même. Ils sont tous les trois affalés sur le canapé en train de choisir une série, la fatigue ne semblant pas s'être emparés d'eux.

J'allais les rejoindre quand mon regard se pose sur un sweat posé sur le dossier du canapé, et je devine quasiment instantanément qui est son propriétaire.

Je soupire et me contente de m'installer aux côtés de mon frère alors qu'il fait défiler le catalogue Netflix, avant d'enfin lancer un film dont j'ignore le nom.

Je m'empare de mon téléphone, écoutant d'une oreille le début du film, tout en tapant un message sans même savoir pourquoi je le fais.

Sérieux. T'es pathétique, ma pauvre.


Moi :
T'as oublié ton pull chez moi.


Sa réponse ne se fait pas attendre et mon téléphone vibre aussitôt entre mes mains, m'affichant sa notification. Et sans même que je ne sache pourquoi, les battements de mon cœur s'intensifient subitement.


Kilian :
Gardes-le. C'est pas comme si c'était le premier que tu me volais.

Et si jamais t'en veux pas, ça me fera une bonne raison de venir te voir d'ici quelques temps ;)


Je roule des yeux et ne peux empêcher un sourire idiot d'étirer mes lèvres. Je le réprime aussitôt et lance un bref regard afin de m'assurer que personne ne m'ait remarqué, et je suis soulagée en constatant qu'ils ont tous les trois les yeux rivés sur le film.


Moi :
Je vais le vendre sur Vinted. Je suis sûre que toutes les filles rêvent d'avoir un pull qui sent Kilian Harris.



Je reprends exactement ses mots. Et je sais qu'il le comprendra directement en lisant ces mots.



Kilian :
Tu ne supporterais pas de savoir qu'une autre fille que toi  peut avoir mon odeur sur elle. Fais pas genre.



Je fais basculer ma tête en arrière, sur le dossier du canapé, en lisant ses mots. Ce mec m'énerve. Il trouve toujours les mots pour me déstabiliser et retourner la situation contre moi.

Moi :
J'aurai juste de la peine pour ces pauvres filles. Elles méritent mieux que tes vieux pulls.


Je n'eus le temps de poser mon téléphone qu'il m'en envoie un nouveau message, s'affichant aussitôt sous mes yeux.


Kilian :
Entre nous, je te rappelle que j'ai déjà débarqué chez toi pendant que t'étais dans mes vieux pulls. Ceci-dit, ils tallaient bien mieux qu'à moi.

Kilian :
Je t'ai laissé mon parfum dessus, évites de dormir avec mon odeur contre toi. Tu ne pourras plus t'en passer :)


Je roule encore une fois des yeux face à tous ses messages ridicules. Mais je sais qu'il sait parfaitement ce qu'il fait. Et je sais qu'il est conscient de procurer chez moi toutes ses relations incontrôlables grâce à seulement quelques mots.

Je soupire encore une fois et décide de clôturer la discussion, afin de pouvoir apaiser les battements de mon cœur et mon esprit en ébullition.


Moi :
Bonne nuit, Kilian.



Kilian :
Bonne nuit, mademoiselle Swan.



Je soupire, puis me décide enfin à poser mon téléphone après avoir relu plusieurs fois son dernier message.

Ce mec m'énerve. Il finira par me rendre folle. Dans tous les sens du terme. Je le déteste.

Après un moment de réflexion intense, je me décide enfin à me concentrer sur le film, non sans percevoir le regard d'Iris sur ma personne, alors qu'elle semble sourire discrètement comme si de rien n'était.

J'essaie de vider mon esprit de toutes pensées et j'écoute longuement Jason et Eva commenter chaque scène du film comme s'ils le vivaient avec les acteurs, en sentant lentement mes paupières se fermer.

Et je ne mets que quelques minutes à m'endormir, exténuée, dans tous les sens du terme.

Mon cerveau semblant enfin dire stop à toutes les pensées qui le hantent et qui le déstabilisent sans jamais lui laisser le moindre répit.



***


- Whenever ! Wherever ! We're meant to be together !

J'ouvre péniblement les yeux en entendant une voix fausse et insupportable percer mes tympans.

Je me redresse doucement et me rends compte que je suis dans mon lit, dans mon pyjama le plus chaud. Je souris systématiquement en devinant que mon frère a sans doute dû me porter après leur film et s'occuper de moi.

Je fronce vivement les sourcils en entendant sa voix s'élever, accompagnée de celle d'Iris qui semble répéter après lui les paroles de la chanson de Shakira.

Dès qu'elle vient ici. Elle ne peut s'empêcher de rabâcher les paroles de cette chanson. Matin. Midi. Soir.

Je souffle et m'extirpe de ma couette avant d'attacher mes cheveux en un rapide chignon, puis je dévale les escaliers afin d'arriver en plein milieu du salon, dans lequel Iris et Jason utilisent des télécommandes en guise de micro et suivent les paroles qui défilent sur la télé.

Pendant qu'Eva est en pleine manucure, en les encourageant comme le meilleur public qui soit.

Seigneur. Qu'ai-je fais pour mériter une famille pareille ?

Je m'avance dans leur direction, puis m'empare de la télécommande avant d'éteindre la télévision, les stoppant directement dans leur concert privatisé.

- Eh ! S'écrie soudain Iris en se tournant dans ma direction. On avait pas fini !

- Vous me faites mal aux oreilles. Et vous ruinez le chef d'œuvre de Shakira. Elle mérite mieux, la pauvre.

Iris et Jason roulent des yeux en se laissant tomber synchroniquement sur le canapé.

- T'es une rabat joie. Souffle Jason, dramatiquement. Et maintenant, j'ai faim.

Ok. Quel est le rapport au juste ?

Il se relève aussitôt et se dirige dans la cuisine, tout en chantonnant le nom d'Emily que j'entends rire jusqu'ici.

Eva ne tarde pas à le suivre, alors qu'iris s'allonge sur le canapé de toute sa taille, avant de poser ses pieds en haut du dossier et d'ainsi adopter une position que je n'essaie même pas de comprendre.

Je secoue la tête, puis je décide de regagner ma chambre afin de m'habiller simplement et chaudement, après avoir pris une rapide douche.

Je laisse mes cheveux naturellement sécher puis retourne dans le salon, quand je sens mon téléphone vibrer dans ma poche arrière. Je m'en empare aussitôt et y lit une notification de Matt, qui me fait froncer les sourcils.


Matt :
J'ai appris que tu partais en vacances. Un café avant ton départ ? Je voudrais te parler.




Mes sourcils se froncent davantage alors que je relis son message plusieurs fois.

Me parler ? De quoi voudrait-il qu'on parle ?

Je soupire légèrement puis lui réponds afin d'accepter son invitation. Après tout, Matt est mon ami, alors ... je n'ai pas de questions à me poser.

J'arrive rapidement dans le salon, maintenant totalement désert et je devine que tous les trois sont dans la cuisine, au son de leurs voix et de leurs rires qui me parviennent aux oreilles.

Je me laisse tomber sur le canapé et allume la télévision, les yeux rivés sur ma série qui se diffuse sous mes yeux. Mais l'esprit totalement absent.

Toutes les pensées se mélangeant à l'intérieur de mon cerveau.

Ma mère.

Matt.

... Kilian.

Et ce putain de mauvais pressentiment. Cette putain d'impression inconfortable d'échouer.




« Tu as raison. Tu es une Swan, tu obtiens toujours ce que tu veux. Mais sache que je t'ai élevée à mon image, Nora. Et ce que je veux, je finis par l'avoir. D'une manière ou d'une autre, tu ne gagneras pas. »




Maman ... t'es vraiment une sombre garce.

Je souffle profondément et repose les yeux sur l'écran de la télévision, lorsque j'entends la sonnette retentir, me laissant jurer entre mes lèvres.

- Nora ! T'es plus près ! S'écrie Jason depuis la cuisine, ayant, comme d'habitude, la flemme de se bouger.

Je soupire exagérément fort, faisant en sorte qu'il m'entende bien râler de là où il se trouve, en bonne actrice que je suis. Puis, je me lève d'un pas las pour me diriger vers la porte en traînant des pieds.

J'ouvre la porte sans grande motivation, puis relève les yeux vers la silhouette féminine qui me fait soudain face, me regardant droit dans les yeux en me laissant affronter son regard clair.

Et mon corps passe par différentes réactions instantanées et automatiques.

Temps de compréhension.

Surprise. Haussement de sourcils.

Froncement de sourcils. Légère haine. Profond souffle d'exaspération.

Puis je lui claque la porte au nez sans un mot.

Non mais je rêve.

Je reste plantée derrière la porte, alors que je l'entends de nouveau frapper à celle-ci, sans que je ne me décide à ouvrir.

- Bah, c'était qui ? Tout va bien ?

La voix de Jason me fait tourner la tête, alors qu'il fixe la porte avant de poser ses yeux sur moi plusieurs fois.

- Pinces-moi. Je dois être en train de rêver.

Il ne se fait pas prier, et je lâche un hurlement aigüe et insupportable quand je sens son pouce et son index me pincer l'avant bras droit.

- Eh ! Mais t'es malade ? Penses à consulter !

- C'est toi qui m'as demandé de te pincer. Je rêve, les femmes sont vraiment chiantes par moment.

Je lui lance un regard noir, puis il lâche un rire amusé avant de tourner de nouveau les talons sans demander son reste, regagnant aussitôt la cuisine et me laissant seule ici.

Devant la porte. Alors que la sonnette retentit encore une fois.

Puis deux. Puis trois.

Je roule des yeux et ouvre cette fois la porte à la volée, laissant ma surprise s'envoler et mon regard noir se poser sur la petite blonde face à moi.

- Selena Miller. Soufflais-je d'un air blasé. Tu veux quoi ?

La première question à se poser serait : qu'est-ce qu'elle fait ici ?

À Manhattan. Non, en fait. Devant ma porte.

- Je suis contente de te voir aussi, Nora.

Je roule des yeux et la fixe de mon regard blasé et déjà fatiguée de cette discussion.

- J'ai des défauts, ceci dit, très peu. Mais je n'ai jamais appris à être hypocrite. Donc, tu veux quoi ?

Elle soutient mon regard durant de longues secondes qui me paraissent interminables, et je suis de nouveau prête à lui claquer la porte au nez lorsqu'elle ouvre de nouveau la bouche.

- J'ai besoin de ton aide.

Ahah ! Elle a avalé un clown ce matin ?

Je manque d'éclater de rire et me mords l'intérieur de la joue pour m'en empêcher quand je me rends compte qu'elle ne plaisante absolument pas face à moi.

- Non.

Non mais, elle s'attendait à quoi, au juste ?

- Tu ne m'as même pas laissé t'expliquer !

- Je n'ai pas besoin d'explication. Crachais-je d'une voix ferme. Si t'as un problème, débrouilles toi. Je suis bien la dernière personne que tu aurais du venir voir pour te filer un coup de main, Selena.

Il faut dire que je suis dure avec elle. Et que je l'ai toujours été. Mais elle n'a jamais cherché à être aimable de son côté non plus. Et je ne pourrais jamais encadrer cette fille. Je la déteste.

- Justement, reprend-elle aussitôt. Tu es la seule personne qui peut m'aider. S'il te plaît. Je ne serais pas venue si tu n'étais pas mon dernier espoir.

Je hausse un sourcil et la fixe silencieusement. Puis, quand mes yeux se posent par dessus son épaule, je perçois le vent qui frappe et ses cheveux qui volent alors qu'elle resserre sa veste contre elle.

Je finis par lâcher un profond souffle, puis, comme si je semblais la prendre en pitié, je me décale afin de la laisser rentrer.

Ok. Je la déteste. Mais personne ne mérite de mourir congelée. Pas même Selena.

Elle me lance un regard surpris, puis en voyant mon air impatient elle se hâte de rentrer dans la maison, alors que je referme la porte derrière elle et m'avance jusqu'à m'asseoir sur mon canapé.

Elle se tient face à moi, une pile de papiers en main qu'elle serre contre elle, semblant observer silencieusement ma maison. Comme si elle admirait chaque recoin de la pièce. De la luxueuse table basse en face d'elle jusqu'aux rares photos de famille qu'elle perçoit sur les murs.

- J'ai pas la nuit, Selena. Soufflais-je alors, la coupant dans sa contemplation.

Je dois avouer que ça m'avait manqué. D'être Nora la garce. Parfois, ça fait du bien. De redevenir celle que j'étais quand je n'étais qu'une lycéenne qui se pensait supérieure à tout et à tout le monde.

- J'aurais besoin que tu m'obtienne un stage chez ta mère -

- Ok. La coupais-je aussitôt. Fin de la discussion. Tu vas devoir te débrouiller toute seule.

Aider Selena est déjà une tâche compliquée. Mais si celle-ci nécessite un contact avec ma génitrice, alors c'est perdu d'avance.

- Nora, semble me supplier la blonde. On doit obtenir un stage dans une entreprise reconnue, et si je ne réussis pas, ils ne me valideront pas mon année.

- Bah, tu la valideras l'année prochaine. Haussais-je les épaules. T'as un problème, j'ai une solution.

Une solution vraiment très peu efficace, ceci dit.

- Je suis boursière. Je ne peux pas me permettre de redoubler, sinon ils me retirent les aides. Et sans cet argent, je ne peux pas étudier.

Je lâche un soupir exagérément profond en posant un regard las sur Selena, toujours debout face à moi, l'air désespéré.

J'aurai presque de la peine.

J'ai bien dis presque.

- Je suis désolé, Selena. Finis-je par lui dire en reprenant mon sérieux. Mais ma mère est une garce qui me déteste. Avec ou sans mon aide, tu n'y arriveras pas.

- T'es une fille convaincante, Nora. Souffle la blonde en face de moi. J'ai tout à gagner en travaillant pour ta mère ...

- Et moi, qu'est-ce que j'ai a gagner ? Lui demandais-je en reprenant mon assurance et mon air imperturbable.

Bordel. Arrêtes d'être une garce avec elle.

C'est plus fort que moi.

- Je ferai ce que tu veux. Lâche alors Selena pendant que je hausse un sourcil. Mais n'oublie pas que si je bosses pour ta mère, c'est un moyen pour toi de passer à travers les mailles du filet.

Je la fixe silencieusement, les bras croisés sur ma poitrine alors que je me laisse tomber contre le dossier du canapé sans rompre notre échange visuel.

- Si quelqu'un se hisse à la place qu'elle compte te donner depuis des années, elle te laissera avoir l'avenir que tu souhaite.

Mon regard ferme s'adoucît face à son innocence et sa détermination.

Elle me fait parfois penser à une enfant. Naïve. Innocente. Idiote. Elle est prête à penser que tous les humains, dans ce monde dans lequel seul l'argent et l'image comptent, sont bienveillants et prêts à l'accepter par son simple talent.

- Tu n'atteindras jamais le sommet avec ma mère, Selena Miller.

- Je l'atteindrai. Nora Swan.

Je me redresse et regarde autour de moi, comme si je voulais m'assurer que ma génitrice ne soit pas dans les parages, prête à intervenir et à renvoyer Selena comme une moins que rien.

- Ta détermination ne suffira pas. Ma mère est une garce. Elle ne laisse pas n'importe qui rentrer chez elle.

- Je ne suis pas n'importe qui. Je suis Selena Miller. Et l'argent que possède une personne ne définit pas qui il est. J'ai plus de talents ici que tous les employés friqué de ta mère. Et tu le sais.

Je soutiens son regard de longues secondes, puis elle m'interrompt dans mes pensées qui semblent mener bataille les unes contre les autres.

- Tous les documents nécessaires sont ici. T'en feras ce que tu veux. Mais on a toutes les deux quelque chose à gagner. Ça aurait dû suffire à te convaincre.

Elle dépose la pile de papiers agrafés sur la table basse face à moi, puis après un dernier échange, un dernier sourire et un dernier coup d'œil à la pièce dans laquelle elle se trouve, elle tourne les talons et quitte la maison, ainsi que mon champ de vision sans un mot de plus à mon égard.

Mes yeux se posent aussitôt sur les documents, desquels je m'empare aussitôt. Je les ouvre et en passant la lecture de son CV ainsi que celle des informations inutiles, je laisse mes yeux se poser sur ses croquis, ses dessins, ses créations.

Et c'est réel. Elle est bourrée de talents.

Et elle pourrait prendre la place que ma mère me réserve en espérant que j'échoue mon année pour m'orienter comme elle le souhaite.

Je repose la pile de document ou elle se trouvait puis repose mes yeux sur la télévision, tout en m'insultant intérieurement quand mes pensées divaguent sur notre discussion.

C'est décidé. Je suis de mauvaise humeur.

Et cette mauvaise humeur s'accentue davantage quand j'entends les pas de ma mère arriver derrière moi, au simple bruit de ses talons contre le sol.

Elle me lance un regard fermé et froid, puis observe quelques secondes la télévision, avant de poser ses yeux sur ma tenue, et enfin sur les documents posés sur la table basse.

Et la remarque qu'elle semblait prête à me lancer quant à ma personne semble se dissiper, alors qu'elle observe d'un air dédaigneux la simple première page face à elle.

- Qu'est-ce que c'est ? Me demande-t-elle.

- Une ancienne camarade qui veut que tu lui files un stage. Me contentais-je de lui dire sans décrocherez yeux de la télévision.

Je l'entends pouffer de manière hautaine, et je prends une profonde inspiration afin de ne pas perdre mon sang froid.

Elle s'empare rapidement des papiers, et à peine a-t-elle lu les premières informations sur elle qu'elle les repose aussitôt sur la table.

- Une fille de Brooklyn pense vraiment pouvoir travailler pour moi ?

- Une professionnelle serait allé jusqu'au bout de sa lecture. Sifflais-je sans poser les yeux sur elle. On prend en compte le talent, pas le domicile des gens, maman.

Je la vois me lancer un regard méprisant du coin de l'œil, puis elle tourne les talons sans m'accorder un mot de plus, me faisant clairement comprendre sa réponse quant à la demande de Selena.

Bon. Bah j'aurai fais de mon mieux.

Aucun effort. Mais je ne compte pas gâcher mes vacances pour Selena. Je déciderai de l'aider à mon retour. D'ici-là, je ne penserai qu'à moi. Je le mérite, de toute façon.

Je regarde l'heure sur mon téléphone et me lève aussitôt du canapé, afin d'enfiler une paire de chaussures et de me préparer rapidement pour rejoindre Matt, qui m'avait renvoyé l'heure du rendez-vous après ma réponse positive.

J'informe rapidement Jason puis quitte enfin la maison. Le cœur lourd. Une boule à l'estomac. Le cerveau remplit de questions.

Sans même savoir pourquoi.

C'est comme si mon cerveau s'était soudain mît en alerte et comme si des bribes me revenaient en mémoire. Des souvenirs de moments totalement insignifiants. Mais qui semblent tellement importants maintenant.

Pourquoi on semblait autant me faire comprendre que Matt n'était pas une bonne personne ? Alors qu'on est ami.

Sûrement de la jalousie.

Pourquoi ma mère semblait-elle s'amuser d'une manière mauvaise et mesquine de la situation, comme si elle était sûre de toujours avoir un contrôle sur moi ?

Parce qu'elle est prétentieuse et imbu de sa propre personne.

Pourquoi Matt veut-il me parler d'un sujet important ?

...

Est-ce que les pressentiments existent vraiment ?

Parce que si c'est le cas ...

... peut-être que Kilian n'aura pas été la dernière personne à me prendre pour une conne.

Ipagpatuloy ang Pagbabasa

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