8h00 - mercredi 16 novembre : devant le campus
Junwon
Chiara :
> J'ai besoin qu'on parle de quelque chose, tu peux me rejoindre devant le bâtiment des lettres ?
À peine arrivé devant le portail de l'université que Chiara m'avait déjà envoyé un message. Ça semblait être important. Bien évidemment que j'ai accepté. Je change de chemin pour aller au bâtiment des lettres qui se trouvait non loin de celui des arts.
Quelques minutes plus tard je pouvais l'apercevoir, je lui fis un geste de la main pour la saluer et courra vers elle.
- Junwon, toujours de bonne humeur à ce que je vois.
Je lui souris, oui après ce qu'il s'est passé hier avec Leo je n'arrivais plus à enlever le sourire scotché à mon visage.
- Tu avais quelque chose à me dire ?
- Ça sert à rien de me le cacher je sais que c'est Leo.
- Hein, quoi...euh non tu te trompes...
- Junwon même un aveugle aurait pu voir à quel point tu l'aimes.
- Vraiment ?
J'avais rigolé un petit peu gêné, c'était si voyant que ça ?
- Est-ce que vous avez officialisé ?
- Hein ?
- Tu m'as parlé d'un baiser mais est-ce que vous avez parlé de votre relation après ?
Je n'y avais pas vraiment pensé... C'est vrai que maintenant je ne sais pas trop comment décrire notre relation. Est-ce que pour lui on est en couple ou non ? J'aurais eu tendance à dire oui mais sans son affirmation il n'y a pas de certitude, c'est assez perturbant.
- Elle soupira avant de reprendre, dit moi sincèrement Junwon, est-ce qu'il t'a déjà dit je t'aime ?
-Euh... non je ne crois pas.
- Je m'en doutais.
Elle me prit dans ses bras comme si elle voulait me réconforter avant de me dire :
- Il va falloir que vous ayez une discussion sérieuse entre vous.
Elle me lança un dernier regard entendu avant de rentrer dans son bâtiment. Ce qu'elle m'avait dit avait engendré chez moi tant de pensées qui se bousculaient entre elles et tant de questions en plus. Je ne vais pas mentir mais je n'arrivais pas trop à comprendre ce qu'elle essayait de faire. Me protéger ou m'éloigner de lui ? Ou alors les deux ?
Je me dirige vers mon bâtiment toujours perdu dans mes pensées. Embrasser quelqu'un n'est pas anodin et pourtant mon esprit pris en compte un détail qu'il avait laissé de côté avant. À chaque fois que Leo m'embrassait il parlait toujours d'inspiration comme quoi ça serait moi qui le lui donnerait. Mais après tout être la muse de quelqu'un est un très bon compliment il ne peux pas s'être servi de moi de cette manière. C'est beaucoup trop ambiguë, une personne normal ne saurait jamais allé aussi loin. Ou peut être que si ? Non je me fais trop d'idées. Il faut juste que j'arrête d'y penser.
**
Il était 16h passé et la fin du cours approché. Je commençais à ranger mes affaires lorsque je reçus une notification.
Leo :
> Je t'attends dans la cours.
J'avais complétement oublié que je rentrais avec lui. Le stress me monta, il fallait que je lui demande quand je serais en face de lui. Même si je ne savais pas trop quoi penser de ce qu'il pouvait ressentir pour moi, je gardais un espoir. Si on embrasse quelqu'un c'est que forcément on l'apprécie non ?
Je sorti de l'amphithéâtre. Je ne tardas pas à voir Leo à l'autre bout de la cours. Quand il me remarqua il me salua d'un geste de la main et attendit que je me rapproche de lui. J'essayais tant bien que mal de cacher mon angoisse, je savais qu'on allait le voir sur mon visage. Mais malgré mes efforts il le remarqua directement. Il me demanda alors s'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
- Rien du tout c'est juste le stress des exams, on y va ?
- Ah ne t'inquiètes pas je suis sûr que tu y arriveras.
J'aurais pu lui en parler tout de suite mais pourtant je ne l'ai pas fait. J'appréhende trop sa réponse pour lui dire directement. Je préfère lui demander lorsque qu'on devra se séparer au croisement.
Durant le trajet je ne parlais pas beaucoup. Leo, lui, me racontait comment les professeurs leurs mettaient la pression pour l'exposition d'hiver. Puis il ajoutait qu'il était content car grâce à moi il pouvait de nouveau repeindre. À chaque phrase mon cœur se serrait un peu plus. Plus il parlait et plus j'avais des doutes sur ce qu'il pouvait réellement ressentir. Il y avait des signes contradictoires qui s'émanaient de ses gestes et de ses paroles que s'en était devenu difficile d'être fixe sur ce qu'il pensait. J'avais tellement envie d'être dans sa tête en ce moment même, savoir ce qu'il pensait vraiment de moi. Est-ce que je n'étais qu'un objet pour lui ou est-ce qu'il était vraiment attaché à moi ? Est-ce que ce qui s'est passé hier ne signifiait rien pour lui ? Il finit par me dire que ce soir il devait peindre pour rattraper son retard. Est-ce qu'il allait m'embrasser avant de partir ? S'il ne le fait pas alors peut-être que je ne lui dirais rien. Au fond je n'ai pas vraiment envie de lui en parler même si je sais qu'un jour il faut que je le fasse.
Le temps passait et je pouvais déjà apercevoir le croisement où nous devions nous séparer. Mon cœur battait si vite que ça en devenait étouffant. Comme à notre habitude on s'arrêta au croisement pour se dire au revoir mais cette fois-ci Leo s'avança pour se rapprocher de moi. C'était la première fois que je regrettais avoir vu juste, est-ce que mes doutes étaient aussi exacts ? Actuellement je voulais faire n'importe quoi sauf ça. Alors qu'il s'apprêtait à m'embrasser, je recula d'un pas. Il fut tout d'abord surpris puis ses sourcils se froncèrent légèrement, il comptait me dire quelque chose mais je le coupa dans son élan.
- Est-ce que tu m'aimes Leo ?
Il s'était redressé et me regardait dans les yeux. On pouvait clairement voir qu'il était bouleversé par ce que je lui avais demandé. Mon cœur se fissura un peu, pourquoi est-ce que tu as réagi ainsi Leo ? Ça ne devrait pas t'affecter autant...
- Pourquoi cette question soudaine...
- Je t'aimes Leo, je t'aimes vraiment.
Il continuait de me regarder dans les yeux mais ne disait plus rien. Je lui avais dit ça cash. Il fallait que je le sorte, il était important qu'il le sache même s'il l'avait probablement déjà deviné.
- J'ai besoin de savoir si tu m'aimes Leo.
Il baissa les yeux, un long silence s'installa mais je ne dis rien, je voulais juste qu'il me réponde. Alors qu'il s'apprêtait à me répondre, il avait toujours les yeux baissés.
- Regarde moi en face et dit le moi en me regardant moi.
Il était abasourdi par mon ton autoritaire mais rien ne m'inquiétait maintenant. Je voulais juste entendre ce qu'il devait me dire. J'avais besoin de savoir. Il fallait que je sache. Il releva la tête et me fixa, des reflets verts venant intecellés son regard.
- Je...
L'attente était insoutenable. Je pouvais sentir les larmes me montaient aux yeux mais je me forçai à ne pas les laisser tomber.
- Je ne pense pas être capable de t'aimer.
...
Mon cœur se fissura complètement.
Je ne dis rien.
J'encaissais juste en silence.
Alors ce qu'il s'était passé hier ne représentait vraiment rien pour lui.
Je lui souris une dernière fois avant de me retourner et prendre la direction de chez moi. Mes mains tremblaient, j'essayais tant bien que mal de retenir mes larmes mais c'était trop dur. Je m'y attendais au fond, plusieurs signes me le démontraient mais j'ai été bête d'en faire abstraction.
J'avais l'habitude d'être rejeté mais là... je ne pensais pas que ça ferait aussi mal... J'ai été bête de m'acharner autant sur lui. Je me hais tellement. Même après ce qu'il m'a dit, même après avoir découvert qu'il se servait de moi, même après tout ça j'arrivais toujours à l'aimer autant qu'avant.
Arrivé devant chez moi je n'arrivais même plus à contenir mes larmes. Il fallait que j'affronte ma mère dans cet état. J'essuyai rapidement mon visage du dos de mes mains. Je souffla avant d'ouvrir la porte. Cette fois-ci je n'avais pas annoncé ma présence, je comptais monter le plus vite dans ma chambre. Mais ma mère, alertait par le bruit de la porte, était sorti de sa chambre pour me trouver dans le salon, le visage mouillé et les yeux rouges. La dernière chose que je voulais c'était qu'elle me voit dans cet état. Pourquoi tout s'écroulait aujourd'hui ?
Elle n'hésita pas une seconde à venir me prendre dans ses bras. Je craquais totalement et m'effondra au sol. Même par terre, ma mère continua son étreinte sans rien dire. Je la serrai plus fort, mes mains agrippaient à son tee-shirt. Je ne sais pas combien de temps on est resté comme ça mais tout ce que je savais c'était que je pleurais encore et encore jusqu'à puiser dans dernières ressources.
- Maman... Pourquoi ? Pourquoi ça finit toujours comme ça...? J'avais réussi à aligner cette phrase entre deux sanglots.
- Même si ça fait mal de s'en rendre compte parfois il est important de savoir que certaines personnes entre dans nos vies mais ne font parties que d'un seul chapitre.
Je savais qu'elle faisait référence à papa. Elle a dû beaucoup souffrir mais pour nous protéger elle avait montré le contraire. Elle avait été forte pendant tant d'années, mes problèmes de cœur n'étaient rien comparé à la douleur qu'elle devait affronter chaque jour.
Hanni était à présent sorti de sa chambre, quand elle m'a vu moi et maman elle n'a pas tardé à nous rejoindre en prenant soin de m'enlacer le plus fort possible. Elle ne devait pas comprendre tout ce qu'il se passait mais elle ne posa aucune question et se contentait de nous serrer fort contre elle.
J'avais de la chance de les avoir. J'avais au moins une certitude, cette famille resterait jusqu'à la fin du livre et m'accompagnerait dans tous les chapitres aussi nombreux qu'ils soient.
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Ahah je suis désolée des fois entre la publication de deux chapitres c'est assez long car je refais la relecture avant de poster.
Encore une fois j'espère sincèrement que vous aurez pu vous projeter dans l'histoire.
Petit PS : Junwon nous aussi on t'aime <3