Remember Me? (Buddie)

By Kit-chenSink

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Elle doit être là, quelque part... Sûrement dans un vieux carton où au fond d'un tiroir. Cette maudite photo... More

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By Kit-chenSink

-Denny! Arrête de courir et prépare toi bon sang!

Hen ne faisait que passer d'une pièce à l'autre, manquant de peu d'attraper le bras du petit garçon à chaque fois qu'elle se rapprochait de lui. Mais il trouvait toujours un moyen de lui échapper. Il était vif comme l'éclair et très grand farceur en plus d'être doué pour se cacher.

Ça faisait déjà une dizaine de minutes qu'elle essayait de négocier pour qu'il finisse d'enfiler son pyjama et il lui avait échappé avant qu'elle ne puisse lui donner le pantalon.

Karen traversait la maison, téléphone à l'oreille, corbeille à linge sous un bras, bac à jouets sous l'autre. De temps en temps, elle esquivait de justesse la tête de son fils qui passait à la hauteur de ses hanches et qui semblait trouver un malin plaisir à faire tourner ses mères en bourrique. Il n'était que 20 heures et pourtant, il semblait que ça faisait des heures qu'elles se débattaient avec le petit garçon, qui n'était pas décidé à aller au lit.

Leur journée avait été rythmée par des urgences plus importantes les unes que les autres, et Karen, avait passé l'entièreté de son après-midi dans une salle de réunion avec des PDG de la Nasa, pour au final qu'on lui dise que son projet d'investissement dans une expédition sur Mars ne verrait pas le jour avant plusieurs années. Elle était rentrée frustrée et déçue, et c'était une pierre de plus à ajouter au fardeau qui leur pesait déjà sur les épaules. Il se passait quelque chose à Los Angeles qui les dépassait. Athena avait arrêté de répondre au téléphone, et elles avaient appris, par le biais de Bobby, qu'elle était à l'hôpital après avoir été sauvagement agressée par un homme pendant son service.

Hen s'était arrangée avec sa femme et lui avait confié Denny le temps qu'elle aille la voir, s'assurer qu'elle allait bien et lui apporter un peu de soutien. Elle avait été surprise de voir que tout le monde était réuni dans le couloir devant la porte de la chambre d'hôpital de son amie, et encore plus, de voir surgir quelques minutes plus tard, Evan, l'air amoché et fatigué, mais le regard toujours aussi sombre.

Il s'était approché, avait dit quelques mots, et elle n'avait pas su retenir la gifle qu'elle lui réservait depuis un moment.

Mentir à propos d'Eddie devenait soudainement plus facile, à croire que sa disparition lui faisait vraiment de la peine, car le fait de mentionner sa mort suffisait à lui arracher une grimace de douleur.

Hen avait été réticente à l'idée de le laisser entrer seul dans la chambre d'hôpital, sachant qu'Athena n'aurait probablement pas de quoi se défendre s'il se décidait à l'attaquer. Mais Bobby avait insisté sur le fait que sa femme l'avait réclamé.

Alors elle l'avait regardé entrer, sans pour autant baisser sa garde et moins se méfier. A vrai dire, pendant tout le temps qu'il était à l'intérieur, elle se concentrait sur la poignée de la porte, prête à bondir à l'intérieur si elle entendait le moindre cri ou appel au secours.

Il était ressorti une bonne demi-heure plus tard, avec une pochette sous le bras, le regard ahuri et perdu cette fois. Il semblait que c'était une toute autre personne qui ressortait de la pièce, et il ne s'attarda pas.

Ils étaient tous entrés pour rejoindre Athena, mais Hen avait attendu un peu, ses yeux accrochés au dos du blond, et ce n'est que quand il disparu qu'elle rejoignit les autres.

Tout s'était déroulé à une vitesse fulgurante. L'arrivée inattendue d'un frère disparu depuis trois ans. Une semaine plus tard, l'un de ses collègues et meilleur ami, échappe à la mort de peu. On apprend assez tôt qu'il s'agissait d'une tentative de meurtre et rapidement, tout dérape. La suspicion d'Evan, la fausse mort d'Eddie, la fusillade chez le premier et l'attaque d'Athena.

Restait à savoir, qu'est-ce que tout cela signifiait?

Hen était rentrée vers dix neuf heures, épuisée et soucieuse. Elle avait essayé de le cacher à sa femme, mais inévitablement, Karen avait fini par la cerner et lui poser tout un tas de questions, notamment sur l'état d'Athena et d'Eddie. Elle était restée vague sur le sujet, désobéissant déjà clairement à Athena en ayant annoncé à Karen qu'Eddie n'était pas réellement mort.

Puis Denny s'était mis à courir, éviter ses mères et prétendre qu'il était trop grand pour se coucher si tôt. Alors la conversation avait été coupée court et les deux femmes étaient allées à leurs tâches du jour.

Arriva un moment où le garçon décida, histoire de rendre sa mère complètement folle, de se ruer vers la porte d'entrée et de se précipiter à l'extérieur, où il faisait bien trop froid pour se promener en t-shirt seulement.

Mais le garçon n'alla pas bien loin et s'arrêta sur le perron, le regard en contrebas. Hen saisit cette opportunité pour lui saisir le bras et l'empêcher définitivement de s'échapper. Elle était sur le point de le disputer et presque de le punir- quoiqu'elle haïssait ça- mais quelque chose d'autre attira toute son attention, et l'idée de rabrouer son garçon s'évapora instantanément.

Denny leva la tête vers sa mère et fronça les sourcils.

-Maman? Pourquoi y'a un monsieur mort devant notre maison?

Hen tourna lentement la tête vers lui, perplexe et le regard dans le vide avant de l'attraper par les épaules et de le forcer à rentrer.

-Va voir maman, lui demanda t-elle, le plus gentiment possible pour ne pas le blesser.

Elle s'assura qu'il était bien entré et occupé à autre chose pour finalement se tourner vers l'homme, avachi dans les marches qui menaient à son perron et elle regarda autour, avant de froncer les sourcils, quand elle le vit tourner la tête.

-Evan?

Le regard qu'elle perçu dans ses yeux, était le même regard qu'une personne qui ne voulait pas être dérangée portait. Mais elle avait du mal à croire qu'Evan était venu s'écrouler ici s'il n'y avait pas de raison particulière. Il secoua la tête, comme réticent à l'idée même de ce qu'il s'apprêtait à dire. Mais encore plus, parce qu'il semblait qu'il ne savait plus vraiment ce qu'il faisait. Quand il se leva, elle fit un pas en arrière, prête à se défendre, mais il s'accrocha à la rembarde et tendit la main

-J'aurais besoin d'aide, souffla t-il.

Et il s'écroula, face contre terre devant ses pieds.

A nouveau, elle regarda partout autour d'elle, sa méfiance ayant atteint un stade où elle ne pouvait même plus faire confiance aux feuilles des arbres. Elle s'approcha et du bout du pied, lui tapa dans l'épaule.

-Bordel.


                                                                                       ***

Il tapait du pieds, tellement rapidement et nerveusement qu'il en avait mal à la tête. Son bras tressautait au même rythme et le moindre bruit avait le don de l'électrifier.

Il s'était levé, avait fait les cents pas et s'était rassit. Puis il avait recommencé pendant près d'une heure. Et maintenant, ça faisait peut-être une journée entière qu'il était enfermé ici, sans savoir ce qu'il se passait, ni même s'il allait pouvoir ressortir un jour.

Christopher lui manquait terriblement, et même s'il avait déjà été séparé de lui pendant plus d'une journée, celle-ci était de loin la plus terrible.

A sa naissance il était là, pour le voir arriver et pleurer pour la première fois. Il avait glissé son index dans sa main minuscule et ses petits doigts potelés s'étaient refermés dessus, le serrant comme pour ne pas tomber. Shannon était épuisée, le front ruisselant de sueur et les cheveux collés, mais elle n'en restait pas moins incroyablement belle ce jour-là. Cette nouvelle lueur dans son regard qui s'était allumé dès qu'elle avait posé les yeux sur son fils. Sa mère était là, ayant l'air d'avoir passé la journée à se refaire une beauté, pour accueillir un petit garçon qui ne la verrait pas avant d'ouvrir les yeux. C'était surtout pour se donner un air plus jeune quand les parents d'Eddie seraient là aussi. A vrai dire, ils savaient pertinemment à quel jeu la mère jouait. Et il est vrai que ses parents n'avaient jamais aimé la femme d'Eddie, même s'ils avaient essayé de le convaincre qu'elle n'était pas respectueuse et fiable, il s'y était marié et ils avaient eu un enfant. Alors le jour de l'accouchement, ils avaient bien dû faire semblant d'apprécier ces deux femmes, parce qu'après tout, ils étaient grands parents et c'était à célébrer.

Shannon avait offert à Eddie, ce jour-là, une médaille dorée dans une boite en velours noir. Saint Christopher, le patron des voyageurs.

Elle lui avait donné pour preuve de son amour, mais aussi pour qu'il se remémore tous les jours, les décisions qu'il prenait. Surtout celle qu'il avait prise alors qu'il savait que sa femme allait bientôt accoucher et qu'il allait devenir papa. Une semaine après sa naissance, il était de retour en Afghanistan.

"Plus vite je pars, plus vite je rentre", avait-il dit, bien qu'il sentait bien qu'il n'arriverait jamais à se faire pardonner le fait d'être absent dès les premiers jours de la vie de son fils.

Et quand il était rentrée, trois mois plus tard, Shannon avait eu du mal à lui annoncer ce que les médecins avaient décelé chez Christopher. La paralysie cérébrale qui l'avait atteint le privait de la plupart de ses mouvements, et les frais médicaux associés dépassaient leurs moyens. Alors bien qu'il avait promis que son embrigadement était le dernier, il se retrouvait à s'inscrire sur les listes, encore et encore, jusqu'à ce qu'une simple escorte de convoi manque de le tuer.

A ce moment, alors que les membres de Daesh s'acharnaient sur eux, il serrait la petite photo de classe de Christopher dans ses mains, la médaille autour du cou, et il était certain que c'était la dernière fois qu'il le voyait. Ce petit visage qui portait des lunettes rondes en dessous de bouclettes dorées. Ces dents de travers qui tombaient au fur et à mesure qu'il grandissait et qui étaient remplacées par des neuves.

Une balle avait traversé sa main, une autre son épaule et le résonnement du crash d'hélicoptère résonnait encore dans ses oreilles. Le cri de ses camarades, ses amis, qui n'avaient plus de munitions et dont le sang coulait eux aussi sur la terre Afghane. Il n'avait jamais autant eu l'impression d'abandonner son fils et de ressentir un manque aussi important que ce jour. Il s'était senti si seul à cet instant, qu'il aurait aimé hurler pour qu'on l'entende, n'importe où et qu'on le laisse rentrer. Ne plus jamais repartir, que quelque chose le retienne et qu'on lui interdise d'abandonner son fils à nouveau.

Il avait survécu à l'assaut, et avait également réussi à ramener tout le monde à la maison, même le corps de Benson, qui était mort pendant l'accident.

Peut-être que Saint Christopher l'avait entendu et avait décidé de lui accorder un peu de repos, car après ça, il s'était engagé chez les pompiers de Los Angeles. Avait réussi à trouver une vie stable et s'était rapproché de son fils. Il avait même fini par renouer avec Shannon. Avant que la vie ne trouve ça amusant de la lui arracher, d'une façon si brutale qu'il ne s'en était jamais remis.

Et maintenant, on avait essayé de le tuer, et on avait convaincu son fils que c'était le cas. Alors il se sentait à nouveau aussi seul que cette nuit là en Afghanistan, et il se sentait aussi lâche que ce jour, de n'être pas resté avec Christopher.

Le temps passait et il regardait inlassablement vers la porte de fortune, espérant voir un brin de lumière, le visage de son fils, ou peut-être l'opportunité de s'enfuir.

Jesse était sorti depuis si longtemps maintenant qu'il peinait à se souvenir ce qu'ils se disaient avant. Et à chaque fois qu'il entendait quelque chose résonner au dessus de sa tête, une appréhension soudaine et brusque le prenait. Des frissons lui grimpaient le long du dos et maintenant qu'il s'y était habitué, il savait que ce n'était plus le froid du sous-sol qui lui faisait de l'effet. On ne lui avait pas donné accès à une montre ou un portable et le sien s'était noyé dans la voiture, le rendant inutilisable.
Il aurait aimé pouvoir joindre Athena, pour qu'elle lui dise ce qu'il se passait, pour qu'elle le rassure et qu'elle le sorte de cette pièce, si vaste mais tellement étouffante.
Il ne pouvait pas retirer de son esprit la première fois qu'il avait ouvert les yeux et avait cru être sur la table d'un boucher. C'était pire que dans ses cauchemars, bien qu'il se savait en sécurité. Ou du moins, c'est ce qu'il espérait.
Jesse était parti avec le mannequin -d'un réalisme insoutenable- et il n'avait plus la moindre nouvelle de lui depuis. Est-ce que le leurre avait fonctionné? Est ce que ses amis l'avaient vu et s'étaient rendus compte que c'était un faux? Ou est ce que sa mort devenait de plus en plus officielle et donc de plus en plus inquiétante?

Il ne savait rien.
Il ne savait même pas quel jour il était, s'il faisait encore jour. Il ne savait pas depuis combien de temps il était enfermé là et pour combien de temps il y resterait encore.

Il avait tout de même pu s'habiller, avec les vêtements qu'Athena lui avait ramenés. Ils n'étaient pas vraiment à sa taille, mais il ne s'en plaindrait pas. C'était toujours plus agréable qu'être dans une chemise d'hôpital, aussi nu qu'un vers en dessous.

Il errait, les mains enfoncées dans les poches du sweat gris, ses yeux passant pour la centième fois sur les mêmes taches sur le mur, les mêmes fissures dans le sol et les mêmes traces d'humidités sur le sol. Il s'était assis dans les marches, sur le rebord de la table, sur le lit improvisé et même sur le sol, finissant par en avoir marre de se tenir debout.

Il venait de se lever pour la cinquième fois de l'heure, quand il entendit un claquement dans son dos, ainsi que des pas résonner dans la cage d'escalier. Il chercha autour de lui et ses yeux se posèrent sur un scalpel. Il le saisit et se précipita derrière le poteau en béton. Il disparu au moment où la vieille porte grinça, dans un cri strident et abrutissant.

Les talons qui résonnaient sur le sol étaient secs, lents et distincts. Il serra l'arme blanche contre sa poitrine, le doigt le long de la tranche, redoutant l'instant où il devrait faire de son mieux pour se défendre.
Il n'avait jamais tué qui que ce soit. Même quand il était à la guerre. Il portait une arme, mais seulement pour répondre à l'agresseur quand il déchargeait son automatique sur son équipe. Il avait toujours fait en sorte de ne jamais les atteindre parce qu'il n'était pas là pour tuer des hommes, mais pour les sauver. Alors il ne savait pas s'il était capable de tuer quelqu'un de sang froid, mais s'il devait le faire, il le ferait. Parce que sa conviction de retrouver son fils était plus forte que la peur de faire du mal.
Athena n'était pas réapparue de la journée, Jesse était parti, et bien qu'il faisait confiance à son amie, peut être que quelque chose de grave était arrivé. Peut-être qu'elle n'était pas revenue parce que elle aussi, elle était morte. C'était la meilleure excuse qu'il pourrait donner pour avoir fait du mal à une personne, et même s'il essayait déjà de s'en convaincre, il réussirait peut être à ne pas culpabiliser, il réussirait à se dire que c'était soit lui, soit l'intrus qui était venu le tuer.

-Tu as l'intention de me sauter dessus ou tu vas sortir d'ici? 

Il ferma les yeux, se sentant terriblement stupide et s'insultant intérieurement de n'être pas capable de rester calme. Il s'était inventé tout un scénario dans sa tête, pour qu'au final il se rendre compte qu'il commençait simplement à développer une sorte de paranoïa. Il sortit de sa cachette, l'air penaud et crédule avant de se gratter l'arrière du crâne, embarrassé. 

-Désolé, fit-il en croisant le regard du lieutenant de la police. Tu étais passée où? S'enquit-il. 

Il faisait tellement sombre dans ce sous-sol, qu'il n'avait pas prêté attention à l'expression défigurée de son amie, qui semblait fatiguée. Il pencha la tête sur le côté, troublé. 

-Qu'est-ce qu'il t'es arrivé? S'inquiéta t-il en s'approchant. 

Sa mâchoire était enflée et son oeil gauche entouré d'un bleu violacé. Elle penchait légèrement d'un côté, et semblait gênée pour respirer. Toutefois, elle était debout, habillée dans son uniforme et comme habituellement, la main reposant sur la crosse de son arme accrochée à sa ceinture. 

Eddie doutait que ses supérieurs soient au courant de son état, ou alors, elle portait l'uniforme sans vraiment en avoir l'autorisation, mais il s'en fichait. C'était un véritable soulagement de la voir enfin revenir.

-Une petite altercation avec l'un des types responsable de ton état actuel, répondit-elle en s'avançant. Et ne me regarde pas comme ça, grinça t-elle, tu as une plus mauvaise mine que moi. 

Il ricana, son stress s'évacuant d'un coup. 

-Comment tu te sens? Lui demanda t-elle, en éloignant d'eux le scalpel qu'il avait reposé sur le bord de la table. 

Il haussa les épaules, jetant un coup d'oeil vers l'extérieur. 

-J'ai juste envie de sortir d'ici et retrouver mon fils. Quand est-ce que ça va être possible? 

Athena s'appuya contre un mur et croisa les bras, ses yeux se posant sur la table d'opération précédemment occupée par la copie factice d'Eddie, en plastique mou. Jesse avait fait un travail impressionnant, elle avait pu en être témoin, et en y repensant, elle trouvait ça terriblement flippant. Elle y avait cru. En voyant le mannequin sur cette table en métal à la morgue, près à être incinéré comme il était écrit dans le testament d'Eddie. Sa peau était si blanche, ses lèvres si sèches et ses doigts si immobiles, que elle y avait cru. Elle était entrée, pour feindre une identification, et elle avait vu Eddie, le vrai Eddie, sur cette table, mort et sur le point d'être réduit en cendres. 

Elle savait qu'il allait plus ou moins bien et qu'il continuerait à vivre longtemps, mais ça ne l'avait pas empêché de le voir comme il était et comme tout le monde le croyait: mort. 

Christopher n'avait pas été autorisé à le voir, jugeant la vision du corps de son père trop traumatisante pour son jeune âge. Alors il avait pleuré pendant si longtemps qu'Athena s'était approchée de lui et lui avait soufflé quelques mots dans l'oreille. 

Elle ne doutait pas de la capacité de mensonge de ses amis, qui dans des cas comme celui-ci, étaient tous capable d'inventer des faux sentiments, une fausse tristesse et des faux regrets pour paraître le plus convaincants possible. Mais elle n'aurait jamais cru possible qu'un petit garçon comme Christopher, qui ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait, puisse aussi bien jouer. 

-Ton corps a été déposé à la morgue de l'hôpital. On suppose que quelqu'un va se montrer pour vérifier que c'est bien toi. Une équipe en civil l'y attend pour lui tomber dessus et le foutre derrière les barreaux. Tout le monde est venu voir ton corps, pour l'identifier et pour se recueillir. 

Eddie secoua la tête, sentant l'étau se refermer sur lui et il se sentait bien vivant, il savait pertinemment qu'il tenait encore debout et qu'il respirait encore, mais pourtant, les choses semblaient se concrétiser et il voyait de plus en plus son reflet comme celui d'un fantôme.

-Christopher n'est pas entré, je voulais lui épargner des cauchemars pour le reste de sa vie, continua t-elle en essayant de croiser son regard. 

Rien qu'à la mention de son nom, Eddie avait envie de partir en courant. Il n'arrivait plus à supporter l'idée que son fils pense qu'il l'avait abandonné. Alors que la dernière fois qu'il lui avait parlé, il lui avait promis qu'il l'emmènerait à la fête foraine dans la baie. Comment ferait-il pour se faire pardonner, alors que Christopher était terriblement rancunier? *

-Il sait. 

Eddie releva la tête, cherchant à savoir s'il avait loupé un morceau de la conversation et par conséquent, le sens de ses mots, mais elle répéta une deuxième fois, pour être sûre de s'être bien faite comprendre. 

-Il sait que tu vas bien. Je lui ai dit. Je ne voulais pas qu'il passe une heure de plus en pensant que son père l'avait laissé tomber et que ses deux parents ne l'aimaient pas assez pour rester avec lui. Il a déjà perdu sa mère, je ne veux pas qu'il pense être seul. Ce n'est pas normal pour un enfant de ressentir ça. 

Il avait envie de se jeter dans ses bras, de la remercier et de pleurer. C'était comme ci toutes ses craintes, ses doutes et ses ressentiments s'étaient évaporés, d'un seul revers de la main. La pièce froide et glauque dans laquelle on l'avait enfermé n'avait plus rien d'inquiétante, et les pas au dessus de sa tête ne l'effrayaient plus non plus. Tout ce qu'il ressentait à cet instant, c'était du soulagement. Le soulagement de savoir que son fils croyait encore en lui, le soulagement de se dire qu'il n'aurait pas à apparaître devant lui, comme un fantôme et le voir fondre en larmes. Le soulagement de ne pas avoir à se battre pour qu'il lui pardonne, bien qu'il était presque sûr qu'il lui en voudrait pendant un long moment. Tant pis, il lui cuisinerait des pancakes pendant plusieurs mois s'il le fallait, mais son fils resterait près de lui, et lui, resterait près de son garçon. 

-Quand est-ce que je peux le voir? 

Il trépignait d'impatience, excité rien qu'au fait de penser à l'instant où il pourrait enfin le serrer dans ses bras et entendre son rire clair. 

-Nous n'avons pas encore de nouvelles d'Ev...

Elle fût interrompue par la sonnerie de son portable de fonction et après avoir dévisagé Eddie avec un air de frustration, elle décrocha, étonnée par le nom qui s'était affiché sur l'écran. 

Eddie l'observa, et plus spécifiquement, les expressions qui passaient sur son visage. Si au début c'était surtout de l'inquiétude, ses grimaces se transformèrent rapidement en de la surprise, de l'ahurissement et de l'incompréhension. 

Elle ne dit pas grand chose, mais le peu qu'elle dit, lui laissa savoir que leur conversation allait être coupée court. 

-J'arrive tout de suite. 

Elle raccrocha et Eddie souffla de désespoir, sentant le moment où il pourrait s'en aller encore loin, puis, elle s'enfonça les poings dans les hanches et plissa les yeux en l'observant. 

-J'allais te dire qu'on n'avait plus de nouvelles d'Evan et qu'il était encore dangereux de te laisser sortir, mais je viens de découvrir qu'on a repéré sa trace. Et bien plus proche que ce qu'on pourrait croire. 

Elle regarda autour d'elle, semblant chercher quelque chose et quand elle tomba sur une veste noire, elle la pointa du doigt. 

-Habille toi, on sort tous les deux. 





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