« Vous êtes un vaillant cœur jeune Hobbit, mais cela ne vous suffira pas. »
-Étrangers venues de terres lointaines, alliés de toujours, commence le conseil d'Elrond. Vous êtes là pour répondre à la menace du Mordor. La Terre du Milieu est au bord de la destruction.
Nous étions sur une terrasse reculée de la cité, près d'un grand arbre. Des chaises avaient été placé en cercle et au milieu, une table en pierre. Sûrement là où serait exposé l'Unique.
Pendant tout ce temps, le précieux bijou avait été sous mes yeux, dans la poche de Bilbon. L'Anneau Unique était le plus puissant des Anneaux de Pouvoir, forgé par Sauron lui-même dans les feux de l'Orodruin. La bague permet à son porteur de devenir invisible, et s'il est mortel, de lui conférer un allongement indéfini de sa vie.
Quand je repassais aux moments passés avec Bilbon, je me dis qu'il a dû utiliser plusieurs fois ce pouvoir d'invisibilité. Comme par exemple pour venir nous délivrer dans les prisons du Roi Thranduil. Comment aurait-il pu entrer, après tout ? L'Anneau Unique avait été à la fois un fardeau et une aide pour lui.
Étant l'une des dernières arrivés, je m'étais assis sur la dernière place, au plus près du conseiller d'Elrond et à côté d'un Homme que je connaissais pas. Il est grand, majestueux et d'une grande beauté, et possède selon moi l'allure d'un Elfe, bien qu'il ne soit qu'un Homme. Son visage pâle et sévère exprime à la fois la grâce de sa jeunesse, la vaillance de sa maturité et la majesté de sa vieillesse. Je ne saurais quel âge lui donner. Il a un regard pénétrant et ses yeux bleu-gris sévères ressortent de son visage. Ses cheveux sont mi-longs et bruns, arrivant à aux épaules et sont parsemés de quelques pointes grises. Il porte une tunique avec un manteau noir foncé et des hautes bottes. Cet Homme m'intrigue, et je ne saurais dire pourquoi.
-Nul ne peut y échapper, continue le chef de ce conseil. Vous vous unirez ou vous serez vaincus. Chaque race est liée à ce destin, à ce sort commun. Montez leur l'Anneau, Frodon, ordonne l'Elfe en se tournant vers le seul Hobbit présent.
Le petit homme recroquevillé dans sa chaise se lève timidement et se dirige vers une petite table en pierre au centre et pose le précieux objet doré dessus avant de retourner s'asseoir. Tous les regards se posent sur le bijou, tous l'air curieux. Je fixe moi-même l'Unique. Et je ressens aussitôt sa noirceur, sa grandeur et son pouvoir. Un pouvoir malsain. Malgré ce pouvoir maléfique, je ne semble pas affecter par lui, contrairement à beaucoup ici. Il ne m'attirait pas. Mais cette chose n'est pas moins dangereuse. Comment n'ai-je pas remarqué cette puissance, caché dans les poches de Bilbon ?
-Alors c'est vrai, murmure Boromir, toujours en fixant l'objet, alors que l'homme brun à mes côtés lui lance un regard.
Le fameux Boromir, dont j'avais entendu parler plusieurs fois, était un homme brun de grande taille, plutôt beau, qui semble doté d'une grande force physique. Avec lui, il transportait le cor du Gondor, une corne de bœuf avec des inscriptions. Mes yeux restèrent river un instant sur lui, avant que je ne reporte mon attention sur le précieux objet qui faisait tant parler de lui.
Le grand péril lié à l'Anneau vient de l'incommensurable pouvoir de domination qu'on lui confère, et qu'on lui a conféré. En effet, Isildur, le premier possesseur de l'Anneau, juste après Sauron, ne voulut pas le détruire, subjugué par ce dernier, et cela causa sa perte. L'horrible créature Gollum fut entièrement dévorée par le pouvoir de l'Unique, qui le tourmentait jour et nuit. De ce que j'ai entendu dire, même Gandalf refusa de le prendre par peur de se faire corrompre lui-même. Beaucoup étaient obnubilés par l'envie de le posséder.
-Cet Anneau est un don, lâche l'Homme du Gondor, toujours autant hypnotisé par l'objet. Un don fait aux ennemis de Mordor. Pourquoi ne pas s'en servir ? continue-t-il en se levant.
L'Homme se mit ensuite à tourner autour de la table où reposait l'Anneau, l'air pensif. Il me faisait quelque peu peur, enfin c'était surtout son regard qui me terrifiait. Son regard, avide d'or. Il me rappelait celui de Thorin.
-Depuis longtemps, mon père, l'intendant du Gondor, a tenu à distance les forces du Mordor. C'est grâce au sang de notre peuple que vos terres sont encore en sécurité. Donnez au Gondor l'arme de notre ennemi, laissez-nous l'utiliser contre-lui ! s'écrit-il plus fort à à l'intention de toute l'assemblée.
-On ne peut le contrôler, intervient l'Homme à mes côtés d'une voix calme alors que Boromir se tourne vers lui. Aucun d'entre nous ne le peut. L'Anneau Unique ne répond qu'à Sauron, il n'a pas d'autre maître.
-À moins que vous ne vouliez finir en Nazgûl, rajoutais-je en croisant les bras.
-Et qu'est-ce que deux rôdeurs connaissent à ces choses-là ? se défend l'Homme, toujours debout.
Alors que j'allai répondre, c'est Legolas lui-même qui se lève pour nous défendre.
-Ce ne sont pas des simples rôdeurs. C'est Daenerys, la Mère des Dragons, de la maison Targaryen. Et ce n'est pas simplement Grands-Pas, c'est Aragorn, fils d'Arathorn. Vous leur devez serment d'allégeance.
Grands-Pas ? Celui qu'aime Arwen ? Et Aragorn ? Le fils de Gilraen et de Arathorn II, chef des Dúnedain. Et c'est donc le descendant d'Isildur, le premier possesseur de l'Anneau. Je me tourne vers l'Homme et l'observe en détail. Alors c'est lui, l'amant de mon amie ?
-Targaryen ? répète le fils de l'intendant. Aragorn, le descendant d'Isildur ?
-La dernière de Westeros, accompagné de son Dragon, et l'héritier du trône du Gondor, continue Legolas.
-Asseyez-vous Legolas, interrompt le dénommé Aragorn.
-Le Gondor n'a pas de Roi, fit Boromir à l'Elfe. Et il n'en a pas besoin, finit-il en se tournant vers l'Homme à mes côtés.
Le brun se rassit tout en gardant son contact visuel avec le descendant d'Isildur. Boromir se trompe, le Gondor a besoin de ce Roi. Il paraît que son père, l'intendant, n'est pas le meilleur des dirigeants. Et Aragorn semble le savoir.
-Aragorn a raison, nous ne pouvons l'utiliser, reprend Gandalf pour calmer les tensions.
-Vous n'avez pas le choix, l'Anneau doit être détruit, rajoute Elrond.
-Qu'attendons-nous pour le faire ? s'écrit Gimli en se levant, ce qui ne m'étonne pas d'un Nain.
Le roux ne réfléchit pas plus et saisit sa hache avant de venir frapper l'Unique avec, de toutes ses forces. L'arme se brise en plusieurs morceaux dans un énorme brouhaha alors que le roux tombe en arrière. Frodon sursauta et grimaça, comme touché par cette action. Il est déjà lié à l'Unique.
-L'Anneau ne peut être détruit Gimli, fils de Glóin, par aucun moyen entre notre possession, le réprimande le Seigneur Elfe pendant que le concerné se relève, aidé par ses amis. L'Anneau a été forgé dans les flammes de la Montagne du Destin, il n'y a que là qu'il puisse être détruit, continue-t-il alors que Gimli regagne sa place. Il faut l'emporter dans les profondeurs du Mordor dans l'abîme flamboyant où il est apparu autrefois. L'un de vous doit le faire.
-On n'entre pas si facilement en Mordor, réplique Boromir après quelques secondes de silence. Ses portes noires ne sont pas que gardés par des Orques. En ces lieux il y a un mal qui ne dort jamais. Et le grand œil est toujours attentif, c'est une terre dévastée et stérile, recouvertes de braises et des cendres. L'air que l'on y respire n'est que vapeur empoisonné, continue l'Homme du Gondor, l'air grave, sous le regard apeuré de Frodon. Même dix mille Hommes n'en viendraient pas à bout. C'est une folie.
-N'avez-vous pas entendu ce que le Seigneur Elrond a dit ? intervient Legolas en se levant pour faire face au brun. L'Anneau doit être détruit.
-Et je suppose que vous croyiez être celui qui va le faire ? rajoute Gimli d'un air mauvais.
-Si nous échouons qu'arrivera-t-il ? reprend Boromir en se levant à son tour. Que se passera-t-il quand Sauron récupèrera son Anneau ?
-J'aime mieux mourir plutôt que de voir cet Anneau dans les mains d'un Elfe ! s'écrit le Nain roux en se levant également, ce qui n'arrange pas la situation.
Face à cette dernière phrase, les Elfes, les Hommes et les Nains se lèvent et le conseil se transforme en une véritable dispute. Tout le monde crie de partout, tout le monde veut posséder l'Anneau.
-Nul ne peut ceci à un Elfe ! rugit le fils de Glóin.
Je reste assise, silencieuse, et me tourne vers Gandalf qui semble désespéré. Je regarde ensuite Frodon à ses côtés qui semble attiré par l'Anneau, mais aussi troublé. Le Magicien se lève pour tenir tête à Boromir alors que je croise le regard du Hobbit. L'Unique semble le rendre malade, il veut s'en débarrasser. Le petit homme semble prêt à détruire l'Anneau. Alors qu'il ne me lâche pas du regard, je lui hoche positivement de la tête, pour lui montrer qu'il a raison. C'est un brave petit homme, je le soutiendrai. Et l'Anneau doit être détruit. Bilbon a possédé l'Anneau, et son cousin le fera disparaître de ce monde.
-Je vais le faire ! crie alors Frodon en se levant de sa chaise, après m'avoir longuement regardé. Je vais le faire ! répète-t-il une nouvelle fois en se rapprochant du centre. Je vais porté l'Anneau en Mordor.
Les disputes se stoppent et tout le monde se tourne vers Frodon, étonné. Face à ses paroles courageuses, je me lève à mon tour et me rapproche du petit brun.
-Bien que, je ne connaisse pas le moyen, continue-t-il d'une petite voix en baissant les yeux face à tant de regards.
-Mon Dragon et moi vous aiderons à porter ce fardeau, Frodon Sacquet, intervenais-je en posant ma main sur son épaule, sous les regards de tous.
-Je ferai de même, rajouta le Magicien en m'imitant. Aussi longtemps que vous aurez à le porter.
-Si par ma vie ou par ma mort, je peux vous protéger, je le ferai, dit honnêtement Aragorn en se levant à son tour, lui qui était également resté assit pendant que les autres se disputaient. Mon épée est vôtre, rajoute-t-il en s'agenouillant devant le Hobbit.
-Et mon arc est vôtre, murmure Legolas en se rapprochant à son tour.
-Et ma hache, dit sauvagement Gimli avant de se poser aux côtés de l'Elfe blond sous son regard déçu.
-Vous avez notre destin à tous entre les mains, petit homme, interrompt à son tour l'Homme du Gondor. Et si tel est la volonté du conseil, le Gondor se joindra à vous.
-Eh ! s'écrit Sam en sortant d'un buisson avant de rejoindre son ami Hobbit. Monsieur Frodon n'ira nul part sans moi, dit-il en croisant les bras.
-Non, en effet, il n'est guerre possible de vous séparer. Et cela même s'il est convoqué à un conseil secret et vous non, en conclu Elrond.
Face à ses paroles, Pippin et Merry arrivent en courant à leur tour.
-Eh, nous aussi ! Faudra nous renvoyer chez nous dans un sac pour nous en empêcher ! s'écrit Merry, le plus âgé des deux.
-Quoi qu'il en soit, intervient le deuxième. Vous avez besoin de gens intelligents pour ce genre de... mission ? Quête ? Chose ?
-Bon alors ça te met hors course Pippin, chuchote son ami, ce qui me fait sourire.
-Dix compagnons, en conclu Elrond. Qu'il en soit ainsi.
-Onze, fis-je en voyant mon Dragon arriver et se poser devant nous, avant de lâcher un rugissement qui en fait trembler plusieurs.
-Onze compagnons, se corrige l'Elfe en me lançant un sourire. Vous formerez la Communauté de l'Anneau !