Remember Me? (Buddie)

By Kit-chenSink

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Elle doit être là, quelque part... Sûrement dans un vieux carton où au fond d'un tiroir. Cette maudite photo... More

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By Kit-chenSink

Le vent s'était levé sur Los Angeles et il planait dans les airs comme une odeur de mort et de désespoir.

L'air lui frappait le visage et faisait sécher le sang qui lui tâchait la peau, et dérangeait sa petite mèche blonde qui lui retombait sur le front.

Il avait froid, mais ça, ça faisait bien longtemps que c'était le cas. Il ne se souvenait même plus de la dernière fois qu'il avait pu ressentir la chaleur d'un corps contre le sien, ni même celui d'une main qui le retient ou de bras qui le serrent. Il ne peut pas vraiment dire que ça lui manque, étant donné qu'il n'avait jamais pu en profiter, mais il aurait aimé essayer de ressentir une telle chose avant de mourir, et il était trop tard désormais.

Il ne s'était jamais tenu aussi prêt de la mort, si prêt qu'il pouvait sentir son haleine lui souffler au visage, et pourtant, bien qu'il s'était imaginé cette scène de nombreuses fois, ce n'était pas du tout comme il se l'était inventée. Il n'avait pas peur et encore moins de regrets. Il était prêt et il s'était résolu à ce qu'aujourd'hui soit son dernier jour de vie. Il aurait juste aimé avoir le temps de dire au revoir aux personnes qui avaient encore un peu d'espoir en lui, et s'excuser auprès de celles qui l'avaient perdu.

Il savait que s'il partait maintenant, tout ce qu'il aurait aimé régler ne le serait pas, mais il savait aussi que le meilleur moyen que ce soit le cas, c'est qu'il ne soit plus là à créer de nouveaux problèmes. Alors il n'était pas triste, ni déçu, et ses jambes ne tremblaient même pas. Il tenait encore debout sur le bord de ce mur, la pointe des pieds dans le vide et le regard au loin, et sa main tenait encore ses côtes avec ferveur, tandis que ses chaussures étaient parsemées de petites explosions de gouttes rouges.

Il n'avait pas arrêté de saigner et il savait que ce que le type qui tenait l'arme dans son dos attendait, c'était qu'il se vide de son sang et que son corps vacille et tombe en avant.

Il n'avait jamais pressé la détente auparavant et c'était aujourd'hui que c'était arrivé, et Evan retenait la bile qui lui était remontée dans la gorge à ce moment, essayant de cacher son envie de vomir et la douleur qui lui avait traversé la poitrine quand la balle avait détonné.

Il ne s'était pas encore retourné, mais pouvait sentir les yeux pointés vers lui et l'impatience grandissante de l'homme qui tenait l'arme, prêt à tirer s'il avait la mauvaise idée de tenter quelque chose à nouveau.

Mais Evan n'avait plus la moindre force pour ne serait-ce que se retourner. Sa vue se brouillait au fur et à mesure et la fatigue lui donnait le tournis, et la seule chose qui ne faisait pas tomber en avant, c'était le vent de face, assez puissant pour le maintenir debout.

-C'est quand tu veux Evan, le pressa t-il en avançant à nouveau et une lignée de frissons lui parcoururent la colonne vertébrale quand il sentit le métal du canon au travers sa veste déchirée.

Il ouvrit une dernière fois les yeux, son oeil gauche tressautant, dérangé par l'hématome qui grossissait autour de sa paupière. Il baissa la tête vers le sol et ses yeux se posèrent sur les petites voitures jaunes, noires ou grises qui roulaient dans la rue en dessous, et il priait pour ne pas tomber sur l'une d'entre elles, pas parce que la chute serait douloureuse, il s'en fichait il mourrait avant de toucher le sol probablement. Mais parce qu'il ne voulait pas partir en tuant une jeune femme au volant de sa voiture, ou un bébé dans son siège à l'arrière. Alors il profita du carrefour et du feu qui passa au vert, pour décider que peut-être, c'était le moment.

-Evan, non!


Dix minutes plus tôt...

Il leva la main à son oreille et grimaça quand il vit la couleur rouge du liquide poisseux sur le bout de ses doigts.

Il tourna la tête, l'air indigné et dévisagea Lizzie, qui se tenait debout à côté de lui, à seulement quelques enjambées. La façon qu'elle avait de le regarder, il ne la reconnaissait plus. C'était comme ci la guerrière insensible et joueuse qu'il avait avait connue au lycée n'était plus la même. Elle avait été remplacée par la froideur, piquée par la douleur et la tristesse, et un aspect d'elle qu'il ne connaissait pas, celui d'une femme qui avait décidé d'arrêter de se battre, comme résolue à ce que tous espoirs soient anéantis.

-Liz', souffla Evan en se redressant, pourquoi tu fais ça?

Il regarda autour de lui, et si ses jambes le lui permettaient, peut-être qu'il pourrait atteindre ces conduits d'évacuation de gaz et qu'il pourrait se cacher derrière, espérant que la tempête passe ou qu'il pourrait y trouver quelque chose de plus convenable pour se défendre que ce qu'il avait dans la poche de son pantalon. Mais son corps ne lui autoriserait pas une telle lutte. Il n'avait plus la force de se débattre, et la seule chose qui le fit contrer le premier coup de poing que Lizzie balança dans les airs, c'était la prédiction qu'il y avait lu.

Comme un miroir, il avait l'impression de revivre les entraînements de la SAF, entraînements durant lesquels il n'y avait qu'une seule règle d'or. Tu te bats et tu te relèves. Si tu restes au sol, tu as perdu. Le combat ne se terminait que quand l'un des deux ne pouvait plus se relever. Il s'était battu contre tellement de gens plus ou moins de son âge, qu'il avait mis K.O à chaque fois, en envoyant certains à l'infirmerie. Mais quand il avait combattu Lizzie, il n'avait pas réussi. Il ne savait pas si c'était parce que c'était son amie, parce que c'était une femme ou parce qu'à ce moment là, il la considérait comme un peu plus qu'une amie, mais il n'avait pas réussi à se décider à lancer le premier coup.

Alors elle l'avait fait, et elle frappait très fort.

Il ne se souvenait plus de la douleur de son poing, jusqu'à ce que la deuxième attaque l'atteigne en plein dans l'épaule, le faisant tituber.

-Liz', arrête, je t'en prie, tu n'as pas à lui obéir.

Quand il se redressa, les mains posées sur ses genoux, essouflé, il essaya d'ouvrir grand les yeux, sa vue troublée par un voile flou.

-Il te manipule pour avoir ce qu'il veut! Clama t-il, suppliant.

La femme ricana et souffla du nez, perplexe.

-Personne n'a vraiment ce qu'il veut Evan, réctifia t-il. Je voulais une vie tranquille je ne l'ai pas eue. Allie voulait vivre jusqu'à ce qu'elle soit trop vieille pour se lever, elle ne l'a pas eu. Toi...

Elle marqua une pause en s'avançant et se pencha lentement, saisissant du bout des doigts le manche de son couteau à la lame blanche. Elle se releva, sans jamais le lâcher des yeux et secoua la tête.

-Toi, tu voulais une famille, et tu ne l'as pas eue.

Il eut juste le temps de rouler sur le côté, évitant ainsi le revers de la main qui allait s'abattre sur lui et il se releva.

La pointe de la lame se figea, à seulement quelques centimètres de ses yeux quand il lui saisit le poignet des deux mains. Elle poussa de toutes ses forces, ajoutant son autre main pour endurcir sa poigne, et même s'il était éreinté, il refusa de se laisser submerger par ce qu'il avait pu connaître autrefois.

Il releva son coude et lui lança en pleine mâchoire, la faisant lâcher prise suffisamment longtemps pour qu'il puisse se redresser et qu'il la pousse, la faisant trébucher contre le mur de la cage d'escalier.

Son souffle se coupa une seconde et elle grimaça, essayant de reprendre ses esprits avant de se jeter sur lui.

Il glissa sur le côté, l'attrapa par les épaules et tourna sur lui-même, la faisant leviter dans les airs et la relâcha brutalement. Quand elle heurta le sol de pleine face, elle gémit de douleur, sa main se plaquant dans son dos.

-Liz', je veux pas te faire de mal, je t'en prie, arrête. Tu n'as pas besoin de faire ça.

Elle se mit à quatre pattes et grogna.

C'était pitoyable à voir, et amusant à la fois. Comme regarder deux vieux coqs se mettre dessus pour remporter le prix du meilleur combattant, alors qu'ils n'en avaient rien à faire et que dans leurs esprits, se battre n'était que la condition pour vivre.

-Si, souffla t-elle, il le faut Evan.

Quand elle se retourna, épuisée et résolue, Evan su que quelque chose n'allait pas. Cet air désolé et cette grimace qui tordait son visage, alors qu'elle s'approchait de lui, sa main faisant le geste à chaque fois pour essayer de le blesser, mais son regard le suppliant d'y mettre un terme.

-Tu comprends pas, gémit-elle en se précipitant vers lui et en le saisissant à la taille, le plaquant au sol.

Elle s'assis au dessus de lui et le frappa en plein visage.

-Il a le contrôle, sa voix se brisa quand elle lui asséna un autre coup avec un poing si ferme que sa mâchoire craqua. Je n'ai pas le choix.

Quand les yeux d'Evan s'accrochèrent à la première chose qu'il voyait, le bas d'un muret, il cru discerner, dans les tâches de moisissure et d'humidité, un visage d'enfant.

Quand Lizzie l'affrontait à la SAF, elle retenait toujours ses coups, bien qu'elle avait la force nécessaire pour le mettre K.O en moins de deux minutes.

Elle était assez petite -du moins par rapport à lui, car en soit, elle faisait tout de même un mètre soixante treize- et était par conséquent beaucoup plus rapide que lui, mais il avait la technique et la force. Toutefois, il n'avait jamais vraiment essayé de la mettre à terre, parce qu'il ne voulait pas la blesser et il voulait qu'elle réussisse.

Du moins il l'avait voulu jusqu'au jour où leur affrontement s'était joué autour d'une table et que les règles avaient changé. Un seul des deux ne ressortirait vivant de cette pièce, et il semblait que ça avait été clair, le perdant serait exécuté.

Maintenant Evan se sentait terriblement idiot d'avoir mordu à l'hameçon. Parce qu'il s'était fait avoir par la ruse de Lizzie, qui n'était pas du tout un pur hasard.

En marchant dans les couloirs ce jour-là, il avait vu Noah et Mike entrer dans la même pièce et quand lui en était ressorti, Noah, le visage en sang et les yeux écarquillés était lui aussi de l'autre côté de la porte. Ils s'étaient échangé un regard horrifié et le métisse avait passé le reste de la semaine à marcher, l'air agard, sans vraiment savoir où il allait et sans vraiment poser son regard sur quelque chose de fixe. Il errait dans le self et dans les dortoirs en se disant qu'il n'aurait pas dû le pousser à bout, qu'il aurait dû être à sa place, qu'il aurait préféré être à sa place.

Evan comprenait pourquoi, quand Athena lui avait annoncé la mort de Noah, qui s'était suicidé, il n'avait pas vraiment été surpris. Parce que lui même à cette époque, n'aurait pas pu résister à l'envie de se plomber, après avoir été la cause de la mort de quelqu'un. La seule chose qui l'en avait empêché, c'était qu'il n'avait aucun moyen de se foutre en l'air à ce moment-là.

Puis il avait changé. Il était devenu insensible, presque vidé de tout regret et de tout manque et il s'était levé un matin, sans plus rien ressentir, en se contentant de marcher et d'avancer comme un zombie programmé.

Lizzie était devenue l'un de ces zombies, faisant partie d'une horde dont elle était la dernière survivante. Mais ce n'était pas son lavage de cerveau qui l'obligeait à obéir, mais quelque chose d'autre.

Ils n'avaient jamais vraiment parlé, parce qu'elle n'était pas bavarde, et lui ne se confiait jamais sur rien, alors lors des repas, ils écoutaient d'une oreille distraite les divaguations de Billy et touillaient leur purée, pensant qu'elle deviendrait plus chaude ainsi. Ils regardaient souvent dans le vide, et si Evan riait de temps en temps avec son meilleur ami, Lizzie se contentait d'hocher la tête, de lui donner un coup de pied sous la table quand il devenait trop bruyant ou de lever les yeux au ciel en entendant leurs blagues foireuses.

Mais il leur était arrivé une fois, de veiller tard, alors qu'ils étaient tous les trois sur le toit, la fumée de leurs cigarettes leur brouillant la vue.

C'était l'une de ces soirées où le ciel était dégagé, les étoiles étaient brillantes et hautes, et ou l'air était lourd, presque orageux, mais si agréable qu'ils étaient en t-shirt. Billy avait gardé son bonnet sur la tête, cachant ses bouclettes, et surtout parce qu'il s'était persuadé qu'il avait plus d'allure ainsi. Evan se gardait bien de lui faire savoir que ça lui donnait un air de vieux bûcheron tout rabougri, encore plus quand il portait ses chemises en flanelle.

Lizzie regardait le ciel, et pendant un moment de silence, brisé par le hûlulement d'une chouette, elle avait soufflé.

-Quand je suis venu au Brésil au début, c'était dans le but de retrouver ma mère génétique, qui habitait là, avait-elle déclaré, sans tourner la tête ni dévier le regard des astres scintillants. Mais en arrivant au foyer dans lequel elle était censée être, j'ai appris qu'elle avait fait une overdose d'opiacé, deux mois plus tôt et qu'elle y était restée. Personne ne m'avait prévenu parce qu'elle avait effacé mon numéro et avait fait en sorte que personne ne sache que j'existais.

Elle avait dû sentir le regard soucieux et perplexe des deux hommes sur elle car elle avait finalement tourné la tête avant d'hausser les épaules.

-Ma mère était complètement cinglée. Elle était obnubilée par toutes ces théories sur les aliens, sur les complots et les reptiliens. Elle pensait sûrement vouloir me protéger en effaçant mon existence, paniquée à l'idée qu'un petit homme vert vienne me triturer le cerveau, avait-elle imité quelqu'un qui se vissait le crâne. Résultat, j'ai fait le trajet pour rien, étant donné qu'elle n'était plus là.

Evan avait échangé un regard mal à l'aise avec Billy et il s'était râclé la gorge, en faisant une grimace surprise.

-En tous cas, c'est ce que je croyais au début, mais ils m'ont appris quelque chose là-bas.

Elle se pinça les lèvres, sceptique, avant d'avouer, presque défaitiste, quelque chose qui ne semblait ni lui faire plaisir, ni lui causer de la peine.

-Elle avait eu un autre enfant il y a cinq ans. Lilo. Il vit au Brésil dans une maison d'accueil pour enfant orphelin. J'ai retrouvé sa trace, et une fois sortie d'ici, j'irais le retrouver, je lui offrirais la vie qu'il n'a jamais eu et j'essaierai d'être de sa famille.

L'espoir qu'il entendait dans sa voix, était comme une source de lumière dans la nuit. Et ses yeux pétillaient d'une excitation et d'une fierté qu'il n'avait jamais vraiment lu en elle et ça lui plaisait drôlement. Cet aspect rêveur et familial qu'elle cachait au fond d'elle.

Ce jour-là il avait tout de suite compris qu'elle ferait tout pour être ce qui se rapprochait le plus d'une soeur pour Lilo, alors il savait qu'elle donnerait même sa vie pour lui.

Pourtant elle s'était mis une balle -une fausse- dans le crâne sans sourciller, à croire que le petit moment d'inattention et de joie qu'elle avait eu n'était que de passage.

Maintenant qu'il savait qu'elle n'était pas vraiment morte ce jour-là, il savait que ce qui lui traversait l'esprit actuellement, alors qu'elle s'acharnait sur lui, c'était comment elle allait pouvoir sauver son petit frère.

Mais il n'avait pas envie de mourir aussi facilement, et même si la balle qui l'avait traversé avait probablement condamné son existence, il voulait au moins essayer d'arranger les choses avant de disparaître.

Alors il décida que s'en était assez de se laisser frapper et tuer à petit feu, et après qu'elle l'ai cogné, peut-être pour la dixième fois depuis qu'il était à terre, on force en lui se réveilla et il releva les jambes, l'envoyant valser dans les airs. Elle passa par dessus lui et il se releva, chancelant et la vue obstruée par une trace de sang qui lui dégoulinait sur le visage.

Il sentait ses cheveux trempés, mais n'était pas certain que ce soit de l'humidité et en toute honnêteté, il se demandait comment il pouvait encore tenir debout.

Il se redressa, une main sur les côtes et pencha la tête sur le côté.

-Si tu veux me tuer, tu vas devoir le faire de tes propres mains Liz'.

Ses mots étaient le détonateur qui avait fait exploser le bâton de dynamite.

Elle se jeta sur lui en hurlant, se relevant à peine et il l'évita, lui assénant un coup de coude dans la dos.

Elle ne prit même pas le temps d'hurler, bien que la douleur devait lui être insupportable et se retourna, se jetant sur ses jambes et le faisait tomber en arrière. Il se débattit en lui assénant des coups de talons mais elle réussi à s'accrocher à lui et à grimper jusqu'à atteindre ses poignets. Elle les saisit et se jeta contre le sol, tendant la main pour attraper son couteau qui lui avait glissé des mains. Evan lui asséna un coup précis dans les côtes et elle se cambra, lui laissant l'opportunité de lui attraper la tête et de la retourner, la forçant à faire face au ciel. Il esquiva toutes ses tentatives de le griffer avec ses ongles ou de le frapper et vint entourer sa jambe droite autour de sa nuque avant d'attraper son bras gauche et de le tirer en l'air.

-Liz', arrête je t'en prie!

Il grogna, sentant qu'il forçait bien trop fort et persuadé qu'il allait lui briser la nuque, elle qui était si fine. Mais elle continuait à se débattre, à essayer de se dégager et bien que son visage devenait lentement rouge et que ses yeux commençaient à se révulser, elle tenait toujours bon, essayant d'attraper la moindre bouffée d'air qu'elle pouvait.

Evan voulait hurler de douleur.

Il avait mal partout et il voulait abandonner, laisser tout tomber et se laisser tuer. Mourir de la main d'Elizabeth n'était pas l'option la plus révulsante. Il avait mal à chaque muscle et il avait mal à chaque organe. Mais le pire, c'était son coeur -tant soit-il qu'il en ai jamais eut un-. C'était comme si on lui avait pris et on l'avait bousillé, écrasé et déchiré en mille morceaux avant de le rendre complètement noir et de le contaminer par la gangrène qui l'habitait. Il avait mal, parce qu'il sentait qu'elle était à bout de souffle et qu'elle avait perdu l'envie de se battre. Elle n'avait jamais vraiment abdonné son honneur et si elle devait en arriver là, elle préferait être tuée qu'avoir à vivre et à regarder son frère dans les yeux, sachant pertinemment qu'elle avait tué un homme dont elle prétendait être l'amie. Alors il avait mal de sentir sa respiration se raréfier et ses forces la quitter doucement. Il avait encore plus mal de se dire que s'il ne la tuait pas, ce serait-elle qui le ferait.

Mais il abandonna.

Quand il relâcha son emprise autour d'elle, elle suffoqua si longtemps que ça en paraissait interminable. Elle porta une main à son cou et ses yeux grands ouverts, cherchaient quelque chose se lequel se raccrocher, totalement déboussolée et mortifiée.

Il s'assit, essouflé et une grimace de douleur peinte sur le visage et il la supplia du regard.

-Je t'en prie Liz', ne fais pas ça. Il ne fait que te manipuler. Après m'avoir tué il te tuera et il tuera Lilo, mais tu peux me faire confiance, je connais quelqu'un qui peut l'aider. Tu dois juste me faire confiance. A nous deux, chuchota t-il, on peut l'éliminer.

Elle le dévisagea, ses lèvres abaissées dans une mine triste et brisée.

-J'en peux plus Evan, j'ai passé ma vie à courir, je veux plus vivre comme ça. J'en ai marre.

Elle tourna la tête et regarda Marcus, qui leur avait tourné le dos, l'espace d'une minute pour respirer l'air frais.

-C'est la même putain de règle que ce jour là Evan. C'est soit toi soit moi, mais si on se relève tous les deux, on est morts.

Il pivota lui aussi la tête vers le type dans son dos et se releva.

-Il ne peut rien faire contre nous, on est plus forts ensembles, affirma t-il en lui tendant la main.

Elle le regarda dans les yeux, fatiguée et baissa la tête vers les doigts ensanglantés de son ami. La culpabilité se lisait sur son visage et quand elle la saisit, elle la serra si faiblement qu'Evan dû la soutenir pour la remettre debout.

-Je te promets qu'on peut tout arranger, ensemble Liz'.

Un spasme agita sa lèvre inférieure et elle hocha faiblement la tête, sa main toujours dans la sienne.

Evan aurait aimé avoir la faculté d'imprimer les expressions des gens, parce qu'il aurait probablement imprimé celle-là.

Il aurait aimé l'avoir éternellement gravée dans la mémoire pour se souvenir de cet instant où il avait retrouvé un semblant d'amitiée avec l'une des personnes qui comptait le plus pour lui.

Il aurait sûrtout aimé savoir -il aurait dû savoir- que ça ne se terminerait pas comme il l'avait prédit.

L'arme que Marcus tenait et le canon fumant braqué sur eux, avaient décidé que ce ne serait pas ainsi que ça se terminerait.

Quand il y eut la déflagration, il sursauta, quand son visage se retrouva aspergé de sang.

La terreur et la surprise qu'il lu dans les yeux de Lizzie qui le serrait si fermement cette fois qu'elle lui faisait mal, étaient la même qui avait traversé les yeux d'Eddie quand sa voiture avait explosé.

Le temps s'était arrêté de tourner.

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